La rousse sortie du métro, en franchissant les portes automatiques en courant, elle avait toujours peur qu'elles se referment sur elle, oui, c'était assez stupide, mais ça la faisait flipper. Finalement, la française regrettait d'avoir donné sa voiture à sa soeur, mais en même temps, une voiture à Paris, c'était plutôt une chose inutile. Gabrielle montait deux pas deux les marches qui menaient vers la sortie avant de sortir son Iphone pour regarder si elle n'avait pas message de Syssoï, en ce moment, elle avait un dépassement de forfait plutôt conséquent. Aucun message, elle rangea son portable dans la poche arrière de son jean. Elle était à l'air maintenant. Gabrielle guettait de droite à gauche Jackson. C'est en face qu'elle l'apperçut qui s'éloignait. Mince. La jeune femme traversa alors comme une folle, en courant, et dieu sait qu'avec ses escarpins, c'était dur, elle le rattrappa néamoins. « Attends moi.. » lui demanda t-elle avant d'arriver à sa hauteur. « Aide-moi, Jackson, porte mon sac, s'il te plait. » lui demanda t-elle en posant une main sur son dos, qu'elle avait bien sûr reconnu. La rouquine lui tendit le sac en plastique, qui contenait un gros dictionnaire, on ne sait jamais. La belle avait tout prévu, elle ne voulait pas être prise de cours. Le blond s'en empara. Gabrielle l'attrappa par le bras avant de continuer à marcher. A vrai dire, elle était autant perdue que lui dans les rues de Paris, cette ville lui semblait tellement ... immense. C'était le mot. Ils retrouvèrent leur café habituel, ils y venaient souvent. Café habituel, table habituelle aussi. Gabrielle prit place et Jackson fit de même en face. « Tu vas bien ? » le questionna t-elle en posant son sac à main par terre avant d'enlever sa veste, légère bien sûr. La question était assez stupide sachant qu'elle l'avait vu il y a moins d'une semaine, même pas. Elle posa ses mains à plat sur la table pour s'appuyer et l'aider à aller vers l'avant, avant de faire la bise à Jackon, non, Gabrielle n'avait pas encore oublié la politesse. « J'espère que tu es prêt, parce que la dernière fois, c'était pas vraiment ça. » le taquina t-elle avec un doux sourire sous le visage. Elle n'eut pas le temps de continuer que le serveur les aborda leur demandant ce qu'il désiraient. La rousse eut un mouvement de main en direction du blondinet, à toi l'honneur.

Cela faisait maintenant quelques temps que Jackson vivait à Paris. En fait, techniquement parlant, il n'y vivait pas vraiment. Parce qu'il avait toujours un appartement à Londres, et qu'il n'était en France que parce que c'était ici que vivait Franckie. Il avait plus ou moins emménagé avec ce dernier, mais disons que même pour lui, tout cela n'était pas extrêmement clair. Quoi qu'il en soit, lui qui n'avait jamais tellement porté la capitale française dans son cœur - comme beaucoup de choses, à vrai dire - il prévoyait de faire de gros efforts. Et cela passait notamment par l'apprentissage de la langue française. Parce qu'en bon petit anglais qu'il était, Jackson ne maitrisait absolument pas celle-ci. Comme tous les anglophones, il savait assurément insulter en français ou sortir des banalités incontournables. Mais ce qui serait bien, au fond, c'est qu'il parvienne à communiquer en français, et ce, à la perfection. Avec Franckie, il ne rencontrait aucun problème de communication, mais c'était une autre histoire chaque fois que l'un de ces imbéciles de parisiens s'adressait à lui. Bon sang, qu'il avait l'air con lorsqu'il essayait de traduire leurs débilités. Déjà qu'il était blond, on devait logiquement le prendre pour un type pas tellement futé. Autant dire que c'était devenu essentiel pour lui de faire des progrès en français. Et quel meilleur professeur pourrait-il avoir qu'une jolie rousse qu'il connaissait bien ? Mais si, souvenez-vous, une jeune femme qu'il avait rencontré dans un sordide jeu télévisuel, et dont il aurait bien fait son quatre heures quelques mois plus tôt. Oui non, il avait surtout été amoureux d'elle, à une époque, ne dégradons pas tout, hm. Quoi qu'il en soit, Jackson avait tendance à penser que sa charmante amie l'aiderait volontiers à s’améliorer en français. Et justement, alors qu'ils avaient prévu de se retrouver, celle-ci débarqua dans son dos, le faisant immédiatement sursauter. « Mademoiselle, faire sursauter un cardiaque, vous trouvez ça malin ? » Bah oui, quand même, c'était pas cool hein. Mais elle était pardonnée, puisqu'il s'agissait de Gabrielle. La jeune femme semblait vouloir qu'il la débarrasse de son sac, ce qu'il fit avant de se rendre compte que ça pesait lourd. Drôlement lourd, même. « Oula, c'est bien lourd ce machin. T'es sûre que tu transportes pas Syssoï en pièces détachées ? » Ouais non, l'humour de Jackson était resté le même, à savoir bien merdique. Hum. Les deux jeunes gens arrivèrent alors à la terrasse d'un café où ils ne tardèrent pas à s'assoir. Est-ce que Jackson allait bien ? Bah ... « J'ai pas à me plaindre » répondit-il sincèrement, avant de poursuivre. « Et toi, Fifi ? » Tiens donc, ça faisait longtemps. Finalement, Gabrielle se redressa pour lui taper la bise - hahaha - avant de lui faire comprendre qu'il allait en chier comme pas possible. Ouais bah ça, il l'avait saisi hein. « Quelqu'un a dit que le français était l'une des langues les plus difficiles à apprendre. Je sais pas qui, mais quelqu'un l'a dit. » Voilà et donc, il avait une excuse. Il était nul, mais c'était normal. Voilà tout. Le serveur arriva alors et Jackson dut commander. En français ? Non, évidemment, en roumain. Tss. « De l'eau ... enfin, un verre d'eau. S'il vous plait, merci. » Avouez qu'il s'en sortait bien. Ah mais au fait, et Gabrielle ? « Et toi, tu bois quoi, miss ? » Qu'elle l'aide un peu, oui.

La réflexion de Jackson lui tira un sourire assez nerveux. « Désolée, j'oublie toujours. Désolée. » s'excuse t-elle en pinçant les lèvres. « Oula, c'est bien lourd ce machin. T'es sûre que tu transportes pas Syssoï en pièces détachées ? » La rousse esquisse un fin sourire. « Non avec ce poids là, ça ne peut que être le chien. » annonce t-elle. Bien qu'elle était incapable de faire le moindre mal à son chiot, qu'elle adorait malgré le fait qu'il adorait aboyer, d'ailleurs Syssoï aussi, bien qu'il préferait dire le contraire. Donc oui, son chien était bien en un seul morceau, entrain de l'attendre sagement à la maison. Ils ne tardèrent pas trop pour trouver le café, en même temps, ils se voyaient tout le temps à-bas. Gabrielle se voyait mal ramener Jackson chez eux, enfin techniquement, au départ c'est chez Syssoï, non, cette idée était définitivement trop étrange pour elle, c'était pour ça qu'elle ne le faisait pas. D'ailleurs de même, elle ne se voyait pas squatter chez Franckie, non, trop étrange. Imaginez la situation quand même. Ils prirent place, et s'installèrent confortablement. Tout allait bien jusqu'à ce que ce cher blondinette l'appelle Fifi, la jeune femme soupira. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas appelée ainsi, des mois à vrai dire. Il savait bien qu'elle détestait cela, il se faisait exprès, juste pour l'emmerder, elle en était sûre à cent pourcents. « Ne recommence pas, je déteste ce surnom, c'est juste affreux. » proteste t-elle faiblement avant de lui répondre. « Tout va plutôt bien. » répondit-elle simplement. Oui, presque tout, le seul point noir était qu Syssoï était encore en Irlande pour une semaine. Pourquoi elle n'allait pas le rejoindre ? Parce qu'elle n'aime pas l'Irlande tout simplement, elle était bien mieux à Quimper ou même à Paris maintenant. « Et alors ? Cela ne change rien au fait que tu as vraiment du mal. » répondit-elle, amusée. « Mais dis-toi que tu ne peux que progresser du coup. » le rassura t-elle. Non, il ne pouvait pas regresser, sinon son niveau de français serait dans le négatif, c'est pas possible ça. Jackson essaya de demander de l'eau en français, et étrangement, cela allait. « Un café, s'il vous plait. » commanda t-elle en s'adressant au serveur avant de le regarder s'éloigner. « Avoue que parler français, avec un petit accent anglais, ça le fait. » annonça t-elle doucement avec un sourire.

Euh oui non, il valait quand même mieux ménager le vieux cœur de Jackson. Non pas qu'il soit en sucre, mais disons que compte tenu de sa santé, il était effectivement préférable de ne pas prendre de risque. Alors certes, le blond avait relativement peu de chance de claquer sous le coup d'un petit sursaut, mais ce que peu de gens savaient probablement, c'est qu'on pouvait y rester à cause de choses terriblement bêtes. Il était bien placé pour le savoir, lui qui avait vu sa famille périr au fil des années, hm. Quoi qu'il en soit, il n'avait pas adressé cette remarque à la jolie rousse pour faire culpabiliser celle-ci. Non, ça n'était pas son genre. Autant il maniait l'ironie avec brio et était aussi drôle qu'un croc-mort, autant il évitait généralement de pousser les autres à s'excuser. « Ne le sois pas » articula-t-il alors d'une manière très neutre. Non, Gabrielle n'avait pas à être désolée. Elle ne devait pas l'être, non. Pas pour ça. Bon et sinon, est-ce que Jackson risquait de tomber nez à nez avec un russe démonté s'il ouvrait le sac, hm ? Ah ben non, Gabrielle semblait dire que ça correspondait plus à un chien, enfin, son chien probablement. Le grand blond se contenta alors d'arquer un sourcil, tandis qu'ils prirent tous deux la direction du café où ils avaient l'habitude de se retrouver pour discuter et passer le temps. Parce que l'un comme l'autre, ils ne se voyaient pas se retrouver à leur domicile. Autant Gabrielle et Jackson étaient restés "proches", autant il n'était pas certain qu'il en soit de même entre les autres protagonistes entre eux. Mais là, un drame se produisit. Oui, un véritable drame. Figurez-vous que Jackson osa la surnommer Fifi. Oui, Fifi. Comme la petite rousse plutôt mignonne que beaucoup devaient connaitre. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, il avait presque honte d'avoir ce genre de références à la bouche, hm. Ouais, ça craignait pas mal quand même. En tout cas, Gabrielle n'apprécia pas tellement. Mais c'était un peu le but, donc bon ... « Je sais que tu détestes, et je sais que c'est affreux » la nargua-t-il "gentiment", pas peu fier de lui. En tout cas, les choses semblaient aller bien pour Gabrielle, ce qui ne pouvait que le ravir. Il l'aimait beaucoup la jolie rousse, alors c'était bien normal. Pour autant, son "plutôt" l'intriguait. « Raconte-moi » exigea-t-il, toutefois plutôt doucement. Si elle ne voulait pas se confier à lui, libre à elle. Après tout, il n'était pas tellement connu pour être une oreille très attentive. Mais il pouvait l'être, disons, de temps en temps. En tout cas, Gabrielle semblait insister sur le fait que Jackson était une bonne grosse merde en apprentissage de la langue française. Et bien merci, c'était un joli scoop. Ou pas, hm. « Ouais bon je vais zapper la partie où tu insinues que je suis un gros nase et me contenter d'apprécier tes encouragements. » Ainsi donc, il sourit d'une manière quelques peu exagérée. Et là, il se souvint que cette même rousse lui avait dit que sourire ne lui allait pas. Mais quelle vilaine, en fait. Un monstre, cette fille. Un monstre. Finalement, Jackson épata la galerie - genre - en demandant un verre d'eau dans la langue de Sarkozy et laissa Gabrielle commander pour sa part un café. Bien. Commande effectuée, serveur dégagé. Très bien, même. « Ah, tu trouves ? Je me rends pas compte. Mais je pensais que t'allais finalement me dire que j'étais un cas désespéré, une cause perdue. Alors qu'en fait, ça doit être vachement sexy. » Mais carrément, même. Au point que, tenez vous bien, ça lui donnait une petite idée. « Ce soir, je veux pouvoir épater Franckie, et si possible lui dire des trucs, hm, gentils ... en français. Crois-tu pouvoir m'aider ? » Elle avait intérêt. Bah oui, elle était un peu sa prof de français particulière. Ouais, c'était comme ça qu'il la voyait. Et franchement, il avait connu pire, comme prof. Hum.

hj; désolée, c'est un peu long