L'un des plus gros défauts de Mado était assurément le fait qu'elle ne puisse s'empêcher de se questionner au sujet de centaines de choses. Elle se posait beaucoup trop de questions, réfléchissait parfois plus que de raison, si bien qu'elle psychotait un peu trop facilement. Et tandis qu'ils revenaient tous deux sur la nuit qu'ils avaient passé dans la chambre secrète, et après qu'elle ait tâché de rassurer Fitz sur le fait qu'il ait effectivement été comme il fallait, voilà que la jeune femme en vint inévitablement à se demander si, elle, elle avait été à la hauteur. Elle avait franchement préféré éviter de se poser une telle question sur le moment, car ça aurait pu la bloquer et ainsi tout gâcher, mais ici, ce soir, et maintenant qu'elle repensait à ce qu'ils avaient partagé, il est vrai qu'elle ne pouvait que se questionner sur ce qu'elle avait été, elle. Peut être avait-elle était médiocre, mais qu'il n'avait rien voulu lui dire, de peur de lui faire du mal. Après tout, Mado n'avait jamais eu le choix avant la semaine dernière, et les choses s'étaient naturellement déroulées bien différemment de ce qu'elle avait pu connaitre par le passé. Le fait d'avoir eu l'occasion de prendre quelques initiatives l'avait d'ailleurs prouvé. Alors oui, elle commençait à se demander si elle avait fait comme il fallait et si elle ne l'avait pas déçu, parce qu'elle préférerait le savoir, ne serait-ce que pour s'améliorer. Sauf que Fitz lui fit savoir qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour ça, ce qui ne manqua évidemment pas de la rassurer. S'il le lui disait, c'est qu'il avait du apprécier. Elle avait pleinement confiance en lui et en ses dires, elle savait qu'il ne lui mentirait pas, pas comme ça. Alors elle se sentit tranquillisée, d'autant plus lorsqu'il caressa ses cheveux. Tout ce qu'elle avait voulu, lundi dernier, c'est faire les choses bien et permettre à Fitz de passer un aussi bon moment qu'elle. Elle n'avait toujours pas la prétention de penser qu'elle avait assuré, mais au moins maintenant elle savait qu'elle s'en était sortie un minimum, ce qui était franchement encourageant pour elle. Elle tâcha alors de lui sourire, espérant qu'il le verrait, puis fut pour le moins surprise par ce qu'il lui proposa ensuite. Lui apprendre des trucs ? Sexuellement parlant ? Sans doute, oui. Donc oui, définitivement, ça la surprenait. Mais elle ne serait pas contre, car il s'y connaissait mieux qu'elle et que cela laissait d'ailleurs entendre qu'il pourrait être d'accord pour recommencer, à l'occasion. Donc finalement, c'était tout autant rassurant ça aussi. « Je n'aurais rien contre » souffla-t-elle alors, peut être un peu gênée, tâchant pour autant de se montrer aussi joueuse que lui, au moins pour qu'il sache qu'elle serait d'accord, oui, s'il voulait lui apprendre certaines choses. Elle avait confiance en lui et savait qu'il ne l'entrainerait pas sur n'importe quel terrain, de toute façon. Tout comme elle savait qu'avec lui, elle aurait toujours un certain contrôle sur la situation, qu'il ne la forcerait jamais à rien et qu'elle serait toujours en position de freiner les choses si quelque chose la gênait. Quant à la question qui lui fut posée en pleine prime, il est vrai que Mado s'était demandée ce qu'elle était censée répondre, sur le moment. Elle avait inévitablement eu envie de dire "oui" puis s'était demandée s'il fallait mettre un mot sur leur relation, et si oui, si ça ne dérangerait pas Fitz. Car oui, au final, c'est parce qu'elle s'était dit qu'il pourrait ne pas nécessairement vouloir être associée à elle qu'elle avait préféré opter pour une réponse vague et ne risquant pas de la ridiculiser, hm. Pourtant, plus il s'exprimait, plus il la rassurait sur des choses qu'elle savait sans doute déjà partiellement mais qu'elle avait besoin d'entendre, plus Mado tendait à penser qu'il pourrait ne pas être contre, au final. Tout ce qui importait pour elle, c'est qu'il ne prévoit pas de ne plus lui donner de nouvelles une fois à l'extérieur. A choisir, elle préférait qu'il lui dise qu'il ne pourrait pas rester avec elle, que ce serait trop contraignant, que ça l'empêcherait d'être aussi libre qu'il pourrait vouloir l'être, ce qu'elle tâcherait de comprendre. Mais visiblement, le problème ne se posait pas, et ça la rassurait grandement. Parce qu'elle, elle savait déjà qu'elle n'aurait aucun besoin d'aller voir d'autres garçons, que tant que Fitz voudrait bien d'elle, elle serait comblée. Un petit rire s'échappa en tout cas de ses lèvres lorsqu'il laissa entendre qu'elle était têtue, parce qu'évidemment qu'elle l'était. Un autre de ses défauts ? Sans doute. Mais elle redevint plus sérieuse lorsqu'il l'interrogea sur le fait de se voir comme en-deçà des autres, ce qui était effectivement souvent le cas. « Je ne sais pas, c'est comme ça depuis très longtemps. Je crois que je ne me supporte pas et qu'a contrario, j'idéalise assez souvent les autres. » Sans doute avait-elle passé trop d'années à se reprocher de n'avoir pas été en mesure de se révolter à une certaine époque, et d'être ce qu'elle était aujourd'hui. Il y avait aussi ce perpétuel manque de confiance en elle, qui ressortait dans certains contextes, à certaines occasions. Globalement, elle ne s'aimait pas et se rabaissait plus souvent qu'on pouvait le penser. Du coup, oui, il lui arrivait assez souvent de partir du principe qu'untel était mieux qu'elle. C'était d'ailleurs ce qu'elle s'était souvent dit, ces dernières semaines, par rapport à Everleigh. Qu'elle était plus attirante, plus désirable, qu'elle était le genre de femmes que l'on voudrait séduire, s'étant bien souvent comparée à elle, pour au final se rabaisser toujours davantage. C'était comme ça. Aussi, il est vrai qu'elle n'était pas tellement copine avec le simple, qu'elle préférait le compliqué. Ça aussi, c'était comme ça. Elle s'amusa alors de ses nouveaux propos, tandis que Fitz revint sur la promesse qu'il lui avait faite lundi soir. Il disait avoir l'intention de lui rester fidèle, et ça comptait beaucoup pour elle. Au fond, elle savait qu'il était un homme de parole, c'est justement pour ça qu'elle s'était doutée, au moment où il lui avait faite ladite promesse, qu'il la tiendrait. Ainsi, elle estimait que c'était beaucoup plus clair maintenant. Pouvait-elle désormais partir du principe que Fitz et elle formaient un "couple" ? Apparemment, oui. Et cette idée l'enthousiasma, bien qu'elle tâcha de ne pas trop en faire. Elle se contenta de sourire grandement, avant de revenir à sa manière sur la promesse, histoire qu'il sache qu'elle s'était demandée si elle n'était pas précipitée et malvenue. Fitz disait alors qu'elle n'avait pas besoin de se justifier à ce sujet, qu'il avait compris le symbolisme de la promesse par la suite, et ça la rassurait d'autant plus. Il lui adressa ensuite quelques autres paroles qui lui firent plaisir. Elle se sentait importante et privilégiée, d'avoir partagé cette nuit avec lui, mais également d'être auprès de Fitz ce soir, dans ce lit. « C'est vrai » qu'elle souffla alors, doucement, avant qu'il ne recapture ses lèvres et qu'elle sente les mains du jeune homme glisser de sa nuque à son dos, la faisant alors frissonner, et l'incitant à répondre à son baiser d'une façon passionnée et langoureuse, tant elle se sentait bien avec lui. L'une de ses mains vint se déposer contre la joue de Fitz, épousant la forme de sa mâchoire et la caressant délicatement. Et puis elle recula partiellement son visage et laissa ses lèvres butiner son cou à travers quelques baisers, innocents cela dit, vu qu'elle savait qu'ici, ça n'était pas comme dans la chambre secrète. « Merci de m'avoir proposé de dormir à tes cotés » souffla-t-elle. Dans ses bras, elle éviterait de penser à ce qui perturbait ses nuits depuis quelques jours. Il la tranquilliserait, c'est certain. « Je vais avoir besoin de toi pour aller mieux, pour aller bien. » Par là, elle cherchait à lui faire comprendre que sa présence lui était aussi bénéfique que pourrait être celle d'Ezra, qu'elle ne voulait cependant pas embêter, maintenant qu'il était en couple et vu tout ce qu'il avait déjà fait pour elle. Fitz, lui, lui avait déjà fait beaucoup de bien, alors oui, elle avait tendance à penser qu'il pourrait lui permettre de dépasser un certain nombre de choses. Qu'il pourrait la rendre heureuse, surtout.

Ainsi donc, Fitz pourrait lui apprendre des "trucs". Mado ne sut pas tellement quoi en penser dans un premier temps, mais elle ne tarda pas à comprendre qu'il ne disait pas ça pour critiquer quoi que ce soit qu'elle ait pu faire lundi soir, et que c'était plus dans l'optique de détendre un peu l'atmosphère qu'il avait placé une telle phrase. Pour autant, elle tâcha tout de même de prendre ça un minimum au sérieux, partant du principe que ça ne serait effectivement pas plus mal s'il pouvait lui apprendre quelques petites choses. Non pas qu'elle veuille se perfectionner en la matière, mais elle voulait qu'il ait véritablement plaisir à partager d'intimes moments avec elle, ainsi donc, s'il pouvait lui apprendre à maitriser de petites choses qui le satisferaient, la grande brune n'aurait assurément rien contre. C'est d'ailleurs ce qu'elle tâcha de lui dire, en veillant tout de même à sourire un minimum, bien que parler de ce genre de choses ne soit absolument pas habituel pour elle. Elle tâchait de prendre doucement confiance en elle, ce qui se révélait être véritablement difficile, mais qui valait assurément la peine qu'elle s'emploie à faire des efforts. Mais il est clair que ça n'était pas gagné, ne serait-ce qu'en ce qui concernait l'opinion qu'elle avait d'elle-même. Le fait est que Mado avait passé de longues années à se dénigrer, à se reprocher des choses et qu'elle avait aussi salement tendance à idéaliser les autres pour se rabaisser d'autant plus. Elle savait que ça n'était pas une chose à faire, qu'elle gagnerait à être plus indulgente avec sa personne, mais ça ne se ferait assurément pas en un jour. Pour autant, elle appréciait que Fitz soit là pour la secouer un peu, pour lui faire comprendre qu'elle ne devait pas dire ce genre de choses, partir du principe qu'elle était moins bien que les autres. « Je sais qu'il faut que je travaille sur ça, sur l'opinion que j'ai de moi. J'ai vraiment pris une sale habitude ces dernières années, et il faut que je parvienne à la gommer peu à peu. » Progressivement, histoire de ne pas partir dans l'extrême inverse, de ne pas devenir aussi prétentieuse que Mickey par exemple. C'était une chose de ne pas se supporter, mais c'en était une autre de s'admirer. Et ça, elle ne voulait pas non plus. Il y avait un juste milieu, elle le savait, et c'est ce qu'elle voulait atteindre, en s'en donnant les moyens, mais aussi en se laissant le temps. Précipiter les choses ne servirait probablement à rien. Par la suite, Mado profita du baiser initialement donné par Fitz pour recapturer ses lèvres, un peu plus langoureusement, en se permettant par la suite d'embrasser son cou, sans arrière-pensée pourtant, simplement pour se montrer tendre, comme pour annoncer la suite, le fait qu'elle ressente le besoin de le remercier d'être ici, ce soir, dans son lit, et dans ses bras. Elle s'y sentait bien et y trouverait probablement plus aisément le sommeil, ce qui ne serait pas un luxe. Il lui confia alors aimer être là avec elle, ce qui la fit doucement sourire, tandis qu'elle caressa son bras, ne ressentant pourtant pas le besoin de lui affirmer que c'était également son cas, vu que ce qu'elle venait à l'instant de confier semblait déjà fort bien l'indiquer. La suite, par contre, la força à reprendre la parole. Il espérait être à la hauteur pour elle. Elle craignait ainsi de lui avoir chargé les épaules d'un poids conséquent, ce qu'elle ne voulait pas pourtant. « Je ne veux pas que tu te mettes la pression, Fitz. Je n'ai pas d'attentes particulières, tu sais. Jusqu'à présent, tu m'as beaucoup apporté, alors que tu n'as jamais cherché à trop en faire. Tu me fais du bien d'une façon très naturelle, alors il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal. » Et elle ne voulait pas qu'il se laisse obnubiler par tout ça, parce qu'elle ne voulait pas qu'il angoisse à l'idée de mal faire, vu que jusqu'à présent, il lui avait énormément fait de bien. Elle avait confiance en lui. Mado eut alors droit à un nouveau baiser, qu'elle prolongea avec tendresse, tandis qu'elle fut ensuite un peu surprise par la question qu'il lui posa. Il lui parla de la sortie, de ce qu'il en serait pour elle, d'un point de vue individuel, et concernant notamment son passé, donc son secret, ce qu'elle avait vécu. Inévitablement, elle angoissa légèrement, tout simplement parce qu'elle évitait d'y penser alors qu'il était justement bien qu'elle s'y prépare. Elle n'était pas lâche, elle repoussait simplement le moment où elle devrait y réfléchir. Ce moment était visiblement arrivé. « J'ai évité de trop y penser jusqu'à présent, parce que j'appréhende justement ce qu'il se passera à l'extérieur. Je sais qu'on risque de me parler de ce que j'ai vécu, et c'est ce que je redoute le plus. Ça a été très dur pour moi de raconter tout ça, tout en sachant que beaucoup de gens seraient ainsi mis au courant. Je vis dans un quartier où l'on a toujours assez mal vu le fait que je me montre peu chaleureuse à l'égard de mon fils, et je n'ai pas envie que qui que ce soit se sente maintenant obligé de me dire "si j'avais su, je ne vous aurais pas jugée". Si c'est hypocrite, si c'est simplement pour se donner bonne conscience, ça ne sert à rien. Car je ne veux de la pitié de personne. Je veux simplement qu'on ne me juge plus aussi facilement qu'on pouvait le faire auparavant, qu'on prenne simplement en compte le fait que ce ne soit pas facile, mais que j'essaie de gérer la situation comme je le peux. C'est peut être étrange, mais les médias m'inquiètent moins que les gens en général. Peut être parce que je pense pouvoir m'en débarrasser plus facilement, ou parce que j'estime que ce genre de choses auront moins de chances de m'atteindre. Ce sera plus facile, je pense, d'ignorer des articles de magasines que les gens qui pourraient croiser ma route et émettre des avis dont je n'aurais absolument pas besoin et qui me feraient certainement plus de mal que de bien. Je crois que je m'attends un peu à en baver, en fait. » Oui, bon, il est vrai que c'était une vision assez pessimiste de l'après-Fake Lover qu'elle avait là, mais que voulez-vous, elle ne le sentait pas des masses. Elle comprenait en tout cas qu'il se faisait un peu de souci pour elle, et ça la touchait. « Tu t'en sortiras très certainement mieux que moi avec tout ça, une fois dehors » souffla-t-elle, en riant légèrement, avant de déposer un baiser sur sa mâchoire. « J'espère simplement que tu n'auras pas de problèmes avec ta famille après t'être ... affiché avec moi ... » reprit-elle, sur un ton plus sérieux. Non pas qu'elle reparte dans l'idée de se dénigrer, mais elle ne savait pas si ce qui avait été montré, mais également sous-entendu - n'est-ce pas Sydney - n'avait pas déplu à la famille de Fitz. Aucun risque que ce soit le cas du coté de Mado, en tout cas.