( Leone )

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà et le vent froid soufflait au dehors tandis que les habitants de la maison étaient tous ou en grande partie rentrés au chaud. Certains étaient déjà couchés, d’autres discutaient à droite à gauche. Betty-Jayne, de son côté, n’arrivait pas à dormir. Elle s’était couchée depuis plus d’une heure déjà, mais le sommeil ne venait pas. Elle se posait trop de questions ? Allez savoir. Son partenaire allait pour se coucher quand elle se décida à sortir finalement du lit, il lui demanda ce qui n’allait pas, elle se contenta de lui dire qu’elle n’avait pas sommeil, avant de sortir de la chambre, un long gilet enfilé sur sa nuisette. Elle descendit les escaliers et alors qu’elle traversait le salon pour se diriger vers la cuisine, elle vit le feu crépiter dans la cheminée et une silhouette assise près du feu l’interpella. S’arrêtant, elle posa ses yeux sur le dos de cet homme, le reconnaissant à sa stature et sa coiffure. Elle hésita un instant, puis elle se décida à s’avancer vers lui, légèrement timide. Elle s’approcha puis prenant place à ses côtés, elle fit en sorte de ne pas le toucher, puis elle tourna ses yeux vers lui et le regarda un moment avant de prendre la parole d’une voix douce et légère. « Hey.. » Elle se pinça les lèvres, alors qu’elle croisait son regard. « Ca va ? » Question banale, et pourtant sincère. Betty savait que Leone avait été affecté du départ de Deirdre et elle le comprenait.

Leone ne détestait qu’une seule chose chez lui, chose sur laquelle il n’avait finalement aucun contrôle. Il maudissait chaque jour le peu d’humanité qui l’habitait. Sa conscience, aussi petite qu’elle soit, lui rappelait sans cesse qu’il n’était pas aussi fort et invincible qu’il le prétendait. Malgré lui, cette satanée part d’humanité semblait croître depuis son arrivée dans le Nid d’Amour. Deirdre n’était qu’une candidate parmi d’autres, pourquoi était-il persuadé qu’elle lui manquerait ? Le bel homme devait impérativement se ressaisir. Il n’était pas là pour s’attacher à ses camarades, il n’était pas là pour éprouver de vulgaires sentiments humains.

Installé sur le canapé face à la cheminée, le jeune Américain demeurait pensif. Betty-Jayne vint gracieusement perturber ses songes. Elle avait volontairement laissé une distance de sécurité entre eux, imposée par le nouveau règlement de Cupidon qui régirait cette semaine à cause d’une poignée d’imbéciles.

« Le départ de Deirdre ne sera pas vain. Je sais ce que j’ai à faire. » Répondit-il dans un murmure, s’adressant plus à lui-même qu’à la demoiselle, ses yeux bleus toujours rivés sur le feu.

Au final, Betty n’avait pas grand-chose à faire dans ce jeu. Son rôle était celui de la méchante petite fille qui vient perturbé les joueurs. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir apprendre à connaître certains candidats, elle ne pouvait s’empêcher d’en apprécier certains, et Leone n’échappait pas à la règle. Même s’ils ne se connaissaient vraiment que peu, Betty le trouvait intéressant. Sa personnalité et ce qu’il dégageait lui donnait un certain charme qu’elle n’était très certainement pas la seule a avoir remarqué. Mais la jeune blonde n’était pas là pour sauter sur un beau mâle, loin de là. Elle préférait ne pas trop créer d’histoires, telle Alice et Austin et Nolan et Robbie, et tout ce qui s’en suit.. Écoutant Leone attentivement, elle hocha la tête d’un air entendus. « Je n'en doute pas un seul instant. » Sa réponse n’était qu’un murmure, tandis qu’elle perdait son regard dans les flammes qui s’agitaient sur les buches de bois. Elle se recroquevilla alors sur elle-même, s’installant plus confortablement sur le canapé, refermant son gilet sur elle. « Pour ce que ça vaut, je suis là si jamais tu as envie de parler, de rire, ou même de ne pas parler du tout. » Elle posa son regard sur le candidat, puis alors qu’un fin sourire s’installait sur ses lèvres, elle se rendit compte que la fin de sa phrase aurait pus être mal interprété. Tant pis.

« Merci. » Se contenta-t-il de répondre évasif mais poli.

Leone ne ressentait ni le besoin ni l’envie de parler de l’élimination de Deirdre. Il préférait gérer la situation à sa manière. Il détestait exhiber ses faiblesses, sa tristesse en était une. Il tourna toutefois son visage en direction de Betty-Jayne, lui adressant un regard reconnaissant.

Le jeune New Yorkais remarquait quant à lui que la demoiselle avait résisté à la tentation des autres hommes de la maison. Elle lui avait confié sa crainte d’être infidèle à son copain dès les premiers jours de l’aventure. Finalement elle ne se débrouillait pas si mal à ce stade du jeu.

Leone se contenta de la remercier, c’était vague, mais Betty n’en attendait pas plus. Elle n’attendait, en fait, aucune réponse particulière, elle avait juste dis ce qu’elle voulait dire, le candidat l’avait entendus, après, c’était à lui de voir. Et puis, la jeune blonde n’était pas complètement stupide, elle se doutait bien que Leone n’était pas forcément le genre à vouloir parler ouvertement de ses ressentis. Betty accorda un sourire au candidat lorsqu’il lui adressa un regard plein de chaleur. Le silence retomba, tandis que les flammes s’agitaient dans la cheminée et Betty tenta tant bien que mal de deviner à quoi pouvait bien penser un esprit comme Leone à ce moment là, l’observant, mutine. Elle se rappela alors leur première discussion où Betty avait fait des confidences au candidat, alors qu’elle ne le connaissait même pas. Se pinçant les lèvres, elle frissonna sans trop savoir pourquoi. Elle prit alors la parole de sa petite voix douce, posant ses yeux clairs sur le jeune homme. « Je vais me faire un thé. T’en veux ? Ou du café ? Ou tu souhaite autre chose ? »

« Je ne refuserai pas une infusion pêche-cassis s’il te plaît. » Demanda-t-il poliment.

Le jeune New Yorkais ne connaissait pas vraiment Betty-Jayne mais savait qu’elle était particulièrement gentille et généreuse, dévouée à chacun des habitants du moins à ceux qui méritaient son affection. Il nota d’ailleurs les efforts de sa camarade pour le mettre à l’aise. Désireux de lui rendre la pareille, il déclara de sa voix douce juste avant qu’elle ne se dirige vers la cuisine :

« Et toi, tu as besoin de parler ? Si je peux t’aider d’une manière ou d’une autre, n’hésite pas. »

Il se leva à son tour pour s’approcher de la cheminée. Il saisit deux bûches qu’il déposa soigneusement dans les flammes l’une après l’autre. Captivé par le crépitement de la braise, il ne remarqua pas immédiatement le retour de la jolie blonde.

« Va pour une infusion pêche-cassis alors ! » Betty lui accorda un sourire avant de se lever, refermant le gilet un peu plus sur elle, tandis qu’elle croisait les bras. Elle allait se diriger vers la cuisine lorsque Leone reprit la parole. Betty posa alors un court instant son regard sur le candidat. « D’accord, merci.. » Il s’attendait peut-être à ce qu’elle dise oui ou non, à ce qu’elle réponde à sa question, mais non, elle se contenta de ne répondre qu’à sa deuxième phrase. Elle-même ne savait pas trop si elle avait besoin de parler ou non. Elle se dirigea finalement vers la cuisine, préparant alors une infusion pour Leone et un thé pour elle. Elle revint assez rapidement, une tasse dans chaque main, elle les posa sur la table basse, posant ensuite un morceau de sucre, avant de s’asseoir sur le canapé, dans un coin. « Je ne savais pas si tu voulais un sucre, alors je t’en ai apporté un morceau au cas où.. » La jeune blonde posa un coussin sur elle, regardant la cheminée, oubliant un instant le thé, Leone, les caméras, tout. Elle se perdit dans ses pensées, oubliant complètement que Leone souhaitait peut-être qu’elle lui parle.

Le silence régna alors en maître, mais l’ambiance restait chaleureuse. Le feu de la cheminée, le beau salon et ce coin agréable près du feu, les flammes qui crépitaient, la nuit au dehors, le calme qui s’installait, tout ceci était agréable. Betty profita du silence pour boire un peu de son thé, avant de le reposer sur la table basse. C’est alors que Leone se rapprocha d’elle, elle allait pour se reculer, histoire de ne pas lui faire perdre de l’argent stupidement, mais il s’allongea sur le canapé, posant sa tête sur ses jambes et créant alors le contact de lui-même. La jeune blonde resta un instant sans bouger, le regardant, surprise, puis elle se reprit, et avec un fin sourire, elle laissa sa main glisser dans les cheveux du beau brun. Elle ne risquait pas de perdre quoi que ce soit comme argent, mais lui si. Elle ne dit cependant rien à ce sujet et se contenta de lui caresser les cheveux avec douceur. Puis, se sentant en confiance, elle se décida enfin à parler. « J’ai tenus trois semaines. Je crois que j’n’arriverais pas à tenir plus longtemps. Il m’attire trop.. » Pas de détail, pas de prénom, pas de précision. Pour elle tout était clair, mais si Leone ne comprenait pas, elle n’hésiterait pas à dire de quoi et de qui elle parlait.