Silas & Tifenn
18 mars à 14h56

S’il y a bien un fait qui n’est un secret pour personne ici, c’est l’amour de Tifenn pour l’histoire et toutes les civilisations plus différentes les unes que les autres. Elle ne fait pas des études dans ce domaine-là par pur hasard. Elle a envie d’en faire son métier. Peut-être enseigner la matière par la suite, mais pas dans les collèges et les lycées. Elle ne veut pas avoir à faire à des petits merdeux qui n’en ont strictement rien à faire de ce qui a bien pu se passer il y a des années, des siècles, des millénaires avant eux. Elle n’a pas envie que quiconque croise sa route puisse la dégouté de cette passion. Son plus grand rêve se serait de faire comme Ollie-Blake. Partir aux quatre coins du monde pour vivre en totale immersion avec des peuples africains, indiens, asiatiques, latinos dans l’espoir d’en apprendre encore plus sur ces petites tribus. Elle a aussi envie de partir sur les traces de l’histoire de son pays, l’Allemagne. Elle en connait déjà pas mal la petite, mais elle a envie de voir de ces propres yeux toutes les choses qui font que les gens pensent que les allemands sont tous des racistes qui en veulent à la terre entière. Enfin là elle risque d’avoir un petit peu de mal vu qu’elle se trouve dans une émission de télé-réalité en compagnie de tout un pas de personnes qu’elle connait à peine. La jeune femme s’isole souvent. Elle n’aime pas trop le monde. Surtout quand elle s’organise un petit moment en tête à tête avec les livres d’histoires de la bibliothèque de Cupidon. Il n’y a qu’Ollie-Blake pour la comprendre. Pour être tranquille la belle prend soin de bloquer la porte avec une chaise qui traîne dans la pièce. Ses doigts parcourent les tranches des livres pour finalement s’arrêter sur un énorme livre portant sur l’horreur dans les camps de concentration lors de la seconde guerre mondiale. Elle l’attrape et se laisse glisser le long de l’étagère en bois pour venir s’asseoir à même le sol, en tailleur. Son bouquin sur les genoux, elle le feuillette et lit chacune des légendes qui encadrent les images. Elle ne rate pas une virgule des textes explicatifs. Elle connait déjà pas mal de choses, mais elle ne s’en lasse pas un instant. C’est là qu’elle entend un bruit sourd dans la pièce. Elle lève la tête et pose son livre ouvert sur le sol. Curieuse la brunette décide d’aller voir ce qu’il se passe. La porte est entrouverte et la chaise à terre. Regardant tout autour d’elle, elle ne voit personne. Un coup de vent certainement vu que l’une des fenêtres est ouverte. Elle bloque à nouveau la porte et retourne à sa place. Sauf qu’elle n’est plus toute seule. Un garçon se trouve là, avec le bouquin de la gamine sur les genoux. Elle le reconnait. C’est le type de la semaine dernière, au centre de thalasso. « C-c’est … J’étais en train de lire ce livre. » qu’elle dit tout doucement en désignant l’objet de son petit doigt innocent. Ce n’est parce qu’il a l’air sûr de lui, confiant, qu’il a un corps d’Apollon et tout le tralala qu’il peut se croire tout permit. « J’peux l’avoir ? »

Au final, la dernière fois, je suis parti de la bibliothèque sans le livre que j’étais venu chercher. A croire que la conversation avec Sloan était tellement passionnante que j’en ai oublié mon objectif premier. Cette fois-ci, je ne partirai pas sans. Sauf s’il n’existe pas. Mais je me dis qu’il doit forcément en y avoir un. Sinon, c’est une bibliothèque de merde. Une nouvelle fois, il y a quelqu’un dans la pièce. Décidément, qu’est-ce qu’ils ont tous à venir s’enfermer ici alors qu’on est à Hawaï ? Je décide aussitôt de faire mon petit rituel de psychopathe histoire de faire flipper Bagheera. Et ça marche comme sur des roulettes. D’ailleurs, alors qu’elle est partie vers la porte, je me faufile à sa place en m’emparant de son bouquin et en étalant mes jambes sur une table tel un pacha. Je la regarde avec un sourire moqueur du genre « bouh, c’était moi. » Elle commence alors à se défendre tel un lionceau qui viendrait de naître. Je crois que je peux attendre longtemps avant qu’elle sorte les griffes. « Et ? » Elle veut peut-être que je lui apporte un mouchoir ? Non parce que là on dirait qu’elle va se mettre à chialer. Si elle n’use pas d’autorité et de fermeté dans la vie, elle n’arrivera à rien cette petite. Il faut lui apprendre au plus vite à vivre dans ce monde de requins. Certes, mes méthodes sont dures mais au moins efficaces. « Hum.. ça dépend, qu’as-tu as m’offrir en échange ? » La société c’est ça aussi, un service prêté pour un service rendu. On n’a rien sans rien. Certains voient ça comme de l’entraide, moi je vois ça comme de l’abus de pouvoir. Et là, en soit, c’est moi l’abus. Je m’empresse de cacher le bouquin derrière mon dos au cas où la jeune femme aurait pour idée de l’attraper. Je ne suis pas né de la dernière pluie. « Je pense que tu m’es redevable pour la dernière fois. » Ok, je l’ai laissé tranquille avec sa serviette parce qu’un candidat m’a appelé au même moment pour me demander un truc mais il n’empêche que je n’ai pas oublié le fait que la nana ici présente m’a maté à mon insu. Ce ne sont pas des choses qui se font. Elle ne s’en tirera pas de la sorte.

Alors celui-là, il se croit vraiment tout permis. Premièrement, il s’amuse à faire à la demoiselle alors qu’elle est à moitié nue et que, comme tout le monde, ici il connait par cœur son caractère et surtout sa timidité. Deuxièmement, il lui pique sa place et son bouquin juste pour l’enquiquiner. Enfin, c’est ce qu’elle en déduit. Elle se trompe peut-être. Si ça se trouve, il aime l’histoire et plus précisément le passage sur les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale. Ollie-Blake aime l’histoire lui aussi, alors pourquoi pas Silas. Tifenn l’observe un instant avant de lui faire remarquer qu’elle était en train de lire ce livre et qu’elle aimerait bien le récupérer. Pas longtemps. Juste pour le terminer. Elle peut le lui prêter par la suite, mais là elle en a besoin. Le truc, c’est qu’il ne semble pas vraiment prêt à lui rendre le bouquin. On dirait qu’il a plutôt envie de s’amuser et de la titiller à la petite. « Hum.. ça dépend, qu’as-tu as m’offrir en échange ? » En échange du livre qu’elle était en train de lire ? Ce n’est pas mal ça. C’est son bouquin et il faut qu’elle lui donne quelque chose pour le récupérer. On dirait une forme de racket. Bon d’accord ce n’est pas son livre, c’est celui de Cupidon, mais c’est celui qu’elle était en train de lire alors il est à elle. La crevette fronce les sourcils un instant. « Je pense que tu m’es redevable pour la dernière fois. » La dernière fois ? Mais c’est de sa faute à lui si elle s’est rincé l’œil la gamine. Il avait qu’à prendre le temps de vérifier qu’il n’y avait personne dans la pièce avant de se foutre à moitié à poil devant elle. « Non. » Non, elle ne lui doit rien. Non, elle ne va rien lui donner en échange. Elle tend l’une de ses mains vers le garçon. « Donne-moi mon livre s’il te plait. » La belle essaye de ne pas montrer qu’il lui fait un petit peu peur et tente de se montrer ferme. Seulement sa voix est un brin hésitante et du coup elle n’a pas vraiment beaucoup de crédibilité face au garçon. Elle fait quelques pas en sa direction, attrapant un livre complètement au hasard au passage et pose ce nouvel ouvrage devant lui. « Il est mieux celui-là. » En réalité elle n’en savait rien. Elle voulait seulement récupérer son bouquin à elle.

Spoiler:

Un jour, je sais que Bagheera sortira réellement ses griffes mais pour l’instant, elle a du chemin à faire. Elle n’est qu’un bébé panthère. Peut-être qu’il faut que je l’aide à grandir. Mes méthodes sont assez strictes et radicales. J’suis le genre de mec à appuyer là où ça fait mal pour endurcir une personne. Un bien pour un mal, ouais, j’suis assez d’accord avec cette expression. Et selon moi, la petite Tifenn a pas fini d’en baver. Elle est trop faible. Elle risque clairement de se laisser marcher sur les pieds. Faut la réveiller un peu et la brusquer. Je me décide donc de jouer avec elle. Je me suis emparé de son bouquin et de sa place. Bien évidemment, elle aimerait récupérer ce qui lui appartient. Je comprends, cependant, pas comme ça. J’estime qu’elle m’est redevable pour la dernière fois. Et j’lâcherai pas l’affaire. Ceci dit, la candidate ne le voit apparemment pas du même œil puisqu’elle me répond sèchement que non, elle me doit rien. Je suis assez surpris par ce ton. Néanmoins, quand elle me supplie de lui rendre son livre à moitié hésitante, mon aspect dominant ressurgit. Elle n’y est pas encore niveau fermeté. Je ne lui donnerai donc pas son livre. « Non. » Même tonalité, même intensité que la candidate. Elle aura beau souffler et pleurer, je ne lui rendrai pas son bien. Pas comme ça. V’là qu’elle me propose un autre bouquin en échange. Je souris, appréciant l’effort intellectuel de la candidate. Histoire de montrer mon intérêt dans l’échange, je saisi de ma main libre l’ouvrage pour le retourner et découvrir son titre. « Un livre sur la reproduction des animaux ? Dois-je y voir une proposition ? » Un sourire amusé vient se placer sur mon visage tandis que la jeune femme semble être choqué et perturbé par ce hasard qui tombe assez mal. Bon, allé, j’vais lui donner une chance de récupérer son foutu bouquin. « Tu me trouves un livre géographique et qui parle tout particulièrement de l’Amérique du sud et je te rends ton livre. » Je ne déconne pas, non, même si j’en ai l’air. Mon deal est on ne peut plus sérieux. Si elle parvient à trouver ce que je lui demande, je lui rendrai son bien. En revanche, si elle n’y parvient pas, alors elle pourra toujours courir pour l’avoir.

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