Ses lunettes sur le nez, assis sur un fauteuil, il lit un livre de Platon qu'il a finit par trouver quelque part sur les étagères à force d'acharnement. Il est paisiblement installé, il sait qu'il y a peu de chances que quelqu'un vienne le déranger. Oh il sait bien que la lecture n'est sans doute pas l'activité favorite de la plupart des candidats ici, même s'il s'efforce de ne pas tous les juger trop vite, il sait que ce n'est pas le cas de tout le monde. En tout cas il est content de pouvoir parfois trouver un peu de solitude, lui qui en a tant besoin parmi tant de monde. Il finit par fermer le livre une fois qu'il l'a terminé, enlevant ses lunettes, il les tient distraitement dans sa main gauche. Non loin de lui il entend un bruit qui le fait sursauter, et il lâche ses lunettes dont un des verres vient s'écraser contre le sol. « Merde. » qu'il lâche quand il voit l'état de son verre. Il soupire, il est assez énervé d'avoir si bêtement cassé ses lunettes. Et finalement il voit l'origine de ce bruit lorsqu'il voit Donia s'approcher de lui. Il lui lance un léger sourire, bien qu'assez ennuyé par la situation. « Tu crois que la production pourra me fournir de nouvelles lunettes ? » Oh il aimerait bien, sinon ce serait embêtait, il ne pourrait plus lire, et ça il en pouvait besoin en étant ici.

Le livre qui trainait sur ma table de chevet a enfin pu profiter de toute l’attention que je pouvais lui accorder. Cet après-midi, profitant du calme ambiant qui régnait dans le château – mes camarades ayant pour la plupart fuit à l’extérieur pour profiter du soleil et de sa chaleur réconfortante – je m’étais installée au lit avec la ferme intention de le terminer. Et j’avais enfin accompli ce que je m’étais promis. Désormais, une tâche d’importance m’accaparait : il me fallait trouver un autre roman à me mettre sous la dent. Les aventures de ce cher Gatsby avait assouvi ces envies pendant un instant, mais quel serait son suivant? Nul ne le savait. Je guidais donc mes pas jusqu’à la pièce qui recelait de nombreux volumes de littérature, tombant sur un Amery, visiblement désemparé. Un vite coup d’œil à l’état de lieu me suffit à comprendre ce qui s’y était déroulé. Fâcheux incident, tout de même. Le candidat me questionne quant à la bonne volonté de la production. « Je l’ignore, mais rien ne te coute d’essayer. » Peut-être avait-il déjà entendu sa requête, rien que parce qu’il l’avait énoncé à vive voix, en s’adressant à moi. Je m’approche de l’une des étagères où, bien camoufler, trône un petit papier. Mon repère. Je tiens à remettre à leur place tous ces livres que j’emprunte, et c’est ma façon à moi de le faire. Le retirant, je glisse le volume entre ces deux comparses, puis, satisfaite, je m’éloigne de là pour investir un autre endroit. Comme ce siège qui trône face à mon camarade, où je m’installe. Mon regard s’attarde sur la couverture du roman entre ses mains. « Platon… c’est intéressant. Pourquoi ce choix? » L’homme ne m’est pas inconnu, mais je suis loin d’être une partisane de ses écrits.

Il venait dans cette bibliothèque de plus en plus souvent pour s'éloigner des autres candidats, il avait besoin de ces moments. Il avait lu un nombre plutôt impressionnant de livres ces dernières semaines. Il rattrapait le temps qu'il n'avait pas eu pour se cultiver ces dernières années. Et il avait quelques années à rattraper de ce côté-là, il était clair que ce n'était pas une émission de télé-réalité qui allait pouvoir l'aider de ce côté-là. Honnêtement cela faisait plusieurs semaines qu'il cherchait un livre de Platon et il avait finit par en trouver un, ce qu'il ne pensait pas possible. Il était content de s'être trompé, pour une fois que ça arrivait, il fallait le souligner. Une fois qu'il eut terminé de lire le livre, il retira ses lunettes et prit le bout de la branche du bout des doigts. Il n'y faisait pas trop attention à vrai dire, c'est pour ça que lorsque qu'il entendit un bruit qui le surprit il les laissa tomber sur le sol, et un des verres se brisa. Il était plutôt énervé parce qu'il n'avait qu'une paire de lunettes, que c'était plutôt cher et que de plus, il ne pouvait plus lire sans ses lunettes. Le bruit qu'il avait entendu venait visiblement de Donia qui apparut devant ses yeux. Il lui demanda si elle pensait qu'on pourrait lui remplacer. « Je verrai bien. » répondit-il en haussant les épaules, ce qui pouvait laisser penser qu'il s'en moquait, mais il était plutôt embêté à vrai dire. Il la regarde ranger son livre avant qu'elle ne lui demande pourquoi il avait choisi de lire Platon. Il posa le livre à côté de lui, et réfléchit quelques secondes avant de lui répondre. « J'étudiais la philosophie ... Il y a quelques années. » Oui il se devait de tout lire y compris Platon, qu'il ne dépréciait pas totalement, sinon il ne l'aurait pas choisi. Mais il lisait un peu de tout, même des idées avec lesquelles il n'était pas d'accord. « C'était quoi le livre que tu viens de remettre ? Tu viens souvent ici ? » Il ne la voyait pas souvent, mais il ne passait pas ses journées non plus, simplement quelques heures par là.

Oh il était très agacé d'avoir ainsi cassé ses lunettes. Il n'en avait qu'une seule paire et sans elles il n'était pas capable de lire, tout lui apparaissait flou. Et ça il ne pouvait l'imaginer, il ne pouvait pas s'imaginer passer les prochains jours sans pouvoir lire une seule fois, sachant qu'il avait vite tendance à s'ennuyer dans ce si grand château. Il osait espérer que la production puisse lui fournir une autre paire, il ne demandait pas grand chose, il ne demandait pas grand chose en général. Donia qui se trouvait là lui proposait même de lui prêter ses lunettes s'il le voulait, ce qui le fit sourire légèrement. « C'est gentil, je veux bien, merci beaucoup. » Il était fort probable qu'elles ne lui conviennent pas mais c'était mieux que rien. Il se doutait également que s'il les portait il aurait l'air ridicule parce que c'était des lunettes de femme tout simplement. Ils en vinrent finalement à parler de lecture. Il lui signifia simplement qu'il avait étudié la philosophie il y a quelques années, c'est encore pourquoi il aimait lire des livres de philosophie. Il lui demanda à son tour le livre qu'elle venait de remettre en place, curieux de savoir à quel genre de lecture elle pouvait s'adonner. « Intéressant. » répondit-il dans un léger sourire lorsqu'elle lui annonça le livre. Ce n'était pas son livre favori, mais il n'en restait pas moi que la lecture de ce livre lui avait été plutôt enrichissante. Elle ajouta également ne pas venir ici trop longtemps la plupart du temps. « Alors comment ça se passe votre camping, ce n'est pas trop dur ? » qu'il finit par lui demander, changeant totalement de sujet. C'était surtout pour avoir quelque chose à lui dire, et très honnêtement lui aussi aurait aimé pouvoir dormir dans une tente et s'isoler un peu des autres.

Un indicent malheureux et notre petit univers s’en trouvait bien vite troubler. J’imagine que c’est ainsi que les choses s’étaient déroulées lorsqu’Amery avait constaté la vitre éclatée contre le sol. La vue était l’un de nos meilleurs alliés, dans la vie de tous les jours, et en être privé, ne serait-ce que momentanément, serait probablement handicapant. Même pour un simple loisir comme celui de se plonger dans la lecture d’ouvrages de philosophie. Je lui proposais gentiment d’emprunter celle que je possède, une paire d’appoints que je portais rarement, sauf lorsque ma vision se fatiguait, en soirée. « Elles sont simples et sans fioriture. Neutre, si tu veux. » le rassurais-je, en voyant son petit air amusé. Il s’imaginait surement des lunettes plus féminines et/ou colorées. Mais ce n’était pas moi. Je ne portais pas tout ceci pour le style, mais bien pour le côté pratique de la chose, c’est tout. Il jugea ma lecture intéressante. Je décrivais aussi l’œuvre que je venais de lire ainsi. Elle me laissait un goût amer dans la bouche. La fin, surement, était l’unique responsable. La discussion bifurqua dans une autre direction. Je répondis volontiers à son interrogation. « Je ne vais pas m’en plaindre, car ça se supporte très bien. Mais j’ai hâte de réintégrer ma chambre au château. Question de confort, j’imagine. » Et pour retrouver un brin de chaleur, aussi. L’automne n’était pas ma saison favorite, surtout lorsque l’on parlait de s’adonner à un loisir extérieur comme celui-là. « Je t’inviterai bien à venir nous tenir compagnie, un soir, mais je doute qu’Eibhlín accepte qu’on pénètre ainsi sur son territoire… » Ce n’est pas qu’elle était envahissante, mais disons qu’elle était bien fière que cette tente soit la nôtre pour cette semaine, et qu’elle en profitait allégrement. Et qu’elle me le remémorait constamment.  Comment pourrais-je l’oublier. Je dormais à ces côtés tous les soirs. Elle devait sans doute l’avoir remarqué.

Il n'est pas contre pouvoir utiliser les lunettes de la jeune femme si jamais on ne lui en fournit pas une autre paire parce qu'il ne supportera pas de passer bien plus longtemps sans pouvoir lire, dans le pire des cas il partira dimanche et il n'aura pas à se poser cette question. Toujours est-il qu'il s'imagine assez mal avec des lunettes de femme, mais elles feront l'affaire. Elle ajoute que ses lunettes sont plutôt neutres, ce qui le fait sourire. « Ça devrait aller alors. » De toute manière ça ne le dérangeait pas tant que ça en réalité. Il continue en lui parlant d'Eibhlin et de leur semaine sous la tente. Il sait que lui n'aimerait pas devoir partager un si petit espace avec une personne qu'il connaît à peine. Il ne pourrait vraiment pas le supporter, Donia elle semble le prendre bien mieux. Tant mieux parce qu'après tout elle était la principale concernée par l'histoire. « Oui je l'imagine assez bien, j'espère au moins qu'ils vont ont donné des matelas assez confortables. » Déjà qu'ils les faisaient dormir dehors, il ne faudrait pas en plus qu'elles finissent toutes les deux avec un mal de dos. Il sourit à sa prochaine remarque quand elle lui dit ne pas pouvoir l'inviter. « Son territoire ? » Oui il ne comprenait pas tout, peut-être que quelque chose lui échappait, il n'en savait rien. « Ce n'est pas grave je ne tenais pas particulièrement à me retrouver coincé entre vous deux, et puis je préfère encore le confort de mon lit. » Oui il était tout de même bien mieux dans son lit.