MALO

Demi finales, c'est une chose plutôt impressionnante non ? Je veux dire, je ne pensais clairement pas me hisser jusqu'ici lorsque mon aventure s'était débutée. Non, je pensais être éliminé au début du jeu, mes chances et espoirs de gagner n'étant qu'à mes yeux, très minces. Et étrangement, autant le temps s'écouler de façon totalement imprévue, moi, qualifié en demi finales, autant je savais que je n'avais aucune chance de passer en finale, et certainement pas contre mon frère... ou Malo. Ouais, j'esperais d'ailleurs que deux de nous trois ne verraient pas leurs aventures se terminer, et par deux, j'entendais bien évidemment ces deux jeunes hommes. C'était donc avec une certitude presque parfaite que je profitais de ma dernière semaine. C'était étrange, j'avais l'impression d'avoir vécu bien plus que trois mois dans ce nid,. Il faut dire qu'à force de s'y trouver vingt quatre heures sur vingt quatre, on s'habituait vite. On prenait ses marques. Je ne me voyais maintenant que très mal retourner dans mon petit appartement, reprendre mes deux boulots, enchaîner un nombre impossible d'heures par jour pour pouvoir me payer une boîte de céréales. Non, je sentais maintenant le besoin d'évoluer, un besoin certain. Alors assis dans l'herbe bordant le coin d'un lac, à l'écart de la plage j'avais tiré mon avenir, une nouvelle fois. Devais-je enfin me bouger ? Devais-je réagir ? Onze. Mon regad balaye l'étendue d'eau, alors que je me lève. Sans plus attendre et sur une impulsion totalement incontrôlée, je retire mon haut, puis mon bas, me retrouvant en boxer. Je laisse mes dés sur ma pile de vêtement. Et je plonge.

Il en avait la certitude à présent. Il n'arriverait jamais à dormir ce soir car si il fermait les yeux, ses pensées vogueraient immédiatement vers la blonde. En plus, il commençait à avoir chaud sous ses couvertures. Il s'agitait encore et encore. Il cherchait pendant des heures la position adéquate pour dormir. Il n'y avait rien à faire. Le sommeil le fuyait. Il ne manquait plus que ça. Et encore, ce n'était que sa première nuit d'insomnie de la semaine. Les jours à venir allaient être encore plus éprouvants. Il commençait à se dire que ce n'était finalement pas vraiment une bonne idée. Il se leva du lit sans faire de bruit et enfila son peignoir. Il regarda le réveil sur la table de chevet. Trois heures du matin. Exaspéré, il soupira. Prendre l'air, prendre l'air. Fumer également. Il prit son paquet de cigarettes et son briquet qu'il mit dans la poche de son bas de pyjama. Il saisit sa canne et sortit de la chambre en silence. Il descendit. Il arriva dehors. La nuit. Il faisait sombre. L'air était frais et doux. Il ferma les yeux et inspira un bon d'un coup avant de se diriger vers le lac. Il entendit un splash. Une personne avait plongé dans l'eau du pont. Il se précipita sur le pont et découvrit les vêtements parterre. Il reconnut les dès. Ils appartenaient à Jamie. Il regarda en bas. Il héla son nom. - Jamie. Que fais-tu en bas ?, cria-t-il à plein poumons. Il était complètement insouciant, ce gars-là. Il s'esclaffa de rire, car il avait tout de même une certaine audace. Cela lui plaisait.

Et voilà, je venais de sauter. Du pont pour être exact mais je crois que la précision était inutile. Je n'avais pas peur. Je n'avais pas peur car je l'avais déjà fait auparavant, ce n'était pas quelque chose de nouveau. Je l'avais fait avec Sive, en fait. Mais plus un saut improvisé, et pas un vrai plongeons. Peut-être pouvais-je m'empaler au fond ? Non, le lac me semblait assez profond, et puis je savais ce que je faisais. C'est ainsi que je sentais glisser l'eau sur mon corps. Le changement de température semblait brutal, au premiers abords mais je m'y faisais très vite. Pour tout vous dire j'm'en fichais que l'eau soit chaude ou froide, bien que dans le cas présent, elle était étrangement bonne. Je restais quelques instants sous l'eau, savourant cette sensation. J'aimais l'eau, c'était un des seuls endroits dans lesquels je pouvais prétendre être calme. C'était un des seuls endroits dans lesquels je pouvais me donner le temps de souffler, ce qui en soit, était légèrement ironique, non ? Alors je soufflais. Recrachant tout l'air de mes poumons. Ça faisait drôlement de bien. Ouais, et ainsi je restais quelques instants, jusqu'à ce que ma tête me tourne, vous savez, jusqu'à ce que j'arrive à la limite, que ma gorge se resserre. Et là je remonte. Le secoue ma tête de gauche à droite, passant une main dans mes cheveux pour en chasser les gouttes qui en dégoulinent. Et puis j'entends une voix, une voix familière, que je pourrais reconnaître d'entre toutes. « Jamie. Que fais-tu en bas ? » je l'entends rire. Un sourire enfantin s'esquisse alors sur mon visage, mes yeux se posant sur sa silhouette se découpant dans les reflets de la lune. Pas assez cependant pour apercevoir son visage. « Allez, viens ! Saute ! Tu verras, elle est bonne ! » une fois qu'tu sens plus rien, ouais, elle est bonne, haha.

Malo ne s'attendait pas à voir le jeune homme dans l'eau à cette heure-ci. Il était plus de trois heures du matin. En même temps, on parlait de Jamie là. Plus rien ne le surprenait venant de sa part.Tout le monde dormait, sauf eux. Ils étaient de véritables noctambules apparemment, car ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux. Tard la nuit. Les lueurs de la lune se reflétaient dans l'eau. Une nuit idéale pour la baignade, sans doute. Une légère brise s'engouffra dans ses cheveux blonds. - Allez, viens ! Saute ! Tu verras, elle est bonne !, s'exclama-t-il. Son rire résonnait de toute part. Il aurait aimé le rejoindre mais il y avait comme un petit problème. Il ne pouvait pas sauter du pont à cause de sa jambe infirme. Il n'avait pas d'autre choix que de redescendre. Il claudiqua jusqu'en bas. Le souffle haletant, il regarda son ami barboter dans l'eau. Il lui avait garanti qu'elle était bonne. Au vue de son expression d'extase, il voulait bien y croire. Il décida de se lancer. Il enleva son peignoir et son bas de pyjama. Il se retrouva en caleçon. Il s'avança vers le lac. Ses pieds rentrèrent en contact avec l'eau d'abord un peu froide. Il frissonna. Il fit quelques pas en avant là où il avait encore pieds. L'eau lui arrivait au niveau de la cuisse. Il s'aspergea d'eau. Il en mit sur sa nuque et au visage pour se rafraîchir. Elle était effectivement bonne. Il soupira : - Ça fait du bien ... Il lui sourit. Ils essayaient de retrouver leur amitié d'antan. En même temps qu'il n'y avait plus de mal-entendus entre deux, ils pouvaient se côtoyer sans arrière-pensée. Du moins, du côté de Malo. - Je te croise toujours à cette heure-ci. Insomnie ? , demanda-t-il un brin moqueur.