Annoncer à Malik que je partais était évident, obligatoire, tout autant très compliqué à se l'admettre. S'il y avait bien une personne que je ne voulais pas quitter ici, c'était bien lui oui. Pourtant je ne comptais pas partir à pas de loup, comme une voleuse, sans au revoir, ni bisou, ni câlin. Ca risquait d'être larmoyant, mais quand est-ce que nous ne l'avons pas été, lui et moi, vraiment ? J'essayais pourtant de ne pas me mettre à pleurer immédiatement. Je suis sensible, c'est pas de ma faute... Et Malik est mon plus proche ami ici. Malgré tout les chemins par lesquels nous étions passés. Avec grande appréhension, j'avançais dans le froid, manteau sur les épaules, vers l'endroit que l'on m'avait indiqué. Apparemment, il avait été vu en compagnie de quelqu'un, se dirigeant vers le bistrot. Apprêtée de ma légendaire salopette, je m'étais tirée les cheveux en une coiffure, pour la dernière fois, devant les caméras. Mes bouclettes ne se feront plus voir ici, c'est terminé. Même rien que ça, ça me faisait de la peine... Mais il fallait bien partir un jour... Je me rapprochais du lieu dit et, entendait, la voix de Malik traverser la porte entrouverte. « Je sais pas comment je vais pouvoir tenir sans vous les deux semaines restantes. Ça parait rien mais en ce moment, j'ai besoin de compagnie comme la votre. Mais je tiens pas à te faire culpabiliser hein, je... enfin, voilà sache juste que ça me fait quelque chose de savoir que vous allez tous deux quitter le nid. » J'écoutais Malik parler, en restant en retrait. Je penchais un peu ma tête, mais je savais qu'il s'agissait de Wade et qu'il venait donc de lui annoncer notre départ. Je savais que ce serait dur, mais pas comme ça. Voir pleurer Malik me peinait, tellement, mais tellement. À m'en faire pleurer également et encore, je n'étais pas face à lui. Je sentais une larme couler sur ma joue, que j'effaçais rapidement du dos de ma main. « Vous partez quand au juste, vous n'attendez pas la fin de la semaine ? Vos valises sont prêtes ? » Je fermais un instant les yeux, prenant une inspiration. Je triturais mes doigts de stress. « On part aujourd'hui... Ce soir » Me permettais-je de répondre, en entrant doucement dans le bistrot, une boule dans la gorge. Bah oui, c'était dur de lui annoncer ça, même si la décision me revenait en partie. Quitter Malik, même si ce n'est que pour une période indéterminée, c'était dur. On allait se revoir, évidemment, mais tout de même. J'avançais un peu plus, faisant un petite moue triste. « Ma valise est prête oui... » Je ne savais pas pour Wade. J'avais déjà sur mon dos, comme depuis le début de cette journée, mon petit sac à dos avec Kiki dedans. Je baissais la tête, arrivant aux côtés de Wade, face à Malik, que je ne pouvais regarder dans les yeux. J'étais bien trop gênée pour ça et en même temps, si je le regardais... Je risquais de fondre dans ses bras et ne plus pouvoir m'en séparer. « Et... je ne pourrai donc pas compter sur votre présence au prime de dimanche, hm ? » Je regardais Wade un instant, avant de porter mon attention sur l'égyptien, secouant la tête de droite à gauche. Nous ne serions pas là, mais il savait, je l'espérais, que je serais toujours derrière lui. Si pas par ma présence, par la pensée. En créant un fan club officiel s'il le fallait. « Non » Ma voix était basse, se brisant sur la fin. De nouveau je plantais mes yeux sur Wade. Si je ne pouvais pas quitter Malik facilement, je ne pouvais absolument pas laisser filer Wade. Lui a de bonnes raisons de partir ; la mienne était simplement que je ne pouvais pas le voir s'éloigner de moi, sans avoir mon petit cœur brisé. « J'suis désolée Malik mais... J'aimerais beaucoup rester, mais je ne pourrais pas. C'est nul comme justification, je sais... » Tout mon corps frissonna. Ouai c'était nul et pas la vraie en plus. Il me fallait le lui dire. Je me sentais obligé de déballer, alors qu'il n'avait rien demandé, le pourquoi du comment. Je me mordillais ; mon corps frissonnait une deuxième fois. Je pris une grande inspiration. J'ouvrais finalement la bouche. « En fait j'ai, hm... J'ai décidé... De... De m'faire soigner... » Il savait de quoi, évidemment... Et c'était en partie grâce à lui que cette envie avait germé en moi. Oui, depuis ce jour où il m'avait trouvé dans le cinéma. Je m'étais voilé la face, mais ce manque constant depuis quelque jour, m'était tout de même insupportable et l’enfermement n'aidant pas. Finalement, c'était bien mieux ainsi, mon élimination.