On est là depuis un moment et je viens de me rendre compte que je n'ai pour le moment encore jamais visité les caves. Il parait même qu'il y a un bunker. En tout cas pour le moment je me concentrerais sur la collection de vin dans l'auberge. Je reste là à observer les rayonnages. Il y a beaucoup de bouteilles poussiéreuses et d'autres beaucoup plus récente. J'en attrape une de 2008 même. Je la prends, c'est un très bon vin que je boirais sûrement pas, mais Candace le fera. Et finalement je bifurque à un moment donné, au lieu de remonter à la surface je préfère continuer et explorer ces fameux souterrains. J'observe, monte, descends. J'entends des voix de la surface mais ne m'y attarde pas. Je pense d'ailleurs reconnaitre celle de ma femme à un moment donné mais je poursuis mon chemin. Puis à un moment je marche et je crois distinguer quelqu'un. J'avance vers cette ombre et ne tarde pas à distinguer Nicole. Je me souviens de son prénom. Je crois qu'elle ne m'a pas vu. « Salut... » J'avance toujours vers elle, ma bouteille à la main. Et arrivé à sa hauteur je m'arrête enfin, tout sourire. « Tu espionnes qui ? » C'est bien ce qu'elle fait non ? Pourquoi elle serait là sinon ?

Je ne sais pas ce qu'elle fait, ni pourquoi elle est là et à vrai dire, je m'en fiche. Je suis simplement intrigué par sa présence. D'ailleurs, j'crois qu'elle n'a pas compris où elle se trouve, ni l'utilité de cette endroit, mais ce n'est pas grave, on lui pardonne. « Et moi je conclus que tu ne comprends rien. » J'hausse les épaules. C'est pas grave va ! « T'as lu la brochure que Cupidon nous a filé à notre arrivée ou quoi ? Ces souterrains sont fait pour espionner les autres. Tais-toi pour voir. » J'agite la main pour la forcer à ce taire, mais ce n'est pas gagné. Je crois que j'arrive à attendre la voix de Lulu résonner mais étant donné qu'elle reprend la parole, je ne comprends rien. Elle est soulante à parler sans cesse. C'est moi l'égocentrique hein ? « Ça ? Non c'était pour ma femme, c'est du bon vin, tu ne sauras sans doute pas l'apprécier. Mais bon si t'as soif. Sers toi ! » Elle est assez grande pour s'ouvrir une bouteille et la boire n'est-ce pas ? Elle sait ouvrir une bouteille de vin au moins. Je suis particulièrement condescendant, mais bon, elle l'a cherché, moi je me contentais d'être gentil, mais tant pis. On repassera.

Mais quelle insolente celle-là, je vous jure, je la bafferais par plaisir. Si jamais je pourrais être violent envers une jeune femme. Aussi chieuse soit-elle. Je la provoque et elle tombe immédiatement dans le panneau. Trop facile, c'est beaucoup trop facile. Elle me fait rire. « Et toi c'est parce que t'es jeune que tu te sens obligé de te la jouer insolente ? La crise d'adolescence ça passe à 15 ans, mais maintenant c'est limite tu sais... » Quoi ? C'est parce que je suis plus vieux que je suis censé fermer ma gueule et la laisser s'énerver toute seule ? C'est bien mal me connaître. « Non, pas tous les jeunes, simplement parce que tu m'as l'air du genre à te défoncer à la tequila et à mal juger un grand crus. Mais vas-y, étonne moi. » Je ne demande que cela après tout. Elle me juge parce que je suis nettement plus vieux qu'elle, mais moi, je m'en fiche de son jeune âge en réalité. J'emploie des jeunes avec qui j'adore travailler, de son âge j'imagine et ils sont loin d'être cons, bien au contraire. Elle me pique ma bouteille, ça aussi c'était prévisible. Je souris. Je fais un geste de la main, refusant son invitation. « Non, je ne bois pas, merci. Mais fais-toi plaisir, je t'en prie. » Je croise mes bras derrière mon dos, l'observant. « Tu veux que je te l'ouvre ou ça va aller ? » Je demande, légèrement taquin.

Je ne suis pas sûr qu'elle se rende compte que je me comporte exactement comme elle le fait avec moi. Elle est jeune, elle doit se dire que c'est normal, qu'elle a des circonstances atténuantes. Et sa théorie sur la crise d'adolescence est tellement stupide qu'elle me fait rire. J'ai connu Candace lorsqu'elle avait vingt ans et dieu merci, elle n'était pas du tout comme cela. Parce que je crois que je n'aurais jamais pu tomber amoureux d'elle. Elle était tellement mature pour son âge. Moins stupide. « Non attends, ne me dit rien, t'as lu ça dans Seventeen, ta bible et tu t'es dit que ça sortait tout droit d'un psychologue de renom c'est ça ? » Lui a-t-on un jour dit que toutes les femmes étaient différentes les unes des autres ? Bref. Elle me sidère, moi qui pensait qu'elle était drôle, je me rends tout simplement compte qu'elle est stupide. Et les gens stupides m'insupportent. Elle m'assure qu'elle sait ouvrir la bouteille, tant mieux pour elle. Elle cogne la bouteille contre l'étagère. Je m'apprête à lui dire que ce n'est pas une bonne idée et qu'elle va finir sur le sol, tachant sans doute ses fringues, mais je n'en ai pas le loisir puisqu'elle lui échappe des mains. Je ne peux contenir mon rire plus longtemps. Mon dieu, la pauvre. Elle me sourit, quant à moi j'essaye de contenir mon rire. « T'en bois pas assez malheureusement. » Et là, elle va se mettre à hurler non ? Parce que dire à une femme qu'elle est grosse c'est presque plus dangereux que de sauter d'une fenêtre. J'attends sa réaction avant de reprendre. « Mais c'est rien, ça te va bien de toute façon... ». Pourtant elle est tellement rachitique qu'elle ne devrait pas le prendre mal.