→ We're like butterflies caught in a hurricane
le 14/06 à 06h58
avec Laoise.

Ce matin je me lève du bon pied. Comme souvent en fait. Mais au vu des derniers événements c’est assez un exploit. Etonnement, j’ai bien dormi. Un sommeil sans rêve. Enfin, je ne me souviens de rien alors je me dis que je n’ai rien rêvé de rien cette nuit. J’ouvre les yeux, le soleil est à peine levé. Ca ne me dérange pas plus que ça puisque je me sens étrangement bien reposée. Je m’étire en me redressant, assise sur le lit. Mon regard balaie la pièce avant de se poser sur mon partenaire endormi. Je souris avec en arrière pensée un: trop mignon quand il pieute. Puis, instinctivement, je me penche vers lui pour déposer mes lèvres sur sa joue. Et, sans le réveiller, je m’extirpe du lit et quitte la pièce à pas de loup. Je fais escale dans la salle de bain, je me prélasse quelques minutes sous l’eau chaude avant de terminer dans le dressing. Puis, pour occuper mes premières heures de la journée, je me dis que je fais faire un peu de sport. Le domaine est large, grand, vaste. Petit footing s’impose. J’enfile un short, un débardeur par-dessus lequel j’enfile un top oversize. Face à un miroir, j’attache mes cheveux en une queue de cheval haute, ne laissant dépasser aucune mèche. La rigueur les amis. Dans mon bordel, je prends une gourde vide, lasse mes chaussure et me dirige vers la cuisine. En arrivant, j’aperçois une Laoise un quelque chose à la main. Je fronce les sourcils, ne passant que la tête dans l’encadrement de la porte. J’essaie d’apercevoir ce qu’elle tient entre les mains et qu’elle semble savourer. Enfin, elle ne l’a pas encore ouvert qu’elle en bave déjà. Je reconnais là les symptômes d’une très grande gourmande. La belle tourne la chose dans ses mains et là, oui là, je reconnais immédiatement la chose si bien que je réprime un hoquet de surprise ! Comment s’est-elle procuré cela !? J’écarquille les yeux. Forcément, ca vient de chez moi. D’Amérique. Des Snowballs ! Laoise met du temps à l’ouvrir comme si elle savourait même le déballage. Ca m’arrache un sourire. Fourbe. Je me dis qu’elle s’est levée tôt exprès, qu’elle ne veut partager. Aussitôt une idée germe dans mon esprit. Jouer les nanas à peine réveillée ne fonctionnerait pas vu ma tenue et ma tronche non enfarinée. Alors je la joue normal. Je me faufile jusque derrière elle. Même comme ça, elle ne m’a pas repérée. Hypnotisée par sa barre ultra calorique. « Bouh… » je lui souffle à l’oreille, presque suave avant de me saisir de la barre à l’aide de deux doigts uniquement. Puis, me reculer, un large sourire aux lèvres. Un je-ne-sais-quoi l’envahit mais je comprends qu’il est temps de courir. Courir vite, loin, très vite. Footing time !

Je crois que je n’aurais pu espérer plus vive réaction que celle de Lee-sha présentement. Ca m’amuse. Parce que bon, dans le fond, ce n’est qu’un malheureux paquet de Snowballs. Bien qu’il fait effet de Saint Graal là. Bref. En plus, je suis sûre qu’elle en cache des tonnes. Attendez, je ne les ai même pas vu une seule fois ! Alors que, pourtant, le cellier, je l’ai ratissé de nombreuses fois voyez vous. Laoise est d’une fourberie ! Encore plus grande que je ne l’imagine. D’un côté, tant mieux, oui vraiment tant mieux parce que je suis sûre que je me serais empiffrée faute de mieux. Oui, c’est ultra calorique cette cochonnerie. Je continue de reculer vers la sortie lorsque la brune bondit littéralement sur ses pieds prête à me sauter dessus pour m’arracher le paquet des mains. Attention, on ne déconne pas avec les snowballs. Puis, automatiquement, je prends mes jambes à mon cou. « Si tu le veux, viens le chercher Lee-shy ! » je claironne tout sourire avant de pivoter sur les talons et m’élancer à toute vitesse dans les couloirs. J’accélère ma course, si vite, que le tournant dans l’angle du couloir se fit très serré. Je me retiens comme je peux, repousse le mur et continue. La jolie Laoise me hurle que je n’ai pas le droit de faire ça. Erreur, j'ai tout les droit. Et, pour seule réponse, je laisse un rire presque machiavélique s’échapper d’entre mes lèvre. « Pour quelqu’un qui rêve snowball, t’es pas super convaincante ! » je la provoque tout sourire, j’évite de jeter un coup d’œil vers elle au risque de me prendre un mur.

Je l’entends scander de nouvelles paroles, de nouvelles menaces non-abouties surtout. Ca me fait rire. Je plante mon regard loin devant pour pouvoir anticiper la moindre chose, le moindre obstacle qui se dresserait sur mon chemin. Imaginez un peu que je me casse la gueule, genre que je m’étales de tout mon long au sol. Bah, question crédibilité je pourrais repasser. J’aperçois le hall, et il faut que je me décide. En haut ou dehors ? Grimper les escaliers ou vagabonder dans l’herbe mouillée ? Mon choix est vite fait. En arrivant dans l’entrée du château, je me rue sur la porte, l’ouvre à la volée, saute littéralement les quelques marches du petit perron. Voilà, ca c’est du footing ! Enfin, on dirait plus un cross mais soit. C’est pas un truc aliénant et qui n’a aucun sens. Mais une course-poursuite ca rend la chose beaucoup plus amusante. Je dois avoir le don pour rendre les trucs les plus chiants ludiques. Laoise me hurle qu’elle va me manger. J’éclate de rire. « Encore faut-il que tu me rattrapes ! » je fais, laissant mon rire raisonner en écho. Ma couette virevolte au gré du vent, mes jambes passent de plus en plus vite l’une devant l’autre, mon souffle devient plus difficile et saccadé. Je savais que je n’aurais pas du parler. Je tente d’accélérer le rythme parce que qui ne tente rien n’a rien. Je jette même un coup d’œil vers la brunette sur mes talons. Elle ne voudrait pas abandonner ? J’sais pas on pourrait signer une trêve ? La fin de cette micro-guerre. J’crois que mes jambes faiblissent et qu’elle déteignent sur ma motivation. Non, non, non ! Je me ressaisi. « Lee’ tu partageras alors ? » je demande le souffle court, en tournant autour d’un arbre, zigzaguant entre les herbes hautes. Vous voyez ! J’en suis presque à faire des concessions !

Le problème qui se dessine présentement est que le château est absolument immense, disons le domaine l’est, et que Laoise est… super lente. Autant dire que j’ai le temps d’en faire trois fois le tour avant qu’elle ne daigne presser le pas pour me rattraper. Et, le problème qui se rajoute c’est que… bon, je commence à fatiguer aussi. Mais, il ne faut pas que je le montre. Ceci dit, je pense que c’est plus de la fatigue psychologique. Genre, j’en ai marre de courir alors mon cerveau ankylose mes jambes pour les forcer à s’arrêter, vous voyez le délire quoi. Sinon, j’aime courir, mais y’a des limites. De plus, Laoise est formelle: elle ne partagera pas. Qu’il en soit ainsi. Quelques minutes filent alors que je creuse la distance et, soudainement… Eclair de génie ! Han, mais peut être essaie-t-elle de m’avoir à l’usure ?! Bon sang, j’aurais du y penser plus tôt et ne pas sous-estimer sa flemmardise ainsi sa fourberie ! Ca me frappe comme l’illumination divine, comme l’évidence. Alors, je compte bien ne pas me laisser avoir. Aussi, je profite de la végétation à mon avantage. Entre deux centenaires derrière lesquels je me cache, je reprends ma respiration, souffle doucement, dégourdis mes jambes, avant d’aller me planquer dans les herbes hautes. A genoux, baissant la tête tout en guettant son arrivée. Je regarde l’état du paquet de snowball aussi. Je décrète qu’il survivra. Son pronostique vital n’est pas avancé. En revanche, le mien j’dis pas. Quand elle me tombera dessus, j’ai tout intérêt à être solide. Je me déplace à quatre pattes, au ras du sol même, quand je m’arrête brusquement en entendant ses pas se rapprocher. Merde. J’aurais du être plus discrète. Aussi, je fais le mort. J'ai l'air fine comme ça.

En fait, fausse alerte. Laoise n’a absolument rien capté. La jeune femme est focalisée sur son ventre qui crie famine. Enfin, faut pas pousser. Disons, qu’il crie à la gourmandise, au désir non assouvi. D’un côté, c’est peut être bien pire ou tout aussi pire. Soit. Je me déplace discrètement dans les herbes hautes, à la façon d’une espionne chargée d’une mission dont la réussite dépend de tout le sort du monde. Ouais, ouais, j’aime me faire des films. Ca me permet de me mettre plus facilement dans la peau du personnage. Vivre pleinement la chose aussi. Ca m’amuse. Bref. J’entends le doux soprano plaintif de la jeune femme percer les airs. Elle crie mon prénom et tient la note durant quelques secondes. Ca me rappelle presque ma mère. Enfin, sa façon dont elle a l’habitude de nous appeler chacun. Noraaaaaaaaa. En montant et redescendant d’une parfois trois octaves selon le souffle et l’énergie qu’elle y met. Je m’arrête, assise en tailleur sur le sol humide. Je l’entends se plaindre. Mademoiselle a faim. Tellement qu’elle me supplie presque. Ca me fend le cœur. Ouais, littéralement. Aucune ironie la dedans. Je ne peux, moi, résister à cela. Je perçois presque le désespoir dans sa voix. Ok, j’en rajoute un peu. Elle se plaint aussi du froid. Là, elle n’a pas tord. Mais si, elle avait mis autant d’application à courir que j’en ai mis, la belle aurait désormais chaud. Quelques minutes filent durant lesquelles je pèse le pour et le contre de la situation. Capituler ou ne pas capituler ? Je fais défiler les arguments de l’Irlandaise dans ma tête. Je commence à entrevoir une réponse. Oui, même plutôt positive. Parce que bon, toutes les bonnes blagues ont une fin. Et, que je l’ai assez faite tourner en rond. C’est alors qu’elle me sort l’argument du bisou, et je pouffe de rire. « Par là Lee-sha » je m’exclame en tendant le bras au travers des herbes hautes, avec en main le paquet de snowball que j’agite à la façon d’un drapeau. Blanc. La trêve.