Il était étrange de se retrouver seule. Parce que oui, j'avais boudé Israel durant les précédentes nuits et avais préféré rester dans mon lit de départ, celui que je partageais depuis des semaines avec Hyram. Hyram avait été contraint de quitter l'aventure et j'en étais toute chamboulée. Il avait été un énorme pilier malgré lui pour moi, j'avais joué le jeu pour lui et aujourd'hui, il m'était fort difficile de vivre au milieu des autres. C'est surement pour cette raison que ce jour là, je me retrouvais à arpenter le dôme, poussant une porte au hasard et me retrouvant dans la pièce vérité. Il s'agissait d'un vieux hangar pourri, j'avais cru y trouver un peu de paille et un pseudo couple en train d'y copuler, mais à la place, il y avait Israël. Qu'est ce qu'il foutait là, j'en savais rien, je restais plantée un moment sur le pas de porte, le fixant sans parler. Je m'enfonce dans la pièce vérité, pourquoi, j'en sais rien, est-ce qu'il y est, lui aussi, certainement. Dire la vérité, rien que la vérité, étrange.

Je tournais sur moi même, un silence pesant régnait dans la pièce, j'ouvris enfin la bouche « J'aurais presque réussi à t'éviter » Oui je l'évitais, depuis le prime, oui je l'évitais pour ne pas me retrouver face à lui, je soupirais mais cette cloison me plaisait, me retrouver dans une pièce toute immaculée, dans une pièce à l’abri des regards, c'était extra. Je fini par me poser contre un mur, jouant avec une mèche de cheveux « On va finir par rester là, à se regarder dans le blanc des yeux, hein? » Lui faire la tête pendant trois jours pour je ne savais déjà plus quelle raison, autant arrêter de rougir et causer. Non mais, c'était mon nouveau partenaire quand même.

Je n'étais jamais venue ici, parce que je trouvais ça étrange, d'être contraint de ne dire que la vérité, cette pièce me foutrait presque la trouille. Je ne sais pourquoi ce jour là je décidais de passer la porte, une envie d'isolation, de blanc, retrouver ces murs blancs, j'avais envie de m'y poser, m'assoir et me taire. Fermer les yeux et ne penser à rien. A la place, mon cœur se mit à battre lorsque mon regard croisa celui d’Israël mais je me rappelais que je lui en voulais. Je ne savais plus pourquoi, mais j'avais décidé de m'y tenir. Presque oui, j'avais presque réussi à l'éviter, j'aurais pu encore ne pas franchir la porte, c'est une chose que je fini par lui avouer « J'aurais pu aussi ne pas franchir la porte » Je m'approchais de lui, après tout, il était mon partenaire, maintenant, il était celui avec lequel je devais partager, celui en qui je devais avoir confiance, je ne savais pas s'il connaissait mon secret, comme Hyram l'avait connu, mais je ne me posais même pas la question. « Je suppose. Mais c'est toi qui m'évite, tandis que moi... Pardonne-moi à l'avance pour le mot que je vais employer... Je suis comme un con à ne pas comprendre ce qu'il se passe. » Je fis une nouvelle grimace, accompagné d'un petit rire « A vrai dire, je sais plus trop pourquoi je t'évite ... J'étais de mauvais poil .. au prime et ... » Je tournais la tête pour fixer un instant mon regard ailleurs, je cherchais mais finalement, je dû le reposer sur Israël « Et je crois que je n'ai pas apprécié que tu m'évites, toi, au prime ... » Il avait tourné son regard, il n'avait plus ouvert la bouche dès le moment où j'étais arrivée, préférant donner un rencard à Alecia. Ce rencard, ça, je l'avais oublié ... J'appréciais beaucoup Israël et j'avais eu ce pincement au cœur de le voir s'éloigner, je ne savais pas ce qui c'était dit ce soir là, à part ces paroles qu'Ezra m'avait répété je suppose.

« Figure-toi qu'en te voyant, j'ai bien cru que tu prendrais tes jambes à ton cou pour fuir ailleurs. » Je me sentais désolée de lui faire subir ce genre de choses, je n'avais pas fait attention à ma réaction et finalement, lui avouais « Non, j'aurais pas pu » Comme quelque chose qui m'avait attirée et m'avais fait entrer dans cette pièce, était-ce Israël lui même, je n'en savais rien, je lui lâchais un vague sourire avant de parler de ce prime, un prime que je n'avais pas forcément bien vécu avec la sortie d'Hyram. Hyram il était mon partenaire et mine de rien, je m'étais fortement attachée à lui, je sentais sa protection envers moi et à présent, j'étais seule et il était difficile pour moi de survivre ici, oui, c'était ça, survivre. J'étais forte parce qu'il était là, je ne saurais dire, au premier regard, je l'avais trouvé grotesque mais ... Et puis, il y avait Israël, il était la première et réellement - seule - personne vers qui je n'avais eu aucun mal à m'avancer, ce soir là, il était comme un aimant vers qui je me collais. Alors quand dimanche il s'était éloigné, pas physiquement mais pas un regard, pas un mot, je n'avais pas compris et j'avais été blessée, je ne sais pourquoi, si, je savais, j'avais mis plus de deux jours à réfléchir, à rester enfermer dans ce lit vide, passer des nuits sans présence à mes côtés. Et puis il avoua, quoi? « Je sais pas si l'on peut vraiment dire que je t'évitais. Et si vraiment c'était ça, pardonne-moi et comprends-moi, aussi. Je devais être en train de parler d'un truc tout à fait quelconque avec Ezra et Enora lorsqu'il m'a demandé ce que l'on faisait, tout les deux, toi et moi. Et je m'attendais tellement pas à ce qu'il me parle de ça... Encore moins à ce que tu te retournes vers nous, alors que je t'avais cherchée du regard sans te trouver plusieurs fois au cours du prime... Bref ! À ce moment-là j'étais juste l'homme le plus gêné de ce pays... » Je fronçais les sourcils à chacune de ses paroles, je ne comprenais pas vraiment. Il reprit « Alors je me suis dit qu'il valait mieux que je me taise. Premièrement parce-que j'aurais été incapable de répondre à Ezra. Et deuxièmement parce-que je ne savais pas quoi te dire, à toi. Je ne savais pas quoi te dire sans m'enfoncer dix pieds sous terre... » Je soupirais, c'était trop compliqué pour moi, je ne savais pas ce qui s'y était dit, vraiment, j'avais cru entendre mon prénom et c'était tout. Doucement, je laissais ma main attraper son bras, pour croiser une nouvelle fois son regard « Pourquoi est-ce que tu serais gêné, j'sais franchement pas ce qu'il t'a demandé et au pire ... C'était pas si grave, si? Je suis arrivée un peu à la bourre au prime, oui, j'avais pas envie de venir, j'avais pas envie de me rendre compte que je me retrouvais bel et bien seule ... » Ma main, je la laissais retomber, coupant ce contact physique qu'on avait, lui et moi, mes mots s'emmêlaient, mes explications aussi « Pourquoi tu te serais enfoncé? Parce que Ezra t'as demandé ce qui se passaient entre nous? Il a juste vu qu'on été un duo de St Valentin, c'est tout ... Non? » Je fronçais une nouvelle fois les sourcils « Dis moi pourquoi tu aurais été gêné par la réponse? » J'avais envie de savoir, cette histoire me paraissait tellement bête et pas le moindre du monde à être géné, les idées et les mots s'emmêlaient dans ma tête et j'étais pas certaine d'avoir dis quelque chose de compréhensif.

« J'en sais rien. » « Pour un rien, sans doute. » Il ne disait rien, il ne savait pas, et je trouvais cela absurde, j'avais envie de crier, de le chopper par le teeshirt et le secouer un bon coup, mais je m’abstins, pour l'instant. J'étais accroupie à côté de lui, cherchant un indice dans son regard, mais rien, il ne savait pas, c'était les seuls mots que je pus tirer de sa bouche, je soupirais, me levais un moment, le regardant, j'avais envie de partir, de colère, encore, j'avais envie de lui mettre une brosse baffe dans la figure pour le réveiller et le forcer à parler, mais encore une fois, je ne le fis pas, me contentant de le regarder, de haut. Je tournais finalement les talons et fit le tour de la pièce, à vrai dire, il n'y avait rien à y voir. Elle était blanche, elle était lumineuse, des barres, je glissais mes mains dessus et me retrouvais finalement de nouveau face à Israël. Je me mis à genoux et, sans un mot, glissant ma main sur sa joue que je caressais un moment, j'avançais son visage du mien pour déposer mes lèvres au creux des siennes, l'embrassant simplement, délicatement. « Comme ça, tu saura ce que c'est, un vrai baiser de quelqu'un qui t'aime » Je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais fais ça, était-ce parce que je lui avais promis il y a quelques semaines, voulant me débarrasser au plus vite de cette tache, comme un signe de au revoir, ou simplement était-ce parce que j'en avais envie. Je repris bien assez vite « Et puis, tu comprendras tout un jour » Il comprendrait pourquoi je n'avais pas été assez forte ce soir là pour ne pas en vouloir au monde entier d'avoir été seule, l'espace d'une journée, sans Hyram, pourquoi je n'avais pas éprouvé plus de plaisir à me retrouver en couple avec Israël alors qu'il était la personne avec qui j'étais le mieux dans cette maison.

Je ne sais pas pourquoi je lui ai dis, sorti ces mots là, oui, je l'avais embrassé, parce que je n'étais pas du genre à embrasser le premier venu, pas de cette façon, il m'étais arrivé de déposer mes lèvres sur d'autres personnes comme lors du prime de la deuxième semaine, où il fallait gagner, pour son équipe, où il fallait se sauver pour ne pas se retrouver sur le banc des nominés. Et puis je l'avais embrassé, aujourd'hui, parce que j'en avais eu envie, dans la chambre, puis lors de la soirée, mais avait attendu son feu vert, un feu vert qu'il n'avait jamais donné. Cette fois ci, je ne détournais pas le regard, je le soutenais, je n'avais pas envie de me défiler, après ce geste et puis, ces paroles, qui retinrent son attention « De quelqu'un qui m'aime ? » Je hochais la tête, me rappelant simplement ce ventre noué lorsque je l'avais vu parler avec Alecia, de ce regard que j'avais pu lui lancer, sans m'en rendre compte, oui, je tenais à lui, je l'aimais bien. « Oui » Dans un simple murmure, comme si j'avais peur que quelqu'un nous entende. Et, lui aussi, il fini par ouvrir la bouche ! « Ce qu'il s'est passé dimanche soir au prime... Ezra m'a demandé où on en était, et... Et si j'ai eu tant de mal ensuite... Si je n'ai plus osé dire quoique ce soit, c'est de... Parce-que... Je t'aime vraiment bien, Luce... » Je souriais et préféra m'assoir, rester accroupie me faisait mal aux jambes - si si - je n'avais pas encore ouvert la bouche, je l'écoutais, un fin sourire aux lèvres. Je le savais, je savais que ces mots, il le pensait, même s'il ne l'avait jamais dis, je savais qu'il m'aimait bien parce qu'on avait passé la St valentin ensemble, c'était mon nom à moi, qu'il avait donné. « Je le sais ... Je crois. Tu fuis? T'as peur? T'as peur de quoi? » Je ne savais pas ce que je voulais connaitre, je ne savais pas si je voulais qu'il parle, mais je ne pu m'empêcher, j'avais besoin de réponses, en quelque sorte.