Eibhlin reste sur la petite banquette de l'entrée. Comme une malheureuse. En fait, elle se fait affreusement chier. Même les patins qu'elle a aux pieds n'arrivent pas à la satisfaire aujourd'hui. Non, elle sent au profond d'elle-même une petite vague à l'âme. Ca lui arrive parfois, à cette enfant souvent mal lunée, ironique et chieuse que l'on prendrait presque pour sans cœur. Pourtant ça lui arrive autant qu'aux autres, toute exubérante qu'elle est. Pour tout dire, elle pense à son ex petit-amie là et elle a envie de chialer. Même si c'est son ex, elle lui manque, putain de brin. C'est ça le pire. Du coup elle regarde ses pieds, enfin ses patins, qu'elle fait rouler sans grand intérêt sur le sol. Apparemment rien ne pourrait la booster, la secouer. La porte d'entrée à côté d'elle s'ouvre. Elle n'y prête même pas attention. Trop absorbée par ses pensées tristes et déprimentes. Pourtant, tout de même, elle finit par lever ses yeux vers la personne qui, venant de passer à côté d'elle se dirigeait vers l'escalier. Une carrure important et imposante. Blond. Il ne lui en faut pas plus à Eibhlin, pour bondir. Ce Mec, oui, avec un « m » majuscule, il doit faire tomber toutes les nanas, non ? Enfin il est bien baraqué et il n'est pas moche à regarder. Même s'il peut faire peur aussi, Eibhlin ne voit que son côté beau gosse, mais ce n'est pas ça qui la fait se lever. Si son pourcentage d'attirance pour les mecs dépassait les 2% actuels, peut-être bien qu'elle se serait amouraché de ce mec comme une bonne groupie qu'elle peut être, mais non. Oh que non, si elle se lève, c'est pour une tout autre raison. Qu'elle a déjà abordé. Un truc qui la caractérise bien et qu'elle aime exercer sur des gens comme lui. Ouai, elle veut l'emmerder, carrément et c'est toujours plus marrant de s'attaquer à des gens facilement irritables du genre gros dur/salopes, parce que s'attaquer à de petits êtres sans défense, ça peut-être marrant ou dangereux. Elle aurait bien trop peur de blesser psychologiquement une poupée sans défense qu'un mec comme Cian. Et elle n'a pas peur non plus de s'en prendre une, même par lui, alors bon. Pire qu'une folle, je vous le dis. Du coup, avec ses patins, elle arrive rapidement vers lui. Elle pose son index sur sa joue. « Salut ! » Elle sourit exagérément parce qu'elle ne sourit jamais comme ça. Même quand elle est contente. Elle repose son index sur sa joue. « Ca va ? » Elle fait le tour du mec, pour venir poser son index cette fois sur son autre joue. Deux fois. « Ca va, ça va ? » Elle pourrait faire ça une centaine de fois...

Ce mec, c'est la cible parfaite. L'emmerder, alors qu'il ne peut clairement pas riposter. Ou que verbalement, parce que physiquement c'est impossible. Autant parce que c'est interdit ici qu'il serait mal vu de frapper une fille. Surtout une gamine de dix-neuf ans à peine. Après, elle se trompe peut-être sur son genre. Il a l'air comme ça, mais peut-être qu'il est contre la violence. Oh ! Ca serait sacrément fun quand même de le voir avec un tel secret ! Je suis militant contre la violence. Ahah. Ca ferait d'Eibhlin, dix centimètre de moins, je-ne-sais combien de kilos en moins, un être plus violent. Vraiment trop drôle. Du coup elle commence doucement, mais sûrement, en le touchant de façon très, très, très énervante. Même elle, ça la ferait clairement chier si quelqu'un venait à lui faire ça. Mais là il n'est pas question d'elle, mais de lui. Dont elle ne connaît rien et dont elle n'a pas vraiment envie de connaître quelque chose. Ou plus tard. Pas maintenant. Du coup, il répond vraiment à sa question, alors qu'elle n'en a strictement rien à faire. « Comme sur des roulettes, ahah, t'es trop drôle ! » Qu'elle lui dit en lui donnant une petite frappe « amicale » sur l'épaule et en faisant semblant de rire. Bah quand même, comme sur des roulettes et genre elle, elle porte des patins. C'est un vrai petit comique sous ses airs de gros dur. « Qui ça, la chieuse ? » Qu'elle lui demande, en fronçant un peu les sourcils. Bon, elle se doute bien que la chieuse en question, c'est elle. Il ne doit pas y avoir des tonnes de chieuses ici, si ? Et puis elle ouvre une peu la bouche : « Ah, si tu parles de moi, ta grand-mère devait vraiment être classe ! » Qu'elle dit avec une moue satisfaite en dodelinant de la tête. C'est clair qu'elle devait avoir la classe internationale si elle la lui rappelle. Même si apparemment, il a l'air content qu'elle soir morte... Non ? Arg, c'est peut-être aussi ça son secret non ? J'ai tué ma grand-mère. Ouch. Horrible. Mais sa question suivant la ramène à la réalité. « J'suis bonne en général, mais ouai, j'suis bonne en patin. Je gère partout. » Qu'elle lui dit, avec toujours un sourire, mais encore plus forcé que d'habitude, alors qu'elle se colle à lui. Elle précise, même s'il doit s'en foutre comme de la dernière pluie : « J'fais du roller derby ! Donc j'peux tout faire en patin ! » Vrai. Elle vit quasiment tout le temps avec donc bon, tant qu'à faire, qu'elle sache monter des escaliers ouai. Elle monte une ou deux marches, puis elle se retourne sur lui. « Oh tu sais, si toi aussi tu veux apprendre à en faire, pas de problème ! Je suis sûre que Cupidon ne pourrait pas me refuser une paire de patins plus grande pour toi ! » Qu'elle dit en papillonnant des cils. « Oh, mais je veux en apprendre plus sur toi évidemment ! J'veux qu'on soit les meilleures copines qui soit ! » Qu'elle dit en se mettant à sa hauteur et n'hésitant pas à lui prendre le bras. Ouai, de vraies best friends.