La maison était sur-pleine, il y’avait des gens partout, absolument partout, ca allait et venait dans tout les sens au point que j’en eusse mal à la tête à force. Je m’étais franchement habituée à l’espèce de manoir absolument vide de ma mère que là s’en devenait presque frustrant de voir des allées et venues. J’arpentais comme beaucoup la maison, sillonnait entre les couloirs. Découvrais en quelques sortes notre nouvel environnement, souriais à certains, observait d’autres. Jusqu’à ce que je me retrouve à l’étage, les bras chargés de cartons, cartons pleins qui plus ait que je devais ramener vers la cuisine. Ma vue s’en vue justement obstruée par la pile alors que je commençais à descendre les marches prudemment de l’escalier tentant de ne pas glisser. Soudain, j’entendis mon prénom, je me retournais et durant cette demi seconde j’eus l’impression de perdre la conception de marcher normalement, envoyait en l’air les cartons, me tenant à la rampe. « Fuck » m’exclamais-je ensuite avant de regarder les dégâts et notamment la blondinette qui s’était vu soudainement assaillit de carton. « LA BOULETTE ! Ca va ? » lâchais-je ne me dirigeant vers elle lui tendant la main pour l’aider. C'était entièrement de ma faute pour le coup enfin quand même... Bref. « Si tu regardais aussi.. » l'accusais-je également.

« Ça à l'air d'aller ? » répondit-elle prévisible. «  Oh ca va ! » m’exclamais-je alors que je fronçais les sourcils, automatiquement sur la défensive dans ma grande impulsivité, mes iris se durcissant en la dévisageant, l’observant surtout à moitié nue dans son bikini. Je vrillais mon regard vers l’extérieur, apercevant le sale temps. Même maso et suicidaire je n’y aurais pas foutu les pieds. Ensuite elle afficha un pseudo-air-foudroyant, presque assassin qui eut le don de me faire rire. Je me retins quelques secondes vainement avant de me laisser aller aux rires. Mon visage se décrispant à son tour. Ce n’était pas le jour pour péter une durite Rusty m’intimais-je et puis sa tête de poisson frigorifié c’était juste énorme. « Ravie de te rencontrer, on peut dire que l'entrée est magistrale. » dis-elle ensuite en toussant. « C'est tout moi ca » répondis-je en lui lançant un clin d'oeil. « De même » ajoutais-je secouée d’un rire que je ne parvins à arrêter malgré moi. «  Moi c'est Alisk, et toi ? » . « Rusty » fis-je toujours en rigolant. « Pardon, ce doit être nerveux » ajoutais-je face à sa mine déconfite. Mais oui maintenant ca sur le compte des nerfs. Et puis oh non je ne me moquais pas d’elle voyons, loin de là.

Je restais totalement impassible devant la bécasse qui visiblement avait beaucoup, beaucoup de mal à se remettre de ses émotions. A première vue, elle avait plutôt l'air arrogante. Je déviai le regard vers les vêtements éparpillés sur toute la longueur de l'escalier et ma pensée fut confirmée. Sans doute une gosse de riche. Je m'abaissai donc et empoignai un pull avant de l'enfiler sur ma peau encore humide, attendant de voir son visage se décomposer. Je constatai avec effroi qu'il était beaucoup trop grand pour moi et l'ôtai aussitôt avant de le reposer dans les mains de sa propriétaire.



Cachemire. C'est la première fois que j'ai la chance d'en porter. mentis-je un sourire benêt collé au visage. Dommage que je ne porte pas de double XL, je te l'rends.


J'éprouvais effectivement une hantise palpable envers les enfants pourris-gâtés, bien que j'en étais une illégitime. La jeune fille aurait sans doute poursuivi son éclat de rire si je lui avais avoué que je faisais partie du même milieu qu'elle. J'aurais d'ailleurs eu honte de dire à cette sotte que nous étions de la même classe sociale, et réciproquement. J'étais peut-être indigne d'une personne dont les comptes en banque débordaient de billets violets mais je n'avais malgré cela rien à envier à une teigne de la sorte.

Elle me dévisageais de ses petits yeux et au fond de ceux-ci je savais qu’elle commençait à cogiter. C’était évident. Je la regardais prendre mon pull au sol et l’enfiler sur sa peau mouillée. J’arquais un sourcil avec un petit air de défi plutôt qu’agacée. Après tout pourquoi le serais-je ? Ce n’était pas comme si je n’en avais pas d’autres ou que ces vaines tentatives de provocation allaient marcher. Attendez, j’en ai connu d’autres. Son attitude, son comportement, appelez le comme vous voudrez, me faisais sourire, c’était provocateur limite pathétique tant c’était flagrant, oui cet art devait être exercé avec subtilité, subtilité qu’elle ne maitrisais absolument pas ou alors très peu. « Cachemire. C'est la première fois que j'ai la chance d'en porter. Dommage que je ne porte pas de double XL, je te l'rends. » me provoqua-t-elle alors que je restais plantée devant elle, la regardant d’en haut au vu de la marche en plus sur laquelle j’étais perchée et me retenant de rire. J’étais une gosse de riche et l’assumais pleinement. J'aurais même du lui offrir ce pull.. maintenant que je savais que je n'allais certainement pas le remettre..
Je n’étais pas si irritable. Quoique. En tout cas, aujourd’hui j’étais bien lunée, qu’elle essaie sous un autre jour histoire de déchainer la furie qui sommeillait en moi qu’on rigole. « Oh oui c’est vrai, excuses moi Alisk, le côté squelettique virant presque au type cadavre est beaucoup plus ’in’. » lâchais-je ironique avec un sourire mauvais. Cette situation m’amusant plus qu’autre chose au final. « Faut manger tu sais, tu risquerais de te briser d’autant plus avec ce froid, ce n‘est pas prudent. Et ce serait franchement regrettable ma jolie. » ajoutais-je avec un air confiant toujours ironique avec un sourire en coin. C’était bien bas comme réplique mais toujours amusant. Je n’allais pas non plus me péter les neurones pour elle, pour cette cruche qui se prenait pour je-ne-sais-quoi dans son bikini de la collection d‘y il y‘a déjà deux ans. Bref.

J'écoutais avec grande passivité ma colocataire déblatérer son savoir presque impressionnant. Je scrutais de façon incongrue les moindres détails de son visage, mon attention déportée du son de sa voix. Je montai une marche pour me retrouver à la hauteur de Rusty, puis me décalai à sa droite avant d'approcher mon minois inexpressif du sien. Sans ajouter le moindre commentaire, je reproduisis machinalement cet acte plusieurs fois, comme si j'examinais une statue de cire. La pécore se tût enfin et mon regard azur refit face à ses prunelles auburn. Je plissai les yeux un instant sans pour autant éprouver le moindre sentiment ni la moindre arrière pensée. Contrairement à moi, la jeune femme n'était pas parvenue à garder son sang-froid et s'était convenue de cracher des remarques puériles à mon égard. Navrant, certes. Je passai ma langue humide sur mes lèvres sèches et toussai faiblement avant de poursuivre mon chemin dans l'escalier laissant la pimbêche plantée là au milieu de son foutoir, dans un silence mortuaire.