Les journées de Carmen commençaient à toutes se ressembler, sans exception. En jeune femme plutôt physionomiste, les visages des autres candidats avaient pris place dans son esprit et elle connaissait chacun d'eux bien que certains n'aient pas encore eu le loisir de la rencontrer. Tout comme elle avait eu le loisir d'en rencontrer certains dont elle se serait bien passée. Désireuse d'aventure et de changements, il n'était pas rare que Carmen se prenne une baffe nommée blues. Coup de mou dû à l'éloignement de son pays d'origine, de ses petites habitudes (qui n'en étaient finalement pas puisque l'italienne ne vivait jamais un jour de la même manière qu'un autre) qui la forcèrent, cet après midi, à s'allonger sur le canapé du salon après s'être descendu un verre d'un cocktail corsé. Elle s'était finalement endormie pour ne se réveiller qu'à l'apparition de Mickey. Il s'assit près d'elle, et la réveilla par la même occasion. Si l'italienne détestait plus que tout être réveillée de la sorte, être tirée de ses songes par des excuses était finalement plutôt agréable. « J'ai pris cela pour de la pitié alors qu'il me parait évident maintenant que tu voulais juste bien faire. » Si Carmen était bien loin d'être rancunière, entendre de tels mots sortis de la bouche d'un homme comme Mickey avait de quoi la ravir. D'ailleurs, elle ne put s'empêcher de fendre ses lèvres en un sourire satisfait, gardant cette provocation naturelle lorsqu'elle lui faisait face. « Effectivement. Histoire que tu ne te casses pas un bras ou ne te bousilles pas le dos, comme je te l'ai dis. » répondit-elle tout de même, profitant quelques peu de la situation, s'imaginant en position de force, juste quelques instants. « Ce ne sont pas des excuses, plutôt une prise de conscience un peu tardive. » Quant à l'anglais, il était clair que les excuses n'étaient pas son fort, que sa fierté prenait largement l dessus. Après tout, une femme lui avait donné des conseils. Sacrilège, oui. Carmen retint cela dit qu'il venait de faire l'effort de lui avouer ses tords. Enfoncer le clou ne servirait à rien. « J'accepte, quoiqu'il en soit. » répliqua-t-elle plutôt indifférente. Elle acceptait, oui, mais pardonnait-elle la façon dont il lui avait parlé ? Rien n'était moins sûr. Doucement, l'italienne se releva, s’assit afin de lui faire face. « Enfin bon, j'aimerais autant qu'on oublie ça. C'est possible tu penses ? » Mutine, une idée venait de germer dans son esprit. Et Mickey avait intérêt d'être convaincant s'il ne voulait pas qu'elle redevienne telle qu'elle avait été avant de quitter la salle de musculation : une furie. « Avoue que mes conseils ont porté leurs fruits, alors. » oui, elle lui faisait du chantage, clairement. Une façon pour elle de lui montrer qu'elle ne se laissait pas faire. Que Mickey avait beau avoir l'air plutôt important – à la vue du privilège dont il avait jouit au prime – Carmen elle, ne le craignait pas.

Mickey avait beau penser ce qu'il voulait, Carmen prenait sa prise de conscience pour des excuses, justifiées qui plus est. Après tout, il l'avait quand même méchamment envoyée paître lorsqu'elle avait tentée de l'aider. S'excuser était le minium syndical que pouvait faire le candidat. Tête, borné et certainement dicté par sa fierté (Carmen ne le condamnait pas, après tout elle aussi était très souvent dictée par sa foutue fierté) il s'était contenté d'évoquer une prise de conscience plutôt tardive ce qui, au fond, était toujours mieux que rien. Cela dit, l'italienne n'était pas en reste et comptait bien profiter de la situation. Elle redécouvrait Mickey sous un autre jour, plus doux, moins grognon, un peu plus sociable, finalement. Cette nouvelle facette n'était que plus intéressante bien que Carmen ait adoré confronté son caractère de feu au sien, ces dernières semaines. Se confronter à une personne molle et affreusement compatissante était bien loin de satisfaire l'appétit carnassier de l'italienne en matière de mordant. Le candidat représentait en somme la majeur partie de ce que la blonde aimait chez un homme. « Oui, je l'avoue, et d'ailleurs au risque de te surprendre, je t'en remercie. » Carmen avait utilisé ce chantage dans le seul but de tester les limites de Mickey. Si elle s'était attendue à cela.. il était clair que non. Elle fut d'ailleurs surprise de constater à quel point il pouvait être lunatique et n'avait clairement pas imaginé qu'il puisse être si différent d'une semaine à l'autre. Comme s'il s'était embarqué dans cette aventure avec un frère jumeau qui prenait sa place, parfois. « Mais je t'en prie » répondit-elle, espiègle et enjouée à l'idée qu'ils puissent enfin avoir une conversation stable sans se lancer des piques ou se cracher des atrocités au visage. « Et puisque je suis lancé sur les petites confidences, sache que j'ai également menti l'autre jour. En disant que j'avais autre chose à faire que de te détailler... je l'ai fait malgré tout, en un petit coup d’œil imperceptible certes, mais je l'ai fait. » D'accord, si Carmen avait adoré ses première confessions, celle-ci avait le dont de la mettre mal à l'aise. Rapidement, ses joues rosirent. « Donc tu n'es vraiment pas homo.. Tant mieux. J'aurais trouvé ça dommage. » répondit-elle, ses émeraudes rivées sur le parquet au sol, incapable de soutenir le regard du candidat tant cette confession la prenait de court. L'italienne était en effet bien loin d'imaginer qu'il puisse la voir autrement que comme une emmerdeuse de première. Bien loin d'imaginer donc que son physique puisse ne pas le laisser indifférent. « Je ne te trouve pas si rachitique que ça, tu sais. Et tes bras sont loin d'être des cure-dents » Puisqu'il était clair que Mickey faisait son mea culpa, Carmen prit cette direction également, espérant qu'ainsi, tous deux puissent repartir sur de bonnes bases.

Il était vrai que la dernière confession de Mickey avait eu le don de la mettre mal à l'aise. Le candidat ne lui avait pas laissé une bonne impression les deux dernières fois où ils s'étaient croisés et la réciproque avait de quoi être vraie, d'ailleurs. En somme, l'italienne avait été bien loin d'imaginer qu'il ne puisse l'avoir observée, de haut en bas. Mater, pour être plus exacte. Parce que même si l'irlandais n'avait pas utilisé ce mot-ci, l'acte était bien là. Cela dit, il était clair que Mickey se révélait être bien trop raffiné pour utiliser cette expression.. plus jeune. Plus.. vulgaire aussi. Quoiqu'il en soit, elle fut agréablement surprise et ne tarda d'ailleurs pas à le lui faire remarquer. De manière détournée, évidemment. Carmen ne faisait, en effet, jamais les choses comme elles devraient l'être, préférant tourner autour du pot plutôt que d'aller droit au but. Et cet exemple n'était qu'un parmi tant d'autres. « Je serais curieux de savoir ce qui a pu te laisser penser une chose pareille. » La réponse était en fait toute simple et Carmen était surprise que le candidat ne l'est pas comprise. Après tout, il avait l'air plutôt instruit et plus apte que le reste des hommes à comprendre ses sous-entendus. La belle haussa les épaules, tant la réponse était évidente, mais garda évidemment un air enfantin désolé. « Déduction toute simple : tu as dis que mon corps te répugnait. Donc le corps des femmes te répugnent. Donc tu aimes les hommes. » Du moins partait-elle de ce principe là. Carmen, elle, ne possédait malheureusement pas de radars à homosexuel ce qui n'était pas le cas de son ami, resté à l'Aquila. Damn it, si la belle avait su, elle l'aurait certainement embarqué dans cette aventure et il aurait ainsi pu lui éviter quelques petits drames.. Bien entendu, Carmen ne citait là aucun nom.« D'ailleurs je n'aime gère cette idée, je... non, je n'aime pas le fait d'avoir pu renvoyer une telle image, à vrai dire. » La belle eut l'envie de laisser sa main flirter avec la sienne. Lui montrer qu'elle était désolée d'avoir pu penser une chose pareille (bien qu'elle ne l'eut pas pensée, elle avait supposé, simplement). « Je ne le pensais pas sérieusement.. » tenta-t-elle tout de même d'une voix mielleuse, illustrant le tout d'une moue désolée. Si Mickey résistait à cela et ne la pardonnait pas.. Carmen imaginait le pire. Être homosexuel et refouler ce fait était courant, après tout. Enfin, qu'importe que Mickey fut homo ou non, Carmen quant à elle, continua sur sa lancée, plutôt celle du candidat, et affirma avec aplomb le fait qu'elle ne le trouva pas si rachitique que cela. Il était clair que l'irlandais n'était pas bien gros, pas bien musclé non plus mais elle était également bien loin d'être en chaire et ne s'en plaignait pas des masses. « Content de te l'entendre dire. Bien que je ne sois pas apte à rivaliser avec certains mâles ici... ceux qui ont un physique plus qu'avantageux, mais rien dans la tête si tu vois ce que je veux dire. » Oh elle imaginait bien ce qu'il pensait, oui. D'un côté, le côté plutôt superficiel avide de muscle de la jeune femme imaginait plutôt de quoi se consoler. L'autre côté, plus spirituel, préférant largement l'intelligence à la présence de muscle et l'absence de cerveau comprenait et approuvait. « Malheureusement, oui. » Il était clair que lorsque Carmen usait de sa superficialité, les hommes s'intéressant à elle frôlaient le 0 de Q.I. Elle ne pouvait ainsi que comprendre la remarque de Mickey et baisser la tête. Honteuse ? Un peu. « Et toi, tu vis bien le fait d'être un poids plume ? Enfin de ce que j'ai pu voir dans la salle de sport, tu n'es effectivement pas bien en chair et j'irais même jusqu'à dire que tu es plate comme une limande. » L'italienne ne s'était effectivement jamais réellement formalisée de ce poids plume qu'était le sien et de ses seins quasi inexistants. Si les italiennes étaient plutôt bien pourvues de ce côté là, il était évident que ses origines l'avaient oubliée.. La belle haussa simplement les épaules en un sourire satisfait. « Au moins une chose est sûre, mes seins ne ressembleront pas à des gants de toilette quand j'aurai cinquante ans » répliqua-t-elle plutôt fière d'elle. Enfin, elle s'en contentait et se consolait en l'imaginant. « Je suis beaucoup plus complexée par ma peau.. translucide » ajouta-t-elle tout en contemplant son bras. Où était passé le joli bronzage hâlé qui devait être représentatif de son pays, hein ?

Il était certain que la déduction de Carmen n'avait pas plu au candidat dont le visage restait inexorablement fermé. Qu'importe, l'italienne avait toujours eu l'habitude d'être spontanée et franche et ne se taisait pour rien au monde. Ne pas être hypocrite était sa ligne de conduite et en avouant chacune de ses pensées à Mickey, elle avait cette impression agréable d'être totalement franche et sincère envers lui. « Je crois que je n'aime plus personne, en fait. » Et il avait également le mérite de l'être, franc. Ce fait, Carmen aurait aisément pu s'en rendre compte par elle-même, finalement. Il n'était secret pour personne que l'anglais était plutôt du genre renfermé et grognon. Et ce, envers tout le monde. Personne n'échappait à ses remarques parfois blessantes (sans qu'il ne s'en rende forcément compte) ou à ses sauts d'humeur, plus que fréquents. Carmen elle, s'était laissée faire un fois. La seconde, ses nerfs avaient finalement lâchés pour l'envoyer paître. Et le fait qu'il ne revienne pour s'excuser la confortait dans le fait que non, Mickey n'était pas un homme mauvais. Il possédait son caractère, qui n'était certes pas vu d'un bon œil de la part de tous les candidats mais au fond, il se révélait être un homme bon, elle en était certaine. « C'est triste, je trouve. » se contenta-t-elle de répondre, sans même le regarder. Oui, n'aimer personne avait quelque chose de triste. Quant à elle, l'italienne pouvait facilement avouer ne jamais pouvoir vivre sans quelqu'un. L'amour de ses amis était une chose qu'elle chérissait plus que tout et il lui arrivait d'ailleurs souvent de s'octroyer une nuit de plaisir charnel avec un homme inconnu pour un moment de tendresse, tout simplement. Enfin, quoiqu'il en soi, la belle était bien loin de juger l'anglais qui remontait d'ailleurs à vitesse grand v dans son estime. Il se montrait raffiné, plutôt charmeur, même, et ce n'était pas pour déplaire à la jeune Carmen qui n'eut de cesse de sourire, totalement charmée, finalement. « Tu as le teint diaphane, certes, mais cette peau claire met en valeur tes beaux yeux verts. Et puis je comprendrais ta gêne si tu avais une vilaine peau, un excès de sébum ou encore de l'acné. Mais tu n'as rien de tout ça. Je trouve cela très joli moi. » Oh donc, sa peau claire ne le choquait pas ? En même temps, Mickey était anglais de pure souche et la peau claire devait le connaître. En Italie en revanche, la plupart des habitants étaient plutôt bronzés, qu'importe la région où ils se trouvaient, le bronzage résidait dans les gênes mais n'avaient pas suivis. Carmen se retrouvait complètement blanche et si jamais elle avait le malheur de se laisser allée au soleil, elle devenait rouge écrevisse. Glamour, oui. « Vu comme ça.. » Effectivement, l'italienne possédait une peau plutôt lisse, ni sèche, ni grasse. Enfin, quoiqu'il en soit, il était clair que Mickey avait une manière plutôt étrange de la rassurer mais qui au fond, fonctionnait. La demoiselle voulu également répliquer que ses yeux n'étaient en fait pas verts mais fut quelque peu dérangée et interrompue par Cupidon. L'ange tombait à pique, tiens. « Qu'est ce que c'est que ça ? » Etait-il sérieux ? Mickey, puis Mason, la belle commençait réellement à croire que les candidats ne désiraient tout simplement pas l'embrassée et faillit se sentir vexée. Enfin, jusqu'à ce que l'anglais ne se décide. Oui, l'italienne avait attendu qu'il ne s'approche et commençait à être lassée de toujours devoir faire le premier pas. La distance se réduit entre leur deux corps et finalement, les lèvres du candidat se posèrent sur les siennes. Si Mickey avait réussis à garder les yeux ouverts, Carmen quant à elle les avaient fermé afin de profiter de ce baiser, certaine qu'elle était bien une des rares à pouvoir jouir des lèvres de l'anglais contre les siennes. Puisqu'il n'aimait personne. Il s'écarta ensuite brutalement. « Rectification : tes yeux sont bleus. » Elle ne put s'empêcher de rire, surprise par cette réplique complètement surréaliste. N'avait-il réellement que cela en tête, découvrir se ses yeux étaient plutôt bleus ou vert ? Pas en restes, Carmen s'approcha quelque peu de lui. « Merde, je n'ai pas réussis à constater de la couleur des tiens, moi. » répondit-elle avant d'approcher son visage une seconde fois du sien, frôler simplement ses lèvres puis se reculer. De là à l'embrasser une deuxième fois, non, il y avait un gouffre. « Verts, donc. » conclu-t-elle d'une voix ronronnante. Elle n'était pas certaine que ce geste plu à l'anglais mais qu'importe, sa spontanéité avait prit le pas sur sa raison et puis, il fallait bien s'amuser un peu. « Et tu as mangé du chocolat avant de me rejoindre. » remarqua-t-elle. Elle le taquinait, oui.