ft. sami

Parfois, je me demande vraiment si je me sens bien, dans ma tête. Avec les idées tordues qui peuvent la traverser, il est d’intérêt que je me pose sérieusement cette question. La dernière idée de génie qui m’a traversé l’esprit ? Aller faire une petite balade dans les cachots, en pleine nuit, avec comme seule compagnie ma gentille petite lampe de poche. Oh, oui, totalement géniale comme idée. Si seulement, en plein milieu de ma petite promenade de santé, cette chère camarade ne m’avait pas sauvagement abandonné. Je l’ai vu clignoté, j’ai tenté de la raisonner, mais trop tard. L’obscurité m’enveloppe soudainement. Je panique. Je suis bien trop enfoncé dans le dédale de ce couloir pour parvenir à sortir d’ici sans risquer de me prendre les pieds sur l’une des chaînes qui traîne au sol. Merde, merde. « Oh hé, il y a quelqu’un ? » que je lance à l’aveuglette, mes mains cherchant un repère tout prêt de moi. Je sens le métal des cellules sous mes doigts, la seule chose m’aidait à ne pas perdre pieds. Bon sens, j’espère que quelqu’un rode dans les parages. « Ça serait gentil, hein, si quelqu’un m’entend, de venir m’aider… » J’ai pas envie de me casser la figure, moi. Ni même de rester ici trop longtemps, dans le noir. « S'il vous plait. » Par chance, il n’y a plus de grande bête effrayante pour me faire peur. Sinon, ça aurait été le comble.

Le réveil électronique affiche 00:12, pas moyen de dormir alors que Sami s'est couché voilà maintenant presque une heure. Putain, pas une insomnie s'il vous plait. Sami se redressa alors, pour se retrouver assis sur son lit, les draps lui arrivant jusqu'aux cuisses du fait qu'il se soit relevé subitement. Il jetta un coup d'oeil à sa partenaire, qui dormait paisiblement. Chanceuse tiens celle-là, enfin pour une fois qu'elle l'était hein, on allait pas lui en vouloir et en être jaloux, la pauvre. Sami se dit alors que la meilleure des choses à faire était d'aller faire un tour, boire une gorgée d'eau, aller pisser peut-être histoire de dire ça vulgairement hein pardonnez-moi. Il sortit donc de son lit, pour se diriger vers la cuisine, premier arrêt. Il se servit un verre d'eau fraîche et le but d'une traite, ce qui lui rafraîchit la gorge, il se sentait déjà un peu mieux. Il alla alors vers les toilettes, histoire de soulager sa vessie puis revint vers la cuisine et en passant devant l'escalier pour mener au sous-sol, entendit comme une voix au loin. Très loin. Cela semblait venir d'en bas. Bizarre. Flippant même. Sami n'étant pas vraiment un trouillard, prit la peine de descende, seulement vêtu d'un caleçon qu'il mettait pour dormir la nuit. Arrivé au sous-sol, il entendit la voix se préciser, vers les cachots. Une petite voix plaintive, qui devenait plus claire quand il avançait. « Ça serait gentil, hein, si quelqu’un m’entend, de venir m’aider… » Sami eut alors un sourire sur son visage lorsqu'il reconnut la petite voix d'Anabel, qui s'était visiblement mise dans un petit pétrin et qui semblait paniquée. Il se marrait alors que si ça se trouve, quelqu'un la séquestrait là-dedans, enfin bon ça paraissait moins plausible qu'un lustre défaillant ou qu'une mauvaise chute. « S'il vous plait. » Il était arrivé en face de la porte des cachots, la lumière ouverte dans le couloir menant à l'entrée des cachots, et entra sans trop de faire de bruit, éclairé par la luminosité du couloir. « Ana c'est moi. » Il chuchota sans penser qu'elle ne pourrait peut-être pas reconnaître sa voix, hm, ça l'avancerait bien le "c'est moi", la pauvre. Pourvu qu'elle n'hurle pas à l'entente de ce murmure si proche d'elle, aussi. Ou que Sami ne se prenne un coup de la part de la jeune femme. Hm.

Mes supplications sont vaines, je le sens. Je le sais. Personne ne viendra me secourir de ce misérable trou noir dans lequel je me suis enfoui. Il faut dire que ce n’était pas tellement brillant de ma part de partir en exploration nocturne des cachots avec une lampe de poche comme seule compagnie, sans même savoir si elle tiendrait la route bien longtemps. J’aurai dû en amener plus d’une ou du moins, avoir une réserve de pile, hein, ça n’aurait pas été idiot. Et vu l’heure, grand espoir que je sois forcé de croupir ici une bonne partie de la nuit. Impossible de m’en empêcher, je gémis en songeant à cette éventualité. Non, pitié, je n’ai pas envie de rester, pas même cinq petites supplémentaires. Mes mains tâtant les cellules à mes côtés, j’avance littéralement à tâtons, mes pieds foulant le sol délicatement entre les débris qui le jonchent, majoritairement des chaînes sur lesquelles je risque de trébucher. « Ana c'est moi. » Je suis si concentrée que lorsqu’une voix s’élève dans le silence inquiétant des lieux, je pousse un cri, horrifiée. Je manque presque de perdre de pieds, m’agrippant aux barreaux les plus près en dernier recours. Un juron s’étouffe au bout de mes lèvres, je crois m’être abimé la main sur je ne sais quoi. En fait, y’a qu’une douleur lancinante qui vient de me foudroyer. Mais bon, je suis sauf. Pour l’instant. Je me reprends, puis scrute le silence de tous mes sens. « Qui est là? » La panique ayant pris le dessus sur ma raison pendant un moment, je ne suis pas apte à reconnaître mon sauveur, mon cher Sami venu à ma rencontre.

Malheur de malheur, il n'aurait jamais dû chuchoter quelque chose à Ana sans l'avoir prévenu de sa présence par quelconque moyen! V'là ti pas qu'elle crie de plus belle, en attendant la voix de Sami s'adresser à elle, à quelques mètres d'où elle se trouve, dans les cachots. Sami entend et distingue vaguement qu'elle s'agrippe aux barreaux qui se trouvent à coté d'elle. Elle jure, également. Bah dis donc c'est du beau Ana! « Qui est là? » demanda une petite voix chétive. Sami se surprit à sourire de la détresse de la jeune femme. « C'est Sami va, banane. » Il avait recouvert une voix normale, il ne parlait désormais plus tout bas. Sami avança alors vers elle en essayant de regarder où il était ses pieds. « Viens me rejoindre, j'vais te sort … » une marche. Une chute. « … ir de là. » Il était arrivé à terre, tombé à plat ventre, sur quelque chose d'étonnamment mou et confortable, Ana avait crié, fort près de ses oreilles. Mais attendez.. son coussin confortable sur lequel il reposait presque couché, c'était.. oh mon dieu, Ana! Il essaya de se relever tant bien que mal, en panique, d'avoir écrasé la jeune femme. Posant ses deux mains de part et d'autre du corps de la jeune femme, sur le vieux carrelage, il tenta de relever son buste du corps allongé lui aussi, de la jeune femme qui devait se demander quoi. Fallait-il évidemment encore que sa main glisse sur le carrelage humide des sous-sols, si bien que son buste retomba sur Anabel. Le visage du trentenaire, quant à lui, sous le choc et la surprise, tomba sur le visage de la jeune femme, leurs fronts s'entrechoquèrent et leurs lèvres se touchèrent. Oups.

Panique totale! J’ai une certaine tendance à perdre un peu mes moyens quand je me retrouve dans une situation inconfortable, comme par exemple, coincé dans les dédales d’un sombre cachot, en pleine noirceur. Et c’est encore pire quand un petit malin décide de faire une de ces peurs en approchant à pas de loup, murmurant beaucoup trop près pour que mon cœur le supporte, quelques traitres mots. Je suis surprise, je lâche un cri. Franchement, rien d’étonnant quand on me connait. En fait, les seules situations où je figeais étaient celles qui me confrontait à Ezéquiel… et je me demande vraiment pourquoi je songe à ça, en ce moment. Je vais flipper encore plus, si ça continue. « C'est Sami va, banane. » me renvoie la voix que j’ai entendue, quelques instants plus tôt. Je pousse un soupir, presque soulagé. Ceci dit, on n’est pas sorti d’affaire. Je continue d’avancer à la ramasse, doucement, me faufilant du mieux que je peux, toujours plus en avant. « Viens me rejoindre, j'vais te sort … » La voix est encore plus près que je ne le croyais. « … ir de là. » Et là, c’est le choc. Je sens quelque chose – ou plutôt quelqu’un – s’effondrer sur moi, m’entraînait dans sa chute vers le sol. Impossible de ne pas lâcher un cri, mais je m’arrête quelques instants plus tôt en réalisant que la seule autre personne dans les parages n’est nul autre que Sami. Et en fait, là, tout de suite, il se trouve carrément SUR moi. D’ailleurs, je sens que l’air me manque. C’est que, vous savez, je suis plutôt petite dans mon genre, alors que Sami est relativement imposant. Pas étonnant que je me sente coincé sous lui. Il s’en rend bien vite compte, tente de se relever, ce qui me permet de récupérer un peu d’air dans mes poumons. Puis, soudain, nouvelle chute, nouveau choc. Je sens sa tête venir frapper contre la mienne, de même que ses lèvres – par accident. C’est, hm, gênant. Forcément, je dois être rouge comme une tomate, mais heureusement, la noirceur des lieux sauve la mise. « Sami, s’il te plait… » ne puis-je m’empêcher de lui lâcher, entre deux respirations étouffés. « Je… manque d’air. » Et puisque je suis coincé, impossible de bouger. Il va devoir se dégager, s’il ne veut pas avoir ma mort sur la conscience.

Hm, bon c'était un peu gênant d'arriver une seconde fois sur le corps d'Ana ainsi, hm, donc Sami après être revenu à ses esprits avoir chuté à nouveau, après avoir détourné ses lèvres de celles de la jeune femme, l'entendit murmurer des petits cris plaintifs. « Sami, s’il te plait… » hm, oui pardon. « Je… manque d’air. » Chef oui chef, Sami retrouva vite ses esprits, et se releva tant bien que mal, comme la première fois, disposant ses deux mains de part et d'autre d'Anabel pour relever son buste de la jeune femme. Cette position était totalement inédite. Tout comme la scène d'ailleurs. Ils étaient tous les deux couchés dans les cachots, Sami dominant la jolie brune, leurs visages à deux centimètres d'écart, leurs lèvres venant de s'effleurer. Inutile de vous dire que ça donnerait des idées à tout le monde mais Sami tenta de les chasser de sa tête. « Je, euh … désolé. » Bon ce serait peut-être bien qu'il se bouge de là, maintenant, non? A moins qu'Anabel insiste pour qu'il y reste, cela va de soi.

Mes plaintes ne furent pas vaines, puisque dès que les mots traversèrent mes lèvres, le candidat réagit au quart de tour, tâchant à nouveau de se relever, du moins, en partie, me permettant de prendre une grande respiration pour récupérer l’air qui m’avait manqué pendant quelques secondes. « Je, euh … désolé. » Pour autant, Sami ne se dégageait pas, et je me demandais si quelque chose l’en empêchait. Parce qu’entre vous et moi, cette situation était particulièrement… étrange. Et très, très ambigüe. Vous dévouez l’admettre : étendu tout deux sur le sol, dans une position compromettante, et passablement collés l’un à l’autre. En d’autres circonstances, et surement avec deux autres personnes, les intentions auraient été claires et nettes. Peut-être même que cette idée était passée par l’esprit de mon sauveur. Mais pas dans la mienne, enfin… pas terriblement longtemps. J’étais beaucoup trop gênée pour ça. « Sami… » commençais-je, doucement. « Tu… tu veux bien te relever? » Sans vouloir le blesser, je le repoussais tout de même. Seulement, je ne le voyais pas autrement que comme un ami. Et franchement, il fallait que je fasse quelque chose avec cette main qui m’élançait toujours autant. J’espérais que ce n’était pas très grave.