Le salon n’était pas une pièce dans laquelle je passais particulièrement de temps, ce n’était pas un endroit qui m’intéressait puisqu’il n’y avait rien de très amusant à y faire à la base. Pourtant aujourd’hui je me rendais compte qu’il n’était pas vraiment propre, dans ma folie du ménage je m’étais donc remis au travail, mon balais à la main j’avais tout d’abord passé un coup pour réduire la saleté, un petit coup d’aspirateur rapidement ensuite pour repasser derrière puis la serpillère. Le sol était à présent bien plus propre qu’avant mon passage, il ne restait plus qu’à laisser sécher pendant quelques minutes et tout irait pour le mieux. C’est pourtant forcément à cet instant que Bob avait ramené sa fraise marchant avec ses chaussures dégueulasses où le salon n’était pas en sec, de la boue trainait un peu partout et je sentais là comme des envies de meurtres. Je ne sais pas où il était parti se promener pour avoir des chaussures aussi sales mais en tout cas je le haïssais et je crois qu’il allait même finir par bouffer le balais. « HEY toi !!! Tu ne vois pas que c’est mouillé non ? »

Tu étais allé dans le jardin en chaussette. Pourquoi ? Parce que tu ne trouvais pas tes chaussures. Un petit malin les avait sûrement cachés. Tu les retrouverais plus tard, tant pis. Tu t’étais donc promené en chaussettes, tranquillement, mais tu commençais à avoir froid. Tu avais bien envie de te mettre sous la couette, là, maintenant. Sauf que sur le chemin, on te gueula dessus. Hein, quoi ? « HEY toi !!! Tu ne vois pas que c’est mouillé non ? » Alecia, tu te trompes ? Et puis, qu’est-ce qui étais mouillé. Tu la regardes, complètement à l’ouest. Comme d’habitude. « Si ta culotte est mouillée, il faut aller aux toilettes. » première réaction, première réponse. Et une qui risquait de ne pas t’aimer, encore.

Une heure de travail intensif à bien préparer la pièce pour y mettre un bref coup de serpillère et voilà que le tout était ruiné par un zozo en culotte courte qui passait comme si de rien n’était sans même se rendre compte que le sol n’était pas sec et qui diluait de la terre avec le sol humide pour en faire quelque chose de dégueulasse que j’allais galérer à nettoyer. Lorsque je l’interpelais d’une manière pas forcément appréciable il se retournait vers moi sans avoir l’air de comprendre où est-ce que je voulais en venir dans mes propos. « Si ta culotte est mouillée, il faut aller aux toilettes. » Je soupirais tellement fort à cet instant que Mickey avait surement pu m’entendre depuis l’autre bout du chalet, non mais il était sérieux le mec ? Je l’insultais maintenant où est-ce que je prenais mon mal en patience pour avoir l’air… Adorable ? « T’es marrant tu devrais monter sur scène et faire un one man show franchement… Non, j’oublie que ça plane tellement pour toi que tu ne sens même pas l’eau sous tes pieds et cette putain de terre que tu fous partout sans même avoir de respect pour ceux qui nettoient derrière toi ! » J’étais très ironique et ça mettait surement encore plus froid dans le dos que si je lui avais hurlé dessus.

Toi, toujours à l’ouest ? A peine. T’étais juste… un tout petit peu inattentif. Vraiment un tout petit peu, hm. Bon, beaucoup, ok. « T’es marrant tu devrais monter sur scène et faire un one man show franchement… Non, j’oublie que ça plane tellement pour toi que tu ne sens même pas l’eau sous tes pieds et cette putain de terre que tu fous partout sans même avoir de respect pour ceux qui nettoient derrière toi ! » Un one man show ? Tu y avais déjà pensé, mais tu préférais définitivement le surf. Bah quoi ? Puis tu regardes sous tes pieds. Ah oui, effectivement, il y avait tes traces de pieds tout le long du salon. Oh, c’était pas bien grave. Ce n’était pas la peine de s’énerver comme ça sur toi pour si peu. « Oh, du calme ! c’est bon, j’avais pas vu, j’suis désolé. J’vais nettoyer, déstresse. » Ce n’était pas la peine de prendre tout aussi mal, voyons. C’était quoi son problème ? Ce n’était qu’un coup de serpillière après tout.

Je n’étais pas réellement en colère pour être honnête, je ne me trouvais qu’à dix ou vingt pourcent maximum de ce que je pouvais donner lorsque je m’énervais vraiment, Bob était donc chanceux que je prenne le temps de lui expliquer sur un ton certes un peu trop agressif pour une simple question de ménage mais comprenez-moi, après autant de temps à faire le ménage voir tout le travail gâché à cause de pieds pourris c’était un excellent moyen pour péter un plomb, c’était en tout cas à mes yeux suffisant pour monter en pression sans pour autant être la pire garce au monde, je pourrais très bien l’être, il ne fallait pas me pousser très fort pour que je le devienne. « Oh, du calme ! c’est bon, j’avais pas vu, j’suis désolé. J’vais nettoyer, déstresse. » Je souriais satisfaite, à présent je pouvais me calmer. « Bien… Mais avant retire tes chaussettes, tu risques d’en mettre partout ! » Bien plus agréable qu’au début de notre conversation je décidais tout de même de repasser derrière-lui, je n’étais pas garce au point de lui tendre la serpillère, il s’était rendu compte des traces qu’il avait pu laisser derrière lui et c’était le principal pour moi. « Je vais finir, ne t’inquiètes pas… Désolée de m’être énervée, disons que je ne sais pas être aimable lorsqu’on parle ménage. »

Tu n’avais pas trop compris ce qui t’étais arrivé, tu étais dans ton monde. Pour changer. Tu ne faisais attention à aucun élément extérieur, à part l’essentiel pour ne pas te ramasser par terre toutes les deux secondes. Jusqu’à ce qu’Alecia t’interpelle pour te faire remarquer que tu avais salit le sol. Oh…Ce n’était pas grand-chose. « Bien… Mais avant retire tes chaussettes, tu risques d’en mettre partout ! » Enlever tes chaussettes ? bon… D’accord. Tu t’executes, te retrouvant alors pied nu au milieu du salon. Tant pis, hein. Tu gardes tes chaussettes dans une de tes mains. « Je vais finir, ne t’inquiètes pas… Désolée de m’être énervée, disons que je ne sais pas être aimable lorsqu’on parle ménage. » tu ne comprenais pas trop, mais tu n’allais pas te plaindre, au final. « T’es sûr ? » Parce que oui, t’étais quelqu’un de poli, qu’on veuille le croire ou non. « T’es un peu beaucoup maniaque ou… ? » Toi, tu ne t’entendais pas avec les maniaques. Pourquoi ? Parce que t’étais le mec le plus bordelique de la terre.

Parfois j’étais vraiment une femme lunatique, je m’en rendais compte avec le pauvre Bob qui avait rencontré une partie de ce que pouvait être la Alecia de mauvaise humeur avant de faire connaissance avec la jeune femme qui aidait et n’en avait rien à faire qu’on ait entravé son boulot si on pouvait appeler le ménage que je venais de me taper comme ça. Aujourd’hui je n’étais pas particulièrement de bonne humeur, mon lunatisme pouvait donc avoir un motif peu valable ici. « T’es sûr ? » Je levais la tête hochant lentement la tête en repassant progressivement derrière lui avec mon balai sous lequel était disposée ma serpillère. « Oui oui… Oh et… Moi c’est Alecia ! » Nous n’avions jamais eu l’occasion de faire connaissance, autant commencer maintenant non ? « T’es un peu beaucoup maniaque ou… ? » Je n’étais pas maniaque quoique… Peut-être un peu en réalité. « Je ne suis pas réellement maniaque, disons que j’aime juste avoir l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile et qui ne durera pas seulement trente secondes. » Je n’étais pas quelqu’un qui jouissait d’une superbe organisation, au contraire j’étais plutôt bordélique comme fille dans la vie de tous les jours, bien trop habituée à vivre à cent à l’heure pour faire les choses bien.