Atteindre la finale n'avait jamais été l'un des objectifs initiaux de Raphaël. Autant le suisse s'était donné pour mission personnelle de guérir d'un maximum de ses troubles, de s'épanouir et de se sociabiliser, autant il est vrai qu'il n'avait jamais tellement réfléchi à la finale, au fait de perdurer suffisamment au sein de l'aventure pour en faire partie. C'était quelque chose de tout à fait étonnant, dans la mesure où si vous lui aviez demandé, en début d'aventure, combien de temps il se voyait rester au sein de celle-ci, il eut été probable que le jeune homme vous fasse savoir qu'il s'y voyait durer relativement peu de temps, deux semaines grand maximum. Et bien oui, il n'avait jamais eu le profil type du candidat de télé-réalité. Il n'avait jamais cherché à se faire remarquer, à être populaire - que ce soit à l'intérieur ou bien à l'extérieur du jeu - et ne s'était pas franchement foulé lors de la chasse aux secrets. Autant dire qu'il ne se trouvait pas suffisamment méritant pour cette finale, mais qu'il acceptait sa place bien volontiers, tout de même honoré d'avoir été porté jusqu'ici, ce qui lui donnait ce sentiment satisfaisant d'être apprécié pour ce qu'il était, malgré sa claire imperfection, malgré le fait qu'il n'ait jamais eu quoi que ce soit à vendre au public pour se faire apprécier de celui-ci. Peut être alors que son naturel l'avait plutôt bien servi et l'avait mené jusqu'ici. Bien sûr, il se doutait fortement de réunir un nombre de votes nettement limité maintenant qu'il était arrivé en finale, mais ça n'en était pas moins une fierté évidente, un honneur certain. Quoi qu'il en soit, ce qu'il y avait d'encore plus appréciable dans ladite finale, c'était assurément le fait qu'il la partage avec trois personnes qui lui étaient chères, trois candidats de qui il avait toujours été proche au sein de cette aventure : Candace, son adorable partenaire, qui l'avait grandement soutenu et à qui il aurai décidément été lié du début à la fin, mais aussi Malik, candidat au grand cœur, qui ne l'avait jamais jugé et qui s'était toujours montré avenant avec lui, et enfin Arès, son grand frère de cœur, l'un des êtres les plus formidables qu'il ait rencontré, un jeune homme touchant et formidable. Et justement, c'est sur ce dernier que tomba Raphaël, lorsque le suisse jugea bon de se balader du coté du ruisseau. Arrivant à sa hauteur, il déposa sa main sur l'épaule de son ami, qu'il observa silencieusement et avec beaucoup d'affection. Finalement, il se mit à sourire largement, brisant bientôt le silence qui les environnait. « J'ai toujours eu beaucoup de mal à supporter Madonna » lâcha-t-il alors, délibérément, peut être un peu trop spontanément. « Elle est tellement vulgaire. » Ouais, mais ça, c'était peut être très moyen. Car bientot, il se sentit infiniment confus, conscient d'avoir peut être un peu merdé, en croyant bien faire. « Excuse-moi, c'était probablement ... très maladroit. » Car en voulant dédramatiser le secret d'Arès, lui prouver que ça ne changeait rien à la façon dont il le voyait, il l'avait probablement embarrassé. Et pour cela, il s'en voulait. « Je ... je suis certain qu'Elliot, que ton frère ... qu'ils sont tous très fiers de toi. Moi même je le suis. Fier de toi, d'avoir fait ta connaissance, d'avoir droit à ton amitié et d'avoir atteint cette finale avec toi. Tu ne peux pas savoir combien j'aurais aimé te rencontrer dix ans plus tôt, combien ça m'aurait permis d'être plus heureux. Tu ne peux pas savoir combien je tiens à toi, Arès. » Et de par ces mots, il espérait lui faire comprendre qu'il était clairement devenu, en l'espace de quelques semaines, son meilleur ami.