Eibhlin attend. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle attend, mais elle attend. Dans la chambre, pas la sienne, l'autre, sur leur petite balançoire. Pourquoi ils en ont une et eux, ils n'ont que des coussins à terre. C'est pourrie. Ce n'est franchement pas équitable. Bon d'accord, la décoration de cette chambre-ci est beaucoup trop féminine pour l'irlandaise, mais quand même quoi. Elle se balance, mais finalement elle n'en retient aucun réel plaisir. Parce que personne n'arrive et qu'en plus elle est fatiguée. Oui, Eibhlin a sommeil. Elle a fonctionné au ralentit durant toute la journée. Elle ne sait même pas pourquoi en plus, parce qu'elle a pas mal bien dormi et qu'elle n'a pas veiller extrêmement tard. Elle ne sait pas pourquoi, mais ses yeux se ferment déjà alors que sa tête est appuyée contre le cordage de la balançoire. Ils se ferment déjà et encore, elle a réussi à rester éveillée jusque là. Du coup elle se lèverait bien de là pour aller dans sa chambre à elle et pour s'allonger dans son lit. Elle y serait bien... Mais non, elle n'a aucune sorte de courage. Elle n'a aucune envie de se lever et de bouger. Même si elle est assise sur un balançoire, elle n'a aucune envie de bouger. Même pas pour aller sur un des lits présent ici. Quitte à dormir dans l'autre chambre, à être sur un lit, mais non. Trop tard, ses yeux se ferment d'eux-même et elle se laisse emportée. Ses longs cheveux couvrent son visage et elle a l'air carrément d'un mort-vivant faisant une pause entre bouffage de cerveau. La bouche à moitié ouverte. Mine de rien, elle est bien endormie là...

Heureusement que ma nouvelle partenaire était déjà dans la même chambre que la mienne parce que je crois bien que je n’aurais pas supporté de quitter cette jolie petite pièce à la décoration typiquement féminine pour l’autre chambre. J’aime bien la balançoire qui trône dans la pièce. Je trouve ça marrant. Ça me donne même des idées pour le futur petit nid douillet que je vais m’acheter en sortant d’ici. J’ai envie d’une maison entièrement à mon image. Une maison où mon fils pourra se sentir bien et grandir en toute sérénité. Passons. J’aime tellement ma chambre ici que dès que j’ai une petite minute rien qu’à moi je m’y précipite. Enfin là j’y vais surtout parce que je n’arrête pas de tousser depuis quelques jours, que ma gorge me gratte, que j’ai des migraines insupportables et que j’ai uniquement envie de me laisser bercer par la douce Morphée afin de me reposer. La pièce est plongée dans l’obscurité et je n’ose pas allumer la lumière. J’ai peur que cette dernière m’agresse les yeux et me donne encore un petit peu plus mal à la tête. Je retire mes vêtements pour enfiler un shorty et un débardeur en guise de pyjama avant de me glisser sous ma couette. Je me tourne une fois, puis deux. Je regarde une masse assez imposante un petit peu plus loin, là où se trouve la fameuse balançoire. Je fronce les sourcils. Un ronflement à présent. Je me défais de l’étreinte de ma couette pour m’approcher. Plus j’avance et plus je peux distinguer une silhouette féminine, d’après les longs cheveux que je peux voir. Je ne sais pas trop de qui il s’agit alors je me contente de planter mon index en plein milieu de la masse de cheveux qui pendouille. Je ne sais pas où je viens de mettre mon doigt, mais … c’est assez étrange en fait. La nana se met à bouger et à pousser un cri. Prise par surprise, voilà que je fais de même et me dépêche d’aller allumer la lumière. Eibhlin. Il ne me faut pas dix ans pour la reconnaître. Je la pointe d’un doigt accusateur. « Tu fais quoi là ? » Elle a une tête bizarre. « T’as fumé un joint ? » Oui beh elle a carrément la tête d’une nana qui vient de fumer des trucs pas très nets alors je préfère lui poser la question pour savoir si je dois lui hurler dessus ou non.

En fait, Eibhlin s'est tout simplement endormie comme une merde sur la balançoire qu'elle jalouse. Bon, au final, elle aurait peut-être mieux fait de bouger son cul directement jusqu'à sa chambre pour dormir calmement à sa place, mais sa flemmardise à encore gagné. Elle n'a pas voulu bouger son cul, du coup elle se retrouve comme une débile à tenir en équilibre sur la balançoire qui ne vacille même pas sur le poids mort qu'elle est en quelques sortes en étant endormie. Elle sent un truc lui presser le visage. Instantanément elle sursaute et elle lâche un cri, manquant de tomber de la balançoire en arrière. Elle a de bons réflexes. Elle se retient au cordage de la balançoire, alors qu'une lumière vient l'aveuglée. Si on devait l'attaquer, c'est pile le moment où elle est bien vulnérable, mais ce n'est que Danaé. Et elle n'ira pas l'attaquer, assurément, même si elle a l'air soudainement pas contente, genre, avec son doigt dressé vers elle. Elle lui demande ce qu'elle fait là... « Je danse la zumba ! » Qu'elle lâche comme ça, en se tenant la tête d'une main. Genre, elle a pas compris qu'elle était en train de dormir ? Elle remet en place ses cheveux pour montrer sa petite mine à Danaé tandis que celle-ci en va déjà de ses pronostic. Genre, elle si elle s'est droguée... « Hum ! Non !... J'me suis juste endormie... ! » Qu'elle lance comme ça, un peu dans les vapes quand même. Vraiment, pourquoi elle croit tout de suite ça ? Ca ne lui ai jamais arrivé de s'endormir comme ça, n'importe où ? « J'touche pas à ces conneries-là, moi ! » Qu'elle ajoute même, en parlant vraiment comme une mort vivante. Pour le coup, son cerveau est tellement embué qu'elle ne sait même plus si c'est vrai ou si elle se drogue vraiment. « Toi ! Qu'est-ce que tu fais là, pourquoi tu m'as réveillé... » Qu'elle lâche, en posant de nouveau sa tête sur la corde de la balançoire pour se rendormir.

Après Camille qui me fait la peur de ma vie, voilà que quelqu’un décide de se percher sur la balançoire de la chambre bucolique pour faire je ne sais quoi. En fait je ne suis même pas sûre que ce soit quelqu’un. Ça ne bouge pas. Je m’approche et enfonce mon doigt dans ce qui semble être une masse de cheveux. En tout cas j’espère que c’est une masse de cheveux parce que si c’est autre chose je pars en courant pour me désinfecter les mains et … le corps entier. Un cri perçant vient me briser les tympans. Je m’empresse d’allumer la lumière et voilà que je découvre … Eibhlin, la nana qui devait, à la base, être ma partenaire. Je l’assomme de questions toutes plus stupides les uns que les autres et voilà qu’elle se pli au jeu de me répondre. « Je danse la zumba ! » Je fronce les sourcils avant de continuer dans mon enquête. Question que la drogue à présent. « Hum ! Non !... J'me suis juste endormie... ! » Elle a une toute petite mine la pauvre. Elle fait presque peur à voir pour être franche. « J'touche pas à ces conneries-là, moi ! » Encore heureux. Je garde mon doigt accusateur vers elle et lui répond sur un ton autoritaire : « J’espère pour tes jolies petites fesses parce que sinon c’est la fessée devant tout le monde et cul nu par-dessus le marché. » J’rigole pas avec la discipline moi. C’est mon côté maternel qui ressort là j’crois bien. « Toi ! Qu'est-ce que tu fais là, pourquoi tu m'as réveillé... » Tiens donc, elle est marrante celle-là. J’arque un sourcil tout en croisant les bras sous ma poitrine. « D’abord tu me parles pas sur ce ton parce que j’suis pas ta copine moi. » Oui je suis vraiment en train de me prendre pour sa mère là. « Deuxièmement, c’est ma chambre donc si je veux venir ici pour poser mes fesses sur mon lit, eh bien je le fais. » Je termine par m’approcher d’elle assez rapidement pour la prendre dans mes bras et la faire se lever de la balançoire. « Troisièmement, on ne dort pas sur une balançoire, mais dans un lit. » que je lui murmure sur un ton plus maternel avant de la conduire jusqu’à mon lit et de la forcer à s’y installer.

Eibhlin n’a semblerait-il pas fumé, ni s’être droguée. Elle n’est pas malade. Elle est juste super fatiguée depuis une ou deux journées et cette fatigue est arrivée à son paroxysme à ce moment précis. Elle aurait pu tomber de sommeil n’importe où, mais le hasard a voulu que ça se passe ici, dans la chambre de fillette. Elle ne va pas s’en plaindre, justement, elle aurait pu s’endormir dans la forêt ou dans le cellier. Evidemment, en s’endormant là, elle est à la vue de tous et de la première venue, Danaé. Qui croit bon de lui faire la moral, en la menaçant d’une fessée si elle venait à se droguer. « Oh, ça ne me dérangerait pas… Oh que non…» Qu’elle lâche, en souriant largement, en imaginant la scène. Décidément, Danaé est loin de la réalité. Comme si ça dérangerait Eibhlin de se faire fesser par la blondasse, au contraire, ça l’exciterait bien. C’est limite son fantasme. Pas en public, mais ça ne la dérange franchement pas pour le coup. Si ça veut dire être touché à cet endroit de son corps par la blonde, ça lui va… Et puis elle continue ses remontrances. Eibhlin l’écoute faire son autoritaire. Elle n’est pas sa copine, oh, d’accord, mais elle est quoi au juste alors. N’empêche que c’est classe d’être fatiguée pour rien, elle en apprend des choses. Elle n’est pas sa copine, elle est dans son droit parce qu’elle est dans sa chambre, d’accord… Et puis elle n’a pas le droit de dormir sur balançoire. « Tu vas être une mère hyper chiante tu sais, j’plains ton gamin… » Qu’elle souffle, en souriant. Il ne pourra pas s’endormir sur sa balançoire tranquillement, le pauvre… Il ne pourra pas faire grand-chose en vérité… Elle se laisse faire et elle se laisse allongée dans son lit. Elle n’essaye même pas de résister plus d’une minute. « Hum… » Elle s’étend un peu dans le lit, tirant sur Danaé pour qu’elle se pose dans la même position qu’elle, à côté d’elle. L’idée d’être dans son lit la fait sourire. Elle profite de son état de demi-sommeil pour se tourner vers elle et passer son bras autour de sa taille : « Et si t’es pas ma copine, qu’est-ce que t’es hein ? Parce que pour moi tu l’es… Peut-être plus aussi, qui sait… » Elle parle doucement, un sourire toujours vissé sur ses lèvres alors qu’elle a les yeux clos. Subtilement elle rapproche son visage. Oh, bah oui, elle en profite hein.

Je suis en train de faire la morale à Eibhlin sur la consommation de drogue et plus précisément sur toutes les choses qui se fument. Je ne suis pas sûre qu’elle en ait quelque chose à faire que je la menace de lui mettre une fessée pour la punir. J’crois même que ça l’arrange en fait, mais ça je ne m’en rends pas compte tout de suite. Je le comprends lorsqu’elle ouvre la bouche et qu’elle prend la parole. « Oh, ça ne me dérangerait pas… Oh que non…» Un large sourire vient souligner le visage de mon interlocutrice. Je dois réfléchir avant de parler parce que là je suis un petit peu perdu. Je ne sais plus vraiment quoi dire. Du coup je préfère passer à autre chose et l’attraper pour la faire descendre de la balançoire et l’amener jusqu’à mon lit. Beh un truc de se balance d’avant en arrière, ce n’est pas le top pour dormir. Je suis même certaine que c’est mauvais pour le dos. « Tu vas être une mère hyper chiante tu sais, j’plains ton gamin… » Ou pas. Je lève les yeux vers le plafond. « Je ne vois pas en quoi interdire à un enfant de dormir sur une balançoire est quelque chose d’hyper chiant. C’est juste prendre soin de la personne, c’est tout. » On ne doit pas avoir la même définition d’une mère hyper chiante. La mienne était hyper chiante. Elle l’est toujours d’ailleurs, mais bon elle est cool parce qu’en ce moment c’est quand même elle qui s’occuper d’Erick puisque personne n’est là pour lui. Eibhlin se laisse faire et prend place sur mon lit. « Hum… » Elle s’allonge et m’attrape pour que je prenne la même position qu’elle. J’suis un brin fatigué alors du coup je ne résiste pas bien longtemps et m’allonge sur mon lit, à ma place. La brune se tourne légèrement et vient passer son bras autour de ma taille. C’est Eibhlin. Pas de quoi en faire tout un fromage. « Et si t’es pas ma copine, qu’est-ce que t’es hein ? Parce que pour moi tu l’es… Peut-être plus aussi, qui sait… » Elle ne cesse de sourire, même avec ses yeux fermés. Je fais une petite moue de réflexion avant de murmurer : « J’suis dans copine dans quel sens ? » Ouai parce que je ne veux pas qu’il y est d’ambiguïté entre elle et moi hein. « J’suis ta copine comme Aliénor est mon amie ou bien tu penses que j’suis ta copine comme … enfin tu comprends ce que j’veux dire quoi. » Ouai j’parle d’Aliénor comme ça moi. D’ailleurs en parlant d’elle : « Au fait, t’as vu que t’as le même âge qu’Aliénor ? » Oui. Très importante comme remarque et comme question aussi.