i feel so tired, put myself into bed while nothing ever happens ✈ 23 MAI, 04H13, JAMIE.

Extirpée du sommeil par une vilaine toux, elle ne parvenait pas à rester suffisamment discrète pour ne réveiller personne tout en faisant cesser ce chatouillement au fond de sa gorge. C'était peine perdue. Tout ce qu'elle allait faire, c'était réveiller Malo qui dormait paisiblement. Soucieuse de le tirer d'un repos si agréable, elle préféra quitter la chambre, sur la pointe des pieds. Les paupières à peine soulevées, crachant toujours ses poumons, elle alla dans la salle de bain, ouvrit le robinet et but une longue gorgée d'eau. Un énième toussotement et ça allait mieux. Elle lâcha un soupir et ferma ses yeux, piétinant le sol jusqu'à la porte de sa chambre. Sa chambre qui n'était d'ailleurs pas la sienne. Non, du tout, elle s'était trompée de pièce. Cela dit, dans le noir, les yeux fermés et à quatre heures du matin, on lui pardonne aisément, n'est-ce pas ? Ne se rendant pas compte de son erreur, elle continua sa marche jusqu'à se trouver près de « son » lit, se faufilant jusqu'à son côté, soit le côté droit. Sauf qu'à peine avait-elle soulevé la couverture et s'était allongée sur le matelas qu'elle sentit une présence tellement proche qu'elle avait à peine la place de tenir dans le lit. Et pourtant, elle était plutôt fine, comme nana. Elle posa un pied au sol pour empêcher la dégringolade. « Malo ? » Ah, non, ça, ce n'était pas Malo, non. L'odeur n'était pas la même, déjà. Et son partenaire n'empiétait jamais sur son côté du lit. « C'est qui ? » Elle murmurait simplement, de peur de réveiller qui que ce soit. Ce qui était bête puisqu'elle pouvait bien poser la question, si l'inconnu dormait, il n'allait certainement pas lui répondre. Et si elle murmurait, ce n'était pas comme ça qu'elle allait le réveiller. Tss.

J'avais les yeux pleinement ouverts. Vides mais ouverts, ce qui comble du sort, n'était pas forcement une des choses les plus conseillées lorsqu'il s'agissait de devoir trouver le sommeil. Même Morphée en était venu à se retourner contre moi. Alors que les rêves me tournaient le dos, le plafond, aussi sombre qu'il était, lui, me faisait maintenant face. Vêtu d'un simple débardeur et d'un boxeur, je laissais mes mains soutenir l'arrière de mon crâne, attendant je ne sais trop quoi. Pet-être que le cadrant s'accélère, que le temps change, que le jour se lève, que la pluie s'abatte, m'apaise. Même la nuit je pouvais encore sentir ces regards me fusillant de toutes parts. Ces regardes que la plupart des personnes de cette pièce n'avaient pas hésité à m'adresser. Mais je n'en avais rien à faire, je savais qui j'étais certainement bien mieux que quiconque ici. Je sentais alors une légère présence se glisser à mes côtés, très certainement Sasha qui avait étrangement déserté le lit ce soir là. Boh. Cependant elle semblait insister, se faufilant du côté qui m'était habituel. Bientôt de pouvais entendre une timide voix s'élever « Malo ? » mon sourcil droit s'arqua, comme à son habitude. Ok je n'étais peut-être pas très aimé mais de là à confondre son propre partenaire avec un candidat boiteux... « C'est qui ? » bon, finalement ce n'était peut-être pas Sasha. Elle n'avait même pas la même voix de toute façon. Un vicieux rictus se dessina sur mon visage « J'serais tenter de te répondre ton pire cauchemard, mais je n'suis pas sûr que cette approche soit la meilleure. » un sourire imperceptible se dessina sur mes lèvres « Ta peau est tellement froide... tu veux que je te réchauffe ? » quelques secondes de pause avant que je ne reprenne « Enfin... j'voulais pas dire ça comme ça, juste te rendre service, enfin... tu vois. » ouais, ce qui était surtout évident c'est que je ne cessais de m'enfoncer « Te prendre dans mes bras pour te réchauffer quoi, tout simplement... Tu n'auras même pas besoin de me donner ton nom, ni moi le mien... tu vois... pour que tu ne sois pas gênée. » ouais, allez savoir pourquoi, je me sentais redevable.

Cette voix. À qui appartenait-elle, déjà ? Elle ne savait pas. Il était bien trop tard et elle était bien trop entre le monde des rêves et la réalité pour deviner. Elle n'avait pas envie de refaire fonctionner son cerveau, elle souhaitait dormir. Juste dormir. Une chose était certaine: il ne s'agissait pas de Malo. Premièrement parce que ce n'était pas sa voix, deuxièmement parce qu'il ne parlait pas de la sorte. Cela dit, elle n'était pas assez éveillée pour s'en inquiéter. Son pire cauchemar donc ? Elle en doutait. Son pire cauchemar ne prendrait pas le temps de s'annoncer, il lui sauterait direct dessus pour la tuer et faire des actes dignes d'un mauvais rêve. Sa peau était froide ? Première nouvelle. La réchauffer ? Non, merci. Elle n'avait même pas froid. Elle n'avait pas quitté ses couvertures suffisamment longtemps pour qu'elle le ressente vraiment. L'inconnu pensa bon d'expliquer ce qu'il avait en tête. Des fois que les choses seraient mal interprétées après tout, on ne sait jamais. Et il continua à parler, encore et encore et encore et que devrait-elle faire pour qu'il se taise ? Elle posa sa main sur sa bouche pour l'empêcher d'émettre un quelconque son de plus. Aux grands maux les grands remèdes. « Chut. Tu parles trop. » l'intima-t-elle en un souffle avant de le forcer à se pousser pour qu'elle puisse s'allonger comme il faut. C'était mieux de ne pas avoir l'impression qu'elle risquait de se casser la figure à chaque seconde. Et après tout, c'était son lit, elle avait bien le droit à une place, n'est-ce pas ? Ce n'était pas son lit, d'accord, mais on s'en fiche, non ? Et pour réaliser son erreur, il lui faudrait sans doute encore quelques minutes, le temps que son esprit soit moins embrumé. Alors, en attendant, l'inconnu lui faisait une place, dégageait, se faisait tout petit, peu importe et c'est tout.

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