Rowan & Tifenn
30 avril à 18h47

Ce n’est pas vraiment l’endroit préféré de Tifenn, mais c’est toujours bien plus tranquille que toutes les autres pièces du nid d’amour. Il y a rarement du monde dans la salle de maintenance vu que tout le monde passe son temps avec sa tablette à la main et que donc personne n’a besoin d’ordinateur fixe. Même les consoles de jeux présentes ici n’attirent pas plus que ça les hommes de la maison. Alors, c’est l’endroit idéal pour la gamine qui rêve d’un moment de solitude pour essayer une toute nouvelle activité. Elle teste plusieurs endroits avant de se lancer réellement. Une table avec un ordinateur de l’ancien temps à côté, ce n’est pas vraiment agréable. Il n’y a pas assez de place. La table de salon est trop basse et Tifenn n’est jamais à la bonne hauteur. Elle trouve toujours un moyen, involontaire bien évidemment, de tout détruire. C’est là que lui vient son idée. Un véritable éclair de génie. Ou pas. L’allemande grimpe sur une chaise, puis enfin sur la table. Elle s’installe en tailleur, bien au centre du meuble et sort à nouveau son jeu de carte de la poche de son sweat. Parfait. Sans un mot et avec une concentration des plus palpables, voilà que la p’tite brune commence tout doucement, mais surement à monter les étages d’un magnifique château. Elle tremble à chaque nouvelle carte qu’elle vient poser sur les autres. C’est tout juste si elle ose respirer. Elle tire presque la langue, comme une gamine. Rien ne peut venir la perturber. Pas même la porte qui s’ouvre et qui fait voler quelques cartes qu’elle a fait tomber sur le sol. « Attention. » C’est la seule chose qui sort de sa bouche et, pour une fois, sur un ton presque autoritaire. Attention. Oui, il faut faire attention à ne pas parler trop fort, de ne pas claquer les portes, de ne pas ouvrir les fenêtres, de ne pas pousser de soupir et de tout un tas d’autres choses. Tout ça pour ne pas détruire l’œuvre de la demoiselle. Une carte dans la main, elle vient la poser sur le sommet qu’une petite pyramide. Parfait. Tout ça est parfait. C’est là qu’elle lève la tête la demoiselle et qu’elle tombe nez à nez avec Rowan à qui elle adresse un sourire amical. Elles vont pouvoir finir ce château ensemble, c’est cool. « Tu veux m’aider ? » qu’elle demande sur un ton enjoué.

Je traîne un peu des pieds ce soir, je sais pas trop quoi faire. J’ai envie de rester à l’intérieur, mais je ne sais pas comment occuper mes dix doigts. En temps normal, si j’étais chez moi, je me collerais devant un film avec un paquet de chips et je ferais ma larve durant une bonne partie de la soirée, si ce n’est de la nuit. Genre, je pourrais me faire un marathon séries. Hop, une saison en une nuit. Ça me manque un peu. Du coup, mes pas me dirigent vers la salle de maintenance, j’y suis jamais allée, mais il me semble qu’il y a moyen de visionner un film, dans cette salle. Je peux toujours tenter le coup, et au pire je trouverais bien de quoi m’occuper, il me semble qu’il y a des consoles de jeu, aussi. À peine ai-je ouvert la porte qu’une petite voix m’interpelle. « Oh, pardon. » que je lance faussement gênée. Je suis pas vraiment désolée à vrai dire, pour la simple et bonne raison que le château de Tifenn tient toujours debout. Peut-être qu’une ou deux cartes sont tombées, j’ai pas vu, mais au moins il tient encore debout, hein. Et au pire, fallait mettre un panneau d’avertissement sur la porte, histoire qu’on sache s’il faut faire demi-tour si on est trop peu délicats, ou si on peut prendre le risque d’entrer. Et même si je suis entrée, j’hésite presque à faire demi-tour, Tifenn a l’air bien trop concentrée sur son château pour m’accorder un seul regard. Finalement, elle relève la tête et me demande même si je veux l’aider. « Euh. Ouais, pourquoi pas. » C’est une activité comme une autre, ça m’occupera en ce début de soirée. « Par contre, je te préviens, je suis pas très délicate et les quelques châteaux de cartes que j’ai fait dans ma vie se sont effondrés avant même d’atteindre le deuxième étage. Tu veux toujours de mon aide ? » Que je précise, sait-on jamais, peut-être qu’elle me veut plus auprès de son château, si ça se trouve, hein. Je voudrais pas réduire à néant le fruit d’un tel travail. « Sinon, je peux t’encourager, et tu me fais la conversation. » C’est un bon deal, non ?