Il devait y avoir un problème. Elle eut beau remuer la bouteille pourtant, pas une goutte ne tomba dans son verre. Un rire quitta sa gorge quand elle réalisa qu’elle avait terminé la bouteille à elle toute seule. Ça avait quelque chose de pathétique, de boire seul, dans le noir qui plus est. Mais ça se mariait tellement bien avec son humeur. Le noir. Quoi que, le pathétisme aussi quand on y réfléchissait mieux. Après tout, personne de devait faire attention à elle au prime. Personne n’avait du l’entendre et ses propos n’avaient certainement pas étaient diffusés. Elle dramatisait pour rien, elle, la reine du pathos. Mais elle n’arrivait pas à se dire que c’était rien parce que pour elle, ça ne l’était pas. Elle n’était déjà pas particulièrement aidée mais en plus maintenant qu’elle avait publiquement et télévisuellement révéler ça… C’était foutu. Elle ne pourrait plus jamais sortir d’ici sous peine d’être reniée par tout le monde. Elle allait se confiner dans une pièce du château et y vivre jusqu’à la fin de ses jours. Mais il n’y avait pas de tours alors elle ne pouvait pas jouer les raiponces. Peut-être qu’ils avaient une machine à tricoter quelque part à la cave et qu’elle pourrait dormir cent ans durant. Ah oui, ça c’était une sacrée bonne idée. La meilleure qu’elle ait eue depuis qu’elle était assise ici. C’était décidé. Elle allait trouver la machine qui avait endormie cendrillon, ou l’autre là et elle allait sauter une génération. Mettons deux. Tout sera différant quand elle se réveillerait et elle pourrait vivre en paix avec elle-même et le reste du monde. Bon, il lui faudrait régler la question du prince. Elle ne pouvait décemment pas s’endormir sans être assurée de se réveiller. Ce n’était pas la cryogénisation, ce n’était pas de la science hasardeuse tout ça. Elle pourrait peut-être demander à Celse. Ou Orson. Ou les deux. Oui, voila. Elle allait demander aux deux comme ça entre temps, il y en aurait bien un des deux qui se souviendra d’elle. Sauf que dans cent ans, ils ne seraient probablement plus là. Mince. Il lui faudrait voir avec eux pour prévenir leur descendance tout ça. Voila une affaire réglée. « Adjugé, vendu. » Pour cent ans de sommeil avec sursis. Maintenant que c’était fait, elle commença à envisager d’aller se coucher, il devait se faire tard. Deux essais plus tard et toujours sur sa chaise, elle envisagea le fait de dormir ici. Ce n’était pas spécialement confortable mais toujours mieux que de s’étaler dans le couloir. Visiblement, elle n’avait pas bu depuis trop longtemps et elle n’était vraiment plus habituée. « Eh ! » Elle interpella, somme toute très impoliment la grande silhouette qui passait par là. Au vue de la carrure, elle pariait sur Cian. « Excuse-moi, bonsoir. » Oui, même en ayant beaucoup trop bu, elle était toujours polie. Par contre, elle riait bien plus qu’à l’ordinaire. « Est-ce que euh ? » Finalement elle se dégonfle un peu. C’est qu’il est grand, s’il décidait de l’emmener n’importe où à la place ? « Tu pourrais… » Elle essaie de se raisonner, il n’y aucune raison qu’il l’emmène n’importe où puisqu’il est à fond sur Nicola. Ça la fait rire d’ailleurs. Le grand baraqué amoureux de la petite rousse. C’était drôle. Entre deux rires, elle retrouve le cheminement de sa pensée. « Me déposer sur le canapé ? » Elle ne doit pas peser grand-chose pour lui après tout et le canapé semble un bien meilleur lit que cette chaise. « Me porter. » Elle n’est pas certaine d’avoir été très claire. Peut-être qu’il parle indien. Au cas où, elle décide de se lancer. « Toi, porter moi, sur le canapé. S’il te plait. » Oh, et ça rime en plus. Elle est super drôle en fait.