Quand j'étais petite je voulais être patineuse artistique parce que je disais toujours que je voulais m'envoler dans les airs. Je voulais toucher les étoiles. Et puis lorsque j'ai grandi je me suis rendu compte que ce qui me plaisait le plus dans le patinage c'était les chorégraphies, la danse en somme. Le patin c'est de la danse sur la glace. De la danse sur glace. Easy. Je n'ai pas patiné depuis une éternité, et quand je dis patiné, je parle de patiner, réellement pas sur la patinoire bondée de Central Park avec mon petit Ethan, non lorsque je danse, que je me prends pour une championne dans ma tête. Je n'arrive pas à trouver le sommeil, Myles me fait flipper mais il ne le saura jamais. Alors au lieu de rester dans un lit trop petit avec un partenaire trop grand, et trop imposant, je pars à l'aventure. Je traverse le jardin enneigé tout en me maudissant d'être sortie par se temps. J'arrive à la patinoire par je ne sais quel miracle parce qu'autant dire qu'on y voit pas à deux mètres. Elle est vide, oh que c'est étrange à cette heure. Je chausse les patins, enfile mes caches-oreilles en moumoute rose bonbon pour le style, comme à Central Park. Mes gants et me voilà partie sur la glace. Bon ça va, je me laisse glisser, ma trajectoire est bonne. Je vais de plus en plus vite je tourne et tourne et tourne encore. Je ne suis pas tombée, je pense que c'est bon signe. Je prends le risque de tenter de lever la jambe en douceur, je tiens mon équilibre. Je vrille sur moi même. Là encore ça va. Je fais quelques figures de débutes, je danse avec légèreté sur la glace. Le truc bien avec la glace c'est cette légèreté qu'on n'a pas dans la danse. Je me penche, le poids du corps sur l'avant mes bras tendu, une jambe en l'air. Je me mets à rire parce qu'elle me fait penser à cette fameuse scène dans Titanic. « Jack, je vole... » Je ris aux éclats, et à ce moment là que je vois une forme. Un mec je crois, je retrouve ma posture initiale, ralenti et fonce vers lui. Un des vieux qu'on était content de voir lors de notre arrivée. Je m'arrête de façon maîtrisé telle une pro que je ne suis pas. « Oh t'as déjà dit que tu ressemblais à ce type dans... » Je me stoppe brusquement, j'allais dire Titanic, ouais n'importe quoi. L'heure me fait divaguer. Je lui souris. « Non laisse tomber. Tu cherches quelqu'un peut être ? » Il est deux heures du matin mais ce n'est qu'un détail. Il a de ces yeux, à tomber.

J'arrive pas à dormir, j'ai tête embué de pensées sordides, je tourne, je vire. Je vais sans doute réveiller ma charmante partenaire. Sauf que non puisque je remarque qu'elle n'est pas là. Soit je l'ai fait fuir à force de remuer à ce point soit elle n'est pas encore venue dormir. Et quelque part ça me trouble. Je me lève puisque de toute façon, je ne parviendrais pas à trouver le sommeil de ci-tôt. J'ai une trique énorme, et merde ! J'enfile un jeans même si ça n'arrivera pas à camoufler mon petit problème de canalisation. Un pull directement sur mon torse des chaussures et me voilà dehors. Il a neigé, merde. Je crois que je vais congeler sur place. Je m'allume une clope histoire de dire ne pas être sorti pour rien quoi. Je fume tout en trottinant dans le jardin, j'ai de la neige plein les pompes. Ma partenaire doit sans doute être entrain de patiner, normal pour une patineuse pro me direz-vous. Je jette ma clope à peine entamé sur le sol. Je pousse la porte de la patinoire. J'entre, y'a une fille sur des patins, une fille plutôt à l'aise. J'en conclus donc que c'est elle. « Ah t'es là... » Je grelotte. La fille pivote et une chevelure brune mais pas celle à laquelle je m'attendais. « Ah non c'est pas toi. » J'annonce en me postant sur la rambarde lorsque celle-ci s'approche du bord. Elle est carrément canon, bien roulée. Et putain ce qu'elle est canon. J'en aurais presque la bave au coin des lèvres. D'ailleurs je vérifie l'état de mon entre-jambe. Mouais, heureusement qu'il y a la paroi. Je lève les yeux au ciel face à sa remarque même si au fond ça me fait marrer. « Titanic ? Pourquoi il t'excite ? » Bonsoir, je m'appelle Cameron et je suis en manque tu baises ? Mon dieu, je me filerais des baffes à moi même parfois. Qu'est-ce que je fais là ? « Je chercher ma partenaire, brune, chiante, jeune, patineuse. Brynquelquechose. Ça te dit quelque chose ? » Son prénom m'échappe, mon dieu, un jour j'arriverais à me rappeler son prénom. C'est la honte.

Pourquoi est-ce que j'entends parler ? Je m'arrête de patiner et c'est à ce moment là que j'aperçois la silhouette d'un homme à qui je n'ai jamais adressé la parole. Enfin ça ne me revient pas tout du moins. Je n'aurais pas pu l'oublier je pense. Je m'avance près du bord de la patinoire parce qu'il parle et que je n'entends pas, le bruit des patins qui claquent contre la glace. Il me reluque tel un pervers. Je lève les yeux au ciel, non mais je rêve. « Ferme la bouche, tu baves !» Je réplique sans la moindre émotion sur le visage, j'ai l'habitude de ce genre de regard sans vouloir passer pour la prétentieuse de service. De toute façon, il me fait un petit manège qui a tendance à me repousser plus qu'à me faire craquer. « Lui peut être bien, toi par contre... » Je me mords l'intérieur de la joue pour m'empêcher de rire, parce que bon dieu qu'il est drôle, non vraiment. Je lui demande ce qui l'amène ici, à deux heures passées du matin, parce que c'est surprenant. D'autant que sa tenue est particulièrement légère. Il a conscience qu'il neige ? Je vois la peau de son torse au travers son pull très fin. Il me parle de sa partenaire. « Brynquelquechose, c'est charmant. » Je soupire, mon dieu je connais ce type depuis quoi, deux secondes et déjà j'ai envie de lui filer des baffes. « Mais non je ne l'ai pas vu. Enfin si tu veux mon avis, elle doit t'éviter, y'a qu'à voir la façon dont tu la décris pour te faire une idée. » Il est drôle. néanmoins, il est a baffé mais me fait sourire, l'un n'empêche pas l'autre d'ailleurs. Je l'observe un instant puis fait volte face. « Bon Machin, tu viens patiner ? » J'incline la tête en sa direction, souriant malicieusement avant de m'élancer à nouveau sur la glace.

« Ferme la bouche, tu baves !» Quoi ? Je porte ma main à ma bouche dans un réflexe. Rien, sans blague. Je souris, un peu trop largement. « Quelle petite rigolote. » C'est drôle mais elle m'excite plus encore, il ne m'en faut pas beaucoup vu mon état qui n'a pas vraiment lieu d'être mais soit, je suis au bord de l'implosion, manquerait plus qu'elle le remarque. Quant à sa remarque suivante, je me marre. Non mais sérieusement, c'est le genre de répliques typique auxquelles j'ai toujours droit. « C'est ce qu'elles disent toutes pourtant elles en redemandent toujours... » Je passe ma main dans mes cheveux avec une assurance inébranlable. D'autant qu'elle se met à rire, ça a tendance à m'amuser particulièrement, plus encore que je ne l'aurais imaginé. « Brynquelquechose, c'est charmant. » « J'parle pas l'islandais moi madame. Elle aurait pu s'appeler Rachel, Johanna, Evelyn ce serait plus simple. Tiens d'ailleurs, je l'ai baptisé Siobhan dans ma tête, elle a une tête à s'appeler Siobhan. » Elle s'en tape sans doute mais j'éprouve le besoin de le lui dire. L'inconnue semble s'être faite une idée préconçue de ma petite personne, ils le font tous alors à vrai dire, je m'en tape aussi.« Mais non je ne l'ai pas vu. Enfin si tu veux mon avis, elle doit t'éviter, y'a qu'à voir la façon dont tu la décris pour te faire une idée. » Je ris, non vraiment, quelle rigolote, je réitère. « Tu te fourvoies belle inconnue, je l'adore ma partenaire, elle ne le sait sans doute pas encore. » Je ne mens pas totalement en faisant cet aveux parce que mine de rien, je l'aime bien cette Brynja. Oh tiens son prénom me revient finalement. La brunette s'éloigne. Elle reprend son activité, puis elle tourne la tête. « Bon Machin, tu viens patiner ? » Ce n'était pas vraiment prévue, ce n'était pas du tout dans mes plans à l'origine, de plus, je n'ai pas la bonne tenue, je vais avoir froid. « Cameron. » Bon allez, soyons fou. « Attends moi, j'arrive. » Je ne suis pas très à l'aise sur les patins mais le ridicule ne tue pas. Je pars chercher une paire de patin, les enfile et rentre sur la glace avant ça, je retire mon pull et le jette sur le sol. De la folie, je vais choper une pneumonie. Je m'élance pas vraiment sûr de moi. « Viens me chercher Tomb Raider... »