Nombreuses étaient les choses qui insupportaient Mado. Il y avait entre autre le mensonge, la triche, la fainéantise, la passivité ... Mais l'une des choses qui l'horripilaient finalement le plus, c'était assurément de perdre. Disons qu'ayant très tôt été initiée au sport et à divers activités où elle s'était toujours employée à être la meilleure possible - ou la meilleure tout court - Mado n'envisageait que rarement une défaite. Et cela n'arrivait heureusement pas souvent. Mais voilà que dimanche soir, alors qu'elle avait eu le sentiment de s'être battue, d'avoir fait son maximum pour permettre à l'équipe Alix de remporter bon nombre de points, celle-ci avait terminé dernière. Dernière, bon sang. Elle ne s'en remettait pas, tout simplement parce qu'elle estimait que la faute ne venait pas d'elle, qu'elle avait rempli sa part du contrat. Plus d'une fois elle avait fait preuve de rapidité pour grappiller des points. Mais ses efforts n'avaient été que trop peu suivis par les membres de son équipe, d'autant plus que l'abandon de Neila n'avait rien arrangé. Alors oui, cette défaite lui laissait un goût amer. Elle s'était donnée à fond pour rien. Mais le pire, ça n'était finalement pas d'avoir perdu en soi, mais d'avoir perdu à cause de l'inefficacité globale du reste des membres de l'équipe Alix. A peu de choses près, elle avait été la seule à en défendre les couleurs. Pas étonnant, après ça, que les résultats soient calamiteux. Ayant décidément du mal à se remettre d'une telle désillusion, Mado tâchait pour autant de relativiser. Au final, personne de son équipe n'avait été nominé. Mais à ce propos, certaines interrogations planaient à ce jour dans son esprit. Parce qu'une compétitrice comme elle avait eu un peu de mal à saisir le raisonnement de l'équipe qui avait décidé du sort de certains de leur camarades. Et justement, tandis qu'elle sortit de la douche, après y avoir passé quelques minutes, et tandis qu'elle noua une serviette autour de son corps - elle se douchait en maillot de bain, pourtant - la brune tomba sur Myles, qui se trouvait quant à lui devant l'un des miroirs. L'y rejoignant, puis commençant à démêler ses cheveux, elle ne put rester muette bien longtemps. « Il y a une chose qui m'échappe » avoua-t-elle alors, portant son regard sur son camarade, intriguée. « Pourquoi ne pas nous avoir prénominés, dimanche soir ? Nous étions les moins efficaces, les moins méritants, c'aurait été plus juste. » Mais puisque Cupidon était du genre à récompenser n'importe qui, elle supposait que l'idée de "justice" devait également échapper à certains candidats. « Non pas que j'aurais préféré être mise en danger, mais je l'aurais compris en tout cas. Car là, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça peu fair-play. Mais peut être avez-vous fait passer certaines raisons personnelles avant le jeu, ce qui serait d'autant plus déloyal au passage ... » Elle, une donneuse de leçons ? Oh non, elle n'oserait jamais.

Pour la première fois de la semaine, j’avais réussi à passer une bonne nuit. Le sommeil était venu rapidement à moi, Everleigh ne m’avait pas emmerdée en gigotant dans tous les sens ou en me réveillant… J’avais pu dormir 8h d’affilée. J’en avais bien besoin après ces moitiés de nuit. Mon corps avait pu se reposer. Evidemment, une fois levé, le premier lieu où je me rendis fut la salle de bain, pour prendre une douche. Une fois propre, directement la cuisine pour le petit déjeuner. Je revins dans la salle d’eau dans le but de me laver les dents, lorsque Mado, encore toute dégoulinante dans sa serviette, m’apostropha. « Il y a une chose qui m'échappe » Ah. Moi ce qui m’échappait complet c’était bien ce qu’elle pouvait me vouloir. « Pourquoi ne pas nous avoir prénominés, dimanche soir ? Nous étions les moins efficaces, les moins méritants, c'aurait été plus juste. » C’était donc ça qui la tracassait ? Vraiment ? A l’évidence elle se posait trop de questions la petite. En plus je trouvais ça question quelque peu bizarre. Elle était sauvée de la nomination cette semaine non ? Alors pourquoi venir m’emmerder à ce propos ? A la limite que ça vienne de l’équipe d’Esther d’accord, mais d’elle ? « Non pas que j'aurais préféré être mise en danger, mais je l'aurais compris en tout cas. Car là, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça peu fair-play. Mais peut être avez-vous fait passer certaines raisons personnelles avant le jeu, ce qui serait d'autant plus déloyal au passage ... » Peu fair-play ? Elle allait sérieusement nous reprocher notre choix ? Pour le coup j’étais plus que perplexe. « Peu fair-play ? C’est juste le jeu. Il y avait un choix à faire, on l’a fait. » Aussi simplement que ça. « Et puis prendre l’équipe qui a le moins de points, tu ne trouves pas ça trop facile ? » On n’avait pas à se mouiller, hop on prenait juste soit disant l’équipe la moins méritante. « Du reste, tu parles que les choses auraient été plus justes. Vraiment ? Toute cette histoire de team n’était pas équitable à la base. Après tout, pourquoi ne pas désigner l’équipe Neve aussi ? Ils étaient les plus nombreux, et ils n’ont même pas été capables de l’emporter. » 8 contre 5, et on les avait pourtant battu. On avait su surmonter notre handicap numérique. « Dans chaque équipe il y avait des gens méritants, et d’autres moins. » Pas spécifiquement que dans la sienne. « Puis franchement, nominer quelqu’un parce qu’il n’a pas envie de se rabaisser à embrasser la moitié du nid, tu trouves ça plus juste toi ? » Alors que nous, on avait obéit comme des cons, juste pour remporter ce défi merdique. « J’ai répondu à ta question ? » Regardez comme j’étais gentil à lui répondre, quand en plus, je ne lui devais pas la moindre explication. Bien parce que j'étais de bonne humeur.

Mado s'improvisait ici Dame Justice, oui, parfaitement. Et elle assumait, hein, qu'on se le dise. Parce qu'elle estimait que certains faits survenus lors du prime avaient de quoi laisser perplexe, ou en tout cas, la laisser perplexe elle. Car après que Cupidon ait cru malin de faire remporter des points à ceux qui s'étaient moins démenés que les autres lors du défi commun - oui, ça lui restait décidément en travers de la gorge, ce petit épisode - voilà qu'il y eut cette drôle de décision de la part de Myles et de son équipe. Parce que franchement, non, elle n'avait pas tout à fait saisi leur raisonnement. Pourquoi ne pas prénominer ceux qui avaient fait le score le plus faible ? Qu'il ait s'agit de son équipe ou non, Mado s'en fichait, elle parlait ici simplement d'équité, de logique aussi. Parce qu'elle était bien la première à admettre qu'ayant joué comme des brancs, ses coéquipiers et elle auraient du se retrouver prénominés. Sauf que non, les maitres de la soirée en avaient décidé autrement, et c'était cela qu'elle ne comprenait pas tellement, disons. En même temps, leur petit débat avait eu l'air un poil scolaire, très brouillon en somme. Pas facile, il est vrai, de prendre une décision loyale dans ces conditions, hm. « Je ne te parle pas de facilité, je te parle de justice. Le but n'était pas de surprendre l'assistance avec un rebondissement incroyable, que je sache. Il aurait simplement été logique de prénominer les moins méritants, du moins, c'aurait été plus sportif. » Et c'était comme ça dans n'importe quelle compétition. Les perdants étaient les moins efficaces, et aucune clémence ne leur été accordée. Et il n'était ici même pas question de stratégie, mais d'un peu de bon sens. Remarquez, de ce que Mado avait eu l'occasion d'observer en deux semaines de jeu, ça n'était pas vraiment ce qui courait les rues, hm. « L'important, ça n'est pas le handicap avec lequel chaque équipe a pu partir, mais le résultat final. Je suis la première à admettre que tout le monde n'a pas été mis sur un pied d'égalité. » Par exemple, c'est en direct qu'elle avait appris l'abandon de Neila, et donc qu'elle avait réalisé qu'une membre de l'équipe Alix n'en serait plus. Clairement, ces abandons les mettaient tous dans la merde. « Je suis d'accord avec toi. Pour être tombée dans une équipes de gros nases, je ne peux que te donner raison, oui. » Elle, rageuse ? Un tantinet, oui. Rancunière, aussi. Elle avait eu honte de l'équipe Alix, et ça n'était pas normal. Perdre non plus n'était pas normal, en soi. Hm. « Par rapport au défi, c'est vrai qu'il était à chier. Mais c'est le jeu, il fallait s'y plier pour espérer remporter des points. Comme beaucoup, je ne l'ai pas fait de bon cœur. Mais je préfère mille fois risquer de choper des aphtes en embrassant une partie du nid, que rester le cul posé sur un fauteuil à attendre que ça se passe. Perdre, c'est nul. Mais c'est toujours mieux que de ne pas jouer. Alors oui, j'estime juste que ceux qui ne font aucun effort soient sanctionnés. Pour ce défi comme pour n'importe quel autre. » Peut être essayait-elle d'avoir le dernier mot. Oh, ça lui ressemblerait bien, oui. Est-ce qu'il avait répondu à sa question, demandait-il ? Hm, difficile à dire tout de même. « Si je dis non, tu vas tout reprendre ? Ou tu vas m'envoyer me faire foutre ? » Attendez, hm, elle pariait étrangement sur la seconde possibilité. Allez savoir pourquoi.

Mes arguments ne semblèrent pas avoir fait mouche. Mado continua sur le fait que ce n’était pas juste. Que les moins méritants auraient dû être nominés, que cela aurait été plus « sportif » ? Sportif ? On était bien dans Fake Lover là non ? Une émission de téléréalité ? A l’écouter on n’avait pas tellement l’impression. « L'important, ça n'est pas le handicap avec lequel chaque équipe a pu partir, mais le résultat final. Je suis la première à admettre que tout le monde n'a pas été mis sur un pied d'égalité. » Je croyais que c’était le mérite le plus important ? Cette fille se contredisait toute seule. Par exemple il y avait beaucoup plus de mérite à gagner à 5 comme on l’avait fait qu’à 8. Mais bon laissons là, il fallait juste qu’elle me contredise. Elle était partie dans son truc, elle y restait. Au moins s’accorda t’elle à dire qu’il y avait des gros nases dans les équipes, bien. Malheureusement elle n’avait pas fini, mais j’eus encore le droit à un petit lais moralisateur comme quoi les perdants auraient du être sanctionnés, comme il se devait. Dans ce cas qu’elle en veuille à Cupidon, pas moi. « Si je dis non, tu vas tout reprendre ? Ou tu vas m'envoyer me faire foutre ? » La réponse semblait évidente non ? « Deuxième solution. » lui dis je dans un sourire hypocrite. « Je ne comprends même pas pourquoi on est encore en train de parler de ce jeu à la con. Aucun intérêt. Ce qui est fait, est fait, à quoi bon revenir dessus ? » Du reste, je n’étais pas le seul à avoir prit la décision, qu’elle aille faire chier les autres filles de mon équipe, non ? « Un paquet de choses ne seront pas juste dans ce jeu, faut que tu t’y fasses. On est à Fake Lover, pas dans le monde des bisounours. » On aurait pu croire qu’elle l’avait comprit pourtant. « Puis arrête ton char, t’es bien contente de ne pas risquer d’être nominée aux côtés de ton grand pote Fitz. » Qu’elle ne vienne pas me faire croire qu’elle aurait préféré que je les prénomine. C’était bien beau toutes ses paroles, mais elle avait probablement été soulagée que ça ne tombe pas sur elle hein. Ni sur son frère d’ailleurs. Donc elle ferait mieux de me remercier au lieu de m’accabler de reproches qui n’avaient ni queues ni têtes.

Mado aimait avoir le dernier mot. Oui, c'était bien vrai. Et ici, c'était même relativement flagrant. Parce qu'elle avait toujours un peu de mal à comprendre le raisonnement qui était celui de son camarade. Elle n'avait en soi déjà pas compris la décision de son équipe, lors du prime, mais elle ne saisissait pas davantage ses explications. Disons en tout cas qu'elle les trouvait un tantinet tirées par les cheveux. Autant ne pas chercher midi à quatorze heures, Mado insinuait quant à elle simplement que du point de vue des résultats, il aurait été plus juste que son équipe se retrouve prénominée. Et on ne pourrait pas l'accuser de mauvaise foi ou d'être une mauvaise perdante, dans la mesure où elle n'hésitait ici pas à insinuer que sa propre équipe aurait mérité la prénomonation. Parce qu'ayant été particulièrement déçue par la façon dont les chose s'étaient passées au sein de la team Alix, elle ne saurait se résoudre à les défendre, à leur trouver la moindre excuse. Inévitablement, elle s'incluait dans les responsables de cet échec, puisque c'était un travail de groupe avant tout. Pour autant, elle garderait à l'esprit qu'au moins, elle, elle avait fait des efforts en jouant le jeu, ce qui n'avait franchement pas été le cas de tout le monde. En tout cas, Myles l'envoya sarcastiquement se faire foutre, ce qui ne manqua pas de la faire sourire. Là, elle avait un tantinet tendance à penser qu'elle l'emmerdait. Et devinez quoi ... elle s'en carrait éperdument. « Quand un détail me chagrine, je finis par ne plus voir que ça. » C'était aussi vrai pour cette histoire de prénomination que pour n'importe quoi d'autre, oui. Elle était une obsessionnelle qui s'assume, tout simplement. Donc non, elle n'avait pas fini de lui en parler. Pas encore, du moins. Quant à la référence aux Bisounours, disons qu'elle la laissa perplexe. « Je réclame une certaine justice, absolument pas une utopie. » Elle savait que rien ne serait jamais parfaitement équitable, ni ici ni ailleurs, mais elle aimait croire qu'on pouvait tout de même essayer de jouer le plus justement possible. Le jeu était peut être basé sur certaines manipulations, elle préférerait quand même qu'on n'en perde pas de vue l'équité qui était tout de même censée y régir, du moins d'après elle. La suite la fit toutefois sourciller un tantinet. Il ne savait rien d'elle, clairement. « S'il y a bien une chose que je ne crains pas ici, c'est la nomination. » Pas parce qu'elle pensait avoir du soutien à l'extérieur - lol ? - mais parce qu'elle ne verrait absolument aucun inconvénient à risquer sa place. Cela faisait partie du jeu et elle l'accepterait. « Tu m'as l'air d'être un petit joueur. Il ne manquerait plus que tu sois aussi libidineux que ta partenaire, hm ... » Parce que ce serait alors le profil type du candidat exaspérant à ses yeux : le mec dévergondé au possible et peu disposé à jouer "correctement". Oh et elle n'avait rien contre Everleigh. Disons qu'elles n'avaient simplement pas les mêmes valeurs.

« Quand un détail me chagrine, je finis par ne plus voir que ça. » A l’évidence oui. Quand tout le monde en avait rien à faire, même l’équipe prénominée. Donc là elle était juste relou à se poser trop de questions. « A mon plus grand bonheur » dis je ironiquement. C’était moi le petit chanceux qui héritait de son obsession. Quand elle aurait pu aller poser ses interrogations à un autre membre de mon équipe. Dire que j’étais venu simplement pour me brosser les dents. Pas me retrouver à un procès ou je devais expliquer mes choix. Choix que je n’avais d’ailleurs pas expliqué dans le fond. Pourquoi l’équipe d’Esther plus qu’une autre ? J’avais juste parlé pour lui prouver que ses arguments étaient bidons, et qu’on fait ce qu’on veut, et puis c’est tout. « Je réclame une certaine justice, absolument pas une utopie. » Justice, justice, elle n’avait que ce mot à la bouche. Se rendait elle compte à quel point tout ceci était ridicule ? On parlait juste d’un jeu en équipe à la con. A l’écouter c’était un truc super important, et une terrible injustice avait été commise. « Et bien va te plaindre à ceux qui font les règles du jeu » Au lieu de m’accuser de jouer le jeu, justement. On avait une récompense, autant s’en servir. Sinon à quoi bon en donner une pour le gagnant hm ? « S'il y a bien une chose que je ne crains pas ici, c'est la nomination. » Comme c’était beau. « Dans ce cas, tu n’avais qu’a faire entendre ta voix, pour qu’on vous désigne » Parler après coup je trouvais ça trop facile, elle n’avait qu’à se manifester lors du prime. « Tu m'as l'air d'être un petit joueur. Il ne manquerait plus que tu sois aussi libidineux que ta partenaire, hm ... » Roulement d’yeux en entendant ça. Petit joueur parce que j’avais décidé de nominer l’équipe d’Esther au lieu de celle que mademoiselle voulait ? Hm elle avait capté que je n’étais pas censé faire ce dont elle désirait ? « J’y peux rien si tu ne supportes pas la défaite. »

Comment ça, Mado était casse-pieds ? Comment ça, elle était rabat-joie ? N'importe quoi, Mado n'était absolument rien de tout ça. Hm. D'accord, disons qu'elle pouvait faire d'un détail une idée-fixe lorsqu'il la chagrinait suffisamment pour que cela devienne une véritablement obsession. Roh mais elle n'avait pas pour autant l'impression d'importuner son camarade. Non, elle pariait même en secret sur le fait que ce dernier soit au contraire particulièrement ravi d'être à ses cotés à cet instant précis, et d'autant plus de partager une telle conversation avec elle. Non vraiment, elle savait qu'il avait conscience de la chance qui était la sienne, et quelque part, ça la rassurait. Parfaitement. Bon okay, elle était peut être un peu chiante sur les bords, mais que voulez-vous, elle était déterminée à avoir le dernier mot. Et puis bon, ça l'amusait assez de l'emmerder avec cette histoire de décision qu'elle trouverait décidément toujours le moyen de contester. Il faut dire que ça allait selon elle à l'encontre des principes de tout bon joueur, hm. Après, libre à chacun de jouer comme il en avait envie, naturellement, mais il est vrai qu'elle partait perpétuellement du principe que sa façon de jouer était en soi la meilleure et que donc, idiot était celui qui agissait différemment. Myles semblait malgré tout ravi d'être sujet à sa persévérance, ce qui était tout à fait compréhensible. Quoi, il était ironique ? Ah oui ? Hm, sans doute. Mais qu'importe, ça ne changerait pas grand chose de toute façon. En tous les cas, Mado ne réclamait qu'une seule et unique chose : de la justice. Alors oui, ça pouvait paraitre extrême, mais ce monde de merde la dégoutait suffisamment chaque jour pour qu'elle tolère que l'on fasse n'importe quoi au sein d'un tel jeu. Se plaindre à ceux qui font les règles du jeu, disait-il ? Petit naïf qu'il était. « Mais pourquoi est-ce que je m'embêterais à faire ça puisque je t'ai sous la main, hm ? » Autrement dit, oui, elle pourrait se plaindre à la hiérarchie, mais comment dire, elle aimait tout autant se plaindre à Myles ici présent. Surtout parce que l'emmerder lui faisait bien plaisir, c'est vrai. Il était en tout cas certain qu'elle ne craignait aucune nomination. Et son camarade ne réfléchissait décidément pas suffisamment. Service minimum, et puis c'est tout. « Oui c'est ça, et je me serais attirée les foudres de mes compagnons. Non, je suis un peu plus maligne que ça, quand même. A ce jour, je ne risque rien à dire qu'une nomination ne m'aurait effectivement pas dérangée. Mais je doute que ce genre d'interventions auraient plu à l'équipe Alix. » Stratégiquement parlant, il y a des personnes qu'elle préférait garder sous le coude, au cas où. Humainement parlant aussi, d'ailleurs. Myles ne lui était en tout cas que moyennement sympathique. Déjà, elle avait pu constater qu'il n'était pas un joueur de haut rang, mais il ne lui faisait globalement pas une très bonne impression. Sans doute parce qu'elle était difficile. Il la prenait maintenant pour une mauvaise perdante ? Hm, un peu facile comme interprétation. « Ça manque de logique. Si j'étais aussi mauvaise perdante que tu sembles le dire, je pense que je ne déplorerais pas le fait de n'avoir pas été prénominée. Après, il est vrai que je suis frustrée de ne pas avoir pu prendre une meilleure décision que vous. Mais c'est tout. Les défaites ne font jamais plaisir, mais j'ai longtemps travaillé sur moi-même pour les accepter plus facilement. » Dans un sourire, elle cessa de démêler ses cheveux et se saisit du sèche-cheveux. Ils pourraient sécher tout seul, mais leur longueur rendrait la chose moins fructueuse. « Au fait, j'ai senti un truc l'autre jour, en te maintenant contre le mur. T'as aimé ça, à mon avis. » Okay, elle se foutait un tantinet de sa gueule. Elle n'avait rien senti, si ce n'est son envie d'inverser les positions, ce qu'il avait d'ailleurs fait. Si prévisibles, les hommes.

« Mais pourquoi est-ce que je m'embêterais à faire ça puisque je t'ai sous la main, hm ? » En effet, c’était bien plus plaisant de m’emmerder. Chieuse un jour, chieuse toujours. Je lui demandais alors pourquoi lors du prime ne s’était elle pas manifestée. Je connaissais bien la réponse, cela aurait été très mal vu. Tu m’étonnes. Seulement venant de sa bouche, ça n’avait pas le moindre sens. En contradiction avec ses paroles précédentes. « Il faut savoir ce que tu veux. La justice, ou la jouer stratégique ? A un moment donné faut arrêter de me prendre pour un con. » Il aurait fallu que je fasse mon choix de l’équipe d’un point de vue uniquement ‘’sportif’’, dans le genre le plus méritant. Et ne pas agir stratégiquement, parce que ça serait petit joueur, mal, ou que sais je. Mais d’un autre côté, elle pouvait se montrer stratégique ? L’hôpital qui se fou de la charité non ? Elle essaya ensuite de me prouver qu’elle n’était pas une mauvaise joueuse, et blablabla. Gosh, j’en avais rien à foutre de tout ça sérieusement. J’étais juste venu me brosser les dents merde. « D’accord. T’es une bonne perdante, t’es une fille droite, honnête, qui réclame la justice. C’est cool, tant mieux pour toi. » Oui j’avais le désir d’abréger cette conversation qui s’éternisait plus que de raison. Et surtout qui n’avait aucune utilité. Je me retournai vers le lavabo, et commençai à me brosser les dents. « Au fait, j'ai senti un truc l'autre jour, en te maintenant contre le mur. T'as aimé ça, à mon avis. » Roulement d’yeux au ciel. Je crachai dans l’évier et me rinçai la bouche, avant de me tourner vers mademoiselle. « Ouais, d’ailleurs vaut mieux que je me barre d’ici avant que je ne te saute dessus et t’arrache ta serviette » Sur ces belles paroles, je pris congé de Mado, la laissant à ses activités.

TOPIC TERMINE POUR MYLES.