“ still I call it magic,
when I'm next to you ”

w/krisjana

De toutes les idées qui avaient pu lui traverser l'esprit au moment où il s'était mis en tête de se faire pardonner, allez savoir pourquoi une invitation à dîner lui avait semblé être la moins casse-gueule de toutes. Peut être parce que préparer un repas à Krisjana et la faire asseoir dans la réplique d'un charmant restaurant était plus susceptible de mener à une réconciliation en bonne et due forme qu'à peu près tout ce qu'il avait pu envisager à coté. En soi, cette idée de dîner aux Jack Rabbit Slim's aurait autant le mérite de faire oublier sa réponse malheureuse de dimanche soir qu'elle aurait tendance à les amener à se retrouver dans un cadre assez intime. Ils ne seraient certes pas aussi isolés que la semaine passée, mais toute occasion était bonne à saisir pour passer un petit moment au calme avec la brune. Alors oui, il avait profité du fait de la croiser un peu plus tôt dans la soirée pour la convier à le rejoindre ici, deux petites heures plus tard, le temps pour lui de préparer un minimum ce repas. Il savait que moins il en ferait, mieux ce serait pour tout le monde, car c'est quand il misait sur du trop compliqué qu'il arrivait à faire tout sauf ce qu'il avait entrepris au départ. Alors disons que du simple, ce serait pas plus mal, d'autant que ça n'était pas le repas en lui-même qui importait le plus, mais l'âme qu'ils y mettraient. Lui, en tout cas, comptait sur cette soirée pour la rassurer sur certaines choses, sur la confiance qu'il lui portait notamment. Il avait donc fini par s'accouder au bar, après avoir dressée une table choisie expressément pour le petit coin dans lequel elle se trouvait, avoir ajouté un petit fond sonore et avoir éteint quelques lumières pour créer une ambiance intimiste. Et c'est au moment où il sortit une bouteille qu'il vit Krisjana entrer, celle-ci perturbant suffisamment le fil de ses pensées pour qu'il manque d'arroser le sol de cette bouteille qui avait bien failli lui échapper des mains. « Je sais pas à qui tu fais le plus d'effet, dis donc, si c'est à la bouteille ou à moi » qu'il énonça, avec un sourire rieur, avant de se débarrasser les mains et de faire quelques pas pour saisir celle de la brune. « Bon mais au cas où c'était pas assez clair tout à l'heure, quand je parlais de dîner avec moi, je voulais parler de dîner avec ce que j'ai préparé … Autrement dit, j'espère que t'es bien assurée. » Encore heureux que goûter à ce qu'il préparait ne cause pas autant de tort qu'il le disait, surtout que ce soir, encore une fois, il avait tâché de miser sur du simple, justement pour minimiser les risques. Il finit par se pencher pour déposer ses lèvres sur les siennes, comme il aurait du le faire dès le départ. « Je crois qu'on a quelque chose à fêter, en plus, tous les deux. » Le fait d'être en demi-finale, ensemble, mais aussi avec des candidats dont ils étaient proches. Quoi qu'il arrive, son aventure se serait conclue sur une note réjouissante, il en était ravi.

Je crois que Jorah est encore dans l’optique de se faire pardonner, j'avais déjà abandonné cette idée en sortant du prime, personnellement, parce que j'ai bien l'impression que des doutes, je vais en avoir souvent, malheureusement. Il est comme ça. Il a beau dire qu'il va essayer, il n'y arrive pas. C'est juste blasant, je ne me vexe même plus en fait, ça, aussi, c'est très très étrange. Du coup, quand il vient me chercher, pour me proposer son dîner, j'accepte, évidemment. Comme si j'allais refuser et dire que j'avais mieux à faire ici ... Lorsqu'il est l'heure, je me rends d'un pas lent vers le restaurant où je découvre un fond de musique et une lumière tamisée. « C'est que monsieur a mis les moyens » je balance en sifflant avant de m'approcher de lui. A qui je fais de l'effet, ouais ... « Rien qu'à toi, et c'est déjà amplement suffisant si tu veux mon avis» je siffle alors en le regardant lorsque j'espère qu'il ne la laissera pas tomber, au pire, je mise sur mes réflexes. Je le mets dans tous ces états, le pauvre, en même temps, je le comprends, si j'étais à sa place, je serais intriguée par moi-même, c’est pour dire. Ses mains retrouvent déjà le chemin des miennes, ainsi que ses lèvres le chemin des miennes. Je cale ma main sur sa nuque pour prolonger notre baiser de quelques secondes. Il tente de me préparer mentalement à la suite, j'ai l'impression. J'imagine qu'il doit un peu exagérer, comme d'habitude quoi. « Hm, je pense que j'ai connu pire que toi en cuisine, je suis une aventurière, t'inquiète » je laisse entendre alors en m'écartant de lui pour m'accouder près du bar avant de poser mon regard clair sur sa personne.  « J'ai un palais à toute épreuve » je balance comme si c'était sensé le rassurer mais bon, au pire, je lui dirais que c'est l'intention qui prime sur le reste, si c'est vraiment dégueulasse. Parce qu'on se le dise, je ne vais pas me forcer à manger non plus, je ne suis pas suicidaire, et je tiens à ma santé.. « Tu y as passé combien de temps ? » je lui demande alors. « Que je puisse après faire un rapport entre la durée et la qualité » je me moque gentiment en esquissant un léger sourire.

Si Jorah n'avait pas énormément de mérite d'avoir organisé ce dîner dans un endroit moins original que celui de leur rendez-vous d'il y a deux semaines, il avait tâché de miser sur quelques détails qui à eux seuls pourraient rendre cette soirée tout à fait agréable, à commencer par cette ambiance qu'il voulut intimiste, parce qu'en dehors du fait qu'il comptait toujours se faire pardonner de Krisjana, il profitait de l'occasion pour organiser quelque chose qui leur appartiendrait, à eux et à eux seuls. Et justement, la brune arriva et le surprit au point qu'il passa près d'un accident. Celle-ci nota alors qu'il avait quand même fait quelques efforts. « C'est vrai que j'ai fait fort, surtout en privatisant les lieux pour la soirée. C'est que je suis un dingue, moi. » Oui alors en fait, privatisés les lieux ne l'étaient pas tellement. Disons qu'il avait juste bon espoir qu'on ne les dérangerait pas. Quant à cette histoire de bouteille troublée, supposons qu'elle l'était moins que lui. Il acquiesça, finissant par l'attirer vers lui et par l'embrasser, saisissant l'occasion pour la prévenir de ce qui risquait de l'attendre, à savoir un repas expérimental. « Mon cousin aussi disait ça. Et puis un jour, il a goûté à mes Aubergines à la Turque, il a filé aux toilettes, et on attend toujours qu'il en sorte » qu'il soupira, sur un ton dramatique. Okay, c'était pas une connerie à sortir quand il était vraiment question de la nourrir, mais puisqu'elle disait que ses papilles avaient du vécu, elle ne se laisserait pas impressionner. Vint alors cette question redoutable, Krisjana ayant dans l'idée de déterminer le goût des plats à venir en fonction de la durée passée à les réaliser. « Des calculs, toujours des calculs ... et le cœur que j'y ai mis, qu'est-ce que tu en fais ? » qu'il fit alors, en posant une main sur le sien, de cœur. « Ce serait vraiment pas dans mon intérêt de répondre, et puis ça te spoilerait, ce serait dommage. » Non, elle goûterait à tout ça bien assez tôt. Il préféra la faire doucement asseoir et prit place face à elle. Là, il s'empara de deux coupes qu'il avait sorti avant son arrivée et déboucha la bouteille. Une fois servies, il lui tendit l'une des deux coupes. « A nous » qu'il souffla, en trinquant, avant d'afficher un sourire malicieux. « Oh et comme je te vois venir, si jamais t'étais tentée de me faire du pied, laisse-moi te dire que le gentleman que je suis saurait faire front. Je sais qu'en plus tu mettrais ça sur le compte du champagne, qui a généralement bon dos, mais moi je serais pas dupe, tu le sais n'est-ce pas ? » Alors là, bien sûr, il plaisantait. Tout l'indiquait, d'ailleurs. C'était juste pour introduire la soirée sur une note amusante, avant d'en passer par une discussion un peu plus sérieuse. Chaque chose en son temps.

Hm il me raconte une charmante anecdote sur son cousin, c'est vrai, ça donne vraiment envie, ça met totalement en confiance quoi. « Tu es toujours très rassurant » Je ne peux pas m'empêcher de balancer, oui, faut dire que je vais goûter sa fameuse cuisine dans pas très longtemps, ça a le don de refroidir un peu quand même. Et son coeur dans l'histoire. «Il compte en bonus » je dis en haussant les épaules avant de le suivre. Je m'assois en face de lui, mon verre tintant contre le sien et j'écoute la suite. On trinque à nous, je n'ai pas le temps de répondre qu'il enchaîne. Tu parles ! J'esquisse un rictus moqueur au "saura faire front" il est décidément très drôle ce soir. « Premièrement, je n'utiliserais jamais l'alcool comme excuse, puisque j'ai légalement le droit de le faire » je balance. J'ai bien le droit de lui faire du pied si j'ai envie, et puis l'alcool, on la sort tellement souvent cette excuse bidon, sachant que je tiens particulièrement bien l'alcool, ça ne marche jamais. Il me faut bien plus que du champagne pour que je mette à me laisser aller. En Norvège, on consomme des alcools assez forts, on va dire. Il m'en faut bien plus. Je croise son regard pendant un instant. Appuyant légèrement mes mains sur le rebord de table, je courbe le dos vers l'avant pour me rapprocher carrément de lui, mes lèvres effleurant les siennes sans réellement s'y poser. « Deuxièmement, ta volonté m'impressionne » je raille, mon souffle chaud s’écrasant sur ses lèvres avant d'écarter mon visage du sien pour reprendre ma place, l'air de rien. Gentleman, tu parles, quand ça l'arrange surtout. M'adossant contre la chaise, j'étends l'une de mes jambes pour que la pointe de mon pieds n'aille caresser son mollet avant de remonter jusqu'à son genou. « Et troisièmement, très bien, je tâcherais de ne pas te faire du pied, comme tu dis, je ne voudrais absolument pas te mettre mal à l'aise » j'ironise alors avant que ma jambe n'aille désormais sagement se croiser sur l'autre avant que je n'esquisse un rictus narquois. Franchement, il aurait quand même du prévoir une table plus longue dans ce cas, parce que c'est terriblement tentant quand même. M'enfin ... Mon menton se niche dans l'une de mes paumes de main, mon coude appuyé sur le rebord de la table, alors que je le dévisage sans gène, affichant un discret et doux sourire.

Non, bien sûr, aucun de ses cousins n'était jamais revenu d'une virée aux toilettes après avoir goûté à l'un de ses plats, c'était là une simple image pour exprimer le fait qu'il ne soit dans l'intérêt de personne de goûter à sa cuisine. Il s'amusa alors de sa remarque. Quant à ses calculs, il s'en offusqua, avant d'afficher une moue contentée, puis la fit s’asseoir avant de trinquer. Quant au fait qu'elle puisse vouloir lui faire du pied, il joua le fier en disant qu'en tant que grand gentleman il saurait faire front, parce qu'il avait beau avoir des principes, il n'en restait pas moins un mec. La réplique de Krisjana le fit sourire. « C'est vrai que si c'est pas toi qui le fait, je vois pas qui ce sera d'autre » qu'il souffla, parce qu'elle était la plus légitime pour ces choses-là, et pour ainsi dire la seule de qui il accepterait ce genre de comportements. Il la vit se pencher pour rapprocher son visage du sien, et le fait que leurs lèvres s'effleurent et que son souffle l'atteigne le troubla, tandis qu'il sourit à son commentaire, passant bientôt une main contre sa nuque. « Je suis parfaitement imperturbable, comme tu peux le constater » qu'il souffla, assez ironique, parce qu'elle devait bien voir à cet instant que le simple fait qu'elle se soit rapprochée l'avait perturbé. Et semble-t-il qu'elle avait dans l'idée de lui faire regretter sa prétention de tout à l'heure, puisqu'il sentit bientôt son pied s'aventurer contre sa jambe, ce qui le prit de court, mais ne lui déplut absolument pas. « Ça te plaît de me faire mentir, hein » qu'il lâcha alors, plus sérieux cette fois-ci, soutenant ce regard qu'elle lui adressait, un regard qui à lui seul savait lui faire de l'effet, comme le laissa penser ce sourire en coin qu'il afficha. « C'est à croire que tu supportes pas que je prétende pouvoir te rester insensible » reprit-il, tandis que sa main glissa sur la table et vint chercher l'une des siennes, pour la serrer doucement. « Je suis sûr que ça te rassure, du coup, d'avoir confirmation que je suis comme n'importe quel homme dans ce genre de situations, du moins avec celle qui a légalement le droit de me troubler. » Il réemploya délibérément le mot qu'elle avait utilisé l'instant d'avant, exprimant ici que oui, il n'en faudrait pas beaucoup plus pour le troubler pour de bon, parce qu'il ne lui était à aucun moment insensible, qu'importe l'endroit et le moment. « Et moi qui en plus avais misé sur du gingembre à haute dose ... J'ai peut être fait une bêtise » qu'il enchaîna, en prenant un air concerné. Ce n'était pas vrai, mais ça allait dans le sens de la discussion. Finalement, et tandis que son pouce caressa le dessus de la main de la brune, il se décida à lancer un sujet qu'il savait essentiel d'évoquer ce soir. « Krisjana, si j'ai pu te donner l'impression de douter de toi, ou de nous, je m'en excuse » souffla-t-il, les yeux rivés vers les siens. « Parce qu'en toi j'ai plus confiance qu'en n'importe qui, il faut que tu le saches. » Et il ne le disait pas sans le penser, à vrai dire lui-même en était d'autant plus sûr au fil des jours.

Il me concède ce droit là, merci bien. Je suis tout à fait ravie. « Personne, personne » je réponds rapidement en esquissant un rictus moqueur avec un vague geste de la main. « Je suis l'unique privilégiée » je ronronne alors tandis que mon visage s'approche du sien alors qu'il prétend être insensible à ce petit rapprochement. Tu parles. J'affiche un sourire amusé alors que nos lèvres ne sont séparées que de quelques centimètres seulement. « J'imagine qu'on n'a pas la même définition d'imperturbable alors, tu me diras, tout est relatif  » je fais mine de dire en haussant les épaules et de me reculer. Si j'aime le faire mentir ? J'hoche positivement la tête. « Tu n'en n'as pas idée ...  » je réponds alors avec une moue très satisfaite, avant qu'un sourire éclatant se peigne sur mon minois. Il continue et je l'écoute avec attention lorsque sa main se pose sur la mienne. Il n'a pas tord, c'est vrai, je veux bien l'avouer. Il n'a pas le droit de me résister, tout simplement. « C'est le cas, cette idée m'est insurmontable, surtout qu'on sait très bien tous les deux que c'est faux » je réponds alors en arquant les sourcils, oui, et je prône la vérité donc je me devais de rétablir tout cela. Il enchaîne et j'esquisse une moue amusée. « C’est bien, comme ça je sais que j'ai encore un peu de pouvoir sur toi, que tu n'es pas lassé» je siffle alors tandis que mon pied n'aille se rapprocher à nouveau de sa jambe, pour illustrer mes propos, mon pied remonte progressivement le long de sa jambe. « Change de menu » je réponds simplement en le regardant parce que je sais très bien qu'il plaisante. On enchaîne sur un sujet un peu plus sérieux, je peux le deviner rien qu'à l'air qu'il arbore. Je suis la personne en laquelle il a le plus confiance. « Pourtant ...  » je commence sans savoir comment le formuler, je m'arrête pendant quelques secondes avant de relever la tête dans sa direction. « Alors pourquoi cette réponse ? » je lui demande donc en vrillant mon regard au sien. Je fais bien évidemment allusion à la question que quelqu'un lui a posé lors du détecteur de mensonge, disant qu'un autre candidat pouvait me plaire, question à laquelle il a répondu oui. Ma main fuyant la sienne en douceur, je recule ma chaise brutalement pour me lever d'un seul coup, m'écartant un peu de la table, je la contourne pour me rapprocher de lui, je m'assois sur ses genoux, sagement, passant une main autour de son cou, je dépose mon front contre son épaule. « Parce que je ne comprends pas comment tu peux penser ça » je laisse entendre, sincère. Oui, bizarrement, j'ai besoin d'être rassurée, oui, moi, parce que je me dis que s'il en vient à s'interroger sur le fait que Silas puise me plaire c'est que mon comportement ne doit pas être très clair, très limpide pourtant j'essaie de faire mon mieux. Comme je le lui ai souvent dis, je ne sais pas faire, tout simplement parce que je n'en n'ai pas l'habitude alors je me dis que c'est peut-être de moi que vient le problème, dans cette histoire. Il a confiance en moi, mais, ce genre de pensées lui traverse quand même l'esprit. Pour moi, ça n'a aucune logique.

C'est vrai, Krisjana était la seule à avoir le droit d'adopter un comportement visant à le troubler. Ce droit, elle l'avait gagné naturellement, lorsque leur relation avait pris un tournant plus officiel. « L'unique » qu'il répéta pour acquiescer, avant qu'elle n'opère un petit numéro censé le perturber, ce qui ne loupa pas. Prenant un air innocent à sa réplique, il exprima qu'elle aimait le faire mentir et afficha une moue émue au terme 'insurmontable'. Puis il consentit à admettre qu'il était comme n'importe quel homme quand une très jolie fille s'appliquait à le troubler. Elle parla du pouvoir qu'elle avait encore sur lui, ce qui l'amusa. « Oui, et quoi qu'on en dise le doute était totalement permis, surtout après l'épisode de la semaine dernière ... » Il lui adressa un regard équivoque, parce qu'elle saurait à quoi il faisait référence. Après tout, ce serait mentir que de prétendre que la façon dont il la voyait ne s'était pas encore un peu plus précisée. Le fait est que ce qu'ils avaient partagé avait donné une dimension plus particulière encore à leur complicité, vu que pour l'un comme pour l'autre ça n'avait pas été une nuit dépourvue de symbolisme. Il fit mine de prendre en compte son conseil quant au menu, puis se risqua à embringuer sur un sujet qu'il tenait à évoquer. Quoi qu'il ait pu laisser penser dimanche soir, il avait confiance en elle. Il la sentit perdue, et à sa question il pinça ses lèvres, tandis qu'elle se leva et s'approcha pour s’asseoir sur ses genoux, l'incitant à caresser son dos de l'une de ses mains, lui qui se décida à lui fournir la réponse qu'elle méritait. « Cette question m'a déstabilisé. Parce que je m'efforce de faire abstraction de ce que tu m'as raconté, de ce baiser qu'il t'a donné, du fait que tu me l'aies d'abord caché ... Et au moment de répondre, j'ai eu cette crainte soudaine que votre éloignement ait influé sur notre relation. Je me suis demandé si toi et moi on en serait là où on en est aujourd'hui si tu ne t'étais pas éloignée de lui ... » Il avait déjà plus ou moins invoqué cette raison au prime, mais ici il supposait qu'elle était plus encline à l'écouter, à essayer de comprendre qu'au moment de répondre à la question, il s'était perdu dans des idées plutôt perturbantes. « Alors j'ai répondu 'oui', parce qu'au fond j'aurais pu comprendre qu'il ait été et soit peut être toujours à ton goût. Vous étiez proches, et je suis pas idiot, Silas a beau être ce qu'il est, je sais qu'il a quand même tendance à plaire. » Il ne prétendait pas que Krisjana se laissait facilement avoir par une belle gueule, simplement il était admis qu'un mec comme Silas était plus susceptible de plaire qu'un mec comme lui, aussi particulier soit-il d'un point de vue caractériel. Caressant ses cheveux, il lia alors ses mains aux siennes. « Je suis désolé, Krisjana. De pas être à la hauteur, de tout compliquer. Tu fais preuve de beaucoup de patience avec moi, et je te remercie en doutant toujours plus … » Elle en avait très certainement marre, mais la vérité c'est qu'il ne se supportait pas non plus dans ces moments-là. « Alors je vais laisser tomber les promesses, et simplement arrêter de réfléchir à ce qui n'en vaut pas la peine. Je le dis, et je le ferai. Parce que je veux que tu sois bien avec moi, qu'on soit bien tous les deux. » Il redressa alors son visage et lui offrit un baiser, bel et bien décidé à mettre de l'ordre dans son esprit, en chassant d'absurdes doutes qui n'avaient rien à y faire.

Il évoque la semaine dernière, franchement, si je pouvais rougir, je crois que ça serait déjà le cas, mais je remercie mes gènes et ma peau laiteuse qui reste parfaitement intacte. Je détourne le regard pendant une poignée de secondes avant de repenser brièvement à cette fameuse nuit, oui, j'ai encore un certain pouvoir sur lui. « Justement, il faut entretenir la chose après » je siffle alors parce que vous savez, je déteste les gens qui se prennent pour acquis. Il n'y a rien de mieux pour tuer une relation, si vous voulez mon avis. Alors oui, je continuerais à le tester, à le troubler, dès que l'envie me prendra. On finit par parler de son détecteur de mensonge, je vais le rejoindre. Je l'écoute d'une oreille attentive. J'hoche la tête de temps en temps pour montrer que je suis son raisonnement bien que je ne sois pas du tout d'accord, bien évidemment. « J'ai l'impression que quoique je dise, ça ne suffit jamais pour te rassurer complètement, tu vois ? » je lui fais part de ce que je ressens, plus ou moins. « Et non, ça n'aurait rien changé, parce qu'il n'a jamais pesé dans la balance » j'ose dire, parce que c'est vrai, avant, quand on se parlait quoi, je le considérais juste comme un pote quoi, c'est tout. Faut pas chercher plus loin. « Mais il ne l'est pas » à mon goût. Je crois que c'est assez évident qu'il n'y a que Jorah qui me plait ici, pourquoi n'arrive t-il pas à s'y faire, sérieusement ? Il s'excuse une nouvelle fois, je veux simplement qu'il arrête une bonne fois pour toute de douter, d'ailleurs, j'en ai marre de ce mot, c'est officiel. Je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet plus que nécessaire. « On n'en parle plus » je lui demande alors, aller, on y croit, ça fait juste deux fois que je dis la même chose, pourtant je ne tiens jamais parole. Ses lèvres se posent sur les miennes et je réponds un instant à son baiser avant de m'arracher à son étreinte. Je me redresse, libérant ses genoux de mon poids pour retourner à ma place, mes doigts traînant encore un instant sur sa nuque lorsque je passe derrière lui. Je cale mon dos contre la chaise, face à lui. « Bon, j'attends » je souffle alors avec un ton presque autoritaire, mes doigts tapent un rythme stressant sur le bout de la table avant que je ne vrille mon regard au sien. Oui, j'attends la suite. Oui, son repas préparé avec son coeur et tout ... « J'ai tellement hâte de constater ton talent culinaire » j'ajoute alors avec un sourire presque mesquin avant de me pencher une nouvelle fois au dessus de la table pour lui voler un long baiser. « Je fais le stock, dès fois que je n'en sois plus capable après » je balance en me justifiant, moqueuse en parlant de sa cuisine qui pourrait effectivement me couper toute envie si elle est vraiment si affreuse qu'il semble vouloir me laisser le penser depuis le début. « Aller, je suis prête, achève-moi » je balance en exagérant à peine, je me prépare au pire.

Jorah ne se serait certainement pas permis cette référence à la soirée qu'ils avaient passé dans la maisonnette perchée s'ils n'avaient pas été que tous les deux, et si l'occasion ne s'y était pas prêtée. Lui-même était peut être un peu embarrassé du fait que c'était la première fois qu'ils se retrouvaient véritablement seuls depuis. Il acquiesça alors doucement, dans un sourire malicieux, parce qu'il pensait aussi qu'il ne fallait pas laisser mourir la passion. Et puis il en vint à évoquer un sujet plus sérieux, cette question du détecteur de mensonges à laquelle il avait répondu par la positive. Il lui fit notamment part de ce qu'il avait craint sur le moment. L'écoutant répliquer, il se pinça la lèvre. « Oui, mais à vrai dire tu arrives plutôt bien à me rassurer, c'est moi qui derrière me laisse bouffer par les idées que j'ai tendance à me faire ... C'est stupide. » Oh oui ça l'était, il en était conscient. Elle lui assura que Silas n'avait jamais pesé dans la balance, et c'est vrai qu'il aimait autant l'entendre, tout comme le fait qu'il n'était pas à son goût. Il hocha donc la tête, les yeux rivés vers les siens, avant de laisser entendre que là où il lui avait plus d'une fois promis d'arrêter de douter, il se contenterait cette fois-ci de le faire. Parce que lui aussi ça le fatiguait, et qu'il ne voulait pas que ça finisse par fragiliser leur relation. Elle disait ne plus vouloir qu'ils en parlent, et il y consentit, l'embrassant avant de la sentir se dérober à son étreinte, ses yeux la suivant quand elle revint s’asseoir et ses lèvres s'étirant en un fin sourire lorsqu'elle sembla réclamer de goûter au repas. « Zut, et moi qui avais fait diversion en espérant que tu renoncerais à cette idée » qu'il souffla alors, sur un ton amusé. « Non parce que ton enthousiasme va vite te passer, crois-moi » insista-t-il, comme pour revenir sur le coté soit disant dangereux de ses préparations, puis répondant bientôt au baiser qu'elle lui donna. Sa remarque le fit rire de bon cœur, tandis qu'il resta un court instant accoudé, à simplement l'observer, et à se dire que pour ce genre de remarques, notamment, elle était celle avec qui il voulait être, parce qu'ils se comprenaient, qu'ils se faisaient rire l'un et l'autre et qu'il aimait avoir le sentiment qu'elle était sa meilleure amie en même temps d'être celle à qui il était sentimentalement attaché. « Rien que pour ça, je suis pas sûr de vouloir prendre le risque » qu'il souffla alors, faussement pensif, avant de se lever lorsqu'elle insista, parce que bon de toute façon il était question d'un dîner. « Bon très bien, mais tu ne peux plus reculer maintenant. » Il lui adressa un clin d’œil avant de disparaître dans les cuisines, où il avait posées des assiettes. Il en revint un court instant plus tard, avec deux salades, des recettes turques qu'il avait simplifié. Posant une assiette face à Krisjana et la seconde face à sa place en s'y rasseyant, il prit un air sérieux, les mains jointes et posées devant son menton, avant de détendre son expression. « Donc, voici une modeste salade à base de semoule, de tomates, de piment vert et de menthe. Je te proposerais bien de goûter le premier pour que tu sois rassurée, mais pour ça je compte bel et bien la jouer gentleman. » Petite référence à l'épisode de tout à l'heure, ni vu ni connu. Honneur aux dames, donc, de toute façon tout ce qu'elle risquait c'était de ne pas aimer.

Je préfère balayer ce sujet assez rapidement, parce que j'en ai marre d'en parler et que je trouve que ça tendance à altérer les moment qu'on passe ensemble. On va plutôt se concentrer sur ce "fameux" repas. On va surtout croiser les doigts. Je l'embrasse une dernière fois, sa réponse me fait sourire. Jorah veut me préparer au pire, j'ai l'impression, et c'est que ça marche en plus. Lumière de génie, je me souviens de certaines paroles de Jorah, je suis évidemment obligée de partager, parce que je suis comme cela, grand seigneur « Tu sais la fois où j'avais voulu t'inciter à sauter des rochers ... » je commence alors avant que ma main ne vienne chercher la sienne. Evidemment qu'il s'en souvient, c'est juste pour me mettre en condition. « Au passage, heureusement que tu ne m'as pas écouté » je glisse moqueuse, sinon, on n'en serait jamais là. Comme quoi, le hasard fait assez bien les choses. « Tu avais quand même insinué que tu savais un peu cuisiner » je lui rappelle donc en arquant un sourcil. Oui, j'ai de la mémoire, il m'avait parlé d'un truc à l'amande, apparemment, il excellait dans la chose. J'imagine. « Donc je ne veux pas te mettre la pression mais j'attends une qualité minimum » je laisse échapper avec un léger rictus. Oui, je suis quand même un minimum exigeante comme fille. Sinon, une autre solution s'offre à moi: «A moins que tu m'ais menti ! » je scande en prenant une mine outrée et désabusée. Je pose une main sur mon coeur, la déception serait bien trop grande. Mes prunelles froides s'accrochent à sa silhouette lorsque je le vois d'activer. Jorah s'improvise serveur pendant quelques secondes alors qu'il présente son plat. J'écoute avec attention la liste des aliments qui composent sa salade lorsque je tilte. Quoi ? Je regarde un instant mon assiette. « Du piment, t'es sérieux ? » je demande alors en écarquillant les yeux, je crois qu'il veut vraiment ma mort en fait. Franchement, c'est la première fois qu'on veut se faire pardonner en cuisinant avec du piment, je vous le dis, une première. « Attends, je vais chercher l'eau d'abord » je le préviens en me relevant pour trouver une carafe et la remplir, d'ailleurs, je ne crois pas que l'eau soit super efficace contre cela, mais bon. Il me dit qu'il me laisse commencer. « Gentleman quand ça t'arranges» je grogne alors qu'il me regarde, j'imagine que je suis obligée en plus. Au ralenti, j'attrape ma fourchette pour prendre une mince portion de semoule avec un petit bout de ce que j'imagine être du piment, je porte le tout à ma bouche. Je fais mine de savourer et j'avale le tout. « Tu devrais goûter » je lui dis, je sais pertinemment que ça va brûler après, mais il n'y a pas de raison pour que je m'arrache la bouche toute seule, je tombe, il tombe. Liés jusqu'au bout.