+ Archie

Je me plais bien ici, honnêtement. Je n'ai pas d'impératif, d'ordre à suivre, de trucs à faire prévus depuis des lustres, et ça fait un bien fou. Je peux me lever à l'heure que je veux, manger à l'heure que je veux, ne pas me laver si je veux...Enfin, si, il vaut mieux que je me lave quand même, j'ai pas envie de passer pour le dégueulasse de service, j'ai une certaine dignité et une image à garder intacte surtout. Ce matin, enfin, cette après-midi, je me suis levé à une heure, le lit était vide, plus de Nolene. Tant mieux. Je dois la faire bien chier à prendre toute la place dans notre lit deux places. Qu'elle ne s'en fasse pas, j'ai fait pareil avec Becca. Je ne fais ça qu'avec les filles que je veux voir dégager de mon lit, même si techniquement ce n'est pas le mien, on ne fait que me le prêter. En tout cas, j'ai bien dormi et donc je suis de bonne humeur. C'est tout sourire que j'arrive dans le salon de détente, bien décider à ne rien faire à part glander bien comme il faut. Je m'affale dans un canapé et remarque qu'un candidat est déjà là. Il est sans doute occupé, mais je m'en fiche un peu. « Salut. T'es...Artie ? » J'en sais strictement rien en fait, donc je lance un prénom au hasard, mais il me semble avoir déjà entendu que quelqu'un s'appelait plus ou moins comme ça. De toute façon, si c'est pas ça il va me corriger, comme ça je saurais, hm.

Je m'emmerdais sec. Ouais, je venais d'abandonner Dior à son sort, après avoir passé une petite demi heure en sa compagnie pour finalement rentrer me reposer un peu. J'avais trouvé ma chambre occupée par quelques imbéciles qui n'étaient même pas censés dormir ici, mais bon, je supposais que le nid n'était pas assez grand pour eux, hm. Je m'étais donc par la suite dirigé vers le salon de détente, après avoir arpenté les couloirs du nid pendant une dizaine de minutes. Ah, ces canapés étaient divins, définitivement plus agréables que ceux de la salle de réception, qu'on se le dise. J'avais même laissé ma tête se pencher en arrière, histoire de piquer un petit somme. Bon j'étais presque certain que d'ici cinq minutes, j'allais probablement me lever et faire autre chose... Oh eh ben les cinq minutes venaient de passer tiens. Ouais, j'avais vraiment commencé à plonger, hm. Heureusement, une voix avait bien vite fait de me tirer de ma torpeur. « Salut. T'es...Artie ? » le blondinet qui était en danger lors de la semaine passée était assis là, à côté de moi. Il devait avoir quinze ans non ? C'était légal pour lui d'être par là ? Boh, pour ce que j'en avais à faire. Limite, c'était toujours plus drôle de pervertir les plus jeunes. « Archie. » que je le corrigeais donc en lui tendant la main pour le saluer « T'es Esteban non ? » j'avais une excellente mémoire pour retenir les noms « J't'ai pas félicité pour la semaine dernière, c'est sympa que tu sois resté. » bon je le connaissais pas, mais puisque j'étais plutôt contre ce principe d'éliminations, c'était toujours bien de parler aux survivants. « Ça te dit une petite partie de billard ? Je te promets par d'être un excellent adversaire, mais si je reste là, je crois que je vais sombrer, hm. » et il était préférable que ça ne soit pas le cas, sinon il allait croire qu'il m'ennuyait.

Je me suis donc trompé sur son prénom. Oh, de si peu. Une ou deux lettres tout au plus. C'est don Archie. Je tâcherais de m'en souvenir. Ou pas. Je ne sais pas, ça va dépendre de l'impression qu'il me donne, le bonhomme. Pour l'instant il a l'air d'être un peu dans le pâté, genre je crois que je l'ai réveillé ou un truc comme ça. Enfin, c'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire. Il me demande si je suis Esteban. Non, je suis le papa, t'sais. « Si. » Que je réponds dans ma langue en hochant la tête de haut en bas. Il me félicite pour avoir été sauvé au prime. « Hm, ouais, merci. » Que je me contente de dire dans un demi-sourire. C'est un peu bizarre qu'il me dise ça, non ? Comme quoi c'est sympa que je sois resté. Ok, c'est bien, mais il me connait pas, donc ça lui aurait fait quoi que je parte ou pas ? Surtout que si ça se trouve une fois qu'il va me connaître un peu mieux il va regretté d'avoir dit qu'il était content que je sois toujours parmi eux et il priera pour qu'on me sorte du jeu. Mais bon, je vais pas gâcher son bonheur, si ça lui fait plaisir que je fasse toujours partie des candidats tant mieux au fond. Enfin, de toute façon il a surement dit ça que par pure gentillesse, ou hypocrisie, tout dépend des points de vue, mais je suis mal placé pour parler de ça, moi qui ment à longueur de temps. Il me propose finalement une partie de billard, prétendant que sinon il risque de s'endormir ou un truc du genre. « Ouais, pourquoi pas. Et t'inquiètes, moi aussi je suis nul. » Tout dépend de quand est-ce qu'on qualifie quelqu'un de « nul », naturellement, mais je crois que je fais partie de ce genre de joueurs de billard, parce que j'y joue pas si souvent que ça, au final.