→ Like paper planes and playground games
le 04/07 à 20h12
avec Malo.

Un peu plus tôt dans la journée, on a convenu avec Malo de se rejoindre devant la porte qui mène à la chambre -c’est quoi son nom déjà ? Bref - nouvelle, ce soir. Le soleil commence à chuter derrière les nuages, à chuter dans le ciel, je me dis que c’est maintenant. Faut dire qu’on a pas vraiment de montre ici. On fait avec les moyens du bord. Soit. Toute excitée, je rejoins le dressing pour y chopper un quelque chose qui ferait éventuellement office de pyjama. Oui, je me souviens de deux choses la concernant: les trois cent trente-trois marches et la vue. Donc, si on parvient jusque là, je ne compte pas y redescendre dans les heures qui suivent. Puis, excitée parce que j’ai envie de découvrir toutes les pièces du château, ses mystères. La tourelle de la soubrette ! Ce n’est pas rien. Enfin, ca c’est une autre affaire, une autre histoire de mon imaginaire débordant. Du coup, cette chambre en fait partie bien que Loxias m’ait prévenu que, dans le fond, ce n’est, en tout premier lieu, qu’un baisodrome. Mais moi je veux voir la vue, je veux profiter d’une nuit au calme. Puis, je me dis qu’une pièce n’a seulement l’utilité qu’on lui donne ou qu’on veut bien lui donner. Aussi, tout dépend de la façon dont on l’utilise même si, au départ, ce n’est pas comme ce que la production a prévu. Tu me suis ? Bref. Pour cela je dois en remercier Malo qui m’a offert cette possibilité lors du prime dernier. Je déambule dans les couloirs un sourire béat plaqué aux lèvres. Je me rappelle du plan qu’on m’en a fait. Je le suis scrupuleusement jusqu’à arriver devant la porte. Malo est déjà là. Evidemment. Je lui souris. « Ne me dis pas que je suis en retard ?! » je m’exclame sur un ton plaisantin. Non, en fait, je suis même sûre que c’est lui qu’est en avance. Je m’approche de lui et dépose mes lèvres sur sa joue. « Merci » je lui dis ensuite. C’est que je n’ai même pas eu le temps de le remercier l’autre fois. Après quoi, il s’attèle à ouvrir la porte avec le pass qu’on lui a confié. Devant nous, se présente un escalier en colimaçon. Et pas des moindres. « …trois cent trente-trois marches, ca va aller ? » je lui demande presque émerveillée à la vue de la première épreuve qui se dresse devant nous, avant de vriller mes prunelles vers lui, un sourire lumineux aux lèvres. Oui, mine de rien, je pense à sa jambe.

Je devrais peut être me préparer psychologiquement à grimper trois cent trente-trois marches. Non parce que je suis sûre qu’il y’a moyen de se faire un claquage dans l’histoire. Faut pas croire, mais monter les escaliers demande un réel effort physique. Une vraie mobilisation du corps. Heureusement pour nous, nous étions jeunes et motivés. Sinon, on serait mal barrés. Peut être pour cela que jamais aucun candidat de Fake Lover n’a plus de quarante ans ? Ou quarante ans tout court ? A méditer. Je sonde la motivation du jeune homme qui m’accompagne. Il m’assure que ca va aller d’un signe de tête. Il est sûr ? Non, parce que, quand même, il marche avec une canne. Je me dis que cette montée là peut s’avérer difficile. Après tout, c’est lui qui voit. Il se gère. En tout cas, s’il a besoin d’une quelconque aide, il sait que je suis là. N’est-ce pas ? Alors, de nouveau, je lui souris. Parfait. Ma main se retrouve dans la sienne. Je la serre quelque peu et nous entamons la montée. « Je n’en vois pas la fin » je lui fais en tendant le cou, mes prunelles cherchant le bout. Ca me fait l’impression d’un tunnel sans fond. Celui dont la lumière est lointaine, très loin. Soit. Je m’en fiche pas mal puisque j’ai de la compagnie. Et quelle compagnie ! Dans ma tête, je compte les marches. Oui, je vérifie l’exactitude de ce que l’on nous a dit. C’est instinctif. Faut pas chercher. Malo me dit ensuite qu’il est content de m’avoir rien que pour lui. J’esquisse de nouveau un sourire. « C’est vrai que ça fait longtemps… » je lui glisse, un sourire lumineux aux lèvres. Ca remonte à près d’une semaine quand même ! La partie de cache-cache. Entre temps, la Terre a eu le temps de tourner. « Ca me fait également plaisir » j’ajoute enjouée. Alors que parallèlement les chiffres défilent encore dans ma tête. Les minutes filent, les marches aussi. Bon Dieu. Pire que les vingt minutes sur le vélo d’appartement, j’en suis sûre. Je vais demander une pause, je le sens, je le sens. Aller à la centième. Et, inconsciemment, à chaque marche qui me demande un effort, je presse mes doigts autour des siens. Crédibilité, bonsoir. Néanmoins, on continue de discuter, enfin je crois. Mon cerveau est tellement obnubilé par les marches en marbre que je ne contrôle même pas la teneur des réponses que je lui fais. Faut qu’on s’arrête, je vais clamser… Aller, à la cent cinquantième. Toujours repousser ses limites. « Pause ! Pitié… » je scande limite essoufflée, presque implorante aussi. Les jambes lourdes, ankylosées. Sportive, mon œil. Je me laisse tomber contre le mur froid. Plus que cent quatre-vingt trois, laisse moi mourir… « Faudra qu’on m’explique sincèrement l’utilité de ces 333 marches… » j’échappe dans un souffle, les mains posées sur mes genoux, le visage vers le sol. Une seconde file peut être deux. Je relève le visage, amusée, vers Malo. Franchement, il a l’air d’aller bien lui. Bien mieux que moi. Or, pourtant, je n’ai jamais subi un quelconque traumatisme. La honte. J’inspire, expire. Aller, on repart ! Et plus vite que ça. Je reprend la main de Malo et fais passer son bras autour de mes épaules alors que je me raccroche à sa taille. La solidarité, on appelle ça. « Si tu veux me porter, je dis pas non hein » je le taquine sur le ton de la plaisanterie. « Tu imagines si quelqu’un se trouve déjà là-haut » je suppute pensive. Eh bien oui, il n’y’a pas un tableau de réservation que je sache. Alors, on fera quoi ? Redescendre ? Pas question, pas après ce calvaire. Partager ? Tout de dépend de la bonne volonté, aussi, de ceux qui se trouveront aussi dans la pièce. En gros, gros mystère. Petit suspens. « Tu sais qu’on dit aussi que la vue est sublime ? » je débite, je débite. Hm, et si je le laisser parler un peu hein ? C’est bien la meilleure idée de ces dix dernières minutes. Aller, tais toi Nora.

Je demande une pause parce que je sens que mes jambes ne vont plus soutenir mon poids très longtemps. Pourtant, je ne suis pas super lourde, de ce que j‘entends du moins. Disons plutôt que je ne suis pas suffisamment musclée pour tenir sur la longue durée. Il me faut quelques minutes pour recharger les batteries et repartir d’attaque. Puis bon, monter des marches sans fin c’est aussi, relativement, aliénant. Pour ça aussi que les sports auxquels je m’adonne sont relativement restreints. Je n’aime pas les choses aliénantes et dénuées d’intérêt. Là, un ascenseur aurait été le bienvenu. Ou alors, c’est pour nous faire comprendre le privilège que l’on a. En tout cas, j’ai bien saisi. Je t’assure. D’ailleurs, non que je n’aime pas le sport ou que je suis partisante du moindre effort, au contraire, il faut faire du sport. C’est très bon le sport. Mais tout dépend duquel. J’entends Malo ricaner, je m’insurgerai si je ne manquais pas d’air et si j’en avais la force aussi. Alors je me contente de lui lancer un regard faussement boudeur avant de lui tirer la langue espiègle. Puisque c’est comme ça, on repart. Puis, à ma réflexion sur le fait de me porter il me lance un regard complice auquel je réponds par une esquisse mutine. Je plaisante évidemment. Connaissant sa situation, il est absolument stupide que de lui faire faire une telle chose. Ou même d’accepter dans le cas où il l’aurait proposé. On se remet à grimper les marches, une par une, je lève de temps à autre la tête vers le point de lumière qui s’agrandit au fur et à mesure. Cette idée là me ravie. On y est presque. Je lui parle d’une éventuelle présence que je n’espère pas, mais aussi de la vue. Malo me répond par un: il parait. Je souris. Et, me concentre de nouveau sur les marches qui défilent sous mes pieds. C’est toujours quand on relâche son attention qu’une connerie se produit. Telle que je me connais, je me vois bien trébucher ou rater une marche. Enfin, tu vois le genre. Je me suis promis de ne demande aucune autre pause. Alors, je m’accroche. Et pas qu’au sens figuré. Non, parce qu’à chaque fois que je me sens faiblir je me raccroche au jeune homme en serrant légèrement ma prise autour de sa taille. Les minutes défilent, il finit par m’annoncer que nous sommes presque arrivés. J’y croyais plus. Je relève le regard vers lui et affiche un sourire rayonnant. Je fais des économies d’oxygène. La voix de Malo me parvient à nouveau. Cette fois ci pour compter les marches restantes à la façon d’un décompte. Je suis dans ma tête: trois cent trente, trois cent trente-et-un… « Trois cent trente-trois ! » on s’exclame de manière synchronisée. Enfin. « Je pense qu’une médaille ne serait pas de trop » je fais sur le ton de la plaisanterie alors qu’il s’avance pour ouvrir la porte. Elle semble vide. J’ai bien hâte d’aller me vautrer sur le lit tiens. Je penche la tête sur un côté lorsqu’il affiche un sourire malicieux, carnassier même. Qu’est-ce qu’il a derrière la tête ? « Bien sûr » je réponds en me saisissant de sa canne. Qu’est-ce qu’il a derrière la tête (bis) ? Je le regarde se préparer à faire on ne sait quoi. Son sac passe en bandoulière, et la seconde d’après je me retrouve dans ses bras façon princesse. Je souris. Je me dis qu’il n’irait pas se faire mal pour rien, alors j’évite de le mettre en garde, me retient du moins. Malo me dépose sur le lit et s’allonge à mon côté. J’échappe un soupire. On l’a fait ! Je joins mon rire au sien. « Dis toi, qu’il faudra aussi les descendre après… » je lâche dans un soupire déjà exténué rien que d’y penser, enfin, tâchons de profiter puisque nous étions là. « Et maintenant ? » je demande avec une voix de gosse de dix ans. Eh bien oui, maintenant que nous étions là faut s’occuper.

Mes prunelles fixent distraitement le plafond blanc de la chambre alors que je me laisse complètement aller dans le matelas. Comme un lâché prise. Je m’autorise à ne plus contrôler mes jambes, mes bras, mon corps, le temps de recharger les batteries, le temps de soulager mes muscles. Effet loque humaine. Un silence s‘installe, léger, loin d‘être dérangeant. Le silence du repos. On est dans le même état. On essaie de récupérer. Puis, je finis par réprimer un bâillement. On a laissé le silence un peu trop perdurer si bien que la fatigue voudrait presque squatter. Garce. Pas question ! Non, il ne faut pas laisser la situation s’enliser sinon on risque, lui comme moi, de s’endormir aussi sec. Aussi, je lui demande ce que l’on fait maintenant. Mes iris s’en vont fixer son visage. Un rire s’échappe d’entre ses lèvres. Non franchement pas de ma faute si je perds douze ans d’âge mental en sa compagnie. Vraiment. Malo s’allonge sur son flanc et me demande un câlin dans un murmure. Un sourire s’empare de mes lèvres. Un sourire attendri et ravi. « Bien sûr » je fais dans un murmure également avant de m’approcher de lui, il en fait de même. Nos corps finissent par se rencontrer alors que je passe mes bras autour de lui. Son étreinte se resserre et je m’en vais nicher mon visage dans son cou. Je ferme les yeux, me laisse aller dans les bras du jeune homme. Quelques minutes filent, je ne saurais dire combien, mais au bout d’un moment je sens ses bras se faire moins présent autour de moi alors j’en fais de même. Puis, finis par laisser tomber mes bras contre moi. J’ouvre les yeux. Il me sourit, j’en fais de même. Je cligne des yeux lorsqu’il effleure mon nez, mes joues. La seconde d’après il me complimente en ajoutant qu’il ne regrette pas de m’avoir choisie. Un large sourire rayonnant étire mes lèvres, une moue touchée également. « C’est toi qui est adorable » je réponds en portant le bout de mes doigts contre sa joue, la caressant doucement. « Je te remercie de m’avoir choisie » j’ajoute un nouveau sourire franchissant la barrière de mes lèvres. Si, en plus ça peut l’aider à passer une bonne nuit, j’en suis d’autant plus contente. Puis, ses lèvres viennent se poser sur mon front. Malo propose ensuite de se mettre en pyjama. « J’approuve ! » je m’exclame. Bon dieu, si je pouvais, je passerais ma vie ainsi, jouissant du confort sans nom que m’apporte cette tenue. Haha. Il s’attaque au premier bouton de sa chemise et me demande de fermer les yeux. J’acquiesce en plaquant mes paumes contre mes yeux et histoire d’en rajouter je me laisse tomber à plat ventre sur le lit, tête dans le coussin. « C’est bon comme ça ? » je lance d’une voix étouffée par l’oreiller, sur le ton de la plaisanterie. Je compte les secondes, une vingtaine plus tard. Ok, beaucoup plus, mais j’ai perdu le fil entre temps. Le jeune homme m’indique que c’est bon. Je me redresse, assise en tailleur sur le lit, je vrille mon regard sur lui. Lui qui se tient torse nu. « Oh, je comprends mieux maintenant pourquoi tu as tenu si aisément ces quelques marches… » je fais en arborant un air faussement solennel avec un hochement limite désabusé. On peut voir ça comme un compliment déguisé, éventuellement. Il n’a pas l’air d’avoir apporté un t-shirt, mes pommettes prennent une très légère teinte rosée. Ce qui est absolument ridicule puisque j’ai déjà pu le voir en maillot par exemple. Quoique la situation était quelque peu différente. Loin d’être perchée à plusieurs mètres du sol dans ce que Loxias appelle: le baisodrome. Mon tour qu’il annonce. Je saute sur mes pieds. « Tu fermes les yeux hein » je m’assure avec une voix de gosse de huit ans, avant d’échapper un rire. J’attrape l’unique t-shirt que j’ai pris avec moi. Je retire celui-ci que porte, le pli et le dépose sur une commode. J’enfile l’autre. Celui-ci est rose avec une tête de Kirby. Mieux encore, celui-ci est large, et m’arrive aux cuisses. Après quoi, je retire mon jean. « Tadaaa ! » je claironne en pivotant sur les talons. « On ne se moque pas ! » je le préviens tout de suite en mettant mes poings contre ma taille. « Je suis une grande gosse, j’ai grandis avec pokémon et kirby » j’ajoute tout sourire avant de sauter et d’atterrir à genoux sur le lit. Bon et mes frangins aussi.