Je venais d'arriver dans le bâtiment, mais eus déjà une mauvaise nouvelle. J'étais en avance, par conséquent je devais rester sur place encore un moment avant d'entrer dans la salle d'attente, une demi-heure pour être précise. J'avais horreur d'attendre, d'autant plus qu'il n'y avait pas de quoi s'occuper, de plus, je ne souhaitais pas bavarder avec les autres postulants. Je ne me mélangeais pas vraiment à la population, ils n'étaient pas de mon niveau. Nous étions différents, trop différents. J'étais riche, ils étaient de la classe moyenne, ça suffisait pour me faire fuir. Les aigles ne volaient pas avec les pigeons, on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes, j'en avais beaucoup d'exemples de ce genre, pourquoi faire une exception avec les hommes, il n'y avait pas de raison. Pour attendre, j'avais décidée de me réfugier dans les toilettes, non pas pour faire mes besoins, mais plutôt pour rester tranquille sans pour autant qu'on me dérange. Ce n'était peut-être pas le lieu idéal, d'autant plus que c'était souvent utilisé, mais ce n'était pas grave, je faisais que ce que je voulais, en même temps. Les personnes se contenteront d'attendre, tout comme la personne déjà présente dans la salle d'eau, je l'entendais soupirer depuis trois minutes, je n'y prêtais pas attention, j'étais en position de force, elle allait attendre vingt minutes, elle n'avait pas le choix. Un autre soupir, un autre, encore et encore. « C'est occupé, connasse ! » Criais-je à cette dernière tout en envoyant un message à une amie. J'avais reconnue une voix féminine suite aux soupirs, je me trompais peut-être, mais peu importe, cette personne devait arrêter ses soupirs.

J'étais arrivée assez tôt là où on devait se présenter pour cette dernière phase de casting. Il n'y avait personne, c'était vraiment désert. J'étais partie en hâte de l'hôtel de peur que mon taxi ne m'attende pas, ne connaissant pas vraiment le caractère des taxis irlandais, qui se révélaient être beaucoup plus cool que les taxis parisiens ! Non mais c'est vrai, il y avait de la bonne musique et tout pendant le trajet, j'avais bien aimé. J'avais bien aimé, mais j'avais prévu de me maquiller et au lieu de ça, j'avais discuté avec le chauffeur, Eddy, pendant tout le long du trajet. Il était très sympa et m'avait laissé son numéro boulot pour que je le rappelle si jamais je repassais en Irlande. Il était sympa, mais pour un trajet de taxi quoi, pas plus. Enfin bref, du coup, j'avais abandonné Eddy pour m'engouffrer dans le bâtiment, me dirigeant aux toilettes, pensant être dans les premières arrivées, et je n'osais pas trop m'avancer vers des gens avec la tête que j'avais là maintenant. Je me posais devant les miroirs et sortais mon attirail. J'avais eu le temps de faire mon teint, mais il y avait pleins d'autres trucs à faire? Je commençais pas le contouring, puis le blush, et les yeux. J'avais opté pour une base teinté marron avec un trait d'eye-liner noir. Sauf que moi et le liner, c'est une grande histoire de haine en fait. J'essayais une première fois et soupirais en voyant le résultat, puis une deuxième fois, puis une troisième fois et à force d'effacer, je n'avais plus de mouchoirs en papier. En soupirant, j'attaquais le trait que j'espérais bien être le dernier... « C'est occupé, connasse ! » Aaaaaah ! « Mais putain ! » Et voilà, je ne savais pas qui était la gourde qui se cachait derrière la porte des chiottes, mais avec son cri de merde, elle m'avait faite sursauté et j'avais bien foiré mon trait. « C'est pas sérieux quoi... Merde ! » Je regardais un peu partout et plus de papier nulle part, ou plutôt pas encore, parce que vu l'heure, les femmes de ménage n'avaient pas du passé pour le moment. Un seul espoir : du PQ dans les chiottes de la meuf à la voix qui porte. « Magne toi s'il te plait, question de vie ou de mort ! » Elle allait probablement pensé à autre chose qu'au maquillage, mais tant pis, et j'avais peur de voir sa réaction en me voyant avec un trait noir étalé sur un quart de mon visage...

Spoiler:

Voilà dix minutes que j'étais dans les coulisses et on me prenait déjà la tête. C'était un complot ou quoi. Cela m'apprendra à arriver en avance. Habituellement, je me faisais désirer, mais Fake Lover avait un enjeu beaucoup trop important pour moi, ce qui ne me permettait pas de faire ma petite starlette. Maudit soit la raison qui m'avait poussé à faire ce casting et par conséquent à me retrouver dans des situations dans lesquelles il fallait que je me confronte à la population, enfin les pauvres. Ces derniers n'avaient pas la classe et surtout avaient le don de compliquer les choses là où tout étaient simples. Prenons l'exemple de celle-là, elle voyait que les toilettes étaient occupées, elle n'avait plus qu'à se barrer de la salle d'eau, rien n'était plus simple. Pourquoi toujours insister quand il ne fallait pas, je ne comprenais jamais ces personnes. « Mais putain ! » Entendis-je en guise de réponse. Je fus légèrement surprise de sa réponse. Elle criait sur qui celle-là ? Je n'étais pas sa pote, ni sa mère. En tout cas, elle devrait apprendre à mieux répondre aux inconnus. Très crédible venant de ma part après ce que je lui avais sortis pour qu'elle se la ferme. « C'est pas sérieux quoi... Merde ! » Reprit-elle pendant que mes yeux prêtaient attention à l'écran de mon téléphone. Ce n'était pas sérieux, elle avait raison. D'où tenait-elle ce courage pour qu'elle puisse hausser le ton à mon égard ? « Ta gueule. » Lui avais-je dis, tout en ayant un petit sourire au coin. Certes, elle ne me voyait pas, mais le fait de la voir impuissante avait le don de me rendre heureuse. Elle pouvait toujours défoncer la porte si elle le désirait, je n'étais pas sûre que cela allait plaire à la production. « Magne toi s'il te plait, question de vie ou de mort ! » Super. Étant donné que j'étais connue pour ma bonté dans ce monde, j'allais répondre positivement à sa demande et ouvrir la porte afin qu'elle puisse faire ce qu'elle avait envie de faire. « Écoute, crève. Que veux-tu que je te dise. » Regardons le bon côté de choses, si elle mourrait, cela ferait moins de concurrentes pour l'admission à l'aventure.