J’évite les gens et je fais ma vie de mon côté sans me soucier de ce que les autres peuvent bien dire sur moi. Ce n’est pas semaine, mais j’essaye de relativiser un petit peu et de me dire qu’il y a bien pire. Je suis honteuse, mais je tente de ne pas trop le montrer. C’est presque avec un sourire sur les lèvres que je décide de rassembler mes affaires sales pour aller faire tourner une machine. Mon panier sous le bras je me décide enfin à sortir ma cachette pour affronter les regards des autres. Ce n’est franchement pas facile de les entendre tous chuchoter lorsque je passe dans les couloirs, mais je fais mine de ne pas les entendre et voilà que j’atteins enfin la buanderie. Si j’ai bien envie d’être toute seule pour ne pas avoir à supporter les moqueries des autres encore une fois, eh bien c’est raté. Inés, une nana avec laquelle je n’ai encore jamais eu l’occasion de discuter, se trouve là. Elle ne me regarde pas vraiment, mais je dois avouer que je ne suis franchement pas très à l’aise. Elle m’adresse un sourire que je lui rends sans tarder avant de me diriger vers une machine à laver vide. « Mon placard me manque. » Je suis tout à fait d’accord avec elle. Je pousse un soupir en pensant à toutes les fringues que j’ai dû laisser chez moi. J’en suis nostalgique. « Le mien aussi. » que je réponds machinalement tout en fourrant mes vêtements dans le tambour de la machine. « Il manque une pièce avec des vêtements neufs, un petit peu comme une boutique en fait. » Ce serait tellement bien d’avoir ce genre de chose ici. Je prépare mon linge et termine par mettre la machine en route. Sortant une boîte de bonbons de la poche de mon sweat, je la tends vers elle. « Tu en veux ? » que je lui demande en lui adressant un petit sourire timide.

Parler du monde de la mode vient me redonner le sourire. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire assez souvent depuis le début de l’aventure et franchement ça fait du bien. Je propose alors une pièce qui ferait office de magasin avec des vêtements neufs tous les jours. « C'est tout à fait ça » Un petit sourire vient s’installer sur mes lèvres. « On a tout de même un espace beauté rien que nous. C’est mieux que rien. » Il faut relativiser. Alors que nous sommes un petit peu plus silencieuses, je sors un paquet de bonbons de la poche de mon jeans pour lui en proposer un. « Non merci. » Tant pis pour elle. Ils sont supers bons et elle rate un pur petit moment d’extase gustative. Après, peut-être qu’elle fait simplement attention à sa ligne, mais elle n’en a pas besoin parce qu’elle est très bien comme elle actuellement. Je suis certaine qu’elle fait partie de toutes ces nanas qui peuvent manger sans prendre un seul gramme. « Comment tu te sens ? » Sa voix me fait sursauter. J’étais un petit peu en train de me perdre dans mes pensées. Comment je me sens ? C’est une question très intéressante à laquelle je n’ai pas vraiment de réponse. Un coup je suis bien et la minute d’après j’ai envie de me cacher. « On fait aller. » Je ne trouve rien de mieux à dire. « Et toi ? Tout se passe bien de ton côté ? » Je pose cette question par politesse, mais aussi parce que ma camarade est très souvent dans le bas du classement de la côte de popularité et que cela peut jouer sur son moral. Se serait bête parce qu’elle a l’air plutôt gentille et pleine de vie. Bien vite elle change de sujet. « Tu sais repasser ? Parce que clairement, le fonctionnement du fer dépasse mes compétences. » Mais quelle question stupide. Bien évidemment que je sais repasser. Toute jeune femme digne de ce nom sait repasser. Je me redresse légèrement, pose mes poings sur mes hanches et lui adresse un sourire majestueux. « Si tu veux tout savoir, je suis la reine du fer à repasser. » Enfin presque.