avec Franz.

A présent que la température avait chuté, tout le monde était rentré. J'avais eu le temps de visiter cette grande maison aux airs rocambolesques dans laquelle j'allais rester le plus longtemps possible. Je pense que ce qui m'a le plus surpris fut l'escalier. Pas l'escalier en lui même évidemment, je ne suis pas du genre à m'ébahir devant des boiseries. Néanmoins le fait qu'il y ait un étage m'a interloqué, je dois bien l'avouer. Mais je trouve ça plutôt positif, intéressant même. J'ai seulement regretté une maison de plein pied lorsque j'ai du monter ma valise dans ma chambre. J'en étais même venue à me demander si on ne me l'avait pas alourdie pour avoir quelque chose de drôle à filmer. Je suis du genre paranoïaque, c'est vrai, j'avais oublier de le préciser. A mon grand étonnement cependant, lorsque, une fois arrivée au sommet de ses marches que j'avais gravis comme s'il s'agissait du Mont Everest (l'envie m'a même prise de planter un drapeau Australien sur la dernière marche) et que j'ai ouvert ma valise, j'ai bien du me rendre à l'évidence : on n'avait rien rajouté dedans. Peut-être étaient-ce mes trop grands pulls qui faisaient cet effet, mais j'en doutais. Ce devait simplement être la fatigue qui m'affaiblissait. Sans doute.

La chambre était vide, les autres candidats devaient continuer leur soirée en bas, et la perspective de retrouver enfin le calme après la tempête me réjouissait. J'ôtais alors mes escarpins avec un soulagement immense. Car malgré ma féminité incontestable, les talons ne m'avaient jamais attirés, et je me demandais même comment j'avais fait pour ne pas tomber soit devant les téléspectateurs en traversant le « tapis rouge », soit devant les habitants à mon arrivée dans le jardin. Je n'étais peut-être pas aussi maladroite que ce que je pensais après tout. Exténuée, je décidais de ne pas jouer plus longtemps aux héroïnes et de me pas tenter le diable en rejoignant mes « compagnons » d'aventure dans le salon. C'est pourquoi, tout en laissant s'échapper un soupir de soulagement, je me laissais glisser sur le lit le plus proche de moi, arborant une position étrangement similaire à celle d'une étoile de mer.

Ma somnolence fut perturbée une dizaine de minutes plus tard par mon partenaire de jeu, Franz, dont j'avais fait brièvement la connaissance. « Quelle belle apparition nocturne ! Tu es venu me réveiller en me chantant quelque chose c'est ça ? » dis-je en lui adressant un sourire complice, en référence à notre première discussion. Prenant appui sur mes coudes, je le fixais, lui et sa valise. « Tu as réussi à la monter sans difficulté ? Non parce que moi c'était une quasi-mission impossible ! Elle devait faire le même poids que moi ! »

« Belle, belle, belle ! N'aies pas peur des mots Billie, tu peux tout aussi bien dire merveilleuse, splendide, se.... bref. Quant au chant, tu devras faire preuve de patience pour obtenir un seul semblant de sérénade de ma part. Ça se mérite. » Grand sourire de ma part. Visiblement il était sûr de lui, et je respectai ça. Mais peut-être aussi n'était-ce une simple carapace, il pouvait très bien faire semblant. A ce sujet je savais pertinemment qu'ici, je ne pouvais compter sur personne, ni les croire sur parole, et pourtant je savais aussi que c'est exactement ce que je ferais en premier lieu, parce que j'étais comme ça. « Ô mais quelle maaaagnifique apparition matinale ! » Sourire. « Satisfait mon grand ? » J'étais moqueuse, c'était un fait, et encore, à quatre heures du matin passé, je n'étais plus au mieux de ma forme. « Pour la chanson, je m'attaquerai à toi un soir. Je te saoulerai et tu chanteras nu sur les tables. » Joli programme en perspective qui me fit esquisser un sourire qualifiable de sadique.

Franz me montre ses valises d'un mouvement bref du menton. « Un jeu d'enfant ! » Bizzarement je peine à la croire. Premièrement parce qu'il vient seulement de reprendre son souffle et surtout parce que ses valises semblaient bien peser leur poids, et que Franz n'était pas fait de la même manière que l'homme le plus fort du monde si vous voyez ce que je veux dire. Sur ce dernier point, j'étais satisfaite de mon partenaire, car me retrouver avec un gros bras m'aurait franchement fait chier ! « Ah bon ? Un jeu d'enfant ? C'est donc à cause de mon corps de rêve que tu suffoques à ce point là ? » Il m'arrivait effectivement parfois de m'exprimer comme si je m'étais appelée Narcisse. Le jeune homme me désigna ensuite le matelas sur lequel j'étais étalée et posa un genoux dessus. « Tu me laisses une petite place ? » Je refermais alors mes jambes l'une contre l'autre et me trainais à l'extrémité du lit. « C'est bien parce que c'est toi » lui répondis-je en tirant son genoux de toutes les forces qu'il me restait en cette soirée afin qu'il s'écroule sur le matelas.

« Dis donc, je ne te permet pas de te moquer ainsi de moi ! Non mais oh ! » Billie se met à rire faiblement. « Parce que tu crois sérieusement que j'ai besoin de ton autorisation mon chou ? Et ne sois pas offusqué par ce surnom, de toute façon là c'est pareil : niveau surnom j'espère me déchaîner. » Elle résiste à la tentation bien trop brûlante de lui tirer la langue, parce qu'elle se rappelle brusquement que non, elle n'a plus huit ans. Pourtant elle avait continuellement une furieuse envie de faire des bulles de savon, elle en faisait des grosses, et même des doubles, c'était un vice caché qui, elle l'espérait, le resterait le plus longtemps possible.

« C'est pas possible ça, non seulement elle veut m'entendre chanter mais en plus nu ! Tu perds pas ton temps ma petite, je range dans un coin toutes les informations que je récolte ce soir... apparemment je te plais. » Billie hausse les yeux au ciel avec un sourire de taille conséquente traversant son visage, puis baisse le regard vers son partenaire en prenant une moue affligée et désolée. Elle secoue la tête lentement de droite à gauche, en détachant tous ses mouvements, comme pour faire comprendre à Franz que son cas est désespéré. Moqueuse de nouveau ? Pas impossible … Lassée du jeu qu'elle prend, elle change d'attitude et se mordille la lèvre comme pour simuler une envie refoulée. « J'te raconte même pas combien je me retiens depuis tout à l'heure. Cette nuit je te saute dessus, c'est sûr. Si tu n'es pas d'accord, il ne te reste que deux options : dormir par terre, ou m'attacher. Enfin attention, si tu m'attachais, ça risquerai de me … enfin t'as saisi l'idée. » Billie se met à rire, doucement d'abord, puis plus fort, manquant de justesse un fou rire incontrôlé.

« Oh oui, d'ailleurs je ne pensais pas pouvoir me retrouver aussi près de cette merveille aussi rapidement! Tu permets que je me colle à toi ? » Décidément, elle aura eu de la chance dans son « choix », qui n'était pas un choix, de partenaire. Il était plutôt sympathique, vif d'esprit, et même séduisant, il fallait l'avouer. Elle le regarde fixement et lui adresse un sourire rayonnant : « Tu me cherches ? Allez viens donc profiter de ma chaleur corporelle. » Elle se retint de ne pas lui dire qu'elle avait le diable au corps, c'aurait été pousser la plaisanterie trop loin pour le moment.

Franz se pose sur le dos à côté d'elle, les mains derrières la nuque. Il semble se questionner et analyser les décors alentours. Elle ne l'interrompt pas, et c'est lui qui reprend la parole le premier, au grand soulagement de la jeune fille qui ne fait pas partie des plus douée pour meubler les conversations. « Et dire qu'on va dormir ensemble pendant une semaine... le calvaire. » Cette fois, elle lui tire la langue, c'est plus fort qu'elle. « Petit joueur ! Il est déjà en train de trembler de peur le petit Franz. »

« Qui te dis que je ne serai pas d'accord ? Je n'ai jamais testé les rousses, je me suis toujours demandé si ce qu'on dit sur ces dernières est vrai. Et apparemment oui, elles sont très coquines. » Elle arqua un sourcil et pris un air offusqué. Généralement, la gente féminine laissant peu passer les remarques désobligeantes en lieu à la couleur de cheveux, mais par chance pour le petit Franz, Billie s'en moquait. S'il avait plutôt fait une remarque qualifiable de machiste, elle lui serait certainement rentré dedans, mais sa couleur de cheveux … Peut-être également aurait-elle pris la mouche plus rapidement si elle avait été blonde, et encore. « Et qui me dit que tu serais d'accord ? Aha, laisse moi rire, comme si nous les rousses, nous étions « coquines » … Pures, chastes, et innocentes seraient plutôt les mots adéquats. »

« Puisque c'est si gentiment proposé ... » Là dessus, Franz se tourna vers la rouquine pour l'enlacer et se mettre en position comme si elle avait été sa mère, où la pauvre victime d'une sangsue (Franz étant la sangsue évidemment). Elle était sur le cul, littéralement sur le cul. Si elle s'attendait à ça ! Maintenant ficelée comme un rosbif par les bras de Franz et le visage bloqué par le visage de son même séduisant partenaire, elle souriait du ridicule certain de leur position. « De quoi veux-tu que j'ai peur ? Que tu me violes ? Si oui, c'est plutôt d'excitation que je tremble ma petite. » Son sourire grandissait, et son compagnon devait le sentir grâce à son front toujours poser aussi ardemment sur la joue de la jeune fille. « Vois-tu, j'aurais bien réagis expressément à cette phrase si je n'avais pas été dans l'incapacité de bouger. Quelle frustration ! » dit-elle a demi en riant.