Je traverse un couloir lorsque je croise Jasmine, j'arque un sourcil. « Qu'est ce que tu fous ? » je lui demande d'une voix calme alors qu'elle me chope le bras, euh, ouais. Du coup, vu que j'ai la peau qui marque, je la suis sans broncher, je n'oppose aucune résistance, je suis une prisonnière exemplaire. On va refaire le monde. Je souris doucement. « Il faut que tu arrêtes de te shooter à la poudre acide de bonbon Jasmine, ça peut faire des ravages » je me contente de répondre, non mais ça va me comme problème, ça pourrait être pire. Genre si elle m'emmenait courir à cette heure-ci, non mais c'est une folle pour ça, elle, vous ne pouvez pas comprendre, du coup, dès fois que je la vois en tenue de sport, bizarrement, je fais tout de suite demi tour, l'instinct de survie, il n'y a que cela de bon. Elle me tente la bouteille de champagne, oula, je crois qu'elle n'a pas conscience ô combien c'est dangereux ce qu'elle vient de faire. Non, elle ne sait pas, je lui pardonne. Je suis parfois trop généreuse avec elle, c'est clair. « Okay, mais écarte-toi de quelques mètres, j'suis pas douée » je confesse avec un sourire narquois. C'est toujours la suite, soit je gère, soit je casse un carreau, au choix. Elle me demande ce que j'aime comme son, elle veut me déconcentrer ou comment ça se passe ? « Je n'ai pas de style particulier, je peux écouter du Marvin Gaye, du John Mayer comme du C2C et dans des moments de grandes  et profondes détresses du Lady Gaga » je lui réponds, en haussant les épaules. Je ne sais pas difficile, bon en même temps, je n'écoute pas beaucoup de musique, je n'ai pas le temps. On ne dirait pas, mais je suis une fille plutôt débordée à l'extérieur. «Mets ce qu'il te fait plaisir » je lui dis, de toute façon mes oreilles sont habituées à la daube industrielle, alors, je pense que je suis vaccinée.

C'est Pharell qui se met à raisonner dans la pièce. Je pivote la tête vers la brunette qui commence déjà à être en transe dès les premières notes. « Tu t'en sors ? » C'est une manière de me mettre la pression ? « Ouais, dans deux secondes elle est ouverte » je balance pendant que mademoiselle s'impatiente. Chose dite, chose fait, j'ouvre la bouteille de champ sans aucun accident, bizarrement. Je pense qu'on peut fêter ça ! « Ah et ensuite tu pourras tout me raconter sur ta love story avec Jorah. » Je manque de m'étouffer, ou presque. J'arque un sourcil en posant mes prunelles claires sur sa personne. Non, elle n'a effectivement pas l'air de plaisanter, malheureusement pour moi. Je me demande comment je vais pouvoir esquisser la chose, habillement, mais bon, on n'est que deux, alors aucune diversion possible, j'ai bien l'impression. J'vois qu'elle a bien prévu le coup puisqu'elle ne m'en laisse pas en placer une, la gueuse. « Parce que notre ""lovestory"" t’intéresse ? » je lui demande en affichant un léger rictus narquois. Je crois qu'on peut entendre les guillemets imaginaires rien qu'au ton de ma voix. En tout cas si c'est pour me dire qu'on est pas assorti ou quoi, à cause de notre âge, ouai, parce que certains le pensent ici, je n'ai clairement pas envie d'entendre ça. D'ailleurs, si elle me sort ça, je risque de ne pas apprécier. Je dirais même jusqu'à dire qu'elle sera très mal reçue, parce qu'on a beau commencer à s'apprécier, ou presque, il ne faut pas pousser non plus. « Il n'y a pas grand chose à dire » je ne peux pas m'empêcher de dire en haussant les épaules. Et puis mettez-vous à ma place, c'est super délicat d'en parler, franchement. « On prend notre temps, c'est tout » je lui confie à voix basse parce que c'est la stricte vérité. On apprend à un peu mieux se connaître quoi. La base. C'est le plus important.  « Je préfère qu'on parle de toi » je lui demande alors, c'est bien plus facile d'écouter les autres.

Jasmine s’intéresse à nous. Je pense pas que ça soit une bonne idée mais bon. « C'est tout ce que tu vas me dire ? » Je sens qu'elle ne va pas lâcher l'affaire, bizarrement. « Hm, on s'est embrassé» je lâche à voix basse, juste avant que je la croise dans les couloirs. Rencard dans une bibliothèque, notez l'originalité quand même, très importante. Je dévie le sujet sur sa personne. « A ton avis c'est gênant à quel point de dire je t'aime à quelqu'un et que l'autre réponde par des larmes ? » Okay, je pensais pas qu'Esteban et elle avaient franchi ce "cap" comme on dit souvent, je crois, qu'à sa place, j'aurais surtout flippé en fait à au lieu de m'épancher, c'est tellement rapide. Je ne sais pas, il n'y a que moi qui le pense ? Bien sûr je ne remets pas en doute la sincérité d'Esteban, hein, et puis ils sont proches depuis le début, ce n'est pas le problème. J'ai l'impression d'avoir loupé un épisode. « Je dirais que ça craint » je réponds franchement, sans filtre. « Qu'est ce qu'il t'es arrivée ? On te l'a jamais dis ? » je lui demande en arquant un sourcil, dans ce cas, je peux comprendre. Moi on me l'a dit quelques fois, mais comme je répondais jamais comme voulait la personne, je suis arrivée une fois à faire pleurer un homme, c'était un grand sensible en plus. Bizarrement, ça ne m'avait pas plus gênée que cela. D'ailleurs en parlant de pleurs, j'ai réellement envie de dire à Jasmine que j'ai vu Silas pleurer la semaine dernière, mais bon, non, je peux pas, parce qu'après il faudrait que j'explique que ce teubé s'est permit de m'embrasser aussi et ça, je préfère pas que Jorah l'apprenne. Parce que j'ai l'impression qu'il s'est servi de sa fausse peine pour se rapprocher de moi, j'ai rien vu, j'ai été faible, il n'y a pas d'autre mot. Or les informations circulent tellement vite ici que je ne peux pas prendre ce risque. Pourtant j'aurais aimé son avis puisque je n'en n'ai parlé à personne mais bon ... A la place, je me raccroche à ce qu'elle vient de me dire.  « Vous en avez reparlé ? » je l'interroge alors en avalant à même la bouteille de champagne, je pense qu'on n'est plus à cela près en fait.

 «Hm, on s'est embrassé»  Ah ça c'est une info qui vaut la peine. Mais bon je commence à me dire qu'il doit pas très bien embrasser le Jorah vu la façon dont elle le dit. J'arque un sourcil, c'est bizarre quand même si elle s'intéresse à lui elle devrait être un minimum excité par cette situation. Un baiser c'est pas rien, à mon sens. « Il embrasse mal c'est ça ? Il bouffe tes lèvres comme un morfale ? » C'est les pires les gars comme ça, ils sont persuadé d'être des dieu du baiser mais c'est des gros dégueulasse qui bouffe vos lèvres comme s'ils avaient pas mangé depuis trois mois. Finalement j'accepte de parler de moi. Je finis par lui expliquer le truc qui s'est passé avec Esteban, je sais qu'au moins elle va être franche et certainement me faire comprendre quelque chose que j'ai pas capté par manque d'expérience. « Je dirais que ça craint » Ah, bon maintenant j'en suis sûre que ça craint. Je fais la moue. « Qu'est ce qu'il t'es arrivée ? On te l'a jamais dis ? »  Je crois que je rougis légèrement, c'est un peu gênant non ? Oui un peu. Ça semble peut être étrange que personne jusqu'ici m'a avoué qu'il m'aimait. Même pas de l'amour d'amitié. Je hausse les épaules, essayant d'avoir l'air totalement détaché, comme elle. « Ben non, on me l'avait jamais dis. » Je finis par lui dire comme si ça n'avait aucune importance. Mais bon c'est clair que ça me fait de la peine. Surtout que je me demande clairement si Esteban était sincère, c'est un peu... précipité non ? Ok on se tourne autour depuis le début mais je sais pas... je crois que ça m'a émue autant que ça m'a fait peur. Elle me demande si on en a reparlé. La folle. Je préfère faire comme si ce moment n'avait pas existé, lui donné une importance minime. « Non on en a pas reparlé. » J'imagine qu'on devrait, mais bon si je me rend compte que je ressens pas la même chose, ou que lui délirait, que c'était une manière spontanée de répondre à une situation particulière. « Sinon à part Jorah tu fais tourner des têtes ? En tant que fille la plus sexy ex æquo avec Amy tu dois bien avoir une bonne liste de prétendant non ? » Je lui demande curieuse. Je suis sûre que Benjamin à tenter sa chance, peut être même Silas. Par contre y a pas intérêt qu'elle me parle d'un Esteban qui tourne autour de sa culotte.