Bon, alors je suis dans le nid, à me faire chier et tout ça pour quelle raison exactement ? Aucune, absolument aucune. J’ai pensé à sortir, partir, parce que visiblement, je ne suis pas nécessairement la bienvenue aux yeux de certains. Pas d’inquiétude, cela ne me fait rien, de ne pas être aimé. Je cherche ça, à un certain point. Ainsi, lorsque les gens ne m’apprécie pas, ils n’essaient pas de me connaître, et me fiche la paix. Et c’est ce que j’ai en ce moment, la paix, assise par terre, le dos contre la pierre, je sens la brise douce de la nuit me frôler la peau. C’est agréable, paisible. Cigarette en bouche, je laisse la fumé danser autour de mon visage, profitant simplement de ce moment de quiétude. Et attendant aussi qu’Evan se pointe le bout du nez. Il ne viendra peut-être pas. L’amour, ça rend aveugle il paraît. Dans ce cas, il n’a surement pas pu lire le petit mot que je lui ai glissé dans la poche de son jeans à l’heure du diner dans la salle à manger. Ou il a peut-être décidé de m’éviter, pour le bon de sa relation. Je ne lui en voudrais pas, s’il agissait ainsi, même si je dois avouer que je serais légèrement déçue. C’est spécial entre nous. Il ne peut pas le nier, il ne pourra jamais. En attendant, les yeux fermés, j’attend, encore et encore. C’est de ma faute un peu, je n’ai pas écrit d’heure sur le bout de papier. Un simple: rejoins moi au x remparts, ce soir. J’aurais du apporter une bouteille de vin. Ça, ça m’aurait fait passer le temps. Mais à cette même pensé, j’entendis des pas venir en ma direction. Toujours les yeux clos, je soufflai un nuage de fumé devant moi, brouillant le temps de quelques secondes la vision du visiteur qui ne pouvait être autre qu’Evan. « Bonsoir... » lançais-je dans la nuit, d’une voix qui se voulait glaciale. J’ouvre les yeux, je le regarde un moment, aucune émotion ne démontrant si je suis heureuse ou non qu’il soit venu me rejoindre. Alors que je garde le silence un moment, je décide de sortir la petite affiche que j’ai fabriqué un peu plus tôt dans la journée. Il est écrit en gros, avec un feutre noir: Votez Evan. C’est assez clair, ça ne demande pas un dessin. « J’ai fait une affiche, parce que je tiens mon rôle de directrice de campagne vraiment à coeur. » dis-je de façon totalement indifférente pour aller à l’encontre de ce que je viens d’annoncer. « Ça tombe bien, je travaille en publicité. Et cette affiche est parfaite pour que tu l’emportes. » dis-je quelque peu ironique, alors que je suis plutôt sérieuse en fait. Y’a rien de mieux que du concret, pas de flafla, ni d’artifices. Ça détourne l’attention du téléspectateur du message principal. Et ici, le message principal, c’est de voter pour Evan, point. Est-ce qu’il aime ? Je me suis forcé pour faire cette connerie, j’espère qu’il s’en rend compte.