Non, je ne perds pas encore la tête, je sais très bien que la salle de bain dans laquelle je me trouve ne m'a pas été assigné. Par contre le préau aménagé en "terrain" de sport se trouve dans cette école. J'ai transpiré, énormément transpiré. Il m'a semblé normal de vouloir me débarrasser au plus vite de cette sensation désagréable. J'ai pris un bain, un long bain chaud. L'odeur de vanille et de jasmin du bain moussant que j'ai utilisé parfume encore la pièce. J'ai emprunté le peignoir bien trop grand de Callan, floqué à son prénom. Il est allé me chercher quelques affaires pendant que je me prélassais dans la baignoire, le stricte minimum, néanmoins il a pensé à ma trousse de maquillage. Il est parfait. Je suis d'ailleurs entrain de m'hydrater le visage, un minimum vitale grâce à une crème Clinique. J'ai les cheveux attaché grossièrement en chignon totalement déstructuré, afin de pouvoir l'étaler tranquillement. J'accorde énormément d'importance à l'apparence, mon apparence quitte à passer un temps fou dans la salle de bain. Il s'est lavé aussi, mais a rapidement trouvé le temps long, il est parti je ne sais où. Je continue de me rendre impeccable, j'applique le maquillage très légèrement. Pas de blush, ni de poudre, rien qu'un peu de mascara et de crayon pour marquer le contour des yeux. La touche nécessaire néanmoins, une couche de mon rouge à lèvre Chanel, teinte 104, passion. Créé pour moi. Je me concentre sur mon propre reflet dans le miroir, occultant le reste, ce qui se passe aux alentours. Je jurerais qu'il n'y a personne dans la salle de bain, pourtant, je n'en suis pas si certaine. Je suis le centre de mon attention, c'est amplement suffisant.

Daphne avait pris l’habitude de soigner chacune de ses apparitions publiques. L’annonce des nominations approchait à grands pas, ce n’était plus qu’une question d’heures. Devant ses camarades, elle se devait de toujours être parfaite. Soigner les apparences demeurait sans aucun doute l’un de ses principaux atouts. Elle portait un chemisier blanc soigneusement rentré dans sa jupe taille haute bleu marine. Ses pieds étaient chaussés d’escarpins bleus électriques. Alors qu’elle pénétra dans la salle de bain, elle tomba nez-à-nez avec Candace habillé du peignoir de son mari. La jolie blonde se posta face au miroir, à côté de sa colocataire. Elle sortit à son tour sa trousse de maquillage. « Comment était ta robe de mariée ? » Demanda-t-elle en soulignant son regard d’un phare à paupières marron.

Bien que ça ne sautait pas aux yeux, j'ai d'autres points communs avec Daphne que le simple fait de partager notre lit avec le même homme. Non, je suis superficielle, sans doute plus qu'elle ne le sera jamais, mais je doute que les autres l'ait même remarqué. Je suis plus subtile je crois. Quoi qu'il en soit j'applique mon rouge à lèvre lorsqu'une voix se fait entendre. Daphne. Qui d'autre peut venir se refaire une beauté à une heure pareille ? Je jette un oeil à son reflet, elle a beaucoup de goûts même si ce genre de vêtements je les réserve durant mon temps de travail. Classique et chic. « Hors de prix. » Je réponds simplement à sa question tout en sortant le mascara de ma petite trousse que Callan m'a rapporté pendant que je prenais mon bain. J'imagine que cette réponse ne lui convient pas, et que la question n'était pas exactement celle-ci. « Une Oscar de La Renta, chic, sobre, d'un blanc immaculée. » Petit caprice de ma part, je n'ai jamais rêvé d'un mariage de princesse, mais quitte à se marier autant passer ce qui est censé être le plus beau jour de votre vie dans une robe somptueuse. Callan portait un très beau costume Armani. Il était classe, parfait. Nous étions parfaitement assorti. « Pourquoi tu détestes à ce point les couples mariés et l'idée même du mariage ? » Son mari a dû la tromper, elle a dû verser toutes les larmes de son corps et exiger le divorce en se jurant qu'elle ne ferait plus jamais la même bêtise. Le coup classique.

La jeune femme n’avait aucun mal à imaginer son interlocutrice dans une création divine. Elle avait la silhouette et le visage pour. Daphne se remémora alors la robe qu’elle portait le jour de son mariage, une Vera Wang évidemment. Elle avait planifié cette cérémonie dès son plus jeune âge sans jamais imaginer l’immense désastre qu’elle devrait affronter par la suite. « Ça ne te regarde absolument pas. » Répliqua-t-elle sèchement. Candace s’attendait vraiment à ce que la jolie blonde lui confie ce douloureux secret ? Elle n’avait jamais explicité les raisons de son divorce depuis qu’elle avait rejoint l’aventure, elle ne comptait pas mentionner son péché d’adultère. Elle avait simplement avoué à Callan être la raison de son divorce, c’était amplement suffisant. Personne n’avait besoin d’en apprendre davantage, encore moins Candace.

Je ne lui retourne pas la question au sujet de la robe, tout simplement parce que ça ne m'intéresse pas. Je suis hypocrite mais pas ce point là. Non, j'ai une question bien plus intéressante en réserve. Oh mon dieu, je crois que je l'ai froissée. Elle est sèche et ça m'amuse. Je ne ris pas pourtant, je reste aussi stoïque, imperturbable qu'à mon habitude. Je continue de me maquiller les yeux dans le silence le plus complet. Je tourne rapidement les talons sans un regard pour la jeune femme. Dans un coin je me déleste du peignoir et enfile la petite robe Valentino que je ne me rappelle pas d'avoir mis dans ma valise. Une requête de mon gentil mari visiblement. Je suspend le peignoir à sa place et retourne vers les miroirs. « T'es bien trop émotive pour pouvoir prétendre au titre de la pire des garces... » Petit rappel de sa déclaration lors de la dernière annonce des nominations. La dureté dans son regard, le ton de sa voix, j'ai très envie de rire. Mais franchement, ce serait déplacé vraiment. Je passe mes mains dans mes cheveux afin de les replacer correctement.