Emilien venait de se réveiller. Non, pas en douceur. La lumière un peu trop vive de la pièce lui brulait déjà les paupières, alors qu’il tentait vainement de garder les yeux ouverts. Il tâtonna doucement à l’aide de sa main. Constatant qu’il était seul dans ce lit. Ezra s’était sûrement lever plus tôt que lui et avait jugé bon de laisser dormir un peu plus Emilien. Il avait sûrement bien fait, puisque depuis quelques jours, Emilien connaissait des problèmes de sommeil. A croire que son organisme avait décidé qu’il vivrait la nuit, et dormirait le jour. Ou qu’il ne dormirait plus, mais à ce rythme là, il se fatiguera bien vite. Bref. Son regard balaya la pièce, alors qu’il se frottait encore les yeux. Plus personne dans la chambre. Tant mieux. Au moins, il était tranquille, en paix. C’était sans compter les rires gras de ses camarades qui sonnèrent comme un réveil. Un soupir s’échappa entre les lèvres du suisse, qui lui, aurait très bien voulu continuer de dormir. Juste un peu. Quelques minutes de plus, quelques heures de plus. Trop tard. Il avait les yeux grands ouverts à présent. Il était donc résigné de se lever. De se lever du pied gauche. Voilà une journée qui allait très mal se commencer. Se lever du pied gauche, ce n’était jamais bon signe cela… tout du moins, c’était ce que disait l’expression. Dans l’état comateux dans lequel il se trouvait, il pouvait bien se lever du pied droit, ou gauche ou même de la main droite, il s’en fichait un peu. Debout sur ses deux jambes, il se dirigea vers la salle de bain. Sans même prendre le temps d’enfiler un tee-shirt. De toute façon, ce serait pour l’enlever aussitôt puisqu’il avait décidé de prendre une douche. Une douche. Il en avait un grand besoin. Surtout pour se réveiller un peu. Ainsi, il entra dans la salle d’eau sans vraiment faire attention s’il y avait déjà quelqu’un. A vrai dire, il n’eut même pas le temps de se poser cette question qu’une jeune femme venait l’aborder. Il ne la connaissait pas, d’ailleurs. Mais elle, elle semblait le connaitre. Elle semblait connaitre son prénom tout du moins puisqu’elle l’avait appelée « Emilien ». Qui était-elle d’ailleurs ? Il n’avait jamais vu son visage jusqu’à présent. Joli visage. Elle se disait être curieuse. Super curieuse. Le suisse sourcilla légèrement à l’écoute de ses douces paroles. Elle voulait… tester un truc ? Un truc ? Qu’est-ce qu’était donc ce truc ? Il secoua doucement la tête, sentant ses pensées se cogner contre les parois de son crâne. « Euh… non ?! » souffla-t-il alors, un brin surpris par les paroles de cette jeune femme. Il n’avait même pas eu l’idée de lui demander son prénom. Sûrement trop intrigué à savoir ce qu’elle voulait « tester ». Quel « truc » c’était.

Elle connaissait son prénom, et devait peut-être savoir d’autres choses à son sujet, et lui ne connaissait strictement rien de cette jeune femme. Il avait dit à tout à hasard qu’elle pouvait tester un truc, son truc. Il ne savait pas vraiment de quoi elle parlait, mais sûrement le saurait-il vu qu’il avait accepté qu’elle essaie un ‘truc’. Emilien était presque curieux de savoir ce qu’elle comptait faire. Curieux. C’était sûrement la fatigue qui le rendait ainsi, parce qu’en temps normal –sil n’avait pas été aussi endormi que cela– il aurait très certainement été méfiant. Très méfiant. Cette fille devait certainement faire partie de ces anciens candidats qui étaient revenus. Revenus pourquoi ? Emilien s’en moquait un peu de savoir les raisons du retour de ces anciens candidats, tout cela ne lui inspirait juste pas confiance. Pas du tout même. Pourtant, Ezra avait bien tenté de lui faire changer d’avis, en vain. Et sans s’y attendre, cette jeune fille l’embrasser. Un peu trop endiablé. Le suisse tenta vainement de reculer afin de mettre fin à ce baiser. Ce baiser qui n’avait pas eu lieu d’être. Pourquoi était-elle entrain de l’embrasser ? Elle embrassait souvent les personnes qu’elle ne connaissait pas ? Elle n’était pas très… nette cette fille. Il pouvait sentir ses mains se balader sur son torse dépourvu d’habit. A croire qu’elle profitait de ce moment. Il ne manquerait plus qu’elle daigne le débarrasser de son boxer. Oh non. Elle n’avait pas intérêt. Emilien la repoussa doucement, tout doucement, mettant alors fin à ce baiser. Il se pinça les lèvres, se demandant alors comment il allait pouvoir raconter cela à Ezra. Il était presque persuadé que ces images de ce baiser volé et non-voulu sera diffusé lors du prochain prime. Emilien embrassant une autre personne, qui n’était pas Ezra, embrassant une fille. Un « pas mal » s’échappa entre les lèvres de cette jeune femme. Pas mal. Il ne trouvait cela ni bien, ni pas mal… il n’arrivait d’ailleurs même pas à émettre un avis sur ce baiser. Il savait que c’était mal. Très mal. Qu’Ezra serait blessé d’apprendre cela, mais pourtant, Emilien n’avait rien à se reprocher. Il ne l’avait pas embrassé. C’était cette fille là, dont il ignorait le prénom, qui s’était presque jeté sur lui. Il avait tenté de la repousser. Le suisse lâcha un soupir, secouant doucement la tête. Il passa un instant ses mains sur son torse, comme pour se débarrasser d’une démangeaison imaginaire. Elle lui demanda alors s’il était « totalement gay » ou attirée par les filles aussi. Emilien fronça très légèrement les sourcils, avant de répondre à cela. « Je n’suis pas gay. » souffla-t-il alors, naïvement. Non. Il ne l’était pas. Emilien n’aimait pas les hommes, n’était pas attiré par eux. Il aimait juste Ezra. Oui. Ezra était l’exception. Son exception. Il n’était pas homosexuel, bien que certains aient voulu lui coller cette étiquette. Il ne savait même pas pourquoi il venait de lui répondre. Ca ne la regardait pas de toute façon. Qu’il soit gay, ou bisexuel, il ne se passerait rien avec cette jeune fille. Oui, rien. Même si elle venait de sous-entendre bien le contraire. Il cligna les yeux, avant de secouer doucement la tête. Avait-il bien entendu ? Un plan à trois ? Elle se mit à parler d’Ezra. Enfin, elle devait certainement parler de lui en parlant « [son] mec ». Il lui lança un petit regard plein de méfiance. Qu’elle ne s’approche pas d’Ezra. Ainsi, elle n’était pas contre un threesome avec Emilien. Quelle idée… tordue. « Tu ferais mieux de proposer ça à d’autres… » souffla-t-il dans un soupir. Comme à Harlow et Cameron, par exemple, tiens. Elle n’avait qu’à prendre les dires du suisse pour un « non ». Et qu’il n’était vraiment pas pour cette idée… tordue. Ezra ne devait pas l’être, lui aussi. Qu’elle le laisse tranquille maintenant, et qu’elle aille prendre sa douche. Elle lui demanda alors s’il avait des tatouages. Un rapport avec ce qu’elle venait de lui dire précédemment ? Non, tout du moins, Emilien n’en trouva pas. Il lui lança un bref regard, avant de prendre sa serviette qu’il déposa sur son épaule. « Je… je vais te laisser prendre ta douche, je crois. » souffla-t-il. Il était peut-être plus préférable qu’il s’en aille le temps de la douche de la jeune femme, et qu’il revienne lorsqu’elle ne sera plus là pour prendre à son tour sa douche.

Etait-elle sérieuse dans sa proposition ? Enfin avec son idée de plan à trois, de threesome. Il ne savait pas vraiment, elle avait l’air de prendre cela très à cœur en tout cas. Mais… Emilien ne se voyait pas partager Ezra. C’était son Ezra. Il n’allait pas le partager avec n’importe quelle première fille. Oui. Emilien pensait de plus en plus égoïstement. Ne pensait plus qu’à lui, à Ezra, à eux. Il n’était pas si égoïste que cela. Il était juste amoureux. Oui. Voilà amoureux. Le suisse lui dit alors qu’elle fasse cette proposition à d’autres personnes. Ezra et Emilien n’était pas le seul couple de ce chalet. Alors, elle trouverait bien facilement à qui demander. Pourtant, cette demoiselle –car oui, Emilien ne connaissait toujours pas son prénom et ne le saura peut-être jamais– ne semblait pas vraiment être en accord avec les propos du suisse. Que ça lui plaise ou non, lui, il ne voulait pas. Ezra ne voudrait certainement pas non plus. Deux non, contre un oui. La majorité l’emportait. Elle trouvait les autres « pas aussi sexy ». Euh ? D’accord. Enfin, Emilien n’était pas le garçon le plus beau de cette émission, il le savait. Tout du moins, c’était ainsi qu’il se voyait. Il ne se voyait pas spécialement beau. Certes, il pourrait trouver ses yeux beaux. Mais qu’avaient-ils de particuliers, ses yeux ? A part être bleus. Bref. Le suisse ne prêta peu d’attention à la seconde question de cette jeune femme. Avait-il des tatouages ? Sincèrement, est-ce que ça la regardait de savoir s’il en avait un ou des tatouages ? Non. Qu’il en ait un sur le poignet, sur l’épaule, dans le dos, sur la fesse droite, qu’est-ce ça pouvait bien lui faire ? Puis, Emilien n’en avait pas. Finalement, il décréta qu’il allait la laisser prendre sa douche. Oui. Il s’en allait, il… fuyait. Voyez cela comme vous voulez. Elle ne mit d’ailleurs pas longtemps avant de comprendre les sous-entendus du suisse. Oui, il voulait la laisser seule. Toute seule. C’était sûrement préférable comme cela. En effet, il trouva cette solution judicieuse. Il n’était même pas surpris de l’entendre lui demander de rester. Il était certain qu’il ne restait pas et s’en irait ainsi, la jeune femme risquerait de ne pas se faire une belle image d’Emilien. Pourtant, il était si gentil, si adorable… Il sourcilla légèrement en écoutant les dires de cette inconnue. « Je n’ai pas envie de passer pour un voyeuriste, ça ira… » souffla-t-il, un petit rictus en coin. Il avait le droit de la mater, comme elle venait de lui dire. Ca ne la dérangeait pas d’ailleurs, qu’Emilien la mate. Peut-être qu’elle ça ne la dérangerait pas, mais lui, oui. Surtout que ce n’était pas son genre de regarder les autres de cette façon. Surtout qu’elle ne devait pas être le genre de fille à prendre sa douche en maillot de bain, mais bien… nue. Ce qui serait gênant. Et il manquerait plus que ces images soient diffusées, en plus du baiser, lors du prime. Emilien signerait sa mort. Enfin, pour le moment, rien de tout cela n’était encore arrivé. Encore heureux. Il était encore grand temps pour lui de se sauver, de prendre ses jambes à son cou. Emilien recula de quelques pas. « Tu t’appelles comment, au juste ? » lui demanda-t-il. S’il devait raconter ses mésaventures avec cette jeune femme à Ezra, il serait préférable qu’il sache comme elle s’appelle. Puis, il restera un peu à ses côtés comme ça, puisque c’était ce qu’elle voulait apparemment. Mais qu’elle n’espère pas qu’il reste pendant tout le temps qu’elle passera sous la douche, ou pire encore qu’ils prennent leur douche ensemble. Ah non. Il restait juste un peu, juste le temps qu’il ait ce qu’il voulait comme information.

Si cela ne dérangeait pas cette jeune fille qu’il la « matte », comme elle l’avait si bien dit, lui ça le gênait. Il n’était pas le genre de garçon à regarder les autres nus sous la douche, même si ces derniers lui donnaient l’autorisation. Le seul qu’il pouvait se permettre de regarder sans gêne était Ezra. Tout simplement parce qu’il était son petit-ami. Emilien n’allait pas regarder les autres dépourvus d’habits. Il n’aimait déjà pas qu’on le regarde lui, tout nu, alors il n’allait pas faire aux autres quelque chose qu’il n’aimait pas qu’on lui fasse. C’était insensé. Alors, oui. Il refusa en quelque sorte sa pseudo-invitation à l’observation de sa nudité. Il ne voulait pas qu’on le prenne pour un voyeuriste. Imaginez si ces images étaient diffusées lors du prime. Cette fille nue et Emilien l’observant, pour quoi passerait-il ? Pour un gros pervers, ou un voyeuriste, je vous laisse le choix. Mais qu’il se rassure, ces images ne seront pas diffusées puisqu’il n’allait pas rester là, les bras ballants à la regarder. Il va s’en aller. Mais juste après qu’il sache comment elle s’appelait. Elle devait bien avoir un prénom cette quidam. Elle s’appelait pas « Nobody », ni « Rien ». Pourtant, elle ne semblait pas décidée de lui dire. Le mystère était excitant… Cette phrase ne venait pas d’Emilien, mais de cette jeune femme. Il lui lança un petit regard perplexe. Quoiqu’il lui dise, elle devait être bien décidée à taire son prénom. Il devra donc faire sans, et devoir enquêter au cours de la semaine. Enfin perdrait-il le temps à chercher le prénom d’une fille qu’il ne reverra pas ? Non. Evidemment non. De toute façon, il avait décidé de quitter la pièce. Il fit deux petits pas en arrière, une nouvelle fois. Alors que cette jeune fille reprit la parole. Il n’allait pas partir. Pas maintenant. Oh, ce n’était pas elle qui le décidait. C’était lui. Alors, il avait décidé de partir, alors il partirait. Pour qui se prenait-elle ? Emilien fronça légèrement les sourcils lorsqu’elle lui reparla de tatouage. Elle voulait vraiment savoir s’il en avait ou non ? Etrange cette fixette sur les tatouages. Et s’il ne lui disait pas, elle vérifierait par elle-même… Par elle-même ? Avait-il bien entendu ? Il cligna des paupières avant de secouer les paupières. De toute façon, elle pouvait bien vérifier, il n’était vêtu que d’un boxer. Oh non… elle ne ferait pas cela. Emilien posa l’une de ses mains sur sa hanche, posée alors sur l’élastique du boxer. « Il n’y a rien à vérifier, de toute façon. » souffla-t-il. Puis, elle n’allait pas vérifier. Non. Et puis quoi encore. « Tu ferais mieux d’aller prendre ta douche, tu perds ton temps là. » reprit-il. Oui. Voilà, il va attendre qu’elle entre sous la douche et il partirait à ce moment cela. Comme cela, ni vu ni connu.