Nombreuses étaient les choses qu'affectionnait Tweedy. Il y avait par exemple l'écologie, la culture française ou encore la Musique. Mais une chose comptait également beaucoup pour elle et dans les nombreux combats qu'elle menait au quotidien : les animaux. Ils étaient une part importante de sa vie, sachez-le. La jeune femme avait longtemps possédé toutes sortes d'animaux domestiques, qui au fil des années avaient trépassé, la laissant chaque fois plus malheureuse et désemparée. Du coup, la jeune femme avait renoncé à la compagnie de ces charmantes petite bête, las de souffrir de la mort de ces derniers. Pour autant, Tweedy n'avait jamais tiré un trait définitif sur ces derniers, qui restaient chers à son cœur. C'était d'ailleurs pour cette raison que la jeune femme rendait régulièrement visite à ces bêtes dans des chenils, qu'elle faisait quelques dons à des associations pour la défense des animaux et qu'elle acceptait bien volontiers de garder le chien de ses voisins de pallier. Mais outre le fait que la jeune femme aimait bel et bien les animaux, il fallait savoir que l'un de ses plus grands regrets était de ne jamais avoir possédé l'animal qui l'avait toujours fait rêver : un cheval. C'était à ses yeux une bête majestueuse, qu'elle avait toujours idéalisée mais qu'elle n'avait jamais pu obtenir, ayant toujours du faire face à l'avis défavorable de ses parents. Du coup, vous vous doutez bien que lorsque la jeune femme eut appris que des écuries se trouvaient dans ce château, celle-ci ne se fit pas prier pour s'y rendre. Bien malheureusement, pas le moindre cheval à l'horizon. Ça avait beau être prévisible, ça n'en était pas moins triste. Cela n'empêchait en tout cas pas la jeune femme d'apprécier les lieux et de s'y rendre régulièrement, comme aujourd'hui. Avançant à travers les lieux, elle s'arrêta devant un boxe désespérément vide et se mit à réfléchir. Mais cela ne dura qu'un court instant, car très vite, une présence se fit sentir dans son dos, la faisant se retourner précipitamment, puis sursauter quelques peu. C'était Santiago. « Tu pouvais difficilement être plus discret en arrivant » fit-elle alors, dans un rictus. Pfiou, un peu plus et elle se mettait à crier sous le coup de la surprise. Tout de même. « Qu'est-ce qui t'amène ? » demanda-t-elle alors dans un sourire. Question légitime à ses yeux.

Aujourd’hui, je suis de sortie. Enfin sortie est un bien grand mot. Je ne peux que me contenter de ce qui est accessible aux candidats. C’est déjà pas mal remarque. Si on compte le parc, la forêt et la plage en plus de la maison, la superficie reste assez grande. De quoi se perdre en outre. Surtout si on passe par le labyrinthe. Ce que je ne ferai probablement jamais. Je n’ai pas un grand sens de l’orientation. Quoi que ça pourrait être drôle. Mais là, j’en suis loin. Je suis plutôt du côté des écuries. D’ailleurs, je décide d’aller visiter. Je ne m’y suis étrangement jamais encore rendu. Il y a une première fois à tout. J’espère y croiser des chevaux mais à la place j’arrive derrière une candidate. De dos, je parviens à l’identifier. Il s’agit de Tweedy. Néanmoins, pas question de la prévenir de ma présence. Je préfère la pister en toute discrétion. Voir ce qu’elle fait ici. Mais je ne parviens pas à le savoir. Elle se retourne avant puis sursaute. « Je sais. » Sourire pervers en coin. Le sadisme est genre inné chez moi. Du moins, j’aime faire peur aux gens, les surprendre comme dans la situation présente. « Rien de particulier. Je voulais voir si il y avait des chevaux par ici. Apparemment non. Ou alors ils se sont volatilisés quand ils ont vu ta tête. » Ah ah, ce que je suis drôle ! La jeune femme ne semble pas partager mon point de vue à en voir sa tête. C’était une boutade bien évidemment. Rien de bien méchant. Et puis comme si les chevaux pouvaient voler. Tiens, ça serait fun d’ailleurs. Pleins de pégases ! Bref, trêves de plaisanterie, je reprends un air sérieux. « Et toi alors ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? » Je me sens légèrement obligé de retourner la question à la jeune femme pour poursuivre la conversation.

Cela faisait deux fois que Tweedy avait la sensation d'avoir été suivie jusque dans les écuries. Quelques jours plus tôt, ou la semaine dernière disons, la petite brune y avait rencontré Aj, qui lui avait par la suite avoué qu'elle l'avait bel et bien suivie jusqu'à cet endroit. Et en ce jour, tandis que Tweedy s'était une fois encore rendu aux écuries, elle y faisait une nouvelle rencontre. Enfin, façon de parler bien sûr. Face à elle, mais préalablement dans son dos, se trouvait donc Santiago. C'était le jeune homme avec qui elle avait conversé une bonne partie du prime durant, et qui lui avait semblé plutôt sympathique. Mais voilà qu'il la faisait sursauter à surgir dans son dos sans même prendre la peine de la prévenir, d'annoncer sa venue. Résultat : une Tweedy apeurée - genre - et un Santiago fier de son coup. Pff. Un sourire amusé gagna malgré tout les lèvres de la jeune femme. De toute manière, avec toute la meilleure volonté du monde, elle ne pourrait pas lui en vouloir d'avoir fait exprès d'être tout à fait silencieux. Au pire, elle se vengerait et puis voilà. Mais voilà que son camarade insinuait que les chevaux s'étaient tirés après avoir vu la tête de Tweedy. Scandale ! Comment osait-il ? C'était le deuxième type cette semaine qui se permettait ce genre de remarques. A force, Tweedy allait finir par se poser de sérieuses question au niveau de son apparence. Spontanément, la jeune femme donna une tape sur le torse de son camarade. Il l'avait bien cherché. « T'es sûr que tu leur as pas plutôt vomi dessus ? » fit-elle, taquine elle aussi. D'habitude, la jeune femme évitait de descendre à un tel niveau. Mais là, c'était un cas d'extrême importance, vous comprenez. Par la suite, Santiago reprit un air sérieux et lui retourna sa question. Logique. « Bah figure-toi que j'aime ce lieu, l'atmosphère qui s'en dégage. Ça me parle. » Et elle était sincère, sachez-le. « Et puis parait-il que c'est ici qu'est ma place, puisque je suis un poney » reprit-il, dans un rictus. Ça, c'était de la faute d'Aj et Andreas, hein.

Ma farce a marchée. Tweedy a eu peur. Elle semble m’en vouloir un peu d’ailleurs. Et moi, ça me fait rire. Je suis du genre sadique il faut dire. Puis comme si ça ne suffisait pas, je décide d’en rajouter une couche en insinuant que la jeune femme a fait fuir les cheveux avec son physique. Plutôt méchant. Mais je ne le pense pas. C’était de l’humour noir. J’en suis adepte. Et la candidate semble le connaître. Pour me punir, elle se contente de me donner une tape sur le torse, qui, me surprend assez. C’est qu’elle a de la force la gamine ! Mais ce n’est pas tout. Elle évoque le fait que c’est moi qui aurait pu leur faire peur en leur vomissant dessus. Grrr. « Ah ah. Très drôle ! » Je lui adresse une moue tel un gamin énervé. J’avoue que là, elle m’a tué. Je ne vois pas quoi dire d’autre pour riposter. Rien ne vient. Elle a gagnée le premier round. Mais je ne m’avoue pas vaincu pour autant. Oh ça non. Je réattaquerai probablement plus tard. Je préfère savoir ce que la jeune femme fait ici dans les écuries. Mais sa réponse me stupéfait. « Un poney ?! Sérieusement ?! » Façon comme une autre de lui dire qu’elle est ridicule. Elle me fait penser aux gamines souhaitant incarner leur animal favori. Visiblement, elle n’a pas passé l’âge pour cela. « Bon soit. Manges du foin, vas-y, je t’en prie. » Je la prends à son propre jeu en attrapant quelques herbes et en lui jetant dessus. Si elle veut être un poney, elle n’a qu’à imiter ses habitudes alimentaires. Voilà. Non mais franchement. « Oh regardes ! Ce cheval portait ton nom. » Que je m’écrie alors subitement en voyant un écriteau sur un des box. « Ah non Sweety. Mais c’est du pareil au même. » Bien entendu que je l’ai fait exprès ! Je sais encore lire non mais !

Chers habitants du nid,

Si Cupidon interrompt cet agréable moment c'est qu'il souhaite s'entretenir individuellement avec l'un d'entre vous. Santiago, tu dois te rendre immédiatement dans la Cabane en Bois où Cupidon a une chose importante à t'annoncer.

Pas le moindre cheval dans les environs. Doh, voilà qui était plutôt déprimant, surtout pour Tweedy qui était une amoureuses des animaux, et surtout de ces bêtes-ci. Mais de tout de même, ça n'avait pas été très sympathique de la part de Santiago que d'insinuer que les dites bêtes avaient pu fuir après avoir croisé Tweedy et son abominable tronche. Non vraiment, pas très sympathique du tout. En tout cas, celle-ci ne se gêna pas pour asséner une petite frappe sur le torse de son camarade, puis pour insinuer à son tour que celui-ci avait du leur vomir dessus. Petite référence au prime dernier, sans doute. Toute en subtilité, hein. Ou pas, c'est vrai. Mais qu'importe, Santiago l'avait bien cherché de toute manière. Qu'il ne s'étonne pas de récolter ce qu'il a semé. « Je sais, je sais. Mon humour n'a d'égal que mon intelligence, ma bravoure, ma sympathie, et bien sûr ... ma modestie. » Un rire bruyant s'échappa alors des lèvres de la jeune femme. Bien entendu, elle plaisantait. Elle n'était absolument pas du genre à se trouver mille et unes qualités qu'elle n'avait pas. Se vanter, ça n'était de toute manière pas du tout son truc. Bon, maintenant que Santiago savait que Tweedy était un poney, il semblerait qu'il se fasse un gros délire. Mais genre, vraiment gros. Il voulait quoi ? Qu'elle se mette à bouffer du foin ? Hm, d'accord. « Pas de soucis, je ne vais pas me faire prier pour en manger de ton foin » déclara-t-elle alors, amusée. Sans réfléchir, Tweedy porta une minuscule quantité de foin à sa bouche et l'avala. Sérieusement, oui. « C'est succulent » reprit-elle, dans un éclat de rire. Si après ça il n'en arrivait pas à la conclusion que Tweedy était folle, c'est qu'il lui en fallait beaucoup. Alors quoi, maintenant, un cheval portait le nom de Tweedy ? Heu ... Sweety ? Il avait la berlue le Santiago, ou bien ... ? « T'as raison. Et puis, t'as quatre lettres de bonnes sur six, c'est déjà pas mal » s'amusa-t-elle alors. Subitement, Cupidon se manifesta. Il voulait parler à Santiago. Ah, très bien. « Mon cher, tu es attendu visiblement. Reviens vite, je t'interdis de m'abandonner, hein. » Bien sûr qu'il allait revenir, sinon Tweedy le poney allait lui faire la peau. Juré.

En une simple réflexion, Tweedy a réussit à me mettre KO. Chapeau. En même temps, le coup du vomi en plein prime ça risque de me coller à la peau. Un gros inconvénient pour moi. L’avantage en revanche, c’est qu’au moins, les gens se souviendront de moi. « Cela va de soit. » Je me mets à rire aussitôt. Si habituellement je n’apprécie pas ce genre d’attitude de candidat qui ne se sent plus poussé, je sais très bien que la jeune femme n’est pas réellement comme ça et qu’elle plaisante. Puis de toute façon avec tous les propos que j’ai déjà tenus jusqu’ici, je serais très mal placé pour lui faire une réflexion là-dessus. En revanche, je n’hésite pas à la charrier sur le fait qu’elle se décrive comme un poney. Je trouve ça ridicule et limite blasant. Mais je me dis que la jeune femme doit plaisanter là-encore. Du moins j’espère pour elle. En tout cas, ça ne me fait pas tant rire que ça. Je lui dis qu’elle devrait manger du foin comme les poneys si elle se considère comme tels. Evidemment, c’est une manière de la stopper dans son délire ridicule. Mais il s’avère que la jeune femme me prends aux mots et avale une petite branche de foin. J’en reste stupéfait. Je ne l’aurai jamais cru capable de relever ce défi. Et elle ajoute que c’est succulent en plus. C’est qu’elle a de l’humour ! « Bon sang, t’es tarée ! » que je lui dis tout en riant aux éclats. Je crois bien que je ne vais pas m’en remettre. Pour le coup, elle peut être un poney si elle veut, elle l’a bien méritée. D’ailleurs, en parlant d’équidé, je constate que le prénom de la jeune femme est inscrit sur une des box. Ou presque. A deux lettres prêtes. Tweedy, Sweety, ça se ressemble un peu. En tout cas, assez pour faire remarquer à la jeune femme la coïncidence. « Ouai! » Puis là, la voix de Cupidon heurte nos oreilles. Il me convoque dans la cabane en bois. Zut ! Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? Soit disant, il a une chose importante à m’annoncer. J’ai hâte de savoir quoi. « Je risque d’être long. Retrouvons nous plutôt dans le salon si tu veux bien. » Je me connais, s’il s’agit de parler de moi et mon aventure, je vais en avoir pour un moment.