Sept semaines de jeu et c'est la première fois que je mets les pieds ici. Même si, évidemment, je m'en serais volontiers passé. Mais pas le choix. J'ai épuisé mon crédit pour la laverie automatique. Ça m'apprendra à jouer les faux maniaques alors que l'idée de mettre un vêtement plusieurs jours de suite ne me dérange pas le moins du monde, ordinairement. Mes yeux fixent le sac poubelle dans lequel j'ai foutu mon linge sale, puis s'orientent vers le savon de Marseille, puis de nouveau vers le sac et vers le savon. Oui, j'essaie de faire le lien. Comment suis-je sensé laver mes vêtements avec.. ça ?! Ce truc, là, je m'en sers sous la douche, habituellement. Pas pour nettoyer mon linge, bordel. Je pose mon cul par terre, essayant de me faire à l'idée que je vais devoir me passer de la machine à laver pour cette fois, puis contemple tout simplement les divers bassins qui se présentent à moi. Je ne sais même dans lequel d'entre eux je suis sensé tremper mes vêtements. Et puis comme si ça ne suffisait pas, la météo a décidé de me tourner le dos. Le ciel présage un vent de pluie. Manquait plus que ça. Je remonte ma capuche à ma tête, comme si ça allait résoudre tous mes problèmes. Pitié Dieu.. Envoyez-moi une âme charitable qui voudra bien foutre mes habits avec les siens, m'évitant ainsi de devoir les laver ici. Pitié, oui.

Après avoir mangé un bon repas à la cantine, préparé par mes soins s’il vous plait, je m’étais rendu aux thermes. Histoire de me relaxer un peu, et de profiter de l’eau chaude. J’étais tombé sur Sïana, ma nouvelle partenaire. On en avait profité pour apprendre un peu plus à se connaître. Après tout, à présent nous partagions les mêmes couche, ça rapprochait forcément un peu. Et ce n’était pas tout, le secret aussi, ce qui n’était pas négligeable du tout. Bref, après ce petit moment sympathique, je m’étais séché, m’était rhabillé, et était sorti dehors. Les cheveux encore mouillés avec un temps aussi frisquet, ce n’était pas le top. M’enfin tant pis. J’aperçus alors un type encapuchonné près du lavoir. Je décidai d’aller le voir. Et ouais, j’étais un mec sociable. De là, je ne saurais dire de qui il s’agissait. En m’approchant je me rendis compte que c’était un des tatoués là. Lulu ? Naaaan l’autre, Joshua, voila ! « Tu m’as l’air paumé dis » J’esquissai un sourire. « Tu ne sais pas ce que tu fais c’est ça ? » Cela en avait tout l’air en tout cas. « Tu veux peut être de l’aide ? » lui demandais je. Lui faisant croire ainsi que je serais prêt à lui porter secours, alors que... « Parce que si c'est le cas, je ne suis pas l'homme de la situation. » ajoutais je. Et ouais, pas de bol.

Je suis sûr que les femmes de l'époque cachaient une machine à laver secrète quelque part. Je ne vois pas d'autre solution sinon. Parce que l'histoire du "je lave mon linge à la main", je n'y crois pas une seconde. Comme si une tâche pouvait disparaître avec du savon. Si ça avait été le cas, il y a bien longtemps que je me serais contenté d'un petit coup de rinçage dans le lavabo. Oui, non, improbable. De toute manière, c'est connu, ces dames sont toutes des cachotières. On les croit innocentes, victimes du machisme auquel leurs maris les exposent, mais non ! Elles sont bien plus malignes que ça ! Dès que monsieur a le dos tourné, paf, elles redoublent d'imagination pour lui faire faire n'importe quoi. On est manipulés, en vrai. J'ai bien fait de changer de bord. Enfin, pas que je sois intéressé que par les mecs hein.. Bref, je divague. Ça ne me réussit pas de venir ici. « Tu m’as l’air paumé dis » Je lève la tête pour découvrir un Wade particulièrement souriant. Je lui rends son sourire et hoche doucement de la tête. « Tu ne sais pas ce que tu fais c’est ça ? » S'il savait.. Je répète le même geste. « Tu veux peut être de l’aide ? » Mon regard s'illumine, un semblant d'espoir se lit sur mon visage mais.. « Parce que si c'est le cas, je ne suis pas l'homme de la situation. » Je tombe des nues. Adieu, petit sourire en coin. Je le dévisage, complètement blasé, puis tire la gueule. « Je veux une femme de ménage attitrée. » Rien que ça oui. « Tu voudrais pas foutre mes habits avec les tiens quand t'iras les mettre dans la machine à laver, dis ? », lui demandé-je avec des yeux de merlan-frit. Je n'ai pas pour habitude de demander quoique ce soit à qui que ce soit, mais là, je suis dans un cas d'extrême urgence. « Sinon, tu devras supporter de vivre avec un mec qui pue les vêtements sales pendant au moins une semaine. », renchéris-je, un sourire machiavélique accroché aux lèvres.

J’aimais voir la petite lueur d’espoir s’allumer dans ses yeux, pour mieux l’écraser par la suite. Quoi ? Ce n’était pas cruel non, là c’était plut gentil. Il tira alors la tronche. « Je veux une femme de ménage attitrée. » Rien que ça. « Et moi je veux un million d’euros ! » Petite attente. Non rien, pas d’argent qui tombait du ciel, zut. « Comme quoi, on ne peut pas tout avoir » C’était dommage hein. « Mais j’avoue que ça serait plutôt cool une femme de ménage. Et une personne pour cuisiner aussi ! » Tant qu’à faire. Il me demanda alors si je ne voulais pas mettre ses habits dans la machine à laver, quand je nettoierais les miennes. Dites donc, il était gonflé celui là. Et il croyait que ses petits yeux de merland fris allait me faire plier ? Ce n’était pas une fille oh, il n’avait pas ce pouvoir sur ma personne. « Sinon, tu devras supporter de vivre avec un mec qui pue les vêtements sales pendant au moins une semaine. » Ah là j’avoue que ça méritait réflexion. « Ou je peux aussi t’éviter toute la semaine » Voilà parade trouvée. « Non mais je t’aiderais bien en vrai, mais tu tombes mal, j’ai fais une machine hier. Alors je crois qu’il ne te reste plus qu’à retrousser les manches, et laver tes affaires à l’ancienne » C’était vrai en plus, j’avais fais ma lessive hier matin. Et comme on était limité niveau pièce, je ne pouvais guerre lui donner les miennes. Vu que j’avais déjà utilisé mon quota pour celle-ci du coup. « Ou alors trouver quelqu’un d’autre… Ou tu te ballades à poil sinon » J’essayais de trouver une solution pour ce pauvre homme voyez vous. « Bon et sinon, il se passe quoi entre toi et ma partenaire ? Je te préviens je t’ai à l’œil » J’avais cru comprendre qu’il y avait eu rapprochement entre les deux. Voir même coucherie si mes souvenirs étaient bon. Esther qui l’avait dit.

La vie est injuste. Pourquoi j'ai épuisé mon crédit et pas lui d'abord ? « Et moi je veux un million d’euros ! » Je le regarde, souriant, mais ne bronche pas. « Comme quoi, on ne peut pas tout avoir » Sans vouloir me vanter, si je ne m'étais pas aventuré dans cette aventure "humaine", aujourd'hui, j'aurais très bien pu m'offrir tout ce que je désire. Mais bon, malgré ce que j'ai pu annoncé un peu plus tôt, je suis loin d'être un gamin prétentieux. Je hausse les épaules et regarde l'horizon. « Mais j’avoue que ça serait plutôt cool une femme de ménage. Et une personne pour cuisiner aussi ! » Mon regard s'illumine, je le dévisage un instant, avant de plisser les yeux et le pointer du doigt. « Les grands esprits se rencontrent. » On en revient finalement au sujet de mes vêtements sales. Et, malgré la bonne éducation que j'ai reçu, je lui demande s'il veut bien partager une machine avec moi. S'il refuse, il devra se faire à mes odeurs corporelles. Qu'il n'aille pas se plaindre après. « Ou je peux aussi t’éviter toute la semaine » Je plisse à nouveau les yeux et secoue la tête de haut en bas. « Malin, en plus de cela. » Il ira loin dans la vie, celui-là, je vous le dis. « Non mais je t’aiderais bien en vrai, mais tu tombes mal, j’ai fais une machine hier. Alors je crois qu’il ne te reste plus qu’à retrousser les manches, et laver tes affaires à l’ancienne » Crevard. Radin. Égoïste. L'esprit d'équipe, on ne t'a jamais appris ? « J'en ai bien peur, oui. », dis-je dans un long soupir. La vie est injuste, bis. « Ou alors trouver quelqu’un d’autre… Ou tu te ballades à poil sinon » C'est une option aussi, oui. « C'est pas une mauvaise idée.. » J'arque un sourcil, venant d’intercepter son second message. « Attends, tu veux me voir à poil ? », renchéris-je en reculant brusquement ma tête, presque offusqué par sa déclaration. Plus longtemps mes bijoux de famille seront dissimulés derrière un vêtement, mieux je me porterai. « Bon et sinon, il se passe quoi entre toi et ma partenaire ? Je te préviens je t’ai à l’œil » Il me menace en plus, le bougre. Radin et mauvais. C'est ce que je disais, il ne va pas aller loin celui-là. « Ta partenaire qui est.. » Ma main s'agit comme pour l'aider à cracher le morceau. Si je devais retenir la composition de chaque binôme.. Je connais déjà le mien, c'est déjà pas mal, non ? « Sïana. » Bim, comme un déclic. Forcément, qui d'autre pourrait-elle être ?

« Les grands esprits se rencontrent. » dit il en me pointant du doigt. Bah en même temps qui ne voudrait pas d’une personne pour faire les basses besognes à notre place ? Bon après on trouvait de tout dans ce bas monde, certaines personnes aimaient faire le ménage, la lessive tout ça…Mais ce n’était pas mon cas. Il n y avait qu’à voir mon appartement, une vraie garçonnière…Faut dire que mes coloc’ étaient dans le même genre que moi. En attendant, je ne pouvais pas faire grand-chose pour Joshua. J’avais déjà utilisé ma pièce cette semaine, et je n’allais pas lui laver ses affaires à la main hein qu’on soit clair. Alors il devra se débrouiller tout seul. « Malin, en plus de cela. » déclara t’il lorsque je lui dis que je pouvais aussi l’éviter, ainsi je n’aurais pas à subir sa mauvaise odeur. « C’est ce qu’ils disent tous » Geeeeeenre. Je lui fis ensuite quelques suggestions pour l’aider, comme se mettre à poil, tant pis. C'est pas une mauvaise idée.. Attends, tu veux me voir à poil ? » Wouoh wouoh on se calmait là. « Moi ? Grand dieu non…ou alors le seul intérêt serait de savoir jusqu’où t’es tatoué… » Vous n’étiez pas curieux vous ? Non ? Bref. Je voulus ensuite savoir ce qu’il se tramait entre lui et ma partenaire. Il fit genre comme s’il essayait de se rappeler de ma partenaire. Voyons, qui cela pourrait être ? A moins qu’il n’en pinçait pour plusieurs filles dans ce jeu. « Ta partenaire qui est.. » Petit moment de pseudo réflexion. Le suspens me tuait. « Sïana. » Oui, quel génie ! J’hochai lentement la tête. « En attendant, tu n’as pas répondu à ma question » Parce que bon, merci bien mais je le connaissais déjà le nom de ma partenaire. Son petit stratagème pour éviter ma question ne marcherait pas, non non non.