Ça n'était vraiment pas raisonnable. Non, pas raisonnable du tout. Et visiblement, Mado aimait un peu trop tenter le diable, ces temps-ci. Et bien oui, elle avait beau savoir avec certitude qu'elle ne savait absolument pas patiner, ayant même eu l'occasion de le constater par deux fois, cela ne l'empêchait absolument pas de réessayer en ce jour, seule de surcroît, comme si elle allait miraculeusement se mettre à patiner de façon crédible, ou moins risible en tout cas. Non mais n'importe quoi, hein. Elle était nulle, mais elle ne l'assumait tout simplement pas. Aussi, elle refusait tout bonnement de rester sur deux échecs, qu'importe qu'ils aient tous les deux été particulièrement cuisants. Renoncer était un mot parfaitement inconnu à son vocabulaire, alors oui, aujourd'hui encore, elle s'était mise en tête de flirter avec le danger, de laisser s'exprimer toute son inconscience, en s'élançant sur la patinoire comme si elle avait fait ça toute sa vie. Sauf que non, justement, ça n'était absolument pas le cas. Et les deux fois où elle s'était essayée à cet exerce fort périlleux, elle s'y était cassée la tronche. Autant dire qu'elle partait avec beaucoup d'appréhension, bien qu'elle tâche de relativiser en se disant que, de toute manière, tout le monde savait déjà qu'elle était nulle, et tout le monde l'avait également déjà vu tomber, alors une fois de plus ou une fois de moins, hein, ça ne changerait probablement pas grand chose à sa vie. Ainsi donc, patins chaussés et allure plutôt assurée, la jeune femme commença à se laisser glisser, d'abord le long de la rambarde, puis en s'en détachant très doucement. Pour le moment, elle parvenait à garder son équilibre. Mais les choses se corsèrent lorsqu'il lui sembla alors entendu quelqu'un entrer. Okay, ça tombait mal. Parce qu'à cet instant très précis où elle partait quand même du principe qu'une moindre chose pourrait la faire chuter, il était évident qu'elle n'avait besoin d'aucun public. Il s'agissait pour autant ici d'Alecia. Alors hm, elle ne savait pas tellement quoi en penser. Elle appréciait beaucoup Alecia, évidemment. Mais depuis le coup des toilettes, disons qu'elle se méfiait un tantinet d'elle, quand même, se disant que la grande blonde pouvait ne pas avoir oublié, hm. « Tu es venue m'aider, toi. Oh oui, dis-moi que tu es venue m'aider. Parce que si tu es venue me pousser en avant, ou même en arrière, pour ensuite te moquer de moi et m'achever à coup de patin en pleine tronche, et bien ... tu peux repartir. Oui, vraiment, je ne tiens pas à mourir aujourd'hui. Encore moins ici. Encore moins comme ça. Ce n'est pas moi, tu comprends. » Bien sûr qu'elle comprenait, hein. Et nul doute qu'elle se laisserait attendrir par tout ça, ne pouvant après tout qu'être sensible à la détresse de Mado. Aussi, il est vrai que la française aurait pu s'excuser pour l'épisode douteux des chiottes. Mais, très honnêtement, ça ne lui était même pas venu à l'esprit.

Jamais je ne parviendrais réellement à cerner la méthode parfaite à adopter pour tenir plus de dix secondes sur de maudits patins à glace, depuis le début du jeu je me disais qu’avec plusieurs tentatives je risquerais de pouvoir enfin éviter pendant plus de dix minutes de prendre une gamelle qui serait mémorable mais non. La première fois que je m’étais ramenée avec mes espoirs de réussir je n’avais pas réussi à rester stable plus de trois secondes, ma chute allait probablement même devenir mémorable si bien que je m’étais demandée si je n’avais pas perdu quelques dents sur le sol dans ma gamelle, la semaine d’après je m’étais un peu mieux débrouillée, non sans avoir chuté plusieurs fois mais ça ressemblait tout de même à quelque chose de disons… Plus présentable, la baleine échouée sur la plage s’était transformée en baleine qui tentait de faire de la gymnastique, déjà mieux non ? Ou pas ! Cette semaine je comptais m’améliorer encore un peu et c’est donc pour cette raison que j’étais de retour dans le coin, une paire de patins à la main que je comptais enfiler sur le bord pour être prête à entrer dans le grand bain à nouveau. Me décidant à quitter mes patins des yeux je remarquais Mado qui, elle avait déjà constaté ma présence il y a de cela je suppose quelques minutes. « Tu es venue m'aider, toi. Oh oui, dis-moi que tu es venue m'aider. Parce que si tu es venue me pousser en avant, ou même en arrière, pour ensuite te moquer de moi et m'achever à coup de patin en pleine tronche, et bien ... tu peux repartir. Oui, vraiment, je ne tiens pas à mourir aujourd'hui. Encore moins ici. Encore moins comme ça. Ce n'est pas moi, tu comprends. » La seconde option était intéressante, franchement ça serait une revanche parfaite depuis qu’elle m’avait fait, sans perdre de sa crédibilité légendaire, fouiller dans les chiottes et au milieu d’une certaine quantité de merde pour mettre la main sur une lentille imaginaire. Oui j’aurais pu lui en vouloir mais ce n’était pas le cas, premièrement parce que je n’étais pas rancunière mais surtout parce que je n’étais pas le genre de fille à être chochotte, okay j’avais jeté les gants sans même essayer de les rattraper puis je m’étais désinfectée les mains avec quasiment le contenu d’une petite bouteille d’alcool mais je n’allais pas en mourir, ma vengeance se ferait plus en finesse, pas aujourd’hui cependant. « Si je tenais à te massacrer j’opterais surement pour un autre lieu… Je ne suis pas de celles qui tiennent plus de vingt secondes sur des patins. » Je les enfilais rapidement rejoignant tranquillement la jeune femme, lâchant le bord je tenais pour le moment sur mes deux jambes, mais pour combien de temps ? « Attention à ne pas perdre ta lentille ! » Disais-je ironiquement.

Honnêtement, à cet instant très précis, Mado espérait sincèrement qu'Alecia n'était absolument pas du genre rancunière. Et bien oui, vu qu'elle l'avait placé dans une situation pour le moins douteuse et délicate deux semaines plus tôt, disons qu'elle avait tendance à penser qu'il ne ferait pas bon que sa camarade décide subitement de se venger, de lui faire payer son audace, hm. Non, vraiment, elle préférerait éviter de mourir à cause d'une fausse lentille et d'une mauvaise blague dans les toilettes. Et puis, surtout, à choisir, elle préférerait tout autant ne pas trépasser ici. Parce que tout le monde savait déjà fort bien que la patinoire, et bien, ça n'était pas tellement sa copine. Et si elle s'y trouvait à cet instant précis, c'était bien uniquement parce qu'elle voulait croire en elle et en le fait qu'un miracle n'était pas impossible la concernant. Mais vraiment, maintenant qu'Alecia était dans les parages, elle n'était pas des plus rassurées. Donc oui, elle commençait tout doucement à regretter de se trouver ici, hm. Parce que naturellement, et pessimiste comme elle était, Mado eut vite fait d'imaginer le pire scénario possible, hein. Sait-on jamais qu'Alecia ait échafaudé une terrible vengeance impliquant tout bonnement la mort de la française. Ce serait terrible, mais assez compréhensible étant donné qu'elle lui avait tout de même fait remuer de la merde pour rien, hm. Mais lorsqu'Alecia finit par prendre la parole, c'est un sourire plutôt satisfait qui prit place sur les lèvres de la grande brune. Alors comme ça, Alecia était nulle en patinage également ? Ah ça, c'était plutôt bon pour elle. Enfin, dans un sens seulement. Parce qu'okay, ça n'était pas encore aujourd'hui que quelqu'un lui apprendrait à gagner en adresse et en équilibre, mais au moins, elle savait que sa camarade ne la poursuivrait pas sur la glace dans le but de la tuer. Oui, vraiment, elle aimait voir le bon coté de la chose, pour le coup. « Dois-je comprendre que j'obtiens là un sursis ? » fit-elle, un peu provocatrice sans doute. Non, elle préférait penser qu'Alecia ne la tuerait pas, que ce soit ici ou ailleurs. Mais leur relation était basée sur ce genre d'échanges, donc bon. Mado observa alors sa camarade enfiler ses patins et la rejoindre. Celle-ci lui parla de sa lentille, et Mado ne put que laisser échapper un petit rire franc. « Oh, ne t'inquiète pas pour elle, elle ne risque plus rien. » Et pour cause, il n'y avait jamais eu de lentille. Et quitte à délirer, Mado préférait éventuellement innover. « Hep, attends voir ! » Oui parce que d'un seul coup, elle avait comme un doute. « Qu'est-ce qui me dit que tu ne sais vraiment pas patiner, hein ? Après tout, tu peux très bien me le faire croire, pour mieux me tomber dessus quand je m'y attendrai le moins ! » Et bien oui, au même titre que Nadan lui avait fait croire qu'il savait patiner, peut être qu'Alecia, elle, lui faisait croire le contraire. Toujours se méfier des blondes. Toujours.

Avant de me préoccuper d’une quelconque vengeance peu importe la forme qu’elle puisse avoir je devais déjà réussir à me centrer sur un objectif peut-être trop difficile pour que je puisse parvenir avec autant de succès que prévu. Tenir sur des maudits patins ici était vraiment plus que difficile, à chaque tentative je terminais au sol avec aucune possibilité à mes yeux de faire mieux, dommage n’est-ce pas ? Par chance avec l’habitude si on pouvait appeler ça comme ça je m’étais progressivement améliorée dans mon équilibre, ainsi je n’étais plus bancale lorsque j’avançais tout doucement, une bonne nouvelle qui était signe d’une amélioration non négociable. Aujourd’hui je comptais donc aller encore plus loin en commençant à réellement patiner, vous voyez, pas juste en avançant comme un escargot qui aurait pris un gravier à cause d’une voiture et qui serait donc au minimum de sa force, non, je voulais faire comme ceux qui pratiquaient en gros cette activité sans avoir l’air con. Mado était donc sauve pour aujourd’hui à moins qu’elle ne décide de me faire une nouvelle blague, dans ce cas je peux vous dire que des ailes allaient me pousser et que ma vengeance serait terrible mais placée sur le second degré parce qu’il n’était pas question que nous soyons toutes les deux en conflits pour une petite blague, certes de mauvais goût mais une blague tout de même. Peut-être que si elle l’avait faite à Everleigh, Harlow ou Mason le résultat n’aurait pas été le même mais personnellement je possédais un fort pourcentage d’humour et je ne disais jamais non à la rigolade. Certes mettre ma main dans des chiottes dégueulasse pour trouver une lentille n’était pas une chose que j’aurais fait tous les jours, je ne l’aurais pas fait tout court si j’avais compris que c’était du bidon mais bon, ce qui est fait n’est plus à faire non ? « Dois-je comprendre que j'obtiens là un sursis ? » Je souriais amusée étant à présent sur la glace, je prenais une petite minute pour être certaine de ma stabilité avançant alors tranquillement, plus vite par rapport aux fois précédentes. « Tu peux le comprendre oui… Tu peux aussi comprendre par-là que je n’ai aucune idée intéressante pour te rendre la monnaie de ta pièce. » Dommage pour moi, je ne savais juste pas comment avoir une vengeance aussi terrible et hilarante qu’avait pu être notre histoire autour des toilettes, le public avait dû apprécier le moment, moi nettement moins personnellement à cause de l’odeur nauséabonde et le fait d’avoir mis mes mains de là où provenaient les odeurs. « Oh, ne t'inquiète pas pour elle, elle ne risque plus rien. » Je souriais à nouveau approchant à mon rythme de la petite brune afin que nous ne soyons pas forcées de discuter à deux kilomètres l’une de l’autre. « Hep, attends voir ! » Je levais la tête, me demandant ce qu’elle voulait me faire remarquer. « Qu'est-ce qui me dit que tu ne sais vraiment pas patiner, hein ? Après tout, tu peux très bien me le faire croire, pour mieux me tomber dessus quand je m'y attendrai le moins ! » Je la regardais un instant explosant tellement fort de rire qu’elle ne pouvait que comprendre que sa petite supposition était plus risible qu’autre chose. « Oh bien-sûr et j’ai des tentacules dissimulées dans ma culotte ? C’est pour ça que je ne fais pas l’amour, je n’ai pas de vagin et je suis une martienne. »

Mado n'avait confiance en personne. Mado se méfiait de tout le monde. Mado partait toujours du principe qu'on lui voulait du mal. Et Mado s'était toujours dit qu'elle serait assassinée. En somme, Mado avait un grain. Mais ça, ça n'était pas franchement un scoop, disons. Donc oui, naturellement, la jeune femme avait présentement la trouille qu'Alecia décide de se venger de son sale coup dans les toilettes, en profitant de sa flagrante inexpérience en matière de patinage pour la retourner contre elle et la tuer, tout bonnement. Et bien oui, à ses yeux, c'était plausible. Même très plausible. Tellement plausible en fait, qu'elle était quasiment sûre que ça arriverait. De toute manière, Alecia cachait probablement fort bien son jeu. Elle ne pouvait pas être d'aussi bonne composition, tout de même. C'est vrai quoi, elle était limite trop drôle, limite trop avenante. A croire que Mado aurait pu lui foutre directement la tronche dans les chiottes qu'elle n'aurait pas trouvé utile de se venger non plus. Ah non, personne n'enlèverait de la tête de la française que tout ça était franchement louche, et que sa camarade préparait forcément un sale coup. Déjà, pourquoi était-elle ici ? Pour patiner ? Okay, admettons. Mais pourquoi maintenant, et pourquoi alors que Mado était là elle aussi ? Amusante coïncidence, n'est-ce pas ? Et bien Mado, elle, n'avait pas franchement envie d'en rire. Parce que oui, elle voyait le mal partout. Mais c'était bien, de temps en temps, d'être méfiante à l'égard des autres. Il allait se passer un drame, elle le sentait. Pourtant, sa camarade semblait lui assurer que ça n'était pas dans ses projets. Ah non ? Bien. Mado avait envie de la croire, évidemment. C'était même plutôt rassurant, et elle serait franchement idiote de continuer à s'angoisser si aucun danger ne la menaçait. Pourtant, elle préférait garder une petite part de doute, une petite part de méfiance, au cas où. Un sursis donc ? Apparemment, oui. A moins que ... Oui, visiblement, Alecia n'avait surtout aucune imagination. Sérieusement ? Mais alors ça, c'était genre un peu nul, quand même. C'est vrai quoi, ça perdait presque son intérêt, finalement. Ah oui là, Mado était déçue. Elle n'en avait pas du tout l'air, mais elle l'était. Et beaucoup. « Tu veux dire que ... Non. NON ! Un mythe s'effondre, là. » Et elle soupira et donna un coup de patin sur la glace, pour le coté dramatique de la chose, évidemment. Coup de patin qui, au passage, faillit la faire chuter. Comme quoi, à vouloir trop en faire, elle allait finir par le payer cher ... De toute manière, Mado restait perplexe. Alors comme ça, Alecia ne savait pas patiner ? C'est vrai, ce mensonge ? Non parce que, honnêtement, depuis l'histoire de Nadan, elle n'avait plus confiance en l'humanité. Elle était entourée de menteurs perfides, elle le sentait. Donc oui, elle doutait présentement de l'honnêteté de sa camarade. Comment se pourrait-il qu'il y ait autant de nouilles incapables de patiner, hein ? C'était quoi alors, l'intérêt de cette patinoire, vu qu'ils étaient tous plus bœufs les uns que les autres ? Non, vraiment, un truc devait clocher quelque part ... N'est-ce pas Alecia. Alecia qui, d'ailleurs, ne manqua pas de rire. Hm, d'accord. Mieux encore, elle partit dans un improbable délire où il était visiblement question de ... de ... Oulala, c'était grave là. « Donc voilà, j'avais raison ! Je suis accompagnée d'une déséquilibrée, d'une folle capable de placer les mots "tentacules", "culotte", "vagin" et "martienne" dans la même phrase ! Une nana probablement meurtrière de surcroit ! Oh bon sang, je suis dans la merde ... » Tentant de reculer comme elle le pouvait - autant dire sans grande classe, hein - Mado ne manqua pas d'insister sur le fait qu'elle ne sentait absolument plus en sécurité ici. « Toi, monstre fielleux, tu ne m'auras pas aussi facilement ! Je vais me battre, te dis-je, me battre ! Et que j'en perde un bras ou que j'en perde deux, qu'importe, je lutterai ! Pour la France ! » Oui, pour la France. Allez savoir pourquoi elle se la jouait patriote subitement. Ca venait de lui prendre, en fait. Et elle trouvait ça classe de partir sur ce genre de propos. Ouais. On se souviendrait de Mado comme de la fille fière de son pays. Il fallait bien quelqu'un pour être fière de la France, après tout ...

Cette patinoire j’étais à peu près certaine que peu de personnes savaient la fouler sans justement avoir des risques de se fouler eux-mêmes quelque chose. Depuis le début du jeu je n’avais croisé qu’une seule personne ici qui savait à peu près tenir sans avoir l’air con sur des patins, il s’agissait de Ezra qui m’avait d’ailleurs plutôt impressionnée en tenant bien la route, comme quoi, nous n’étions pas tous stupides au point de ne pas avoir une technique de feu pour glisser comme s’il était naturel pour des êtres humains de se tenir sur un sol gelé et probablement toujours aussi froid que la dernière fois où mon visage s’était écrasé dessus, la semaine dernière quoi. Avec Mado j’aurais pensé qu’elle saurait faire du patinage, après tout si son frère y parvenait pourquoi pas elle ? Ils auraient très bien pu s’offrir des stages à la patinoire ensemble, ça n’était pas si illogique que ça. Pourtant elle m’affirmait ne pas savoir en faire et à la voir se tenir sur le bord en perdant parfois l’équilibre même comme ça j’en concluais qu’elle ne pouvait pas mentir, ou alors elle jouait très bien la femme qui ne savait pas tenir sur des patins. N’étant pas aussi flippée par tout le monde qu’elle ne pouvait l’être je n’y prêtais pas plus attention commençant lentement à avancer sur la glace, première fois de ma vie que je faisais plus de deux mètres sans m’éclater la gueule mais ne parlons pas trop vite, je me sentais partir un peu trop vite sans pouvoir freiner, logique puisque nous étions sur de la glace et que je ne connaissais pas les méthodes des patineurs professionnels, je me contentais donc de me tenir dans une position mettant peu en valeur mon sexappeal, au contraire. « Tu veux dire que ... Non. NON ! Un mythe s'effondre, là. » Je souriais amusée continuant à avancer, finalement je revenais vers elle alors qu’elle mettait en place une espèce de théorie vraiment risible sur le fait que je sois capable de feindre ma nullité dans une activité juste pour pouvoir suffisamment m’approcher d’elle et lui faire de mal afin d’obtenir ma revanche sur l’épisode des toilettes. Mon rire trahissait à quel point tout ce qu’elle me disait était un tissu de conneries, je ne comptais pas faire ça, pas du tout et je le lui exprimais de manière plutôt travaillée avec des tentacules et bien des choses qui me vaudraient un oscar de la citation la plus pourrie au monde, rien que ça. « Donc voilà, j'avais raison ! Je suis accompagnée d'une déséquilibrée, d'une folle capable de placer les mots "tentacules", "culotte", "vagin" et "martienne" dans la même phrase ! Une nana probablement meurtrière de surcroit ! Oh bon sang, je suis dans la merde ... » Je souriais, il est vrai que j’étais probablement plus que tarée comme fille mais n’étais-ce pas ce qui faisait mon charme ? Ou pas je vous l’accorde, mais c’était une partie de ma personnalité qui en faisait rire beaucoup, il faut croire que mon humour était bon, ou presque. « Je sais, je suis assez balaise dans mon genre, tu veux un autographe ? » Disais-je ironiquement, je ne me prenais heureusement pas au sérieux en tenant de tels propos, qu’est-ce que ça aurait été sinon ? « Toi, monstre fielleux, tu ne m'auras pas aussi facilement ! Je vais me battre, te dis-je, me battre ! Et que j'en perde un bras ou que j'en perde deux, qu'importe, je lutterai ! Pour la France ! » Elle reculait et plus elle parlait, plus je rigolais. Je crois même que j’allais me faire pipi dessus à force de rire, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire je perdis néanmoins l’équilibre me retrouvant sur les fesses, assise sur la glace sans savoir ce qu’il s’était passé, après une quinzaine de secondes de silence complet j’explosais de rire, okay j’avais mal aux fesses mais tant pis, c’était trop marrant quand même. « Vivre le monstre que je suis… Comment est-ce que je vais… Me relever maintenant ? » Disais-je en essayant en vain de me redresser, je glissais sur la glace et avec mes patins c’était presque infaisable pour une personne comme moi.

Non mais franchement, c'était incroyablement décevant de se rendre compte qu'Alecia n'avait finalement aucune idée de vengeance. Et bien oui, si Mado n'avait pas forcément envie d'y passer aujourd'hui, il est vrai qu'elle aurait quand même été curieuse de savoir ce que sa camarade aurait pu avoir prévu pour se venger d'elle. Sauf que non, visiblement, celle-ci n'avait pas autant d'imagination qu'elle l'aurait cru. Du coup, oui, un mythe s'effondrait. Ah oui non mais là, c'était la déception du jour, quoi. Donc oui, Mado était un peu dépitée. Bien sûr que sa réaction était paradoxale, vu qu'elle semblait initialement flippée à l'idée que sa camarade puisse vouloir lui nuire pour se venger de son sale coup dans les toilettes, mais de toute évidence, Mado était quelqu'un de paradoxale, donc ça n'était pas franchement étonnant quand on y pense. Le pire, c'est que tout cette situation semblait franchement amuser Alecia. Alors quoi, c'était drôle de briser les rêves d'une jeune femme, peut être ? Et c'était drôle aussi de lui apparaitre comme une tarée à l'imagination un peu plus débordante subitement ? Parce que bon sang, avec son histoire de tentacules et de culotte, Alecia faisait un peu peur quand même. Donc oui, aux yeux de Mado, elle était complètement déséquilibrée. Et franchement, ça n'était plus du tout rassurant, là. Parce qu'une nana capable de sortir des phrases aussi improbables, ça devait bien avoir quelques pulsions meurtrières de temps à autres, non ? Oui, assurément. Un autographe, demandait-elle ? Est-ce qu'elle avait l'air de vouloir un autographe d'une barge comme elle, hein ? « Non merci, je pense que ça ira. » Qui sait si l'encre ne serait pas en plus empoisonnée, hein. Donc Mado se sentait franchement vulnérable à cet instant précis, au point d'en devenir complètement parano, oui. D'autant plus que sa camarade venait de s'approcher, ce qui était relativement louche aussi. Surtout qu'à la base, Mado ne croyait pas tellement au fait qu'Alecia puisse ne pas tellement savoir patiner. Comme par hasard, hein ! Non, c'était un peu trop gros pour être crédible, franchement. Limite, Alecia avait du lui dire ce que Mado voulait entendre, pour ensuite s'attaquer à elle bien sournoisement. Oh, elle pouvait bien nier, personne n'était dupe. Non, personne. Parce qu'il va de soi que tout le monde avait bien compris que Mado était présentement en danger. Bien sûr qu'elle l'était. Voyez un peu à qui elle avait à faire, hein. A une tarée qui ... qui trouva le moyen de glisser. Oh bon sang, elle était à terre ! Enfin, le cul sur la glace, plutôt ... Alors ça, c'était une aubaine ! Et bien oui, elle était déjà bien moins redoutable là, hein. Surtout qu'elle se fendait la poire, ce qui la rendait encore moins dangereuse, finalement. « Oh et bien, je suppose que tu ne te relèveras pas, genre jamais. » Et ce serait bon pour ses affaires, ça. Parce que dans cette position, Mado ne courrait pas le moindre danger, hein. Donc oui, si elle pouvait rester comme ça, ce serait franchement bien en fait. « Je t'aurais bien proposé mon aide, mais je n'ai absolument pas confiance, vois-tu ! Tu vas saisir l'occasion pour me faire tomber, puis tu vas me frapper et me laisser mourir de froid ... Alors moi j'ai franchement envie de te laisser là, ouais. » Elle était gentille, hein ? A-do-ra-ble. Même si bon, elle n'avait pas un fond suffisamment mauvais pour véritablement la laisser dans sa merde, hm. Donc finalement, elle s'approcha doucement et lui tendit une main. Mais attention, si Alecia tentait quoi que ce soit, Mado allait la mordre. Oui, elle venait de décider que ce serait son moyen de défense.

Je ne comprenais pas vraiment l’état d’esprit dans lequel se trouvait Mado, certes je pouvais être susceptible de souhaiter une vengeance, logique puisqu’elle m’avait tout de même fait mettre mes mains dans de la merde pour chercher une lentille qui n’existait pas, sur le moment j’avais été furieuse, je crois que si elle ne s’était pas échappée en vitesse après ses aveux je lui aurais très certainement mis un coup de pied au cul et une fois à terre je l’aurais également trainée par les cheveux pour lui mettre la tête dans le chiotte qu’elle m’avait fait visiter de l’intérieur. Je peux vous dire que vu l’état des sanitaires ça n’avait pas été très agréable qui plus est. Oui, mais ma colère et mon envie de sévèrement me venger tout en faisant preuve de créativité pour me hisser à sa hauteur s’était jour après jour effritée jusqu’à ce qu’il ne soit même plus réellement question de vengeance. Elle risquait juste de recevoir une connerie sur la tête un de ces quatre matins, surement au réveil même histoire d’être certaine qu’elle soit heureuse et de bonne humeur pour la journée entière. Oui, si je m’y prenais comme ça il y avait fort à parier que tous les candidats à qui elle parlerait derrière prendraient cher. En tout cas elle devenait vraiment psychotique à cet instant, me demandant quasiment si je ne souhaitais pas attendre qu’elle soit suffisamment proche de moi pour lui faire perdre l’équilibre et frapper sa tête contre le sol gelé jusqu’à ce que mort s’en suive. Non mais franchement, est-ce que j’avais une tête à être violente ? Ce n’est pas parce que j’avais vécu des trucs traumatisants, notamment avec mon fils peu de temps avant qu’il ne perde la vie que j’allais suivre le même schéma. Non et puis franchement, j’étais incapable de faire le moindre mal à qui que ce soit. Vantant mes qualités de déconneuse qui lâcherait probablement quelques-unes des perles de cette édition de Fake Lover je lui proposais même de lui signer un autographe histoire de l’aider à comprendre qu’elle nageait dans le délire, était-elle en train de se jouer de moi comme lors de notre journée aux chiottes où était-elle sérieuse ? Avec Mado je ne savais plus vraiment sur quel pied danser. « Non merci, je pense que ça ira. » Après bien des discussions et alors que je tentais de m’approcher parce qu’elle commençait à être plus ou moins flippante elle aussi j’avais glissé, putain de patinoire de merde ! Cette fois-ci c’était certain, j’aurais un bleu sur le cul pour le restant de la semaine, ne pouvant retenir une série de mimiques traduisant de la douleur que j’éprouvais sur mes fesses je voyais Mado qui m’observait perplexe. « Oh et bien, je suppose que tu ne te relèveras pas, genre jamais. » Je relevais la tête étant bien plus sérieuse tout à coup. « Quoi ? Tu n’es pas sérieuse ? Tu ne vas quand même pas me laisser ici ? » Là je flippais, si elle s’en allait j’allais être obligée de m’allonger sur la glace pour ramper jusqu’à la sortie, je peux vous jurer que si je devais aller jusque-là Mado prendrait cher cette fois… Plus qu’une petite vengeance hilarante. « Je t'aurais bien proposé mon aide, mais je n'ai absolument pas confiance, vois-tu ! Tu vas saisir l'occasion pour me faire tomber, puis tu vas me frapper et me laisser mourir de froid ... Alors moi j'ai franchement envie de te laisser là, ouais. » Je soupirais tellement fort que même un clampin logé à vingt kilomètres d’ici aurait pu l’entendre, pour le coup elle m’exaspérait, je voulais juste me relever. Par chance elle approchait quand même me tendant sa main que j’attrapais avec douceur essayant de me relever.

Paranoïaque, la Mado ? A peine, voyons. Non vraiment, à peine. Parce qu'en soi, il était plutôt légitime qu'elle redoute une vengeance de la part de sa camarade qu'elle avait, tout de même, incité à remuer de la merde - au sens propre, oui - à cause d'un sordide mensonge. En cela, elle craignait véritablement que sa camarade soit déterminée à se venger et qu'elle veuille justement saisir la présente occasion pour le faire, hm. Après tout, en ces lieux, Mado était particulièrement vulnérable. Nulle en patinage comme elle était, il était certain qu'elle ne pourrait ni tellement s'enfuir, ni tellement se débattre pour tâcher d'échapper à sa camarade. Donc oui, s'il venait subitement à l'idée d'Alecia de se venger d'elle, Mado serait profondément dans la merde. Surtout que bon, c'était peut être un peu facile de vouloir gagner sa confiance en prétendant être elle-même une nouille sur la glace, non ? Bien sûr que si. Car, comme par hasard, il se trouvait qu'elle était aussi nulle que Mado, hein. Peu crédible, aux yeux de la française. Parce qu'elle voulait bien croire que tout le monde ici ne maitrisait pas l'art des patins, mais là ça ferait tout de même beaucoup ... Donc non, elle n'y croyait pas. Parce qu'elle partait naturellement du principe que tout ça n'était évidemment qu'une ruse destinée à la tromper, à laisser penser qu'Alecia était tout à fait inoffensive, simplement pour qu'elle ne s'y attende pas lorsque sa camarade déciderait de passer à l'attaque. Mado se devait de rester méfiante, c'est tout. Parce qu'il était invraisemblable à ses yeux qu'Alecia puisse ne pas avoir la moindre idée de vengeance en tête. Elle avait eu le temps d'y penser, tout de même ! Donc non seulement elle ne voulait pas de son autographe, mais en plus, elle ne comptait pas se laisser faire. Ah ça non ! Cependant, ce qu'elle n'avait pas prévu en partant dans ses délires paranoïaques, c'est que sa camarade lui fasse le plaisir de se viander juste devant elle. Cela aurait pu être hilarant, mais disons que c'était surtout très rassurant. Car là, elle était tout de même beaucoup moins susceptible d'être attaquée par Alecia, hein. Bah oui, clairement. Sa camarade étant maintenant affalée sur la glace, Mado n'aurait sans doute aucun mal à faire en sorte de quitter les lieux en la laissant ici, où elle ne pourrait absolument pas lui faire de mal. Sauf que visiblement, Alecia n'était pas tellement partante à l'idée de rester ici, et comme ça. « Bah moi, je trouverais ça assez drôle figure-toi ! » Oh oui, nul doute que ça la ferait beaucoup rire, Alecia. Non ? Oh, qu'importe. Parce qu'en soi, Mado aurait adoré lui venir en aide, mais il suffirait que sa camarade la joue fourbe et la fasse basculer pour qu'elle le regrette aussitôt, hm. Est-ce qu'Alecia oserait faire une chose pareille ? Telle était la question. En même temps, Mado l'aimait bien ... Bon disons qu'elle pouvait toujours prendre le risque et, si ça se passait mal, le lui faire payer ? Ouais, voilà, elle allait faire ça. Ainsi donc, en bonne âme charitable qu'elle était, Mado se résigna à lui tendre une main, que sa camarade saisit aussitôt. Sans grand mal, Alecia fut remise sur ses pattes et Mado fut, quant à elle, plutôt soulagée de ne pas avoir eu droit à un déplaisant retournement de situation. « Bon, me voilà au moins rassurée sur un point : tu es véritablement nulle en patinage » articula-t-elle, franchement rassurée d'avoir eu la preuve du non-talent de sa camarade. A moins qu'elle ait fait exprès de tomber ... Rah merde, elle doutait à nouveau, là. « Parce que tu n'aurais quand même pas simulé une chute, hein ? » chercha-t-elle alors à savoir, plus ou moins subtilement. Parce qu'attention, si Alecia se mettait à sourire d'une façon maléfique, Mado aurait vite fait de lui faire un croche-pattes et de se tirer de là en vitesse. On n'est jamais trop prudent, vous savez bien.