W/EMMELINE
20 MARS A 15H39
Un léger rayon de soleil et Fitz n'avait qu'une envie : sortir et respirer un peu d'air frais. Le problème étant que depuis peu, l'air était vraiment très frais mais Fitz ne s'en plaignait pas, après tout, il avait eu du mal à supporter les températures de la semaine de la Saint Valentin alors le froid, il s'en accommodait autant que possible. La neige, par contre, et le gris, c'était autre chose. Il avait du mal avec ça et pas parce qu'il n'aimait pas ça, non, mais parce qu'il n'y était pas habitué et pour sortir, c'était plus compliqué. La preuve, la semaine passée, il avait réussi à se casser la figure, en présence d'Alecia et même si ce n'était pas franchement honteux, il s'en serait bien passé. Du coup, alors qu'il faisait meilleur et que le soleil pointait le bout de son nez, Fitz avait décidé de sortir. Mais pas trop loin, attention, il n'avait pas envie de se perdre, de se casser une jambe et que personne ne se soit inquiété de son sort. Sortir oui, passer la nuit dehors, bof. Il avait donc jeté son dévolu sur le jardin qui, attenant à la terrasse était assez éloigné pour prendre l'air mais assez proche pour revenir bien rapidement se mettre à l'abri. Que de bravoure n'est-ce-pas ? Bien emmitouflé, il était sorti et en profitait alors pour griller une cigarette quand tout à coup, il entendit un léger bruit. Comme une respiration mais un peu plus forte, suivi d'un reniflement assez discret mais tout de même audible. Il faisait froid, certes, et quelqu'un ayant passé quelques minutes à l'extérieur pouvait renifler mais Fitz s'approcha de la source de bruit découvrant alors Emmeline pas franchement dans son assiette. - Emmeline ? Dit-il alors, pas très fort, s'agenouillant pour arriver à sa hauteur. C'est là qu'il remarqua les larmes qui perlaient le long de sa joue. - Qu'est ce qui se passe ? Ca va ? Bon, non, ça n'allait pas mais c'était la question classique... Et puis il l'aimait bien Emmeline mais la voir ainsi, pas du tout.

Oh, elle avait besoin d'air. Vraiment. Ça lui semblait impensable de se savoir entourée une seconde de plus de quatre foutus murs. Elle voulait de l'air frais, elle voulait gonfler ses poumons d'un vent de liberté, elle voulait se rassurer grâce à cela. Et elle ne souhaitait pas penser ou réfléchir, son cerveau devait se déconnecter quelques instants, ça serait préférable. Si c'était si simple, ça serait agréable. Inspirant longuement, elle avait l'impression que chaque respiration la conduisait un peu plus à l'inévitable. Sa cage thoracique se levait plus brusquement, sa respiration s'emballait et il n'en fallu pas plus pour que ses yeux se bordent de larmes. Tout ce qu'elle parvint à faire, c'était serrer les dents afin d'éviter de réaliser les bruits disgracieux d'une fille qui pleure et préféra se poser dans un coin. Craquer, c'était normal, non ? Elle n'était pas surhumaine, elle n'était pas la personne la plus forte de cette planète alors craquer, ça ne pouvait pas être si négatif que cela. Elle espérait. Oh, d'ailleurs, Fitz pourrait lui donner son avis sur le sujet hein. Puisqu'il venait de la prendre... en flagrant délit, dirons-nous. Ah. Ah... D'un geste rapide, elle essuya ses joues, tandis qu'il lui demandait si elle allait bien. Eh bien, comment dire... ? « Oui, tout va bien. Tout est parfait, vraiment. Ça ne pourrait pas aller mieux. Tout va bien dans le meilleur des mondes... » Crédibilité : zéro. Cela dit, c'était bien plus pour être moqueuse et non pas crédible. Moqueuse envers elle-même. Elle se mettait dans un état... Dans des situations tellement étranges... Elle s'en donnerait des baffes, honnêtement. Elle se mordilla la lèvre pour empêcher ses sanglots d'être trop bruyants, espérant que cela empêcherait ses larmes de couler aussi. C'est beau, l'espoir. Après une grande inspiration, elle releva son regard vers Fitz. « Je suis désolée, je n'ai pas dit ça pour être méchante envers toi. Les choses sont juste... tellement compliquées. » D'autant plus qu'elle avait l'impression d'être prise au piège, qu'elle ne savait absolument pas comment gérer. Enfin, si, elle avait bien une petite idée, en fait. Cette porte de sortie qui clignotait dans son esprit pour ne pas se faire oublier. Sauf qu'ici, à l'extérieur, peu importe où, c'était pareil, dans le fond.

Depuis peu, Fitz devait être abonné aux jeunes femmes en pleurs. Il y avait d'abord eu Harlow, complètement paniquée à cause de la perte momentanée de son collier, cadeau d'Everleigh et puis, justement, Everleigh, qui avait fondu en larmes, dans ses bras, quelques heures plus tard, deux jours avant le prime, perdue et blessée par tout ce qui avait pu se passer la semaine précédente et lors du prime, entre autres. Il aurait du y être habitué donc sauf que non, Fitz ne pouvait pas s'habituer à ça et personne ne le devrait jamais. Parti pour une balade à l'extérieur, c'est là-bas qu'il avait trouvé Emmeline, en pleurs également, cachée dans un coin, certainement désireuse de laisser évacuer sa peine sans que personne ne la voit. C'était loupé. Et comme Fitz n'était pas du genre à laisser les gens comme ça, il avait décidé de s'approcher puis de s'agenouiller face à elle, pour lui demander ce qui se passait. La réponse qu'elle lui donna alors était classique, et il se doutait bien vu le caractère de la belle qu'elle n'allait pas tout lui déballer d'un seul coup. Elle lui assurait que tout allait bien mais son ton, sans parler de ses joues humides la trahissait, malheureusement. - Cette réponse est invalide, Emmeline... dit-il en souriant légèrement, pour dédramatiser la situation. Elle releva son visage et plongea son regard dans celui de Fitz, les yeux humides, avant de s'excuser. - T'inquiètes pas, j'avais compris. Par contre, pour ce qui était des choses compliquées, il ne voyait pas vraiment de quoi elle pouvait parler. Quoique... En réalité, il y avait peut-être bien quelque chose. - Tu parles de... d'Emilien ? Elle l'avait embrassé en réalité alors que quelques jours avant ou après, ce dernier avait avoué ses sentiments pour Ezra. Si la situation de Fitz était compliquée, elle n'en était pas encore à ce stade et la pauvre Emmeline devait être bien mal en point. - Si tu veux vider ton sac tu peux, je ne répéterais rien, je te le jure. Et Fitz était un homme d'honneur donc elle pouvait être tranquille.

Ce ras-le-bol général qu'elle ressentait... Le fait d'être complètement perdue en elle-même... Oh, ce que c'était pénible. Elle n'aimait pas se mettre dans un tel état. Qui aimait cela hein ? Pleurer, s'interroger, regretter, s'en vouloir, honnêtement, ça ne faisait pas partie de ses principaux centres d'intérêts, loin de là. Certes, il lui fallait bien évacuer toutes les tensions et ressentis négatifs, elle le savait, elle ne pouvait pas intérioriser, elle se demandait même si elle en était capable, en fait. Quand elle était énervée, elle le montrait. Quand elle était heureuse, elle le montrait. Alors, logiquement, quand ça n'allait pas, elle ne tardait pas à le montrer. Pas non plus devant tout le monde, bien sûr. Puisqu'elle peinerait à s'expliquer, à vrai dire. Sincèrement, tout lui paraissait confus et compliqué. Peut-être parce qu'elle refusait de comprendre, de démêler tous ses ressentis. Oui, peut-être. Elle n'en savait rien, ce qui était pénible. Lorsqu'il se hasarda à supposer que le comportement de la rousse était causé par cette histoire avec son partenaire, elle réprima un nouveau sanglot puis cacha son visage dans ses mains quelques instants. Il lui affirma pouvoir parler devant lui. Vraiment ? De toute façon, si la production souhaitait que ses petites confessions soient diffusées, elle ne se gênerait pas hein. Le problème étant de savoir quoi dire, n'est-ce pas. Elle soupira, un doigt de sa main récoltant les larmes qui venaient de couler. Emilien... Rien que penser à la situation la faisait grimacer. « J'ai tout gâché avec lui, n'est-ce pas ? J'ai tout gâché avec un stupide... J'arrive pas à croire que j'ai fait ça. J'en suis tellement gênée que je ne sais même pas quoi lui dire. C'était tellement ridicule... Et débile. Et totalement déplacé. Le pire, c'est que je continue à tout gâcher... » Et tout le monde avait pu voir la scène et tout le monde voyait ses réactions, elle détestait ça, comme si les autres attendaient quelque chose d'elle. Elle n'en savait rien. Tout était compliqué et elle n'avait pas envie de s'enfoncer là-dedans. Bien qu'elle n'en aurait pas trop le choix, en fait. La situation ne pourrait pas rester ainsi éternellement.

Fitz n'aimait pas voir Emmeline comme ça, elle qui d'habitude était si pétillante, si enjouée, pleine de sous entendus et de petits regards en coin. Il n'aimait pas la voir pleurer, ses petits yeux rouges, ses joues humides, son nez qui reniflait, il n'aimait vraiment pas ça. Agenouillé à sa hauteur, Fitz décida de s'asseoir face à elle, écrasant la clope qu'il avait dans sa main. Elle n'avait peut-être pas envie de le voir et dans ce cas, elle pourrait le lui dire même si il savait qu'il était certainement bien plus bénéfique pour elle de parler plutôt que de pleurer dans son coin. Même si au fond, pleurer, ça faisait du bien, aussi. Fitz se risqua à lui en demander plus, pensant qu'il s'agissait peut-être d'Emilien, vu ce qu'il en avait vu au prime et lorsqu' Emmeline lui répondit, il comprit qu'il ne s'était pas vraiment trompé. Il l'écouta, essuyant une larme qu'elle avait oublié sur sa joue et soupira légèrement. - Je connais pas trop votre relation donc c'est difficile pour moi d’émettre un avis. Après, si t'avais envie de l'embrasser, je vois pas en quoi c'était une mauvaise idée. C'était pas ridicule non plus mais c'est vrai que s'il est amoureux d'Ezra et bien... Pourquoi tu dis que tu continues de tout gâcher ? Il s'est passé autre chose ? Fitz essayait de la réconforter mais si Emilien était amoureux d'Ezra et qu'elle, elle était amoureuse d'Emilien, ça allait bloquer à un moment ou un autre et surtout parce que pour couronner le tout, ils devaient dormir ensemble, toutes les nuits. Pour ça, cependant, il y avait une solution. - Peut-être que si tu allais dans un autre lit, un moment, pour être un peu seule, loin de lui, les choses seraient plus claires ? C'était une idée après tout. Fitz se décala alors, pour se poser à côté d'elle et commença à caresser son dos, lentement, pour la calmer. La voir souffrir ne lui faisant pas tellement plaisir.

Quelle situation de merde, franchement. C'était vraiment l'horreur, tout ce qu'elle détestait. Elle ne voulait plus y penser, elle aimerait pouvoir oublier tout ce qui s'était passé depuis la semaine précédente. Ou elle aimerait juste être dénuée d'émotions, ça serait plus simple. Plus de gêne, plus de peine, plus de regrets. Ça serait tellement bien, tellement plus simple. C'était mal d'en venir à penser une telle chose ? La connaissant, sans doute. Elle était tellement sensible, elle prenait tellement tout à cœur... Qui serait-elle sans cela ? Allez savoir. Toujours est-il que les choses étaient ainsi et qu'elle n'y pouvait rien jusque-là. La seule chose dont elle était capable, c'était pleurer. Et quelque part, elle espérait que quelqu'un d'autre pourrait lui souffler toutes les réponses et le comportement qu'elle devrait adopter. La simplicité, elle ne souhaitait que ça. Quelque part, elle supposait pouvoir remercier Fitz de ne pas être parti en courant en voyant des larmes glisser sur ses joues. Surtout qu'il essayait même de l'aider. Voilà qui était gentil. Même trop. Elle n'en méritait pas tant. Et si, c'était une mauvaise idée d'avoir embrassé Emilien. Puisqu'ils se trouvaient dans cette situation à présent. Donc ça ne pouvait être qu'une mauvaise idée, de toute évidence. Quant à cette histoire de changement de lit, eh bien... « Déjà fait. Depuis... l'autre jour, c'est à peine si j'ai pris le temps d'être dans la même pièce que lui. Et c'est ça justement qui empire le tout, que je ne tente même pas de lui parler ou de mettre les choses au clair mais pour dire quoi ? Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. » Alors elle pourrait bien tenter de s'expliquer, ses explications ne rimeraient pas à grand chose. « Et à cause de ça, je vais peut-être perdre la personne avec laquelle je suis la plus proche depuis le début de ce jeu... » Ouais, ça aussi, ça la mettait vraiment mal, ça la faisait souffrir. Elle appréciait tellement Emilien que tous ces problèmes la tuait. Imaginer que leur amitié pourrait ne plus jamais être la même... Non, c'était trop pour elle. Elle tenta de calmer ses larmes, lèvres pincées, en vain. Oh, elle détestait ça. « Je ne sais pas, au final, je me dis que c'est peut-être une erreur de participer à cette émission... » Oui, elle allait si loin que cela dans les regrets. Son regard triste se tourna vers Fitz tandis qu'elle haussa les épaules. « Je ne pensais pas que ça serait si difficile d'être dans ce jeu. » Bah ouais. Elle s'était dit que ça serait simple, juste de quoi profiter de sa vie et puis, au final, ça avait tout bouleversé, tout ce qu'elle pensait sûr, eh bien, ça ne l'était plus.

Fitz n'avait pas la solution à la situation que traversait Emmeline en ce moment. N'en connaissant pas les détails, il ne pouvait pas vraiment la conseiller et préférait ne pas dire grand chose. Après tout, faire une bourde serait pire que tout et Fitz ne voulait pas de ça. Ce qu'il voulait, c'était qu'Emmeline sache que si elle avait besoin de parler, si elle avait besoin de se vider, il était là pour elle car il l'appréciait et ne voulait pas la voir dans une telle posture. Vraiment pas. Alors il tentait d'en savoir plus, ayant tablé dès le départ sur Emilien. Les deux semblaient proches mais pas autant l'un pour l'autre. Emilien avait Ezra quand Emmeline, elle, n'avait que lui. Parfois les sentiments pouvaient faire souffrir, Fitz était bien placé pour le savoir. Il essaya donc de trouver des alternatives et peut-être que pour elle, il était mieux qu'elle s'éloigne, qu'elle dorme ailleurs, pour un temps. Sauf que ça, elle l'avait déjà fait Emmeline, elle n'était pas si bête. - Je sais. Je sais que ce n'est pas si simple. Fitz avait bien ignoré Everleigh pendant une semaine. D'un commun accord, certes mais c'était ce qui s'était passé. - Tu l'aimes bien ? Tu voudrais aller plus loin avec lui dans l'optique où il serait libre ? Parce que c'est ça la question à se poser même si je sais que la réponse n'est pas aussi facile à trouver. Il faut que tu lui dises ce que tu ressens, pour ne rien regretter ensuite et après, c'est lui qui choisira. Peut-être que ça fera mal mais dans tous les cas, jpeux être là pour t'aider tu sais, vraiment. Il n'aimait pas la voir comme ça, tellement pas. - Dis lui ça, que tu n'as pas envie de le perdre, que tu ne veux pas que ça interfère mais mettez les choses au clair, vraiment. C'était la seule solution viable de toute manière : la vérité. Fitz voyait les choses ainsi en tout cas. - Je peux pas répondre pour toi, je pense pas que ce soit une mauvaise chose cependant, t'auras rencontré du monde, à qui tu tiens, non ? Même si peut-être que faire ce genre d'émission n'était pas très intelligent au fond. C'était se compliquer la vie pour rien, à moins qu'on ait un message à faire passer. Elle haussa les épaules, le regardant avec son regard tout embué et il la prit dans ses bras, naturellement. - Je sais. Ce n'était simple pour personne de toute façon, sauf que certains s'en sortaient mieux quand même, c'est sur.

Pourquoi est-ce que tout devait être si compliqué ? C'était vraiment un beau bordel dans lequel elle venait de se mettre. Et tout ça pour quoi ? Un baiser. Un baiser qu'elle ne parvenait pas à comprendre réellement, un baiser qui venait gâcher une relation qui avait été si pure et innocente... Non mais vraiment, elle se demandait ce qui avait pu lui passer par la tête pour qu'elle décide de capturer les lèvres de son partenaire, comme s'il s'agissait d'un homme avec lequel elle pouvait avoir ce genre de gestes. Elle préférait se dire qu'elle avait perdu la tête, que la fatigue avait contribué à cela, rien de plus. Et quand Fitz reprit la parole, elle ne parvint pas à empêcher ses sourcils de se froncer. Voudrait-elle plus avec Emilien s'il n'était pas déjà avec quelqu'un ? Voudrait-elle vraiment pouvoir l'embrasser à nouveau ? Elle... elle n'en avait pas l'impression, c'était... Non. Elle appréciait vraiment Emilien, elle l'appréciait tellement mais ce baiser avait tout de même eu un air... terriblement déplacé. Oh, elle ne savait pas. C'était trop étrange, comme situation. Mais oui, le mieux serait sans doute d'en parler directement avec le principal concerné... Elle acquiesça simplement, se mordillant la lèvre, espérant se calmer. Ouais, pas facile. Et autant dire que discuter avec Emilien ne le serait pas non plus. Puis, par la suite, elle avoua que participer à ce jeu était peut-être une immense erreur. Ouais, si ça se trouve, c'était juste une belle connerie qu'elle allait regretter... Oh, elle détestait les regrets. Elle qui avait tout fait ces temps-ci pour ne plus en éprouver, qui avait souhaité vivre sa vie selon ses désirs uniquement... Eh bien voilà qu'elle ressentait à nouveau tant de regrets... Ce que ça pouvait être désagréable. Même si, c'est vrai, cette aventure avait été agréable, c'était pour cela qu'elle était venue, à l'origine. Pour s'amuser, se distraire, profiter de la vie... à croire que son avis avait légèrement évolué. Pas qu'elle regrettait non plus totalement, c'était juste... compliqué, ouais. « C'est vrai... Je ne pensais pas que les gens seraient... si gentils, si attachants. » Il suffisait de regarder : Fitz était en train d'essayer de la consoler pendant qu'elle pleurait comme une cruche. Autant dire qu'elle n'avait jamais imaginé qu'une situation comme ça pourrait arriver. Et il alla même jusqu'à la prendre dans ses bras. Comme quoi, ses paroles de l'autre semaine étaient vraies : il était quelqu'un de bien, à ne pas en douter. Elle s'engouffra dans de nouveaux sanglots tout en s'agrippant légèrement à lui. Non mais elle allait se calmer un coup qu'elle aurait pleuré toutes les larmes qui ressentaient le besoin de se faire la malle, vraiment. Et puis, il fallait bien relâcher la pression de temps en temps... non ? « Je suis désolée de pleurer comme une idiote... » prit-elle tout de même le temps d'articuler. Parce qu'on ne pouvait pas dire qu'elle s'appréciait tellement dans une telle situation hein. C'était vraiment débile de pleurer pour '''si peu''', au fond. Et elle le savait.

Emmeline ne lui répond pas, ce qu'il peut comprendre en réalité. Après tout, ses questions sont peut-être trop personnelles, trop intimes ou peut-être que la rousse n'a tout simplement pas envie de lui répondre, pour ne pas se souvenir de tout ça, pour essayer d'oublier et ça aussi, Fitz le comprendrait assez bien. Ici, personne ne se connaît vraiment et si avec certaines personnes les liens sont réels, il est difficile de savoir si c'est la même chose avec tous. Les faux-semblants sont nombreux, les émotions exacerbées et voilà ce qui arrive. On se met à embrasser des personnes, à les enlacer, à s'attacher à eux et des événements font tout capoter. Fitz avait cette impression d'être toujours sur le point de tout faire capoter et Emmeline, elle, était persuadée que ceci était déjà arrivé, avec Emilien. Elle était mal et ça aussi, Fitz pouvait le comprendre. Tout était fait pour ça de toute manière, pour qu'ils se sentent mal, pour qu'ils voient des choses et que cela engendre des conséquences. Et ça marchait très bien, à tous les coups même car personne ici n'était assez détaché pour se croire au dessus de tout ça. Même Fitz, qui n'était pas le genre à se prendre la tête, ni à perdre son sang froid s'était fait prendre. Emmeline en tout cas, ne répondait toujours pas, acquiesçant et sanglotant encore un peu plus. - Tu vois, tout n'est pas à jeter et puis quand tout ça sera fini, tu pourras prendre la distance que tu souhaites, avec qui tu veux. Avec Emilien même si elle juge que c'est ce qu'il faut. Mais il est trop tôt pour dire quoique ce soit. Il la prend ensuite dans ses bras, parce qu'il est comme ça Fitz et qu'il n'aime pas la voir ainsi. Il sait aussi qu'elle ne le repoussera pas et qu'ils sont assez proches pour qu'il puisse se permettre ce geste. Elle s'excuse, c'est idiot. - Tu n'es pas une idiote et ne t'excuse pas. Et puis parfois ça fait du bien de se lâcher. Dis toi que les choses ne sont pas définitives et qu'au final, ce n'est pas si important. Ce n'est qu'une émission de télévision après tout. Mais oui, plus facile à dire qu'à faire.

Elle ne devrait pas se mettre aussi mal pour toute cette histoire. Elle le savait, ça ne lui ressemblait pas. Elle parvenait souvent à se détacher de certaines situations... enfin, surtout quand ça concernait les histoires des autres, à vrai dire. Là, oui, il n'y avait aucun souci. C'était même carrément simple. Sauf que quand il s'agissait de ses petites affaires, c'était légèrement différent. Quoique, à l'extérieur de ce jeu, c'était plus simple. Mais ici... Tout le monde était au courant de tout, elle croisait constamment la personne concernée par son erreur... Ouais, l'enfermement favorisait clairement les soucis. C'était tout le but de cette émission, dans le fond. Après tout, c'était du business et qu'est-ce qui fait de l'audimat ? Eh bien, c'est les disputes, les coups de folie et tout ce qui s'en suit. L'amour et la haine. Sans doute les deux choses qui font le plus vendre. Soit. Au final, elle avait l'impression d'être coincée dans cette situation, sans aucune réelle possibilité d'en choisir. À moins de s'enfuir, en fait. Oui, voilà, si elle s'en allait, si elle allait dans un pays où personne ne la connaissait... Un peu radicale comme solution ? Certes. Oh, elle ne savait plus, pas, avait-elle su un jour ? Elle ne souhaitait pas regretter sa participation à ce jeu et dans le fond, ses regrets ne portaient pas là-dessus. Ouais, bon, c'était compliqué. Elle pouvait au moins se réjouir d'avoir rencontré des personnes vraiment chouettes, des personnes qu'elle comptait bien revoir à l'extérieur, bien sûr. Déciderait-elle de prendre de la distance avec certaines personnes ? Peut-être avec les gens dont elle n'était pas très proche, peut-être, oui. « Oui, c'est vrai, je suppose. » Qu'est-ce que ça allait être étrange de retrouver sa vie, cela dit. Après deux mois d'absence, forcément... Des choses avaient dû changer, depuis son entrée dans le jeu. Oh, elle craignait le pire, à vrai dire. Soit. Elle pleurait toujours contre l'épaule de Fitz, ce qu'elle trouvait... plutôt étrange, dans le fond. Elle ne souhaitait pas le déranger, en fait ou ne serait-ce que son regard sur elle puisse changer parce qu'elle versait quelques larmes. Il était gentil. Vraiment gentil. Et une nouvelle fois, il avait raison. Rien n'était définitif ou permanent. Les choses changeraient. En bien, elle espérait. De nouveau, elle acquiesça, tout en se redressant légèrement, collant son front au sien l'espace de quelques secondes. « Merci d'être gentil avec moi. » souffla-t-elle avant de s'éloigner de lui et d'essuyer longuement ses joues. « Quand... l'autre jour, quand tu as dit que ce n'est pas normal que personne ne s'intéresse à moi... tu le pensais vraiment ? » Oui, elle avait besoin de connaître la réponse, de savoir s'il avait été sincère ou s'il n'avait dit cela que pour se montrer gentil envers elle. Oui, elle voulait savoir. Parce que... dans le fond, elle avait peut-être l'impression d'avoir perdu de sa valeur, de son importance. Oui, peut-être.