carmen+emilien
Depuis quelques jours, le soleil s’était invité et la température semblait avoir monté d’un cran. Emilien aurait pu profiter de ces longs moments ensoleillés, comme tous ces camarades, qui devaient certainement passer leur temps à cramer leurs neurones allongés sur des transats. Il avait préféré venir se ressourcer à la patinoire. Parce que, oui, ici, il y en avait une. La production avait vraiment pensé à tout. Emilien aimait la glace, aimait patiner, et ce, depuis qu’il était tout petit. Pourtant, jamais, ô grand jamais, il n’avait rêvé devenir patineur. Sûrement parce que sa virilité serait quasi-inexistante avec un justaucorps. Puis, en plus de savoir patiner et d’aimer cela, il serait au frais. Et par cette chaleur, ce n’était pas négligeable. Il avait donc troqué sa paire de mocassins pour des patins à glace. Il fit donc quelques petits tours de chauffe. De toute façon, le patin ne se perdait pas. C’était un peu comme le vélo. Après cela, il tenta de faire quelques timides figures, rien à voir avec ce que les cakes qui voulaient justement se prendre pour des pros. Le regard d’Emilien se posa alors sur une jeune fille qui était sur le bord. Ni une, ni deux, il s’approcha jusqu’à sa hauteur et la salua d’un petit « hey. ». Il y reconnut alors Carmen. Carmen, la grande cuisinière. « Tu viens ? On peut patiner ensemble, si tu veux ! ». Un petit sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Patiner à deux, c’était déjà plus marrant que tout seul. Il était tellement heureux de voir quelqu’un à la patinoire, qu’il ne prit même pas la peine de lui demander si elle savait patiner ou non. Enfin si elle était là, c’est qu’elle devait bien savoir. Logique.

Si Carmen avait prit l'habitude de se plaindre quant aux conditions climatique de la ville où elle résidait, le soleil qui s’abattait depuis plusieurs jours sur le nid devenait de plus en plus pesant. Et, incapable de rester plus de quelques minutes sans ronchonner, il alla de soi que la blondinette se mit à grogner contre ce temps dégagé et cette température qui la fit se diriger tout droit et sans un regard en arrière, en direction de la patinoire. Espérant là bas se rafraîchir, l'italienne ne prit même pas la peine de revêtir un sweat. C'est en débardeur en dentelle qu'elle enfila ses patin, ne prenant pas garde aux frissons parcourant son échine. Doucement mais sûrement, bien heureuse de retrouver le froid qui la fit rapidement repenser à l'Aquila, douce ville pleine d'histoire mais affreusement fraîche et ce, tout au long de l'année. Certaine d'être seule, c'est avec un large sourire que Carmen accueillit les premiers mot d'Emilien, son commis de cuisine (bien que celui-ci le réfute). « Tu viens ? On peut patiner ensemble, si tu veux ! » D'un simple signe de la tête, elle se laissa aller et attrapa ses deux mains, encore bien loin d'être stable sur des patins à glace. « Tu risques de vite en avoir marre, je patine comme un manche. Et j'ai atterri là plutôt pour avoir froid. » lui avoua-t-elle finalement, tentant tant bien que mal, sans trop s'appuyer sur le candidat, de glisser le plus naturellement possible. Si Emilien avait été en infériorité lors de sa venue dans le cellier, il était clair qu'il prenait désormais sa revanche. « Apprends-moi à patiner aussi bien que toi. » Son âme d'enfant reprenant rapidement le dessus, cette affirmation sonna presque comme un ordre enfantin, Carmen ne supportant pas de ne pas savoir. Il était inconcevable qu'Emilien sache patiner lorsque ses pieds ne réussissaient pas à aligner trois pas.

Alors à peine venait-il de prendre la parole, qu’il lui tendit la main. Carmen se saisit de sa main et tenta de glisser, de façon plus ou moins aisée. Un petit sourire se dessina sur les lèvres d’Emilien lorsqu’elle prit la parole. « Tu risques de vite en avoir marre, je patine comme un manche. Et j'ai atterri là plutôt pour avoir froid. ». Elle semblait ne pas être douée en patinage, il n’était pas (du tout) doué en cuisine. Pour le coup, ils étaient quittes. Et tout comme Emilien, elle était là pour chercher un peu de fraicheur. Au moins, ici, il faisait frais, et on ne mourrait pas de chaud comme dehors. Le jeune Suisse entraina Carmen un peu plus loin du bord. Patinant à une allure assez lente, digne d’une tortue. Elle lui demanda alors subitement qu’il lui apprenne à patiner comme lui. Emilien écarquilla les yeux, avant qu’un sourire vienne se peindre sur son visage. « Rassure-moi, ce n’est quand même pas la première fois que tu patines ? » lui demanda-t-il alors. Cela s’était quand pour s’assurer qu’elle savait quand même un peu faire du patin. Sans même attendre la réponse de Carmen, il se mit devant elle. Lui tenant fermement les deux mains. « Alors, déjà, ne jamais regarder ses pieds quand on patine. Tu regardes droit devant toi, d’accord ? Ensuite… évite de me tomber dessus. » finit-il par lui dire, un petit sourire amusé se dessinant sur ses lèvres. Une petite pointe d’amusement s’était éprise de sa voix. Malgré cela, il ne remettait pas en doute les talents de patineuse de la jeune femme. Il la taquinait juste, voilà tout.

Carmen regretta aussitôt de ne pas avoir prit un pull. Il avait beau faire une chaleur étouffante à l'extérieur (et à l'intérieur) du nid, la patinoire restait affreusement fraîche. En somme, l'italienne n'était jamais contente et son esprit de contradiction n'était malheureusement plus à prouver. Bien heureuse d'être tombée sur Emilien, elle s'accrocha fermement à lui, le laissant d'abord la traîner un peu plus loin que le bord, tentant par la suite de bouger quelques peu ses chevilles afin que ses patins ne glissent en harmonie sur la glace parfaitement lisse. « Rassure-moi, ce n’est quand même pas la première fois que tu patines ? » Le candidat ne savait malheureusement pas où il s'embarquait et Carmen ne put retenir le rire cristallin qui s'échappa de sa gorge. « J'ai fait un petit tour la semaine dernière, tirée par Israel, ça compte ? » lui répondit-elle mutine. En gros, Emilien avait tout à lui apprendre. Absolument tout. Comment se tenir. Comment laisser glisser ses patins. Comment ne pas tomber, surtout. Et la patience de Carmen avait des limites. Des limites très rapides. Il n'était pas rare que la jeune femme abandonner à la première embûche. « Alors, déjà, ne jamais regarder ses pieds quand on patine. Tu regardes droit devant toi, d’accord ? Ensuite… évite de me tomber dessus. » « Tes yeux sont bien plus attrayants que la glace, ça tombe bien. » répondit-elle du tac au tac, précipitamment et s'efforçant de paraître ridiculement sensuelle. Non pas que les yeux d'Emilien ne le soient pas. Ils l'étaient, inévitablement. Mais Carmen, aussi provocante soit-elle, ne jouait pas de ses charmes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et l'endroit n'était pas approprié. Quoiqu'il en soit, la jeune femme avait entendu et avisé les conseils du blond qu'elle tenta de suivre à la lettre. Ainsi, son regard océan se posa dans le sien. Ses pas se firent alors un peu plus souple. Son dos se redressa de lui même bien que ses mains restèrent fermement attachés à celles d'Emilien. « Où as-tu appris à patiner ainsi ? » lui demanda-t-elle, curieuse d'en apprendre plus sur ce suisse complètement nul en cuisine mais affreusement doué sur des patins.

Lorsqu’il lui demanda si elle avait déjà patiné, il ne s’attendait pas vraiment à ce genre de réponse. Il s’était imaginé qu’elle lui répondrait qu’elle en avait déjà fait, juste un tout petit peu. Une fois ou deux, dans toute sa vie de jeune femme. Non. Mais non. Elle ne lui avait pas répondu cela. « J'ai fait un petit tour la semaine dernière, tirée par Israel, ça compte ? ». Voilà ce qu’elle lui avait répondu. De quoi amuser le jeune garçon, qui ne put se retenir de rire un instant. Après quoi, il fit une légère petite moue. Evidemment que ça ne comptait pas de se faire tirer par quelqu’un d’autre. Rapidement, Emilien en concluant donc qu’il tenait presque sa revanche. Elle l’avait fait cuisiner. Que de dire, elle l’avait obligé à cuisiner. Lui, il se contentera de lui apprendre à patiner. Dans les deux, l’un excellait dans un domaine où l’autre était royalement nul. Il commença alors sa leçon du jour. Il lui donna deux petits conseils. L’un ne pas regarder ses pieds, l’autre ne pas lui tomber dessus. Le plus important qu’elle devra retenir : le second, évidement. Aussitôt, elle lui répondit sans même prendre le temps d’une brève réflexion. Lui disant que ses yeux étaient bien plus attrayants que la glace. Un petit rictus un brin gêné se dessina alors sur les lèvres d’Emilien. Les compliments avaient toujours cette tendance de le mettre à l’aise. Allez savoir pourquoi après. Mais il n’en oubliait pas ledit ‘cours’ qu’il devait donner à Carmen. Il la laissa patiner, lui tenant toujours les deux mains. Elle lui demanda alors où il avait appris. « J’ai appris avec mes parents. Quand j’étais petit, on allait tous les dimanches après-midi à la patinoire. » lui avoua-t-il alors. Ce n’était pas toujours, ni à tout le monde, qu’Emilien parlait de lui. Il parlait très rarement de lui, à vrai dire. Seulement quand on lui posait des questions sur lui. Et pendant ce temps, il continua de faire patiner Carmen, en lui tenant les deux mains. Après avoir parcouru quelques mètres, il décida alors qu’il fallait monter le niveau, un petit peu quand même. « On tente de patiner avec une main, maintenant ? » lui demanda-t-il alors, avant de lâcher sa main droite.