featuring evadne

Je désespère. C'est officiel. Je désespère complètement. Je m'énerve seul, je peste contre mon médiator qui, en définitive, ne m'a absolument rien fait, je triture le capodastre. Rien du tout. Première fois que ça m'arrive. Le vide, le blanc, le néant total. Merde. alors c'est à ça que ça ressemble de n'avoir aucune inspiration ? Pas très agréable. Franchement horrible même. Sauf que j'ai envie de jouer, j'ai envie de composer, et je déteste être frustré dans ce genre de désir. Alors je cherche. Je cherche en vain une solution. Et ce n'est pas en restant là, j'en ai conscience, qu'elle va me tomber dessus. Alors finalement, je quitte le coin de la salle de musique que j'avais envahi, gardant la guitare dans mon dos, médiator entre les doigts et capodastre coincé à ma poche. Hm. Rien, jusque là. Pas d'illumination. Finalement, alors que je me retrouve dans le salon, sans même que personne ne semble étonné de la présence d'un instrument du château accroché à mon épaule, et mon regard tombe sur Evadne. Mais oui ! Un sourire illumine mon visage, et je change brusquement de direction pour l'intercepter. Bon, elle n'a pas l'air trop occupé. C'est déjà ça. Je lui adresse un joli sourire lorsqu'elle me voit approcher et je me pose juste devant elle. « Eva ? tu me rendrais service ? » je miaule. Je lève la main pour qu'elle aperçoive l'onglet entre mes doigts. Question de musique, Eva. Donc question de vie ou de mort. Espérant qu'elle me suive, je l'emmène dehors. Le temps est clément aujourd'hui. Une chance, car ce n'est plus franchement le cas depuis un certain temps. Alors que je prends la direction du lac, je l'entends marcher à mes côtés. « T'as peur des cygnes ? » je la questionne alors, l'air pensif. Non, parce que si c'est le cas, on s'arrêterait ailleurs. À la plage. Ou sur le pont. Enfin quelque part dans la même direction, sauf qu'on ne serait pas sur une barque au beau milieu du lac. « J'arrive pas à composer. » J’annonce ça avec l'air désespéré de celui qui annonce sa condamnation à mort. Ça m'embête sincèrement. C'est l'un de mes passe-temps les plus efficace, dans le nid. Je me tourne alors vers elle, juste quand nous arrivons face au lac, et à nouveau, lui sourit de toutes mes dents. « Alors j'ai besoin d'inspiration. Et c'est là que tu entres en scène ! » Hochement de tête plus que satisfait. Oui toi, Eva, toi. D'un geste expert, de celui qui n'en est pas à sa première manœuvre, je fais glisser la guitare de mon dos à mon ventre. Dieu merci, ils avaient pensé à mettre des bandoulière à leurs instruments. Parce que l'inverse n'aurait franchement pas été pratique. Je descends encore de quelques pas, attrape par la tête une barque en forme ce cygne, je l'approche du bord. « Hm, il est fort possible que le résultat final ne t'évoque pas du tout, c'est juste que j'ai besoin de quelqu'un ou de quelque chose pour disons guider mes pensées, tu vois? » Pas sûr qu'elle comprenne. Mais c'est comme tout. J'ai juste besoin d'un moteur, d'une motivation, d'un déclencheur, pour que ça se décoince. Et ce déclencheur pouvait être un objet, une personne, un évènement... Selon la situation, ou selon mon humeur. En l'occurrence, j'étais certain que la présence d'Evadne m'aiderait. En un plus d'un mois de jeu, je m'étais fort attaché à ma partenaire, même si j'étais encore loin de la connaître autant que c'était possible. Le genre de personne dont la présence jouerait à elle seule le rôle de muse. Car à vrai dire, la blonde n'aurait pas besoin de faire grand chose. Discuter comme on le faisait d'habitude suffirait sans doute, mon imagination ferait le reste.