J’ai posé mon cul sur une marche des escaliers, et je suis là depuis 5 bonne minutes. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut être parce que j’avais envie d’être seul. D’un peu de calme, loin des autres. Et j’ai trouvé ce lieu désert, alors j’en ai profité. Oh bien sur, je ne suis pas à l’abri que quelqu’un débarque à tout moment, mais peut importe où je me trouve, c’est pareil. Y aurait moins de chance en allant dehors, dans la forêt par exemple, mais vu le temps, je préfère passer mon tour. Alors je me contente du hall. Je suis perdu dans mes pensées. Elles convergent toutes vers Mason. Cela fait plus d’une semaine qu’on ne s’est pas parlé. C’est une première. Faut dire qu’on n’a jamais été séparé plus de quelques jours. On s’est déjà engueulé oui, mais pas au point qu’il ne veuille plus me parler. Et d’ailleurs la plupart du temps c’était moi en colère contre lui, et pas l’inverse. Je prends beaucoup sur moi pour ne pas aller le voir. Je le laisse tranquille, lui donne l’espace qu’il désire. En espérant qu’il n’aura pas besoin de dix semaines. « Tu n'as pas l'impression de gêner, par hasard ? » Une voix me ramène brutalement à la réalité. Mickey. Bien sur, qui d’autre pour me faire chier ? A l’évidence, je lui bouche le passage. « Il y a une banquette dans le salon, tu y seras aussi très bien. » Et si je n’ai pas envie ? « Ouais, sauf que je suis très bien la » Dans le salon, trop de monde. Trop de passage. « Donc pardon, mais j'ai un diner à préparer moi. » J’aime bien comment il insiste sur le moi. Dans le genre MOI, je fais quelque chose ici, à l’inverse des autres. « Pourquoi, t’as prévu de faire la bouffe aux autres ? Laisse-moi en douter. Donc tu n’es pas à dix secondes près. » Et sinon la politesse il connait ? Parce que même pas un s’il te plait. Mais je suis sympa, je décide quand même de décaler mes fesses, pour lui laisser une ouverture, afin qu’il passe, et dégage de ma vue. Lui aussi ça fait plus d’une semaine que je ne lui avais pas parlé, et bien clairement à l’inverse de Mason, ça ne m’avait pas manqué. Loin de là. Moins je le vois, mieux je me porte. Je pense que c’est un peu le cas pour tout le monde par ici d’ailleurs. « Voilà, son altesse royale peut passer. »

« Le temps où Mickey préparait le diner pour tous et où tu n'avais plus qu'à te mettre à table est révolu mon cher. Maintenant c'est chacun pour soit, étant donné que personne ne juge bon de me remercier, ou ne serait-ce que de m'adresser le moindre regard. » Ah parce qu’il prépare le diner pour tout le monde lui ? Je ne me rappelle pas avoir mangé quoi que ce soit qu’il aurait cuisiné. On ne doit pas bouffer aux mêmes horaires. Ou alors, c’était sans le savoir que c’était lui l’investigateur. Faut dire que souvent, je dine, je prends ce qu’il y a, sans me soucier de qui à fait le repas. Et les autres fois, je me fais à manger moi-même. « J'espère que vous savez vous servir d'une cuisinière. » Haha. C’est vrai que sans lui, on est plus rien. Peut être veut qu’il qu’on vienne le supplier en rampant pour nous faire la popote. Oui Mickey, s’il te plaiiiiit, on va mourir de faim sans toi et tes talents culinaires. « Ne t’inquiètes pas va, je crois qu’on arrivera à se débrouiller » Puis ce n’est pas comme si je me fais à manger tout seul depuis des années. Quoi que, depuis que Mason s’est mit à la cuisine, maintenant, c’est lui qui me fait le repas. Au moins une chose dont je n’ai plus à m’occuper à la maison. Bref, en attendant, je ne fais pas d’histoire, et le laisse passer. « Sa Majesté me convient également. » Tu m’étonnes. Je suppose que maintenant, il peut tracer sa route. Bye bye. Et c’est bien ce que je crus l’espace d’un instant. Jusqu’à ce qu’il se retourne, pour m’adresser de nouveau la parole. Et merde. C’était trop beau pour être vrai aussi. Je devrais pourtant le savoir depuis le temps, que ce n’est pas aussi facile que ça de se débarrasser des parasites. Ils reviennent toujours. « Ôte-moi d'un doute, ce n'est pas parce que ton petit secret a été découvert, et ta cagnotte dilapidée que tu vas te laisser choir sur ces marches en perdant toute volonté de t'activer dans le nid ? Si tu ne sais pas quoi faire j'ai éventuellement certaines tâches à te confier, moi. » Hm il compte finir toutes ses phrases par moi ? « Qu’est ce que ça peut te faire de comment j’occupe mon temps ? Si j’ai envie de rester le cul posé sur ces marches, c’est mon problème. Va trouver quelqu’un d’autre pour récurer les chiottes ou laver le sol. » Oh oui parce que c’est ça ses petites tâches n’est ce pas ? Des tâches ménagères. Encore et toujours. Brille petit chalet, brille. En attendant je ne vois pas ce que ça peut lui faire que je reste là, sans rien faire. On ne ressent pas tous le besoin viscéral de s’activer à chaque minute de la journée pour nettoyer, ranger, astiquer tout le chalet entier. « Ah, et une dernière chose avant que tu te barres : laisses Mason tranquille. » Oui parce que je suis optimiste quant au fait qu'il allait prendre ses petites gambettes, et foutre le camp.

« Oh si j'estime justement avoir de quoi m’inquiéter. » Bien sur, bien sur. « Des assistés ne deviennent pas autonomes du jour au lendemain. » Il se pense réellement aussi indispensable ? Je ne peux le croire. « C’est vrai que j’ai eu besoin de ton aide pour survivre jusque là dans ma vie. » Bah oui, je ne le savais pas mais en fait durant toutes ces années, il opérait dans l’ombre ! Le ménage, la lessive, la cuisine, payer les factures…Tout ça, c’était son œuvre. Je vous jure, qu’est ce qu’il ne faut pas entendre quand même. « Tu as raison Myles... ne change surtout rien, il ne faudrait pas qu'on te voit comme quelqu'un d'investi et d'impliqué dans le nid. Passer pour un cossard, c'est tellement mieux. » Euh il s’entend parler ou comment ça se passe ? Puis bon ça va, je suis juste là depuis 5 minutes. « Pour toi, passer l’aspirateur, sortir tes petites lingettes, c’est ce que t’appelle s’investir dans l’aventure ? On n’a pas la même conception du jeu, je suppose. » Vraiment pas. Mais soit. Et au pire, si j’ai envie de passer pour un cossard comme il dit, encore une fois je ne vois pas en quoi ça le dérange. Faut croire qu’il a ce besoin constant de tout critiquer. Bref, avant qu’il ne parte, j’ai quand même une chose à lui dire. Qui concerne Mason. « Pardon ? » Regardez le avec son petit rictus empreint de dédain. Seigneur. En plus il joue le type qui ne sait pas de quoi je parle. « Quel est le souci ? Tu ne vois vraiment pas hm ? » Oh pourtant je suis sur qu’en se creusant bien la tête, il y arriverait. « Que tu me critiques, me rabaisses gratuitement, tu vois j’en ai rien à foutre, parce que tes petites remarques ne m’atteignent pas le moins du monde. » Clairement. Il peut me traiter de demeuré, inintéressant, inculte, bon à rien et tout ce que vous voulez, je m’en fou. Il n’est personne à mes yeux, il ne compte pas pour moi, alors son opinion, j’en ai rien à balancer. Surtout venant de quelqu’un qui se fie seulement aux premières impressions, et par conséquent juge sans connaître. Je décide de me lever pour être à sa hauteur. « Mais Mason ? Il n’est pas pareil. Mais bon ça je crois que t’as pu le remarquer hein. C’est quoi, c’est ton kiff de le faire chialer ? T’as besoin de te montrer aussi désagréable et blessant constamment ? Tu crois qu’il a besoin de s’entendre dire à longueur de journée que c’est un gamin, avec 10 ans d’âge mental ? Ou que son père doit avoir honte de lui ? Que tout le monde à l’extérieur doit se foutre de sa gueule ? Sérieusement ? » Qu’il se le dise, je sais tout. Soit parce que j’ai pu y assister moi-même, passant beaucoup de temps dans la salle de surveillance, soit parce que Mason me l’a dit lui-même. Et autant dire que leur petite entrevue dans le salon, lorsqu’il dessinait, m’a fait sortir de mes gonds. Heureusement qu’à ce moment là personne ne se trouvait dans la salle avec moi, car j’avais du mal à retenir mes émotions. J’étais à deux doigts de venir lui foutre mon poing dans la gueule. Mais cet évènement n’était pas un cas isolé. Un parmi tant d’autre. Mado aussi brusquait Mason, mais pas de la même façon. Déjà pas aussi méchamment, et puis au moins elle, je sais que dans le fond c’est pour aider. Mais Mickey ? Rien avoir. Ses intentions sont loin d’être aussi louables. « Et tu as atteins le summum de la connerie, lundi après midi. Lui faire croire que la baraque est en train de brûler ? VRAIMENT ? Tu te crois drôle ? Tu veux le traumatiser encore plus ? Alors que nos parents ont péri dans un incendie bordel ! Et qu’il était présent ce jour là, et toi tu… » Rien que d’y repenser, ça me met hors de moi. Je prends un petit temps avant de reprendre la parole. « Je me demande comment tu fais pour te regarder dans la glace le matin. » Bon et sinon je voulais qu'il parte à la base. La c'est clairement raté. Dès qu'il s'agit de Mason c'est comme ça, je m'emballe, mon côté protecteur ressort.

« Oh si je ne faisais que ça... mais tu ne peux pas comprendre, je n'agis pas par volonté, mais bel et bien par contrainte. » J’en serais presque désolé pour lui de souffrir de tels troubles. Presque. « Oh si, j’ai parfaitement saisi tes troubles obsessionnels. Mais tu as tendance à oublier qu'on en souffre pas nous. Alors arrête de t'attendre à ce qu'on fasse autant » Mais oui, qu'est ce qu'il nous saoule avec son ménage à longueur de journée. Récure le sol et arrête de nous faire chier. Son problème, pas le notre. Je parle ensuite de Mason. Un sujet auquel je ne peux pas passer à côté. Il est bien évident que je ne supporte pas de le voir agir ainsi avec lui. Il comprendrait ce sentiment si il tenait assez à quelqu'un pour ça. . « Demeuré ou pas, pour ce que j'en ai à faire... Il faut se rendre à l'évidence, ton frère est un cas ET je n'éprouve pas la moindre compassion pour lui. Je me fiche de ce qui lui est arrivé, d'accord ? Pour moi c'est un candidat comme un autre. Tu connais mon sens critique, tu sais comment je suis... je ne fais pas la moindre différence, non, j'estime ne pas avoir à me montrer indulgent avec lui sous prétexte qu'il lui manque une case. Et je ne suis même pas désolé. » Demeuré ? DEMEURE ? Je peux lui en coller une ? La tentation est très forte. Heureusement que j'ai un minimum de self contrôle. « Et tu seulement capable d’éprouver la moindre compassion envers qui que ce soit ? » J’en doute fortement. « Tu pourrais te contenter de l'ignorer. Regarde, on y est bien arrivé la semaine dernière. Pourquoi ne pas faire de même avec lui ? » A défaut qu'il se montre plus sympathique (parce que ça bon c'est impossible), et bien qu'il l'ignore. Tout le monde sera content. Sauf si justement il prend un malin plaisir à le bousculer. Surtout que c'est tellement facile de s'en prendre à quelqu'un comme Mason. Je lui fais ensuite comprendre que son pseudo test incendie était de très mauvais goûts. Absolument pas drôle. Quant on sait dans quelles tragiques circonstances sont morts nos parents. Mais évidemment, je m'y attendais, Mickey n'en à que faire. Que je garde ce genre d'anecdotes pour d'autres ? C'est vrai que c'est bien plus important quand il me raconte par exemple qu'écrire lui manque hm. « Te faire culpabiliser, toi ? J'ai bien compris que ce n'est pas le genre de la maison. A vrai dire, si la saison passée il n'y avait pas déjà eu comme secret "je suis un psychopathe", je pense que je t'aurais buzzé là dessus. T'as l'air encore plus atteint que Candace, c'est pour dire. » L'écrivain semble lui aussi incapable de ressentir quoi que ce soit envers autrui. J'irais même jusqu'à dire qu'à côté de lui, Candace passe pour une gentille, si si. « Juste par curiosité, comment l'as-tu su ? Il est venu se plaindre, ce qui ne m'étonnerait pas tellement de lui, ou bien tu nous épiais ? » C’est quoi cette question ? C’est pour qu’il puisse s’en prendre encore plus à Mason ? Avoir des raisons supplémentaires pour le critiquer ? « Il se trouve que j'étais dans la salle de vidéo surveillance à ce moment, mais peut importe on s'en fou, là n'est pas la question. Je sais un grand nombre de choses. Bien plus que tu ne peux te l’imaginer. Tu trouves que Mason est un cas ? Tu t’es bien regardé hm ? Après tout, n’est ce pas toi qui devrais être le plus prédisposé à t’entendre avec lui, au vu des tes putains de nombreux problèmes psychologiques ?! »

« Je n'attend rien de vous. » Ah bien, alors arrêtes de nous gonfler avec ton ménage. « Et parle pour toi. Certains candidats, vois-tu, y sont sensibles. » Vraiment ? Je suppose que ces personnes là ne reçoivent pas les critiques et mépris venant de monsieur. Parce que clairement, moi je ne vois pas pourquoi je devrais y porter le moindre intérêt, au vu de comment il me traite. Puis lui il en bien rien à faire de ma situation avec Mason n'est ce pas ? Alors. « Ils ont surement pitié de toi. » Probablement. En tout cas ne comptez pas sur moi pour le plaindre. D'ailleurs Mickey avoue lui même qu'il n'ai pas capable d'éprouver de la compassion pour qui que ce soit. Vous voyez. « Oui et puis pourquoi ne pas ignorer tous les candidats avec qui le courant ne passe pas. L'ignorance a du bon dans certaines situations. Tandis que dans d'autres, c'est tout simplement recourir à la facilité. En revanche ce qui ne l'est pas, c'est l'indifférence. Et je dois dire que dans le domaine, j'excelle. » Oh mas tiens, ça serait une bonne idée oui. Qu'il ignore les candidats. Qu'il reste dans son coin, et se laferme. Se contente de papoter avec je ne sais pas..Emilien ? Ou Alecia je crois qu'il s'entend plus ou moins bien avec elle. Je dirais bien Emmeline aussi, mais j'ai cru comprendre qu'il a réussi à dégoûter elle aussi. Je ne saurais dire où en sont leur relation à l'heure actuelle. Mais la rousse aurait tout intérêt à rester éloigner de monsieur. « La facilité ? Hm, non tu rendrais un grand service à tout le monde surtout. Mais bon, j'ai bien compris que tu préfères emmerder les autres, et passer ton temps à jouer les moralisateurs. » Donc il ne va certainement pas arrêter, c'est certain. J'évoque Candace ensuite. Il paraîtrait qu'elle ne ressente rien, mais lui ? Cela y ressemble bien aussi. Peut être souffre t'il de la même pathologie sans avoir été diagnostiqué. Perdue au milieu des autres. « Mais laisse-moi te donner un conseil... ne perds pas ton temps, attaque-toi aux secrets qui peuvent être découverts ou qui, tout du moins, sont à ta portée. Tu comprendras que le mien n'en fait pas partie. » Hm mouais. « Probablement. Je suis d'avis que ton secret est tellement pourri qu'on ne pourra pas le trouver. » Oh oui je sens qu'il a un secret bien moisi. J'ai bien quelques pistes sur lui, mais pour le moment, je reste prudent. « Dieu du ciel ne me compare pas à lui. Mes problèmes et les siens n'ont rien à voir. Et je ne suis prédisposé à m'entendre avec personne. Maintenant si le dialogue est possible avec certains, et non avec Mason, c'est que le soucis ne vient pas de moi. Ton frère est tout simplement l'individu le plus sot que j'ai été amené à rencontrer dans ma vie. Il est pire que toi, tu te rends compte ? Néanmoins vous n'êtes quand même pas frères pour rien. » Oh bien sur le problème ne peut venir que de Mason. C'est vrai qu'il est une personne tellement avenante le Mickey, que le seul problème ça ne peut être que mon frère. M'enfin je comprends aisément pourquoi entre eux ça ne passe pas. Dans la mesure ou l'écrivain condamne d'entrée toute personne qu'il qualifie de bête...et que mon frère n'est pas vraiment une lumière il faut l'avouer, et bien c'est certain que ça ne peut pas coller. Par contre l'entendre le qualifier du plus sot qu'il n'est jamais rencontré...Je vous jure, je prends vraiment sur moi pour rester calme. A l'extérieur, personne ne parle de lui comme ça. Ici je ne vais pas prendre le risque d’abîmer sa petite gueule pour me faire renvoyer. Même si je crois qu'il aurait bien besoin qu'on lui remette les idées en place. « Ouais ben laisse moi te dire que je préfère largement avoir un frère comme lui, qu'un comme toi. Je n'ose même pas imaginer ce que ça doit être de grandir avec toi. »