La bibliothèque. Quel lieu étrange. Peuplé de bouquins. Ça pue le vieux. Comment peut-on aimer un endroit pareil ? Ce n’est que pour les vieux non ? Puis je ne sais pas moi ça me fait flipper tous ces livres là. Je m’attends à ce qu’ils s’envolent magiquement. Genre par une force surnaturelle, comme des les films. Où ils tombent tous seuls. Mais bon aujourd’hui j’ai décidé d’y mettre les pieds. Juste par curiosité. Qu’on se rassure, ce n’est certainement pas pour lire. Je déteste lire. J’ai déjà tenté, mais au bout de 10 minutes j’en ai déjà marre. Il n’y a que les BD que j’aime bien. Et encore je n’en suis pas non plus un grand fana. Je préfère les jeux vidéo. C’est trop dommage d’ailleurs qu’il n’y ait pas de consoles cette saison. Je sais qu’ils en avaient dans certaines saisons, et bien sur il a fallu que nous, non. Pfff, c’est pas juste. Du coup bah là dans la bibli, j’ai récupéré quelques bouquins. Pour une utilisation complètement autre que celle habituelle. Je me suis installé par terre, et je me construis un château de livres. Vous savez, comme on pourrait faire un château de cartes, sauf que là, bah c’est avec les œuvres, tel Shakespeare, Hugo et autres conneries. C’est marrant. J’ai dû réussir à faire trois étages, lorsque j’entends du bruit. Je lève la tête, et voit une blonde. « Attention à ce que tu fais ! Ça m’a prit 30 minutes pour en arriver là »

La piscine c’est cool, mais à la longue ça devient tout de même assez enquiquinant. Surtout maintenant. J’suis plus une gamine alors je pars du principe où je n’ai plus le droit de sauter dans l’eau comme une pauvre idiote et d’éclabousser tout le monde. Je n’ai plus le droit de faire des trucs stupides comme le poirier sous l’eau ou encore des roulades tout au fond du bassin. Faire des longueurs ça va bien pendant cinq ou dix minutes, mais après c’est vite ennuyant. J’suis vieille et je dois laisser la place aux jeunes. Il faut que je me fasse une raison. Du coup je barbote un petit peu histoire de profiter de cet endroit avant d’aller prendre une bonne douche pour enlever le chlore de ma peau et de mes cheveux. J’enfile un slim et un sweat de mec dix fois trop grand pour moi et que j’ai emprunté dans le dressing sans avoir à qui il appartient juste parce que je le trouve plutôt swag. Je ne sais pas vraiment quoi faire et ce sont mes pieds qui se dirigent presque tous seuls vers la bibliothèque. En fait je sais qu’il y a toujours quelque chose à faire là-bas. Il y a toujours quelqu’un aussi. Au pire je n’aurais qu’à prendre un bouquin et à le dévorer en deux bonnes grosses heures. J’entre et ferme la porte avec délicatesse derrière moi. « Attention à ce que tu fais ! Ça m’a prit 30 minutes pour en arriver là » Une voix me fait sursauter. La pièce est presque dans la pénombre du coup je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir quelqu’un. Je me tourne pour apercevoir un jeune homme en train de … faire un château de livres. Intéressant. Je contourne son œuvre pour venir m’asseoir juste à côté de lui. « Et si, sans faire exprès, je le fais tomber ? » que je demande d’une petite voix presque enfantine. Après tout cela peut arriver à tout le monde de détruire quelque chose sans le vouloir.

Je suis trop fier de mon œuvre là. Regardez ce que j’ai réussi à accomplir. Trois étages de bouquins. Bon ça m’a prit une demie heure, je les ai souvent fait tomber, mais là, c’est réussi. Mais je ne compte pas en rester là, et en faire un de plus. Autant corser la chose. Mais d’abord, il y a une candidate qui pénètre dans la pièce. Je la mets en garde. Elle n’a pas intérêt à faire tomber mon château. C’est que je me méfie. Je suis sur que certaines personnes pourraient s’amuser à le démolir, juste pour le fun. Il y a des gens cruels dans ce bas monde, prêt à détruire le travail de toute une vie, comme ça, en un rien de temps. Oui bon le travail de toute une vie… Méfiant, je la regarde contourner mon château, je retiens limite mon souffre, espérant qu’elle ne fera pas de bêtises, et elle vient s’installer près de moi. Ouf, pas d’accident. « Et si, sans faire exprès, je le fais tomber ? » Pourquoi elle dit ça ? « Quoi ? Tu comptes mettre un coup de pied dedans ? Si tu fais ça, c’est le karma qui te rattrapera. Je pense que t’irais droit en enfer en plus. » Oui pour un crime pareil, c’est obligé. « Si tu restes éloigné de mon œuvre, tout devrait bien se passer, il n’y a pas de raisons qu’il y ait un accident. » Donc voilà, qu’elle reste à une distance raisonnable. Doucement, avec précision et délicatesse, je tente de poser un nouveau bouquin. Et là, c’est le drame. Dégringolade des livres. « Nooooon ! C’est de ta faute tout ça, pfff, tu m’as déconcentré ! » Shame on her. « Je n’ai même pas eu le temps de le prendre en photo ! » Je suis dégoûté. Bon évidemment, je n’en veux pas réellement à la demoiselle, je sais bien qu’elle n’y ait pour rien. Quoi que. « Du coup tu dois trouver quelque chose pour m'occuper maintenant. »

Je ne sais pas pourquoi il me hurle dessus comme ça dès que je rentre dans la pièce. Je ne compte pas sauter sur son château de livre pour le détruire. Je ne suis pas une gamine et je n’ai pas que ça à faire de toute façon. Je ne suis pas Jessi, Myndi ou je ne sais qui. Je ne suis pas l’une de ses nanas qui sont excitées comme des puces à longueurs de journée. Je ne dis rien dans un premier temps. Je me contente de l’observer, de faire le tour et de venir m’installer à côté de lui. Je lui pose une question dans le but de le taquiner. Ce n’est pas vraiment méchant de ma part. « Quoi ? Tu comptes mettre un coup de pied dedans ? Si tu fais ça, c’est le karma qui te rattrapera. Je pense que t’irais droit en enfer en plus. » Je tourne la tête pour l’observer et arque un sourcil. « Si tu restes éloigné de mon œuvre, tout devrait bien se passer, il n’y a pas de raisons qu’il y ait un accident. » Sans me faire prier, je pose mes mains sur le sol et je me traîne vers l’arrière pour m’éloigner un petit peu plus du château de livre et de lui par la même occasion, parce que j’ai un petit peu peur qu’il me frappe ou un truc du style. « Je n’ai pas envie de finir en enfer pour un maudit truc en papier donc tu peux rester tranquille ce n’est pas moi qui vais venir foutre un coup de pied dans ton œuvre. » Qu’il se rassure. « J’ai le droit de respirer ? »On ne sait jamais si l’une de mes expirations vient effleurer une page, la faire bouger et tout s’écrouler. Je préfère lui demander. Il est occupé à essayer de mettre une quatrième rangée à son château. Il est pourtant super doux, mais tout vient s’écraser sur le sol. Je retiens un rictus moqueur. « Nooooon ! C’est de ta faute tout ça, pfff, tu m’as déconcentré ! » Pardon ? « Je n’ai même pas eu le temps de le prendre en photo ! » Je prends un air à moitié choqué avant de finir par dire : « Genre c’est moi qui te déconcentre. Tu n’avais cas avoir tes yeux uniquement sur ta tour de bouquins au lieu de mater mon cul quand j’suis rentré dans la pièce. » Oui bien évidemment j’exagère. « Si tu veux je peux prendre une photo de toi avec tous les bouquins éparpillaient sur le sol. » Je hausse les épaules avant qu’il ne tourne sa tête vers moi. « Du coup tu dois trouver quelque chose pour m'occuper maintenant. » Evidemment c’est super simple dîtes donc. « T’es comme les bébés ? T’as besoin qu’on s’occupe de toi ? » Remarquez ça je sais faire, mais trouver une idée pour occuper un grand garçon comme lui, là c’est tout de suite plus compliqué.

« Je n’ai pas envie de finir en enfer pour un maudit truc en papier donc tu peux rester tranquille ce n’est pas moi qui vais venir foutre un coup de pied dans ton œuvre. » Bon j’espère bien. Non parce que c’est sérieux, sinon elle finira réellement en enfer, si si. C’est moi qui décide qui y va ou non. J’ai fais un deal avec le passeur. Je lui ai graissé la patte. « Tu peux respirer oui, mais seulement quand je te le dis. » Ni plus ni moins. Non mais ça va, je plaisante. Puis je l’engueule sans vraiment l’engueuler hein. Avec toutes ces bêtises, je finis par faire tomber mon château. Et merde ! De sa faute tout ça, pff. « Genre c’est moi qui te déconcentre. Tu n’avais cas avoir tes yeux uniquement sur ta tour de bouquins au lieu de mater mon cul quand j’suis rentré dans la pièce. » Cela aurait pu être possible, le problème c’est qu’elle est arrivée de face, donc j’ai pas pu lui mater le cul, à moins qu’elle marche à reculons elle. Mais non, elle s’est pointée de façon normale. « Bah c’est toi, t’as qu’à pas être aussi jolie, ça me déconcentrerais pas. » Donc c’est bel et bien sa faute. Enfin bon en vrai, c’est juste que baaah ça devait bien arriver à un moment donné que tout s’écroule. Je n’aurais même pas eu le temps de prendre en photo mon œuvre, snif. Parce que bon, vu le temps que j’avis mis pour en arriver là, je ne vais pas recommencer. De toute façon maintenant j’ai de la compagnie. « Non ça ira merci » Pas besoin de prendre en photo mon échec. « T’es comme les bébés ? T’as besoin qu’on s’occupe de toi ? » Je n’ai pas demandé à ce qu’elle s’occupe de moi, mais qu’elle m’occupe, ce n’est pas la même chose. Je veux pas qu’elle me change. « Ouais, moi je suis un gros bébé qui a besoin d’attention tu vois. Et quand je suis pas content, je peux me rouler par terre et faire des caprices. » C’est cela oui. « Donc si tu ne veux pas voir ça, tu aurais tout intérêt à trouver de quoi me divertir… » Mais elle a de la chance, un rien me divertit, donc ça ne devrait franchement pas être compliqué.

« Tu peux respirer oui, mais seulement quand je te le dis. » Mais oui bien sûr. Je tourne très légèrement la tête vers lui pour lui adresser un petit sourire moqueur. « A vos ordres commandant Cousteau. » S’il pense que je vais mécontenter de respirer, il se trompe et pas qu’un petit peu. Je ne dis rien et je me contente de le regarder continuer son château. La tour bouge dangereusement. J’ai envie de lui dire attention, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit voilà que le tout se retrouve par terre et qu’il me prend en grippe comme si cela était de ma faute. Je trouve une excuse bidon, comme souvent. Genre il était en train de me mater quand je suis rentrée et c’est pour ça qu’il s’est déconcentré. Je sais, c’est stupide. « Bah c’est toi, t’as qu’à pas être aussi jolie, ça me déconcentrerais pas. » J’crois bien que je suis prise à mon propre piège là. Je ramène mes jambes vers mon buste pour les entourer de mes bras, posant mon menton sur mes genoux. « Eh bien il fallait que tu fermes les yeux lorsque tu as vu que j’étais dans la pièce alors. » Stupide encore une fois, mais que voulez-vous que je lui dise d’autre. Il râle pour une photo alors je lui propose de prendre son œuvre détruite en photo. « Non ça ira merci » Je hausse les épaules. « Tant pis pour toi. » Et puis il me dit qu’il faut que je l’occupe et machinalement je parle de bébé parce que j’ai l’habitude de m’occuper d’un tout petit bébé. « Ouais, moi je suis un gros bébé qui a besoin d’attention tu vois. Et quand je suis pas content, je peux me rouler par terre et faire des caprices. » Ah bon ? J’arque un sourcil. « Donc si tu ne veux pas voir ça, tu aurais tout intérêt à trouver de quoi me divertir… » Je n’ai pas trop de mal à l’imaginer en train de faire un caprice. Ce serait drôle de voir ça. Pourtant j’attrape l’une de ses mains pour glisser mes doigts à l’intérieur de sa main. « Une bataille de pouce ça te dit ? » Ca aussi c’est stupide, mais c’est bien mieux que rien du tout. « Celui qui gagne …devient l’esclave de l’autre pendant une semaine ? » Il faut bien trouver un compromis pour rendre le jeu plus intéressant.

« A vos ordres commandant Cousteau. » Qui ça ? Je n’ose pas relever, pour lui demander de qui il s’agit, je passerais pour un inculte. Encore plus que je ne le suis, il ne vaut mieux pas aggraver mon cas. Mais au nom, ça a l’air français aussi, et je suis américain moi alors, je dois avoir des circonstances atténuantes, non ? En attendant, j’ai fais tomber mon château de livre. Je blame la demoiselle, et sa trop grande beauté. « Eh bien il fallait que tu fermes les yeux lorsque tu as vu que j’étais dans la pièce alors. » Je vois, une qui veut toujours avoir le dernier mot. Tant pis si elle dit n’importe quoi. « C’est vrai que cela aurait été plus simple les yeux fermés. » Moins de risques de faire tout tomber en ne regardant rien, bien sur. A l’aveugle c’est plus simple. Maintenant que tout est écroulé, du coup je lui dis qu’elle va devoir trouver quelque chose pour m’occuper. Afin de remplacer cette activité passionnante par une autre aussi hautement passionnante, je n’en doute pas. Sauf qu’elle me propose un combat de pouces. En somme, pourquoi pas c’est marrant. Par contre, elle veut mettre un enjeu, devenir l’esclave de l’autre pendant une semaine. Et puis quoi encore. « Nan t’es folle, pas un enjeu aussi gros sur un truc aussi débile. » Quand même. Je suis le roi des défis et des enjeux, mais il faut que ça soit un minimum proportionnel. Je vais pas être son petit toutou à ses ordres, juste sur une bataille de pouces. Je suis con mais y a des limites. « On a qu’a dire, seulement sur une demie journée. » Voilà cela me semble plus raisonnable quand même.