L'auberge est sans doute l'un des endroits où je passe le plus de temps depuis que je suis ici. Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime cet endroit, et je m'y sens plutôt bien. Alors c'est tout naturellement qu'aujourd'hui, j'y vais et je m'attarde sur la décoration, le mobilier et j'arrive finalement à trouver l'entrée d'une sorte de souterrain... une cave, peut-être. Et je dois avouer que j'hésite un peu avant de m'enfoncer dans la pénombre qui habite les profondeurs du village. Je souffle et finis par descendre les marches raides pour finalement arriver en bas et me demander si je dois revenir sur mes pas ou tenter de trouver de quoi éclairer. Je cherche un interrupteur, que je finis par trouver sur l'un des murs de la cave. Aussitôt, l’ampoule dénudée accrochée à même le plafond s'allume et émet une lueur forte qui fait mal à mes pupilles habituées à l'obscurité pendant quelques courtes minutes. Je comprends maintenant ce que Jared a pu vivre lors des deux fois où il a dû enlever son bandeau. Sauf que lui, ça devait être bien pire... Pauvre Jared. Mes yeux s'attardent sur tout ce qui compose cette pièce. Il y fait frais et je dois avouer que cette fraicheur combinée à l’inquiétude de se trouver ici et toute seule (digne d'un film d'horreur) me donne la chair de poule. J'avance, fais quelques pas, histoire de découvrir un peu l'endroit. Je m'approche du buffet grillagé, tente de lire les noms inscrits sur les étiquettes que je ne comprends bien sûr pas car le français est une langue tout à fait inconnue pour moi. En somme, je ne peux lire que les dates, et savoir que ce sont des bouteilles de vin. Autrement dit : ça n'a pas grand intérêt, mais je m'y intéresse quand même.

Je suis captivée par les dates sur les bouteilles, c'est vrai, c'est fascinant. Je vois les étiquettes jaunies par le temps et l'humidité, les bouteilles pleines de poussière et... je sais pas, c'est plutôt cool nan ? « Bonsoir ! » Je sursaute, une main sur le cœur. Les gens dans Fake Lover aiment bien me faire peur, ça se voit. Entre Jared au cimetière, lors de notre première rencontrer et... Wade, je crois, je suis servie. C'est rien de le dire. Je me suis retournée, et je suis maintenant face à Wade et dos au meuble, sur lequel mes doigts se sont crispés. « T’inquiètes, je ne suis pas venu pour te tuer. J’ai déjà réservé ce sort pour une autre personne, soit tranquille. » Je souris, avant de demander. « Et tu réserves ce sort à qui, au juste ? » Comme s'il allait me le dire, si ça avait été vrai. C'est digne d'un mauvais film, lorsque le méchant fou-furieux arrive révèle à un prisonnier son plan diabolique, qui est ensuite contre-carré par le prisonnier en question. Bref, je divague. De toute façon, je ne suis pas sûre de pouvoir l'en empêcher. J'ai pas tellement le même tempérament que les héros de films d'action. « T’es une amatrice de vin ? » Hum... Le moins qu'on puisse dire c'est... non. « Pour être honnête, je crois que j'en ai bu deux fois dans ma vie. » Et pas de grands crus, c'est clair et net. « En fait, je bois vraiment jamais d'alcool... » Je suis une petite fille sage, en définitive. « Et toi ? Grand habitué ? T'es pas... hum... » C'est dans ces moments là que j'ai l'impression d'être à la fois débile et ridicule. Je ne sais plus comment on dit ce mot en anglais, c'est une horreur. « Viticulteur ! Ou euh... Œnologue ? » C'est quand même la classe, ces métiers... Surtout œnologue, je trouve.