Le calme régnait en maître sur la maison. Tandis que la grande majorité des candidats de FL dormaient à poings fermés, une silhouette fine se déplaçait à pas de loup dans les couloirs, cherchant désespérément un coin où se poser tranquillement. Incapable de dormir, Betty avait besoin d’un endroit pour s’isoler, pour réfléchir. C’était des moments très rares chez elle, et des moments qu’elle préférait toujours faire passer inaperçus, préférant se montrer souriante, pétillante et drôle, et non à moitié perdue comme à l’instant présent. Elle s’était levée du lit, restant dans sa petite nuisette rouge à pois blanc, les cheveux détachés et les pieds nus.
Après avoir fait le tour de la maison plusieurs fois, elle finit par s’aventurer dans une pièce dont elle avait le souvenir qu’il n’y avait pas de caméras. Elle ouvrit la porte et alluma la lumière. Les toilettes. L’endroit parfait pour rester tranquille à réfléchir. Elle entra, éteignit la lumière, laissa la porte légèrement entre-ouverte pour avoir un minimum de lumière, puis se laissa glisser contre le mur. Là, elle prit ses jambes contre elle et posa sa tête sur ses genoux. Une Betty comme ça, jamais personne ne le verrait dans cette maison. Oh non, hors de question ! C’est alors que la porte s’ouvrit complètement, laissant une ombre se dessiner à l’entrée de la pièce, et la lumière ne tarda pas à s’allumer. Betty vit alors un jeune homme se préparant à faire ce qu’il avait à faire ici, et elle ne put s’empêcher de cacher ses yeux à cette vue peu convenable.

« Heeu je suis désolée, pardon pardon »

Petite voix d’enfant qui venait de faire une bêtise et qui avait peur d’être punie. Mais c’était loin d’être la faute de Betty finalement, mais ça, cela avait peu d’importance pour elle.

Quelle imbécile elle faisait ! Elle avait pensé pouvoir être tranquille dans le seul endroit que tout le monde est suspecté à visiter au moins une fois dans la nuit.. Mais quel petit pois elle avait dans la tête ! La voilà bien embêtée maintenant, avec cette mine triste, ses yeux cachés, et ce jeune homme dans la pièce.

« Non c'est pas de ta faute, je ne savais pas que c'était déjà occupé. Enfin tu me diras, je pouvais pas le savoir non plus. T'inquiète pas, de toute façon c'est naturel et puis tu es une grande fille non ? »

Trop de paroles pour la jeune blonde à cette heure-ci, qui ne reteint que les derniers mots. Betty, une grande fille ? Mh, oui, presque. Seulement 19 ans, et la moitié dans sa petite tête. Elle ouvrit les yeux, enlevant ses mains qui les cachaient, puis posa ses petits yeux sur le jeune homme qui semblait extrêmement grand vus de si bas. Il eut un sourire, haussa des épaules, puis commença à sortir.

« Je vais te laisser c'était pas pressé de toute manière. »

Mh, Betty se sentit encore plus mal en entendant le jeune brun. Elle se leva d’un coup et voulut sortir des toilettes pour laisser lui la place, mais elle se cogna à lui sans même faire attention. Maladroite ? En effet. Elle fit une petite grimace, suivit d’une moue, et s’adressa à lui d’une petite voix sans oser le regarder. 

« Mhm.. Pardon..Je n’ai pas besoin des toilettes.. J’avais juste besoin de..rien. Je te laisse aller faire..heeu..ce que tu es venus faire. »

Elle passa la porte en frôlant le jeune homme, puis fit quelques pas dans le couloir, sans trop savoir où elle allait, laissant ses yeux s'embrumer sans même s'en rendre compte et sans le vouloir.

Si elle était vraiment gênée ? Bien évidemment. Non seulement elle était dans un état qu’elle souhaitait par-dessus tout ne pas montrer en public, mais en plus de cela, elle dérangeait le jeune homme dans son envie.. Tout ce qu’il lui fallait en cet instant, c’était un coin sombre et un calme parfait. Une intimité respectée et un moment de réflexion. Cela finirait par passer, et ensuite, elle pourrait retourner dormir. Du moins, elle l’espérait. Mais maintenant que ce jeune brun était là, il fallait changer d’endroit, et se faire oublier. C’était bien ce qu’elle comptait faire, mais elle sentit une main masculine la retenir avec douceur. Instantanément, elle s’arrêta, incapable de lutter, mais ne se retourna pas. Elle ferma les yeux lentement, sentant une larme s’échapper sans raison alors qu’elle écoutait le jeune inconnus se présenter. D’un coup de main rapide, elle essuya la larme qui glissait le long de sa joue, puis se tourna vers le dit Milo. Malgré le peu de luminosité présente, Betty remarquait les trains fins et bien sculptés du jeune homme, brun d’après ce qu’elle pouvait voir, et des yeux d’un bleu à faire tomber n’importe qui. Bien évidemment, avec la chaleur qu’il faisait, il était torse-nu, et ça aussi, cela mettait mal à l’aise la jeune femme, mais elle tentait vainement de ne pas le montrer, fixant de ses yeux ceux du jeune homme.

« Betty-Jayne. »

Ni plus, ni moins, pas d’éclat de rire, pas de ton de voix particulièrement enjouée, la Betty-Jayne qu’il avait en face de lui n’était pas celle de d’habitude. Merde, fallait vraiment qu’elle fasse un effort là, il allait la prendre pour une gamine dépressive et gênée pour un rien ! Elle eut alors un petit sourire amusé, se trouvant vraiment stupide. C’est alors qu’elle s’entendit dire une phrase qu’elle n’avait vraiment pas prévus de dire.

« J’adore ton torse. »

Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle sentit ses joues rosirent légèrement, et se mordit les lèvres, comme une enfant qui venait de dire une bêtise. Pauvre Milo, sur quelle gamine il était tombé cette nuit !

Fixant de ses yeux humides le jeune Milo, Betty tentait tant bien que mal de faire abstraction de son état actuel, essayant de ne paraître pas trop mal. Mais il était clair qu’il avait remarqué qu’elle n’était pas très bien, et Betty s’en voulait pour ça. Il ne tarderait pas à lui demander ce qui n’allait pas, et Betty n’aimait pas trop mentir. Elle se voyait mal inventer des histoires en racontant que sa famille lui manquait.
Après qu’elle lui ait dis son prénom, il l’avait soufflé à son tour, comme pour le retenir, et les yeux de Betty avaient pétillés à l’entente de son prénom si agréablement prononcé. S’en suivit un sourire de Betty, puis un de Milo, et les quelques mots qu’elle n’aurait jamais crus oser dire. C’était vraiment sortit tout seul, et elle ne put s’empêcher de se sentir encore gênée. Mordant ses lèvres, elle écouta Milo avec attention.

« Je ne savais pas qu'il faisait tant d'effets, tu devrais peut-être arrêter de me déshabiller du regard, c'est déstabilisant. »

Sans attendre, Betty dévia lentement son regard sur le bas du mur vers sa droite, ne remarquant même pas au passage le clin d’œil de Milo (a) Elle ne préféra ne rien répondre, se mordant encore la lèvre inférieure pour s’empêcher de sortir encore des mots incontrôlables. Ceci dit, dans sa tête, il était impensable qu’elle puisse déstabiliser quelqu’un simplement en le regardant, surtout quand il s’agissait d’un jeune homme comme Milo.

« Quelque chose ne va pas ? Je doute que tu veuilles en parler mais je n'aime pas voir les jolies filles pleurer. »

Et merde. Fermant les yeux rapidement avant de les rouvrir, elle releva doucement son regard vers Milo, essayant d’oublier les mots « jolies filles » et cherchant vainement quelque chose à répondre. Elle haussa les épaules et afficha un sourire en coin.

« J’suis pas du tout comme ça normalement. Vraiment pas. Mais depuis mes 17ans, j’ai appris à rire de tout, à tout prendre du bon côté et à vivre pleinement ma vie en la croquant de tout les côtés. Simplement, des fois… »

Laissant un court silence s’installer, Betty reprit quelques secondes après, avec un petit rire sincère. Sans doute étrange vus son état.

« ..Des fois j’ai des souvenirs qui remontent à la surface et qui ne sont guères agréables. »

Haussant des épaules, elle fit l’un de ses plus beaux sourire au jeune homme, se perdant dans ses beaux yeux bleus. Elle laissa un instant le silence régner de nouveau, puis rajouta dans un murmure une sorte de confession.

«  Je ne suis pas habituée à me montrer ainsi aux autres, c’est une faiblesse que je n’accepte pas.. »

L’état dans lequel était Betty la rendait fragile et c’était pour ça qu’elle changeait un peu de façon d’être toutes les minutes. Elle regardait Milo dans les yeux, se perdant dans ce regard si profond. C’est alors qu’elle sentit la main de ce dernier sur elle, plus précisément sur sa clavicule où il appuya doucement, provoquant un frisson de la part de Betty, qui ne s’attendait pas à un geste de ce genre de la part d’un inconnu.

« Franchement, chacun à le droit à son moment de faiblesse, et je comprends que tu aies l'impression que l'on viole ton intimité en te découvrant ainsi, si tu veux je peux partir, mais c'est mal de déprimer seule je pense. »

C’était assez étrange finalement tout ça, non ? Etre enfermé dans un lieu clos et inconnus, avec 26 autres personnes inconnues et avec qui on devait partager les lieux et vivre 24h/24. Principe de téléréalité, certes, mais quand on était téléspectateur, c’était amusant, quand on était candidat, c’était..autre chose. Betty avait toujours rêvé d’être devant les caméras, au première loge, et l’idée de la téléréalité l’avait fait rire - comme tout, certes -, du coup, elle s’était dit « pourquoi pas !? », mais en vérité, elle ne s’attendait vraiment pas à être retenue. Arf, voilà ce que ça donnait de se perdre dans les yeux d’un beau jeune homme en pleine nuit. Ayant un petit rire enfantin, elle essaya de se contrôler pour garder son sérieux face à Milo.

« Je t’assure que ça va, ne t’en fais pas pour moi ! Ceci dit, je veux que tu reste, et pourquoi pas que tu me masse le cou aussi, ça fait toujours du bien… »

Hop-là. Voilà, c’était repartit. On aurait presque pus croire à une fille bipolaire, mais non, c’était juste Betty. Elle eut un sourire amusée et rassurant à l’adresse du jeune homme, l’imaginant déjà être complètement perdu face aux changements de la jeune blonde. Cependant, le sourire de Betty ne l'empêchait pas d'être toujours aussi mal qu'avant, c'était juste un moyen de faire semblant. Mais il n'y verrait que du feu, hein ?! Tout comme, avec le peu de luminosité présente dans le couloir, il ne voyait pas les quelques cicatrices de Betty sur ses épaules, ses bras et ses jambes. Et encore, heureusement que la nuisette cachait le reste..