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 prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50

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Otello

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MessageSujet: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyLun 24 Sep 2012 - 12:49

MADS


D’après les diverses informations que je suis parvenu à glaner, cette version du nid semble bien différente des précédentes de part la multiplicité des lieux qui s’étendent sur plusieurs kilomètres. J’ai compris qu’autrefois, tout était fait pour obliger les candidats à passer le plus de temps les uns sur les autres, au propre, comme au figuré. C’était un aspect que je redoutais, avant de prendre connaissance de cette nouvelle version où “communauté” peut être compatible avec “isolement temporaire”. J’ai beau avoir été élevé au sein d’une famille très nombreuse, si cela m’a appris à vivre avec les autres, cela a aussi instauré le rituel de ces instants de solitude qui me sont extrêmement nécessaires. Pas longtemps, une heure tout au plus, surtout dans ces conditions de sociabilité exacerbée où je me dois de me présenter dix fois par jour, et sourire au moins autant, j’ai besoin d’un moment juste pour moi, rien que pour moi. C’est ainsi que je me suis retrouvé à errer pendant un moment dans le village, à la recherche d’un lieux totalement délaissé par les autres, un lieux que j’ai fini par trouver dans l’auberge au plafond trop bas et à la pénombre trop prononcée pour attirer le chaland en plein jour. Échoué sur un canapé hors d’âge, étendu de tout mon long, les yeux rivés sur les poutres sombres apparentes qui semblent vouloir m’étreindre, mon casque sur les oreilles, le bout de mes doigts battant la mesure sur le cuir vieilli, et le boitier à pomme apparente luminescent sur le ventre, j’imagine l’anachronisme de ma personne coincée dans ce décor passé. Visiteur du futur usant d’une technologie inconnue de l’autochtone. La situation prêterait à me faire sourire si je n’étais pas totalement absorbé par les notes s’enchainant entre mon casque et mes tympans. Ça hurle dans mes oreilles, ça explose, et j’implose d’un plaisir quasi malsain. Il n’y a plus que la musique qui a ce pouvoir sur moi, et elle se doit d’être assourdissante pour me permettre de m’isoler totalement du monde extérieur. La transe opère, et je vogue vers ailleurs, les yeux clos, les lèvres s’étirant dans un sourire de satisfaction. La seule chose apte à me faire sortir de mon delirium est mon vice numéro deux et, justement, l’irritante envie de nicotine se fraye un chemin entre mes neurones, édictant, bientôt, son commandement à mes membres. Saloperie de faiblesse. Agacé, je me redresse sur un coude, et dans un même mouvement, soulève le casque qui me coupait du monde. Mais ce n’est pas le silence qui accueille mon retour, c’est le pincement des cordes en provenance de quelque part derrière moi. Réaction première : rabattre rapidement mon casque pour ne pas bousiller en une seconde ma dure quête de relaxation, juste parce qu’un connard s’est imaginé harpiste à la simple vue de l’instrument. Je les avais repéré, moi aussi, mais je n’aurais jamais eu la prétention de m’acharner sans respect sur l’un de ces précieux objets sans en connaître le maniement à la perfection. Sauf que dans ma terreur à me trouver offensé de l’oreille, il me semble que j’ai omis d’écouter, me contentant d’entendre rapidement, trop rapidement et paniquer. Mon cerveau fait le point, et le doute s'immisce. Ce pourrait-il que ce soit bon ? Il me semble que c’était bon. Par acquis de conscience, je soulève à nouveau mon casque avec appréhension, grimaçant de crainte, laissant les notes se glisser jusqu’à moi et m’atteindre. Des notes divines, des accords sacrés qui me poussent à me redresser brusquement, mon casque tombant contre ma nuque, tandis que je darde mon regard surplombé de sourcils froncés sur la jeune femme caressant les cordes, sur ses cuisses fragiles enserrant l’instrument, sur ses bras se mouvant avec grâce, et sur la sévérité de sa concentration. Et lorsque l’instrument se tait, j’ordonne « Non, continue ! » sans même réfléchir à autre chose que la frustration de ne plus l’entendre. Ai-je réellement quitté mon delirium ?
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyLun 24 Sep 2012 - 17:20

Cela fait trois jours. 72h exactement que je suis ici mais ça, je ne le sais seulement parce que j’ai pris soin de noter, j’ai pris soin de compter pour ne pas perdre pied. Pourtant, je ne me suis pas encore permise de me laisser happer alors comment pourrais-je perdre pied ? D’un autre côté, je finis par me dire que c’était tout aussi futile qu’inutile parce que ma vie, mon existence, s’est toujours inscrite hors du temps, et même hors de l’espace-temps. Et, je m’enfonce d’autant plus dans les ruelles du village en me demandant où a bien pu passer mon partenaire. Parce que là, présentement à fouler les pavés inégaux de cette tortueuse venelle dépourvue de toute présence humaine, je me serais bien substituée à son ombre seulement pour me réconforter dans l’idée que je ne suis pas complètement seule ici. Ma crainte n’est pas fondée sur l’idée de croiser de nombreux visages inconnus mais plutôt de me répandre en présentations si peu naturelles, et, quelque part, oui, d’être submergée par l’étranger. Alors oui, étonnamment je semble perdue sans mon partenaire, la personne avec laquelle on m‘a liée. Un jeune homme, un parfait inconnu, et qui, pourtant, ici, constitue bien ce seul repère que cet univers artificiel a bien voulu me concéder à défaut d’un autre. Mais cela me convient, je crois. Tant mieux d’ailleurs car le bureau des plaintes et des réclamations semble éternellement fermé, peut être même n’a-t-il jamais été ouvert ou ne serait-ce qu’existé. Les doléances sont prohibées et les revendications abrogées. A ta sentence, l’on t’a associé une pénitence. Tu la fermes et tu avances. Le décor se dépeint sous mes yeux mais je ne vois rien. Les gens défilent sous mes prunelles mais, encore une fois, je ne vois rien. La légère brise caresse ma peau mais là aussi je ne sens rien. Je suis là sans être là, et parfois on se demande même ce que je fous là. Personne ne détient la réponse, pas même mon esprit détraqué. Alors j’avance. L’histoire de ma vie. Je ne sais rien mais avance encore et toujours. Parce que l’immobilisme c’est pas bien. Parce que l’immobilisme ca tire vers le bas, parce que l’immobilisme c’est comme les sables mouvants, ca te prend et t’entraine dans le gouffre, les ténèbres. Mais, moi, j’ai pas le temps pour ça. Parce que cela prendrait trop de temps pour comprendre comment s’ouvre le sol, trop te temps pour savoir comment désamorcer ma chute. Je finis par bifurquer, je finis par tomber sur une nouvelle bâtisse qui s’impose à moi. J’en détaille la façade avant de pousser le double-battant de la porte en bois pour pénétrer à l’intérieur. Une odeur chargée s’impose, la même de celle qui vous agresse chez l’antiquaire, ou dans une bibliothèque qui se voudrait, à son tour, antique. Le parquet grince sous mes pas, et religieusement je retire mes ballerines lorsqu’il s’agit de marcher sur les tapis. Usés certes, mais un quelque chose leur confère un côté précieux. Et, moi je ne veux ni abimer, ni déranger ce décor bien trop travaillé, bien trop figé dans cette époque dans laquelle le temps semble s’être arrêté. Je ne fais que passer. J’avance silencieuse jusqu’à ce que mes iris se posent sur un objet de convoitise. Le mien. Une harpe. Mon regard s’illumine et mon cœur palpite. Je coule un regard sur les autres instruments. Seuls, éparpillés, isolés… « Leur solitude de servir à tous et de n’appartenir à personne, de porter la trace de l’usure sans avoir d’âme… » Pourtant, non, ils en ont une. Je le sais… Je m’avance encore jusqu’à la harpe, jusqu’à mon exutoire, ma mélodieuse solitude d’une dissonante incertitude. Je peux ? J’ai le droit ? Un rapide regard balaie la pièce. Cette pièce sombre qui ne sent pas la folie des gens, juste la mienne, que je viens déverser. Et, je m’installe, j’amène l’instrument épouser mon épaule, et en retour je l’enserre de mes cuisses. La seconde d’après mes doigts s’activent légèrement, gracieusement d’une fluidité que l’expérience et la pratique leur a enseigné. La mélodie embaume la pièce, me transporte. Je ferme les yeux. Mes doigts pincent encore et toujours ces cordes qui me sont familières. Cette atmosphère m’apaise et me rassure. J’ai l’impression d’être chez moi à nouveau. Ma tranquillité ne s’ébranle jamais, les notes se suivent et ne se ressemblent pas… Mon dieu, j’aime ça. Un fin sourire nait sur mes lèvres. Mon corps vit la musique, mon esprit respire la musique, mon âme transpire la musique. Mais, la musique n’est pas éternelle, il faut la réenclencher parce qu’elle prend fin. Alors, je mène ce doux morceau jusqu’à la fin, jusqu’à son terme, jusqu’à ce que la dernière note crève les airs et s’y suspend… longtemps. Une expression de satisfaction au visage, les doigts s’immobilisant en périphérie, je savoure toutes ces émotions… Lorsque brutalement ramenée à la réalité par une voix masculine qui s’élève et ordonne, je sursaute. Et, sans chercher à apercevoir l’intrus, sans chercher à regarder son visage, ni même sa silhouette, sans demander à lever le voile de l’identité, sans demander plus d’informations, je m’exécute. Je ne pense à rien. Mes doigts s’en retournent danser sur les cordes, s’en retournent les faire chanter, les pincer, les faire vibrer…
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyLun 24 Sep 2012 - 18:25

J’ai été élevé dans la musique, bercé par elle j’ai appris a m’exprimer avec des notes avant de le faire avec des mots. Aussi ai-je développé un côté tyrannique face à elle, ou du moins face à ceux qui s’imaginent musiciens parce qu’ils maîtrisent -mal- deux ou trois accords. J’y perçois une forme de torture, envers mes tympans d’abord, mais aussi envers l’instrument qui mérite respect et dévotion, et pas démonstrations d’amateurisme dans les règles de l’art. J’ai, donc, pris l’habitude de l’appréhension, la force de l’habitude m’ayant confirmé le fait que le véritable talent est trop rare pour être croisé, par inadvertance, plusieurs fois dans une vie. Et ma vie est bien trop courte pour l’instant. Ainsi, lorsque mon cerveau comprend qu’un être vivant est entrain de s’épancher sur des cordes, la panique prend possession de moi, et plus rien d’autre ne compte que cet instinct primaire de me soustraire à la torture. Sauf qu’il n’en est rien, et qu’après avoir effectivement constaté que le talent est bel et bien présent, je me surprends à en détailler l’auteur comme s’il s’agissait de quelque envoyé céleste messager de bonne nouvelle, ou même du Verbe. Dans mon esprit ses bras sont des ailes dont le duvet soyeux vint à frôler les cordes qui vibrent au même rythme que sa peau translucide. En tendant l’oreille, je suis persuadé de pouvoir entendre son coeur battre à l’unisson. Mais je n’en ai guère le temps, bientôt la mélodie divine cesse et je m’insurge. Joue encore ! Qui t’a autorisé à t’arrêter, à retenir les notes, à en stopper le cours, qui t’a autorisé à m’en priver ? Ma réaction brusque et presque violente me surprend au moins autant qu’elle qui sursaute puis s'exécute. Et à mesure que les notes s’immisce jusqu’à moi, je retrouve le contrôle de mon esprit et de ma civilité. Je suis d’ordinaire plutôt prompt et enclin à la bienséance, j’ai horreur de brusquer qui que ce soit, surtout les femmes. Un caprice, voilà ce que je viens de faire, et à la lumière de la quasi perfection de son jeu, je ne parviens qu’à moitié à m’en vouloir. Pour en jouir encore, je serais effectivement prêt à recommencer. Mon rapport à la musique ne s’explique pas, pas plus que la frustration qui peut en naître. La première fois je n’étais pas prévenu, l’absence brusque m’a prise par surprise, alors cette fois m’y attend, je l’attends presque en la redoutant. Je ferme les yeux, et appréhende chaque note sachant qu’elle me rapproche toujours un peu plus de la dernière. Je n’aurais pas le droit à un deuxième coup d’éclat, aussi je me concentre, claquant mon irritabilité sur les accords de plus en plus doux, calmes, ténus. Et lorsque la musique s’éteint, je suis prêt. Il me faut tout de même un répit, un temps mort durant lequel je suis dans l’incapacité de m’exprimer. Je respire par à coups discrets puis, finalement, parviens à étendre mes lèvres en un sourire qui se veut avenant, tandis que mes paupières papillonnent légèrement avant de s’ouvrir complètement. « Je te prie de bien vouloir me pardonner, je n’ai pas pour habitude de me montrer si rustre. » je l’informe doucement, de ma voix rendue rauque par cette expérience inédite. Une voix que je travaille en toussotant légèrement, la débarrassant de toute émotion. « D’où viens-tu ? » Et elle pourrait tout aussi bien me répondre “du Ciel” que je la croirais sur parole.
Mads

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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyLun 24 Sep 2012 - 23:49

Mes doigts agiles exécutent cette danse savamment orchestrée, expertement chorégraphiée, et inconsciemment jouée. Inconsciemment parce que mes bras s’agitent en mouvement amples et gracieux tels des automates, ils savent. Ils connaissent. Mes doigts savent où chercher, où se poser et pincer, mon esprit visualise mon aire de jeu sans que je n’ai à ouvrir les yeux. Je n’ai rien besoin de faire, je n’ai pas besoin de penser, juste me laisser transporter. Et, c’est précisément en cela que la musique constitue mon exutoire. C’est en cela qu’elle m’est tout à la fois précieuse et indispensable. Elle est ce monde parallèle et enjôleur où plus rien n’est, plus rien n’existe ni n’a d’importance à mes yeux. Elle supplante tout. Elle domine et surplombe tout. Même des besoins et envies les plus primaires et élémentaires. La mélodie détient ce pouvoir anesthésique. Elle est la solution à tout les maux. Elle adoucit les mœurs, c’est un fait. Elle est l’échappatoire à la pensée consciente. Et paradoxalement, elle est le bruit qui pense. Mais, par-dessus tout, elle est la langue des émotions. Je ne sais pas exactement ce que j’ai réellement envie de transmettre néanmoins je sais ce qu’elle me procure… La liberté. Une belle envolée au travers des cieux, loin, loin de cette Terre, loin de cette auberge, loin des caméras… Exaltée, mes paupières closes tressaillent, agitées par des larmes. Mélomane en prime, je ne contrôle rien, comme toujours. Je laisse cette kyrielle de notes infiltrer mon âme, faire battre mon cœur. La musique, pour moi, ne se vend pas, non, évidemment que non… elle se partage. C’est là que réside toute la nuance. Alors, lorsque la voix masculine m’ordonne de reprendre, évidemment je reprends sans l’ombre d’une hésitation ou d’un doute. Et surtout parce qu’elle me fait du bien avant tout. Sans musique, ma vie serait une erreur, un leurre, clairement. Et, je ne me souviens plus exactement quand est-ce qu’elle est entrée dans ma vie, ni comment. Je sais simplement qu’elle est là et qu‘elle y restera. Peut être même a-t-elle toujours été là. Depuis le début, le tout début… Mes premières respirations l’ont été, mes premiers cris aussi. Mais suis-je musicienne pour autant ? Je n’en sais rien. Je ne fais que reproduire, à la perfection le plus souvent, un son que j’ai entendu, un son que j’ai adoré, une partition que je me suis plu à étudier, une partition qu’un autre à écrite, une partition que beaucoup sont en mesure de jouer. Mais qu’importe, la passion est bien là, bien palpable. La suite de notes finit par tarir son flot, se répercuter en écho. L’envolée, la redescente. L’exaltation, l’apathie. Et, doucement, la musique n’est plus… Je me laisse un sursis de quelques secondes pour rouvrir les yeux, redécouvrir mon espace-temps, reposer précautionneusement en équilibre l’instrument. J’éponge rapidement l’humidité de mes prunelles du revers de ma main avant de faire face à la voix qui s’élève à nouveau. Je secoue la tête pour balayer ses excuses. C’est pas grave, c’est même déjà oublié. Je le sens ébranlé et c’est peut être cela qui vient effacer sa réaction et paroles précédentes. D'où je viens ? D'un peu partout je crois. Un peu d'ici, beaucoup de là-bas et quelque peu d'ailleurs. Inutile de s'apesantir sur ces détails futiles. « Danemark » je réponds spontanément, mon léger accent voilant et altérant la prononciation anglaise. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il commence par là. D’ordinaire, n’est-ce pas le prénom que les gens recherchent en premier lieu ? « Toi ? » je poursuis de façon monosyllabique, le temps que l’adrénaline redescende certainement. Mes prunelles s’arrêtent sur les siennes tandis que je triture, masse, mes mains jointes. Mais, c’est une autre question sur laquelle j’aimerai lever le voile. Celle concernant la musique. « Amateur de musique ? » je demande d’un ton léger. Sans offense évidemment, façon de parler. La réponse me rassurerait.
Otello

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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyMar 25 Sep 2012 - 1:01

Violente jouissance, exaltation puissante, sensation d’abandonner le profane pour se voir propulser vers le divin. C’est ce que la musique a toujours eu comme effet sur moi. La bonne musique. Et parallèlement, c’est à peu près la seule source de plaisir toléré par l’Eglise. Gourmandise, avarice, luxure, envie. Autant de délices interdites. Tandis que la musique apaise l’âme, selon l’adage. Je ne sais pas si elle m’apaise réellement, alors que tout en moi semble chaviré, broyé, puis reconstitué en une mosaïque approximative et quelque part, plus tolérable. À chacune de ces expériences rares, j’ai le sentiment que les notes, particulières, modifient certaines cellules de mon être pour me rendre moins moi, et plus autre. Après tout, n’a-t-on pas vu des orchidées changer de couleur à l’écoute de Beethoven ? Ou encore des mouches naître sans ailes en contact avec Bach ? L’univers tout entier semble malléable et et soumis aux volontés des notes. Pourquoi pas moi ? Je ne suis pas plus inaltérable que n’importe quelle autre création initiale. Preuve en est, s’il n’en faut, ma réaction première à l’arrêt de la musique, et ma réaction suivante, diamétralement opposées. Dans un premier temps je m’insurge et fais preuve d’autoritarisme exacerbé, lorsqu’après ça, je peine à dissimuler mes émotions en la priant d’excuser ma brusquerie. Elle balaie mes excuses d’un mouvement de tête, et je me demande, à nouveau, où se trouve la frontière entre politesse et soumission. Ma question suivante, orale celle-là, est née de ce mélange de surprise et d'exaltation. Je ne crois tellement pas au caractère terrestre d’une telle pureté de jeu, que ce n’est pas un renseignement géographique que j’implore, mais plutôt une réponse quant à sa nature profonde, faite d’or et de lumière. Sa réponse, bien terrestre pour sa part, me ramène à la réalité, et c’est un regard débarrassé du voile de la fascination que je pose sur elle. Je l’imaginais blonde, elle est rousse, sa peau est laiteuse là où je la voyais translucide, et ses ailes ont cédé la place à un squelette fragile aux membres déliés. Elle me retourne ma question, enfin celle qu’elle m’a imaginé lui poser, et je réponds en me calquant sur son level de conscience. « Rome, Italie. » tout aussi bref qu’elle, mon regard n’ayant de cesse de la détailler ostensiblement, sans que ma bonne éducation ne parvienne à reprendre le dessus. Sa question suivante aurait pu me faire sourire si j’étais totalement redescendu. Mais je suis encore trop haut pour détenir le contrôle de mes réactions. « Amateur du Beau. » de musique plus particulièrement, mais pas seulement. J’aurais pu transposer “parfait” à “beau”, mais j’ai eu peur de l’indisposer ou de réveiller une modestie que j’aurais tôt fait de trouver agaçante. “Amateur” ne me convient pas plus. Je ne suis pas un amateur, je suis en quête. En quête d’une perfection qui n’existe pas, mais dont ses notes se rapprochent tant que ça en devient dérangeant. Je sais que sa question ne vise qu’à se renseigner quant à ma qualité de musicien, mais je n’aurais pas la prétention de le lui confirmer. Oui, je joue et oui, j’estime avoir atteint le degré d’expertise dans mon domaine, mais c’est mon oreille qui fait tout, ainsi que mon enseignement et mon goût sûr et affûté. Je collectionne les sons, les sons proches de la perfection, et puis je les assemble dans des créations expérimentales visant à créer la perfection absolue. Mais ce n’est jamais qu’un patchwork insatisfaisant et frustrant. Alors non, je ne saurais me qualifier en tant que musicien. Je me reprends, brusquement, secouant la tête afin de m’empêcher de la fixer, et réalisant que le silence s’éternise entre nous, ma réponse étant restée en suspens. « J’écoutais du C2C avant que tes cordes ne supplantent leurs platines... Mais tu ne dois probablement pas connaître. » Leur discographie n’étant au programme d’aucun conservatoire, ni d’aucun ensemble dont elle doit faire partie. Je bafouille légèrement, m’agite, virant une boucle de mes yeux d’une main, tout en cherchant mon iPod de l’autre. Ce n’est pas moi ça. Mais c’est l’effet de la musique sur moi.
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyMer 26 Sep 2012 - 2:06

Rome, Italie. Non, je ne comprends toujours pas l’intérêt de cette question là, celle que je viens de lui retourner dans un soucis de réciprocité ? J’en sais rien. Alors, j’en viens à m’intéresser et établir un grand panel de toutes les interprétations possibles et inimaginables que j’aurais pu faire si mon esprit n’était pas encore trop occuper à vibrer et répercuter en écho les dernières notes jouées… Je lui pose une question, à peine voilée. Je voudrais savoir sur quel plan on se situe lui et moi. Plutôt superposé, à côté, perpendiculaire ou carrément parallèle ? Je voudrais pouvoir jauger en fonction de mots que j’associerai aux émotions qui s’échappent encore de son âme et que je capte, peut être même attrape. Amateur du beau. Ca provoque un truc dans mon cerveau. Ca enclenche un mécanisme, un automatisme, machinal. Une fine esquisse étire mes lèvres et mon esprit s’emballe laissant trainer cette problématique irrésolue. Le beau est-il une finalité à l’art ? Une question que j’ai pu retourner des milliards de fois, dans tout les sens. Sans jamais trouver une unique réponse. Non, il y’en a plein, peut être même trop. Diverses réponses, explications. Divers arguments. Sans qu’aucun ne puisse venir supplanter ou détrôner les autres. Ca ne s’entasse ni s’amoncèle ! Et par amateur du beau, j’entends la quête du beau, de la perfection. Peut être à tord d’ailleurs. J’en sais rien, comme souvent… Une perfection et beauté dans la forme, dans le fond. Une perfection et magnificence de l’œuvre. Une sublimation totale. Détenir une chose dans toute sa pureté. L’essence brut et originelle. Un état de beauté suprême, ultime. Une beauté immuable… Un état divin et stationnaire. Ca fait rêver n’est-ce pas ? Ca fait même briller les iris et palpiter le cœur. Intouchable et inchangeable immutabilité. Sauf que la production et la contemplation du beau n'est pas une finalité. Non le beau c’est une porte ouverte vers le progrès. Une ouverture sur toujours plus d'amélioration. Cet état de perfection stable n'existe pas, pas même dans les songes. On peut toujours faire mieux, toujours. On peut toujours chercher plus loin, aller plus loin... « …aller trop loin et finir par se brûler… » je marmonne à voix haute perdant le contrôle de mes lèvres. « …alors la perfection on ne la trouve pas, on la frôle sans cesse…. » sans cesse, indéfiniment jusqu‘à l‘aliénation mentale, puis physique peut être… je poursuis de la même manière, d’une voix basse que le silence de la pièce fait raisonner. Et quand bien même tu penses la trouver, cette perfection, cet idéal, il te pousse perversement à creuser plus loin, plus profondément. Une quête infinie. A désirer encore et toujours, à désirer plus et à vouloir plus, puis soudain… oui, soudain… « …la déception » Amère, cuisante, poignante, cinglante, accablante, oppressante… Et je pourrais encore continuer longtemps ainsi. Cependant, c’est sa voix, moins agressive que précédemment, qui me sort de ces pensées. Je cligne des yeux et me rends compte que mon regard ne l’avait pas quitté. Toujours assise, rien n’a changé, sauf cette impression de m’être encore plus enfoncée sur mon tabouret. C2C ? J’arque un sourcil traduisant ma perplexité. Oui, je connais pour avoir déjà eu à apprécier l’un de leurs nombreux morceaux. Seul un sourire prend possession de mes lèvres, en réponse. Toute façon, il semble déjà ailleurs. Puis, je le regarde qui s’agite en mouvements malhabiles, une espèce de confusion qu’il semble subir rétroactivement. J’attends. Je finis par me lever, avancer jusqu’à lui silencieusement, me mouvant avec légèrement et discrétion. Arrivée, je tends un bras, présente une main en sa direction quémandant. Quémandant un écouteur, une oreillette de son casque, un peu de sa musique que j’ai involontairement entravée. Après quoi je demande d‘une voix basse, douce. « C’est ça, ta musique à toi ? » et je relève les yeux vers lui.
Otello

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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyMer 26 Sep 2012 - 11:49

Elle marmonne. Je l’entends plus que je n’écoute, sans entendre réellement puisque ça m’arrive sous forme de morceaux de phrases décousues. Je me demande si certains passages se sont perdus en route, ou bien si elle ne les a, tout simplement, jamais prononcé à voix haute. De toute manière, ces mots ne me sont pas destiné, ces mots ne sont le fruit que d’une réflexion personnelle presque intimiste qui me met mal à l’aise. J’ai déjà fracassé sa bulle une fois, m’imposant entre elle et sa musique. J’ai conscience qu’il s’agit de ma propre réponse qui aura provoqué ce flot incontrôlé de paroles indistinctes, mais elles ne me sont pas destiné. Pas plus que ne l’est ce regard qu’elle a posé sur moi il y a un moment déjà, et qui me regarde sans me voir. Elle n’est pas avec moi, elle est ailleurs, bien au-delà de moi, et d’assister à un tel spectacle a quelque chose de dérangeant, comme observer une femme se dévêtir, s’effeuiller à son insu. Je me maintiens à distance respectueuse pour ne pas être témoins de ce qu’elle ne serait pas prête à m’offrir de sa propre initiative. Elle a oublié que j’étais là. Peut être même a-t-elle oublié jusqu’à sa propre présence. Alors je le lui rappelle. Je reprends la parole, et les gestes un peu gauches, je tente de reporter mon attention ailleurs que sur elle, afin de lui offrir cette intimité qui lui fait défaut depuis que je me suis révélé. Le temps que je remette la main sur mon iPod, elle s’est, à ma grande surprise, puisque je ne l’ai pas entendu faire, levée et m’a rejoint. Debout, face à moi, elle tend la main. Je l’observe faire, perdu, cette femme m’échappant totalement. Mon esprit encore embrumé, ne me permet pas de réagir avec ma rapidité habituelle, mais elle insiste, et je finis par comprendre ce qu’elle désire. D’un mouvement de tête je l’invite à s’asseoir et me rejoindre complètement, tandis que j’extirpe le casque de ma nuque, achevant de me décoiffer totalement. Précautionneusement, peut être trop, d’ailleurs, je glisse ce dernier sur ses mèches cuivrées, la laisse l’ajuster, et m’applique à régler le volume que j’écoute toujours trop fort, à m’en exploser les tympans. Et puis, j’observe ses réactions. Les yeux clos, elle ne laisse rien transparaître, et me met au supplice. J’aime étudier l’autre tandis qu’il pense m’étudier moi, mais en rompant le contact visuel, je n’ai guère plus que ses doigts posés de chaque côté du casque pour m’informer en cas de réaction violente. Il n’en est rien. Et lorsqu’elle recouvre ouïe et vue, ainsi que la parole, l’emploi du “ça” me dérange. Je me doute qu’il n’a rien de péjoratif, mais je l’ai toujours trouvé très réducteur. Comme une enceinte, une rempart, que je m’acharne à abattre depuis des années. « Non, ma musique à moi est universelle, elle ne se cloisonne pas dans un style musical bien défini, elle vogue, elle voyage, elle évolue, elle découvre. Ma musique à moi c’est autant du Chopin que du Skrillex. J’apprécie le génie là où je le trouve, dans la virtuosité de Donizetti, dans la voix de Florence, dans le doigté de C2C. » je l’informe à mon tour, doucement, en récupérant mon casque qui, elle aussi, l’a laissé passablement décoiffée. Je fouille, je découvre, je savoure, et je collectionne. Je suis un boulimique de musique, j’ai besoin qu’elle joue sans cesse à mon oreille, pour mon propre équilibre. « Tu as lu le Parfum, de Süskind ? Certainement, puisque tout le monde a lu le Parfum... Et bien, ce que fait Grenouille avec l’essence du parfum, moi je le fais avec l’essence de la musique. Ma quête est aussi vaine que la sienne, mais ça ne m’empêche pas d’essayer, de m’acharner... » Cela dit, ma propre quête, à la différence de celle du héros de littérature, ne blesse personne, elle ne tue personne, si ce n’est moi, un peu plus chaque jour, face à mon incompétence. Mais il y a quelque chose de beau dans mon espoir acharné, et je suis amateur de beau.
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyJeu 27 Sep 2012 - 3:10

Je finis par avoir ce que je n’ai su demander que silencieusement, à raison d’un regard et d’un geste qu‘il met quelques secondes à interpréter. Finalement assise à son côté, le casque qu’il a placé sur ma tête que, désormais, je tiens du bout des doigts pour le maintenir sur mes oreilles. La seconde suivante, je sais qu’il permet à la musique de s’enclencher, de se déverser pour raisonner dans ma boite crânienne lorsque les tout premiers sons, les toutes premières notes me parviennent, s’infiltrent dans mon oreille. Instinctivement, peut être même automatiquement, je ferme les yeux, me laissant bercer par la mélodie. Je dirais même un mélange de mélodies, des petits bouts pris ici et là, que l’on est venu assembler de manière fluide et harmonieuse. Des styles légèrement différents qui s’imbriquent et densifient le morceau. Ca lui donne plus d’intensité, c’est l’effet que ça me fait. Et surtout, c’est plaisant. Mes doigts tapotent légèrement sur le casque, marquant le tempo, la pulsation régulière à la façon d’un métronome tandis que mon pied s’attèle en contretemps. Ma tête oscille sensiblement transportée par l’enchainement des nombreuses phrases musicales… Le temps s’égraine mais je ne le ressens ni ne m’en aperçoit jusqu’à ce que la chanson ne trouve une fin et que, fatalement, je rouvre les yeux. Cependant, je m’octroie tout de même quelques secondes avant de me conditionner pour m‘extirper de cette bulle pour une autre. Sa voix m’interpelle et je vrille mes prunelles dans les siennes. Je l’écoute, attentive, et immobile lorsqu’il vient récupérer son bien autour de mon cou. De ce que je saisis de ses explications, sa musique est tout à la fois riche, variée, transitive, et évolutive. Je l’imagine alors composer à la façon de C2C en y imposant son empreinte. Et, j’avoue que cela me rend curieuse. Tout ce qui a attrait à la musique me rend avide, j’aime découvrir ou redécouvrir. Je m’apprête à formuler une nouvelle requête lorsqu’il m’interrompt en évoquant Süskind. Il me dit « Parfum » et mon oreille comprend « Das Parfum, die Geschichte eines Mörders » parce que je n’en reste pas moins Danoise. Puis, j’acquiesce. Il évoque une quête et son caractère vain. Et, j’ai envie de lui dire que toutes les quêtes, par essence, le sont mais c’est justement parce qu’elles sont vaines qu’elles sont encore plus importantes et qu’il faut encore plus s’y raccrocher. Mais, il le sait, je le sais. « Rien ne résiste à un acharnement de fourmi » Hugo. Et la fourmi est travailleuse, et le travail finit toujours par payer… Je préfère être positive. « …ta musique à toi en est-elle encore à l’étape de la conceptualisation ou… parce que, je crois que j’aimerais écouter les ébauches de tes créations… » je lui confie, les iris rivés sur les siens. Non pas pour juger, je ne suis pas comme cela, non, uniquement pour apprécier l'étendue de -ce que je présume- son talent. Après tout ne m’a-t-il pas demandé de jouer pour lui précédemment ? Ceci dit, de manière tout à fait non-intéressée, je serais totalement en mesure de recommencer si un amoureux de la musique me le demandait. Car, la musique n'est que plus belle partagée.
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptySam 29 Sep 2012 - 1:24

Elle m’écoute, sans mot dire, attentive à la moindre tournure de phrase, au moindre terme employé par mes soins. C’est suffisamment rare chez une femme pour être signalé. Je ne forme pas une critique envers la gente féminine, mais un simple constat. Je suis plus habitué à tendre l’oreille qu’à m’épancher en confidences. Pas même sur l’oreiller. Jamais si personnelles. Cela peut sembler anodin de prime abord, mais évoquer la musique, évoquer ma musique, je ne m’y risque jamais. Ma quête de perfection passant aussi par celle de l’auditeur parfait. Je tends l’oreille et l’épaule, mais jamais ne me confie. A quoi bon parler de moi lorsque l’autre est si prompt à parler d’elle, m’offrant le loisir de rester volontairement dans l’ombre ? Utile, désirable, séduisant, mais divinement temporaire. Avec la harpiste, cela semble, toutefois, différent. Elle m’écoute, certes, et c’est surprenant en soi, mais surtout, je parle, ce qui est assez inédit. Je parle comme j’ai parlé à Ismay, je lève une partie du voile. Mais Ismay est ma partenaire, et en ça, elle est intrinsèquement différente, parce qu’elle m’appartient, et que je lui appartiens aussi. Pour une durée limitée, évidemment, mais il me semble inconcevable de ne pas offrir une infime partie de moi à celle que l’on m’a associé. Agréablement associé. Mais cette rousse, face à moi, qu’est-ce qui lui confère cette aura de partage spontané ? Peut être est-ce l’anonymat, puisque, malgré tout ce que je viens de lui confier sur moi, elle ne sait pas mon nom, et je ne connais pas le sien. Ça ne durera pas, j’en ai conscience, mais sur l’instant, cela semble atténuer ma sauvagerie. A moins que ce ne soit son talent certain dans son domaine de prédilection, ses notes savoureuses anéantissant toute méfiance de ma part. Elle cite Hugo, et je souris. Rien ne résiste à l’acharnement, si ce n’est la perfection. Ne dit-on pas que la perfection n’est pas de ce monde ? Et fervent croyant, j’ai du mal à concevoir une perfection qui pourrait être de la main de l’Homme. De ma main. Moi-même, je ne saisis pas cet acharnement qui est mien, quand je pense l’aboutissement impossible. Et pourtant, je continue, afin de, si ce n’est atteindre la perfection, au moins la frôler du doigt. La femme sans nom reprend la parole, m’interrogeant sur l’étape où se situe mon projet, et m’invitant à le lui faire entendre si seulement il y avait quelque chose à entendre. « C’est quelque chose que tu souhaites réellement… ? Je veux dire, en dehors du fait que la bienséance t’invite à formuler cette demande ? » Encore une fois, j’imagine mal l’archétype de la Femme s’intéresser à mon étrange passion, s’y intéresser suffisamment pour en ressentir le besoin et l’envie de la découvrir à son tour. Je fronce les sourcils, réfléchissant, faisant l’inventaire mental de ce que j’ai ou n’ai pas emmené avec moi. Rien. « Malheureusement, je n’ai rien à te faire écouter. J’ai, à l’extérieur, mais en toute honnêteté, je ne pensais pas croiser quelqu’un à l’intérieur, apte à s’émouvoir de ma musique, ou ne serait-ce qu’à s’y intéresser. » C’est un fait, ce n’était absolument pas au programme. La surprise n’en est que plus ravissante, mais mon impuissance à la satisfaire reste inchangée. C’est pourquoi je me relève, brusquement, armé de cette volonté de bien faire, de lui rendre un peu de ce qu’elle m’a donné. C’est trois fois rien, ce n’est absolument pas ce qu’elle m’a demandé, mais c’est le mieux que je puisse faire en cet instant. Sans introduction, sans même un mot, je m’installe au clavier, en dévoile les touches, et de mémoire, entame la Polonaise de Chopin.
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MessageSujet: Re: prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50   prélude en do majeur - mercredi 26 septembre, 15h50 EmptyDim 30 Sep 2012 - 16:22

A peine ai-je formulé ma nouvelle requête que mon oreille endoctrinée tente de créer, créer, et imaginer. Créer un son qui aurait pu être sien mais qu‘évidemment ne sera pas. Créer un son qu’il serait en mesure de me faire écouter, de partager avec moi si l’envie l’en dit. Imaginer la foultitude d’émotions et de sensations que ce son serait en mesure de provoquer en moi. Et, c’est principalement cette dernière idée dont je suis particulièrement friande. La musique, je la conçois également comme un maelstrom de sensations, d’émotions, à chaque fois différentes, à chaque fois intenses et poignantes. Tout à la fois exaltante et éreintante. Ereintante parce que la redescente est dure, parfois amer, souvent douloureuse. Quand on a frôlé l’extase, la beauté, qu’on se sent éthérée, comment retourner vers la bassesse que ce monde nous offre ? Et ce n’est même pas offrir car sa vilenie et son hideur, il nous l’impose, nous agresse avec sans que l’on puisse la, les refuser. Alors, comment y retourner avec le sourire que le sublime a fait naitre sur nos fines lèvres ? On ne peut pas, c’est impossible. Inhumain. Passer du beau au laid avec le même état d’esprit, était de corps j’ose dire. Spleen et Idéal. Utopie et mélancolie. Je réprime un léger soupir blasé qui s’apprêtait à s’échapper lorsque sa voix me revient en écho. Je relève les yeux vers lui m’apercevant que je m’étais temporairement absentée. Une absente néanmoins plus spirituelle que corporelle, physique. L’inconnu doute de mes motivations ? Il évoque la bienséance. Je penche sensiblement la tête sur un côté, dubitative. Qu’est-ce que la bienséance a avoir la dedans ? « Si ce n’était pas le cas, je ne me serais pas donnée cette peine que de demander » je réponds spontanément avant d’accompagner ma parole d’un léger haussement d’épaules. Oui, la bienséance voulait que je m’intéresse un tant soit peu à lui mais pas d’aller plus loin, pas franchir la surface désormais striée. Parce que c’est cela la politesse, n’est-ce pas ? Rester en surface et ne surtout pas la gratter. Rester dans le superficiel sans jamais s’aventurer vers le profond. De rester et chérir la lumière et avoir peur de l’obscur. Vivre le jour et dormir, mourir la nuit. Idolâtrer le soleil et haïr le pluie… Je secoue la tête pour couper ce nouveau fil de pensée qui s’immisce. C’est alors qu’il m’annonce qu’il n’a rien apporté avec lui, il m’en explique aussi les raisons. Certitudes, servitude. Je me pince les lèvres pour exprimer une déception maitrisée à défaut de la laisser complètement transparaitre sur l’entièreté de mes fins traits. Je m’apprête à formuler un: tant pis, lorsque je le vois s’équilibrer sur ses pieds pour aviser le piano à queue. Perplexe et immobile, je le suis de mes prunelles jusqu’à voir ses manches se retrousser, ses doigts se poser, et entendre la mélodie préluder. Un fin sourire s’étire de lui-même sur mes lèvres. Et, durant ces plusieurs minutes qu’il m’offre, je me délecte de la partition, apprécie son jeu… Longtemps, je ne saurais dire combien exactement. L’appréciation se traduisant souvent par une perte de repères, néanmoins, lorsque la fin s’annonce, que les notes se succèdent, rapidement, vite, vite, que la fin est à deux doigts d’exploser… « merci… » je souffle doucement, tout doucement, pas certaine qu’il l’entende, afin de ne pas briser les derniers instants où les notes raisonnent encore. Aussi, dans le même temps, je sens mes jambes s’activer, je me lève. Puis, toujours dans l’idée de ne pas lui arracher ce moment, cette intimité de fin de jeu, je me recule discrètement, conservant cette image en tête, avant de pivoter sur les talons et quitter la pièce, sans un son, sans un bruit…

~fin du sujet~


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