J'ai une réelle sympathie pour Cupidon mais j'estime qu'il ne faut pas abuser non plus, hein. Mettre autant d'objets à son effigie, ça en devient carrément dingue, et puis assez oppressant aussi, il faut le dire. Oui, vous l'aurez compris, je me trouve actuellement dans le musée. Rien n'a bougé depuis la semaine dernière. Les tableaux, les statuts de Cupidon sont toujours là. Même la petite statuette que Jane a faillit faire tomber la semaine dernière trône fièrement sur son socle. Jane. Je me rappelle soudainement qu'elle n'est plus là, et ça me rend un peu triste, je dois bien l'avouer. La jeune femme était clairement l'une des personnes dont j'étais le plus proche dans ce nid et était très sympathique sous ses airs un peu froids, du moins aux premiers abords. Mais bon, ce n'est que la première personne à qui je tenais un minimum qui quittait l'aventure, il y en aurait surement d'autre, hum. Enfin soit. Calé contre un mur, le regard droit en face de la petite vitrine en verre qui trône ici dans le musée, j'attends patiemment. Quoi ? Rien de particulier. Si, peut-être qu'un truc apparaisse dedans. Bon je doute clairement que quelque chose va tomber dans cette armoire pendant que je suis là, et puis pile en face de moi en plus. Non, mais on sait jamais qu'une main sortant du mur glisse un objet dans cette vitrine. Ou bien qu'une image apparaisse. J'en sais trop rien et en fait je me prends la tête. Alors que je me concentre presque sur cette vitrine la porte s'ouvre derrière moi et je me retourne immédiatement. Rowan. Je ne la connais pas particulièrement, à vrai dire nous n'avons jamais parlé ou presque, mais je ne suis pas contre faire un peu connaissance. « Tu crois qu'ils glissent de la nourriture là dedans parfois ? » j'ai un réel problème d'alimentation depuis que j'ai posé mes valises ici. Ah oui et.. « Oui et salut au fait » que je peux être malpoli parfois.

Ça fait que trois semaines que je suis ici, mais je commence déjà à m’ennuyer et ça, ça craint. Parce qu’on peut pas dire que Cupidon ou la production, je sais pas trop, aient fait le strict minimum pour nous autres candidats. Le nid regorge d’endroits tous plus fantastiques les uns des autres. Mais rien à faire, aujourd’hui je m’ennuie. Et j’erre dans le nid comme une âme en peine, avant de tomber sur l’entrée du musée. Je suis encore jamais venue au musée, cet endroit m’a jamais vraiment attirée. Faut dire que je suis pas dans le délire ‘’Cupidon est notre Dieu’’  alors l’idée d’avoir une pièce consacrée à l’angelot ne m’intéressait pas  plus que ça, jusqu’ici. Mais je veux pas mourir idiote, et en ce mardi, je ressens quand même le besoin de faire un tour dans cette fameuse pièce, histoire de pouvoir dire ‘’j’y étais’’. Et surtout histoire de m’occuper, mais je vais le garder pour moi, sinon Cupidon sera déçu. Je me demande quand même ce que je vais y trouver, si ça se trouve tout ce qu’on m’a dit c’est des conneries et c’est une très belle pièce pour prier Cupidon, ahem. Ou pour faire connaissance avec un candidat, puisqu’à peine entrée je tombe sur un de mes camarades. C’est … Jouko, je crois. Pour l’instant j’ai de la peine à différencier Jouko, Joanès et Jarek, leurs prénoms se ressemblent trop pour moi et du coup j’ai de la peine à leur associer un visage. Mais là, je crois que je me trompe pas trop, et puis au pire je l’appelle pas par son prénom, comme ça l’affaire est réglée. Je me rapproche jusqu’à être à ses côtés, et je jette un coup d’œil à la vitrine en face de lui. Je crois que c’est une vitrine qui sert pour dévoiler des indices, mais jusqu’ici j’ai rien vu. Je m’interrogerais bien un peu plus longtemps sur cette fameuse vitrine, mais c’est sans compter sur mon camarade qui me pose une question qui a le don de me laisser perplexe. De la nourriture ? Glissée où ? Dans la vitrine ? J’ai un peu de peine à suivre, je vois pas trop où on pourrait glisser de la nourriture ici. Et surtout pour quelle raison ? Une sorte d’offrande pour Cupidon ? « Euh… peut–être, oui. » Il est gentil, mais je sais vraiment pas quoi lui dire là. « Faudrait vérifier ça depuis la salle de surveillance, si tu veux mon avis. » Si cette question lui tient tant à cœur. Finalement, il me salue, et je dois dire que moi aussi j’en ai oublié les bonnes manières. « Salut. » Allez, moi aussi je suis bien polie. « Hm, dis-moi… ça t’arrive souvent de poser ce genre de questions ou c’est exceptionnel ? » Non mais là ça m’intrigue, j’aimerais bien savoir comment il en est arrivé à cette question, comment marche son cerveau, parce qu’il doit y avoir un truc bizarre.

J'ai un réel problème avec la nourriture depuis trois semaines. En gros, depuis que je suis ici. Avant, j'étais pas comme ça. Sauf que voilà, maintenant, je ne pense qu'à manger, manger, manger, manger, et manger encore. Tout le temps. C'est tout de même incroyable, ça. Je dois avoir un problème interne, genre psychologique peut-être. C'est peut-être grave. Peut-être faut-il que j'aille consulter. Ou alors ça passera. Je sais pas. Je me dis que pour l'instant je ne suis qu'au début de cette maladie puisque je n'ai pas encore eu envie de croquer mes camarades et/ou les meubles. C'est déjà un bon point. Sauf que voilà, je pose une question sur la bouffe à Rowan qui vient d'entrer. Est-il utile de dire que je ne lui ai presque jamais adressé la parole jusque ici ou ça ira ? Non ? Donc elle va me prendre pour un taré, quoi que je me dis qu'au fond, ça ne doit pas être la seule. Et puis, peut-être qu'avec un peu de chance, la demoiselle ne pense qu'à ingurgiter tout et n'importe quoi depuis qu'elle est ici et que, quelque part, elle pensera comme moi. J'en sais trop rien. Donc quand je demande à la jeune femme si elle pense que de la nourriture peut être glissée dans cette vitrine que me fait face, la belle a l'air dubitative. Tu m'étonnes en même temps, vu ce que je lui ai demandé.. je crois qu'on fait pas plus débile. M'enfin bon ça arrive hein. Elle me conseille d'aller voir à la salle de vidéo-surveillance. Je mords l'intérieur de ma joue et j'ai l'air un peu ailleurs. Elle n'a pas tort sur ce coup là. Je pourrais aller voir dans cette fameuse salle si je souhaite avoir plus d'informations. Mais en même temps je me dis que je dois arrêter de ne faire que bouffer voire même de voir de la nourriture dans mes rêves ou de ne parler que de ça. C'est pas bon pour mon corps, bon ok je m’entraîne toujours mais si je mange comme un gros à côté ça ne compte pas réellement. Ouais. Je la salue - ouais au passage ça peut être cool - et elle en fait de même, j'en profite pour sourire. Elle a répondu à ma question donc j'imagine que je peux au moins lui faire ce privilège. Et puis là elle me pose une de ces questions. Genre je suis sur qu'elle me juge à ce moment là. Dans ses yeux je peux voir le jugement. Elle doit se dire que je suis taré et con. Ou les deux. C'est les deux en fait. Mais bon, chut. Donc si je me pose souvent ce genre de questions ? « En ce moment oui, mais c'est pas de ma faute.. c'est cet immeuble il a une mauvaise influence sur ma personne » je mange trop, je fous rien.. je parle oui mais beaucoup, donc d'ailleurs il faudrait peut-être que je la ferme à un moment donné n'est-ce pas. « Cependant je ne vois pas en quoi ça pourrait te choquer. C'était une question tout à fait normale » Quoi. C'est vrai, hein. « Et puis tu serais bien contente qu'ils foutent à manger là dedans quand nos petits camarades auront tout bouffé y compris les escaliers et les ascenseurs » et encore j'abuse à peine. On est des morfales, ici, j'y peux rien.

C’est pas que je veux pas lui répondre, mais faut reconnaître que sa question est plutôt particulière. Disons juste que c’est pas le premier truc auquel je m’attends quand je parle à quelqu’un pour la première fois. La logique voudrait qu’on fasse connaissance, qu’on apprenne des choses basiques l’un sur l’autre, comme notre métier ou la raison de notre participation à une telle émission. Mais non, lui, me demande si la production, enfin je suppose que c’est eux dont il parle lorsqu’il dit ils, glisse parfois de la nourriture dans la vitrine qui sert, je crois, à afficher des indices. Bah là il pourrait afficher un indice à propos de quelle maladie souffre le jeune homme, parce qu’on va pas me faire croire qu’il a les idées parfaitement claires. Enfin bon, ça me dérange pas plus que ça hein, il a pas l’air méchant, simplement j’ai beau cherché, je sais pas quoi lui répondre. Faut qu’il vérifie ça depuis la salle de surveillance, si ça lui tient tant à cœur. Quoi qu’il en soit, une fois que je l’ai salué, je peux pas m’empêcher de lui demander s’il se pose régulièrement ce genre de questions ou non. Histoire que je sache un peu à qui j’ai à faire. Il y a un peu de tout par ici, des séductrices, des cons, des dépressifs, alors des petits foufous ça m’étonnerait pas. Donc en ce moment, il se pose souvent ce genre de questions, mais c’est pas de sa faute, c’est celle de l’immeuble. « Je vois. C’est terrible. » Je vois pas comment on peut être sous mauvaise influence d’un immeuble, mais soit. « Tu sais, si tu veux parler … » Que je dis avec un léger sourire, je me moque pas méchamment, je suis pas comme ça. Non mais en fait, même s’il veut parler ça le fera pas, je suis pas douée pour écouter les gens et pour les aider, et surtout je veux pas trop les aider, du coup ça aide pas. Quoi qu’il en soit, sa question est tout à fait normale. Mais oui, c’est cela. Tout dépend de la définition de normal, en fait. « En effet. » Tout ce qu’il y a de plus normal, je suis vraiment vite choquée, dis donc. Selon lui, je serais bien contente que la production glisse de la nourriture dans la fameuse vitrine, quand nos camarades se seront transformés en amateur d’escaliers ou d’ascenseurs. « Nos petits camarades ou toi ? » Je demande, avec un léger sourire. J’accuse pas, je m’informe. Parce que pour qu’il en arrive à une telle idée, ça m’étonnerait qu’il imagine uniquement le comportement potentiel de nos camarades. Et vu sa précédente question, je serais pas étonnée qu’il s’imagine bouffer les escaliers, par exemple. Je le juge pas, hein, on a chacun ses petits plaisirs. Moi c’est le citron, lui c’est les escaliers, chacun ses goûts. « Hm, dans le cas où nos chers camarades commenceraient effectivement à dévorer la moitié du château, je te propose qu’on fasse de cette pièce notre cellier. Enfin, je sais pas pour toi, mais je suis pas sûre de digérer correctement les escaliers, alors bon, on est jamais trop prudents. » C’est lui qui parle de glisser de la nourriture dans une vitrine, et d’une probable troisième guerre mondiale liée au manque de nourriture prochain, alors je lui propose des solutions, je suis sympa. Mais bon si ça se trouve la vitrine est pas faite pour glisser de la nourriture. « Tu sais, peut-être qu’ils glissent pas de la nourriture dans cette vitrine. Peut-être que le truc de Cupidon, c’est pas la nourriture mais des vierges ou des bébés, je sais pas et qu’une fois par semaine ils viennent en sacrifier. » Bah tiens, après les questions tout à fait ‘’normales’’ voici les réflexions qui le sont tout autant.