Quelqu'un se manifeste pour m'interrompre soudainement, alors que j'entame à peine le refrain, et je manque de faire un bond au plafond tellement cette venue est inespérée. J'tourne un regard honteux vers la demoiselle qui m'a coupé dans mon délire et affiche finalement un petit sourire tandis qu'elle me complimente sur mon costume. Aussi je m'empresse de lui retourner le compliment, la détaillant de haut en bas d'un regard faussement critique tout en bloquant ma cigarette entre les dents, l'allure bad boy un peu voyez. « Et toi alors, tu me donnes carrément chaud habillée comme ça. Tu devrais porter ce truc tous les jours... » Je mets du temps à reconnaitre en quoi elle est déguisée, du coup j'm'arrête volontairement et me plante devant elle les mains sur les hanches, torse bombé. « Mais en fait, t'es censée être qui? Ou plutôt quoi? Un nénuphar décoratif? » J'me pose sérieusement la question parce que son personnage ne me dit absolument rien. Tous ces nouveaux Disney qui sortent à la pelle en ce moment.. En Syrie de toute manière, j'ai pas eu l'occasion de voir beaucoup de ces dessins-animés au cinéma, je suis genre un précurseur du domaine dans mon pays avec mes maigres références. J'observe la demoiselle en silence tandis qu'elle inspire et expire doucement, sûrement pour reprendre le contrôle d'elle-même et faire descendre la pression. Je la comprends, faut dire que secouer comme on l'est dans le salon, y'a de quoi se sentir mal à la fin. Elle m'avise alors d'une moue espiègle en me demandant si j'attends mon tapis. J'ouvre la bouche, béat. En réalité j'mets du temps à réaliser de quoi elle parle au juste. « Aaaah... ça. » J'fais bêtement tout en exécutant un tour sur moi-même. Dans un sens, dans l'autre, j'fais mine de chercher un tapis comme s'il allait se pointer dans la seconde. Je pointe du doigt le hall derrière elle. « Bah il est là! » J'la contourne et tire la carpette qui tapisse le sol de l'entrée dehors, lui intimant de se décaler d'un léger coup de hanche tandis que je sors difficilement le truc sur le pont levis. « Allez j't'emmène faire un tour, j'peux te dire que j'en ai dragué des minettes avec ça, toutes au septième ciel qu'elles étaient. » J'ris de ma propre blague et m'installe en tailleur par terre, clope au bec. J'tire une latte, lève la tête pour l'apercevoir et me dévisse finalement le cou dans sa direction. Bah elle fout quoi? « Tu montes ou bien? »

J'sais que j'ai l'air stupide, en plus le collant c'est clairement pas très pratique, il gratte énormément, c'est à ce demander ce machin est propre. Je grimace avant de m'ôter cette idée folle de la tête avant de décider de l'enlever définitivement et le brûler pour plus de sécurité. Le rire d'Adie me fait sourire, bon cette fois mes doutes sont confirmés, j'ai l'air d'un con point. Y'a une blonde à ses côtés, je ne la connais pas encore, mais je les salue toutes les deux. Ma partenaire ne se prive pas pour faire une remarque sur ma tenue. « Ma laideur n'est là que pour appuyer et mettre en avant ta beauté flagrante ma Princesse ! » Je souris et me rend compte que dans ma tête ces mots sonnaient nettement mieux, j'espère donc qu'elle ne sera pas offusqué par mon comportement maladroit. Je choisis de camoufler mes paroles par un baise-main effectué dans les règles de l'art, j'suis un vrai Prince moi, ouais ouais ! Elle propose de boire, bonne idée, je me tourne et finalement observe d'un oeil inquiet le buffet. Bon, on est tombé où là ? Cendrillon se propose de goûter avant mais j'attrape son verre au vol. « Oh non reposez ça mademoiselle, ce n'est pas prudent, on sait jamais. Je goûte d'abord. » J'attrape un verre au hasard, vert fluo. Je l'observe un instant, le porte à mon nez, rien de bizarre. Je goûte et ... surprise. « Vodka, c'est trop dangereux pour vous... » Et là maintenant je me demande tout de même s'il y a des choses sans alcools. Le rose, il m'inspire confiance. Je sens, une bonne odeur de jus de fruit, mais je n'en reste pas moins méfiant, et le porte à mes lèvres. Du jus de fruit. Parfait. Je le vide d'une traite et attrape deux identiques pour les donner aux deux Princesses. « Je vous conseille le Rose, totalement sûr, hormis les colorants peut être, mais pas de trace d'alcool. » Je lance un clin d'oeil complice à Adie avant de le lui donner. Mais oui, une Princesse digne de ce nom ne boit pas d'alcool. Sasha dont le prénom m'échappe encore nous interroge sur nos prénoms. « Slavin. » Simple, concis, efficace. J'observe la pièce. « Il est où ton Prince à toi ? Hum ? Cindy ? » Il a un prénom d'ailleurs celui là ? Aucune idée, je me souviens m'être farcis tous les Disney à cause de ma puce sauf que j'ai aucun souvenir du nom du mec de Cindy ici présente. « Une douceur vous ferait-elle plaisir ma douce ? Ou peut être une danse ? Ou baiser qui sait ? Un massage ? Une nuit d'Enfer ? J'suis un Prince multi-tâche n'hésite pas. »

Evadne ne tarda pas à être rejointe pour son plus grand plaisir, la remarque de son interlocuteur eut le don de la mettre mal à l'aise par contre. Elle essaya de tirer sur les pans de sa robe, mais en vain puisqu'elle demeurait tout aussi courte. « Beaucoup trop court pour oser braver la foule ainsi, mais je suis brave, c'est un don de mes marraines, les bonnes fées. » Brave, oui très certainement pour sortir en cachette dans la forêt afin de rejoindre ses amis les animaux, mais pas au point d'oser sortir ainsi. Du moins, elle imaginait peu Aurore se trémousser de la sorte en présence d'inconnus. Amusé, elle observai l'homme aux allures de petits garçon tourner autour d'elle. « Non j'ai bien peur qu'il s'agisse là encore d'un tour des mes marraines. » Evadne haussa les épaules, légèrement dépité, fataliste, elle n'eut guère le choix de toute façon. Et puis alors qu'elle s'apprêtait à attraper une boule de sucre, elle fut devancé par le candidat. Surprise, elle souriait néanmoins. « Je crois que je me contenterais de la manger, merci... hum. » Elle avait beau être incollable sur les contes, elle n'arrivait pas à mettre la main sur le nom du personnage qu'il était censé incarner. Elle se courba légèrement, lorsqu'il lui fit la révérence pour le remercier. « Vous vous êtes déjà lassé de votre propre princesse dites moi ? » Façon totalement détourné de lui demander son identité, elle espérait que cela fonctionnerait, sinon, tant pis.

« Comme si j’avais besoin d’une cuisinière. J’ai déjà Peau d’Âne pour la popote, Cendrillon pour le ménage et Ariel pour nettoyer la piscine. J’ai le Chaperon rouge pour tout ce qui est beurrage de tartine, Jack pour le potager, Mario pour la plomberie, et... » Je pince les lèvres, dubitative. Une nana accro aux vêtements en fourrure véritable, une maniaque qui passe son temps à passer la serpillère et un italien moustachu ? Tu parles d'une équipe de choc. « Et Claude François pour l’électricité. » J'éclate de rire à ce dernier nom, avant d'ajouter avec un sourire: « Tu ferais mieux de changer d'électricien... » Ou alors il risque de retrouver des morceaux de permanentes blondes carbonisées dans sa baignoire. « Alors, certes, t’es pas mal, mais va falloir autre chose pour me convaincre, ma jolie... J’vais pas filer mon royaume à la première arriviste venue sous prétexte que son côté face n’a d’égal que son côté pile. » Je pose ma main sur ma poitrine d'un air altéré, faussement vexée d'être traitée d'arriviste, bien que ça semble assez proche de la réalité. « Mais je ne chante pas... Plus besoin de ramasser les verres brisés dès qu'une donzelle veut pousser la chansonnette et atteindre la note à la fréquence ultime. » j'avance distraitement, tandis qu'un Hamad vêtu en tout et pour tout comme haut d'un maigre gilet passe devant nous. J'admire le panorama en me mordant légèrement la lèvre, avant de reposer mes yeux sur Loxias. « De toute manière, y'a déjà un preux chevalier sur le coup. On dit que sa marraine lui a donné le don de faire l'amour comme un dieu. » j'ajoute en me la jouant dédaigneuse à l'égard de mon interlocuteur.

« Tu ferais mieux de changer d’électricien… » Ouai, je sais, d’autant que ça fait un moment que je ne l’ai pas vu. Bof, il doit probablement être entrain de changer une ampoule quelque part. Humour noir, ça aussi je sais. Mais avec la blonde, ça a l’air de passer comme une lettre à la Poste, alors j’en profite. La demoiselle m’expose ensuite son incapacité au chant, en vantant ça comme une qualité. Dommage pour elle, j’aime lorsqu’une femme fredonne en étant occupée à autre chose. Vous voyez le genre ? Elle fredonne en faisant la vaisselle, elle fredonne en changeant les draps, elle fredonne même en lisant un livre, ce qui, en général, me fait dire qu’elle ne lit pas le livre. « De toute manière, y’a déjà un preux chevalier sur le coup. On dit que sa marraine lui a donné le don de faire l’amour comme un dieu. » Je fronce les sourcils, septique, avant de détendre mes traits d’un coup, en hochant la tête, un sourire de compréhension aux lèvres. « Ha non, mais… je vois de qui tu parles, mais… C’est moi, aussi, en fait, ça. » Je pousse le vice jusqu’à feindre la fouille de ma mémoire en claquant des doigts. « C’était… comment elle s’appelle déjà ? Ha oui, la fée Lubrique, une de mes nombreuses marraines. » J’attrape la jeune femme par la coude, en parfait gentleman, et l’attire vers une des causeuses du salon. Un homme de ma condition ne va pas rester debout, tout de même. Et puis, j’ai une révélation à lui faire, une révélation qui va traumatiser l’enfant qu’elle n’est plus. « Je ne sais pas qui t’a raconté tout ça, et je dois bien avouer que je suis las de ne plus pouvoir faire un pas sans que la gazette du royaume le foute à la Une, mais, il y a quelque chose que tu dois savoir sur moi, que tu dois savoir à propos de tous les Princes ici présent, qu’ils soient héritiers du trône, chevalier, ogre, voleur d’Agrabah… ou même… » en désignant les costumes un à un, je finis par m’arrêter sur le grand black en costume de bête. « …Chewbaka… » Puis j’affiche mon air le plus compatissant, allant jusqu’à avancer une main pour la poser délicatement sur le genou de la roturière. « … tous… nous tous… nous sommes gays. » Baaaaam ! Hiroshima et Nagazaki en même temps dans sa tronche. « Franchement, tu trouves ça normal des mecs qui se baladent en collant et en plume, tout en poussant la chansonnette comme des castra ?! Princes de Disney, Village People, même combat. » J’achève mon laïus en plaçant mon poing contre mon cœur avec une feinte fierté, tandis que mon autre main, en signe de réconfort, tapote le genou de la jeune désillusionnée. Si jeune et déjà perdue…

« Ha non, mais… je vois de qui tu parles, mais… C’est moi, aussi, en fait, ça. » Je fais rouler mes yeux dans leurs orbites d'une manière qui ne peut qu'être théâtrale. De toute manière, je ne vois pas dans quelle mesure un geste de la sorte peut être autre chose que pure comédie. Je n'ai jamais vu une seule personne faire ça naturellement et machinalement. « C’était… comment elle s’appelle déjà ? Ha oui, la fée Lubrique, une de mes nombreuses marraines. » Mais bien sûr. Je lève les yeux au ciel une énième fois depuis le début de notre conversation, un léger sourire aux bords des lèvres. Il m'entraîne vers des sièges et je me laisse faire sagement. « Je ne sais pas qui t’a raconté tout ça, et je dois bien avouer que je suis las de ne plus pouvoir faire un pas sans que la gazette du royaume le foute à la Une, mais, il y a quelque chose que tu dois savoir sur moi, que tu dois savoir à propos de tous les Princes ici présent, qu’ils soient héritiers du trône, chevalier, ogre, voleur d’Agrabah… ou même… » Je le regarde avec curiosité, arquant toutefois un sourcil m'attendant au pire de sa part. « …Chewbaka… » J'éclate d'un rire franc, pas très princesse, en regardant le candidat affublé de son costume de bête avec des yeux rieurs. Son air compatissant m'oblige à glisser ma main devant ma bouche pour m'empêcher de pouffer davantage. « … tous… nous tous… nous sommes gays. » m'annonce-t-il, une main sur mon genou. « Franchement, tu trouves ça normal des mecs qui se baladent en collant et en plume, tout en poussant la chansonnette comme des castra ?! Princes de Disney, Village People, même combat. » J'approuve d'un hochement de tête son aveu, prenant un air atterré. Les larmes pratiquement au coin de l'œil face à tant de désarroi. « J'ai commencé à avoir des doutes quand j'ai vu Belle le drag queen... » je confie en faisant référence au candidat obligé de revêtir sa plus belle robe à cause de son couple uniquement masculin. Je m'éclaircie la voix, reprenant constance, avant de reprendre la parole. « J'imagine que je suis obligée de m'en remettre à mon très cher frère pour monter dans les bonnes grâces du seigneur du royaume... » Je jette un coup d'œil à Marvel déguisé en Hansel qui discute un peu plus loin et lui fais un petit signe de la main lorsque nos regards en viennent à se croiser. « Je n'aurais pas choisi la princesse narcoleptique, mais il parait qu'elle est blindée de tune. »

Si d'autres n'arrêtaient pas de se plaindre concernant leur costume ridicule (oui avouons-le...), Slavin, lui, semblait prendre les choses du bon côté ce qui n’était pas pour déplaire à Adie. Ce mec avait le sens de l'humour et elle en aurait certainement besoin par la suite, c'était donc plus ou moins un soulagement pour la jeune femme. Rougissant sans vraiment faire le vouloir en réponse au compliment, certes exagéré mais pas forcément désagréable de Slavin ainsi qu'à son baise-main, elle préféra ne rien répondre, ne voulant pas une nouvelle fois ramener le sujet des collants sur le tapis. Ce serait un peu trop cruel de plus après de tels compliments. Et puis, la soif commençait à se faire un peu trop sentir, le buffet étant juste en face et tellement bien garni qu'Adie en avait déjà l'eau à la bouche. Mais elle n'eut pas le temps de s'y approcher que Slavin l'avait déjà devancer. Les collants avaient-ils un effet aérodynamique ? Il s'empara alors d'un premier verre, semblant protéger les demoiselles d'un danger possible suite à l'ingestion de tels liquides. « Mais... » « Oh non reposez ça mademoiselle, ce n'est pas prudent, on sait jamais. Je goûte d'abord. » « Je... » « Vodka, c'est trop dangereux pour vous... » Adie n'avait pas le temps d'en placer une que le verre dans sa main avait disparu et que Slavin avait décidé que pour elle, ce soir, c'était niet en alcool. Trop dangereux ? Elle n'était pas non plus en sucre et n'allait pas s'enflammer pendant la soirée ! Mais soit, elle allait obéir à son prince. Sait-on jamais, peut-être avait-il des plans pour la soirée qui nécessitait que la jeune femme ait toutes ses facultés. Elle attrapa donc le verre que lui tendait Slavin, rose bonbon avec un goût de fruit et d'un tas d'édulcorants. « Si tel est votre bon vouloir mon ami, je me plie à votre volonté ! » répondit Adie en faisant une légère révérence comme les jolies princesses Disney. Cendrillon était là, elle aussi, toujours seule. Voyant que Slavin se présentait et ne sachant pas vraiment où elle en était niveau présentation, elle imita son partenaire. « Et moi Adie, c'est Sasha toi non ? » Malheureusement, personne n'était encore venue pour elle. Adie, elle, n'avait pas à se plaindre car à présent, Slavin lui faisait milles et unes propositions, toutes plus alléchantes les unes que les autres. « Et bien mon ami, que diriez-vous de tout faire... Par étape, avec une évaluation à la fin pour juger si oui ou non, on passe à l'étape suivante ? Ça me paraît être une bonne affaire non ? Espérons que je ne croise aucune pomme en chemin... » Fruit ou chieur, au choix. Un prince multitâche, mieux valait ne pas le laisser passer avant de se le faire piquer... « Sinon, on sera obligé de passer directement au baiser et là... je ne sais pas ce qui pourrait se passer ensuite ! »