« Ghika, le jury te recevra dans une demi-heure. » C'était le signal de départ de la véritable expérience. Après plus de trois ou quatre heures d'attente, il était toujours en avance par peur d'être en retard plus que par ponctualité, ce serait à son tour de passer devant les membres du jury qui allaient définir de son acceptation ou non de son aventure. Coquet mais pas trop, il n'avait pas vraiment envie de se changer, estimant que son jean ultra-skinny, son tee-shirt extra-large et sa veste en cuir représentaient plutôt bien son style et sa personnalité. Par contre sa face avait bien besoin d'un coup de poudre, d'un peu de fond de teint pour ne pas paraître luisant sous la lumière des projecteurs qu'il soupçonnait de pulluler dans la salle d'interview.

Se perdre dans les couloirs était une malédiction, aussi être arrivé des heures avant sa convocation -il était en ville depuis la veille afin de repérer le trajet jusqu'au bâtiment de l'émission- semblait un contre-sort parfait qui lui permit de trouver la loge de maquillage sans trop d'encombres. Vide ou presque il souffla un bon coup avant de s'installer dans une chaise, devant un miroir. Son regard noisette se posa lentement sur son reflet, se dévisageant presque comme s'il faisait face à un inconnu, Ghika soupira. « On va pas en faire une syncope, c'est qu'un entretien, ils vont t'aimer. » Parler seul faisait partie des us familiers au jeune américain, enfant unique il avait toujours adoré le bruit que les mots produisaient lorsqu'ils brisaient le silence paisible régnant dans une pièce. Quand il repéra une jeune fille, fort jolie et très bien maquillée, Ghika en déduisit -tout naturellement- qu'il s'agissait de la maquilleuse. « Bonjour, je suis pas très doué avec tous ces trucs, mais je pense que quelque chose de naturel sera suffisant. » Et avant que le dernier mot ne franchisse ses lèvres il se retourna, un peu paniqué, vers la jeune fille qui se tenait debout à quelques mètres de lui. « Dites-moi que vous êtes bien la maquilleuse et pas une candidate au programme, par pitié ! » Réaliser son erreur de jugement était chose courante pour Ghika, pressé de parler mais pas forcément de réfléchir qu'il était. Mettre les pieds dans le plat était sa spécialité. Et ça, Alyssa venait de le découvrir...

Après l'accident de tout à l'heure, j'avais eu le temps de me remettre en forme. Pas de honte à avoir, pas de peur non plus. Puis de toute façon je n'ai pas à me plaindre de mon corps alors qu'on l'ai vu ou non ça m'est égal maintenant. Surtout depuis l'intervention de Felice qui est une jeune femme que j'apprécie pour le moment. Assez sympathique, elle n'a pas froid aux yeux et c'est un plaisir de pouvoir la voir ainsi. Enfin, j'espère pouvoir la revoir un peu plus tard une fois les castings clôturer si on m'en laisse l'occasion. J'étais maintenant prête, coiffure, tenue, maquillage, tout est ok pour moi. Mais l'heure n'est pas encore là. Je devais attendre un peu. Ça n'est pas encore grave, mais le stress est toujours présent pourtant ça n'est pas si horrible que ça. J'entendis un jeune homme un peu plus loin parlé de ça d'ailleurs. Je plissais les yeux un instant puis remarquais qu'il parle tous seul. Bon pourquoi pas. Au moins, il se donne de l'encouragement à lui tous seul, si ça peut l'aider autant qu'il le fasse. Je rangeais simplement les choses que j'avais prises pour faire mon propre maquillage afin de laisser la place à une personne qui devait attendre de pouvoir le faire elle aussi. Je m'apprêtais à sortir quand j'entendis le jeune homme m'adresser la parole. Je ne pus m'empêcher de rire directement à ses mots avant de lever les yeux au ciel. Sérieusement ? Il me prend pour une employée ? Je ne sais pas comment je dois le prendre finalement. Je soupire légèrement puis entendis qu'il venait reprendre les paroles qu'il venait de dire. Je rigole une nouvelle fois. « Je suis désolée, mais. Je ne suis pas une maquilleuse mais bien une candidate. Il n'y a pas de maquilleuse pour le moment, on doit faire notre maquillage nous-même. » Je ne sais même pas pourquoi je suis désolée alors que c'est lui qui s'est trompé mais c'est sans doute une marque de politesse comme d'habitude. Quoi qu'il en soit je maintenais le regard sur le jeune homme quelques secondes avant de venir vers lui directement en regardant un peu son visage pour reprendre. « Je peux quand même t'aider si tu veux. Peut-être que je ne suis pas maquilleuse, mais je pense que je me débrouille non ? » Après tout, j'ai bien fait le mien alors pourquoi pas faire celui du garçon s'il en a besoin. « Je suis Alyssa au fait. » Autant se présenter en même temps comme ça, c'est fait.

Il s'était bel et bien planté, voilà qu'il allait passer pour l'idiot du village. Avec un peu de chance ce serait une image que le public apprécierait et qui l'intriguerait, voir ce qui se cache derrière les apparentes preuves de bêtise, comprendre le monstre qui prend son envol à l'intérieur de ce corps frêle. Se tromper n'était en général pas une fatalité, tout le monde avait le droit à l'erreur, mais Ghika n'aimait pas se sentir ridicule, surtout en face d'une personne qu'il rencontrait pour la première fois. « Merde, quel abruti ! Désolé hein ! C'est que si t'avais été moins bien maquillée j'aurais pas pensé que tu étais une professionnelle. » Et voilà, dans cinq minutes ce serait de sa faute à elle s'il avait été induit en erreur. Technique de retournement de situation numéro 1, illustrée par un Ghika pris au dépourvu.

Puis il se rend compte qu'elle vient de lui proposer son aide. Un geste plutôt sympathique, un peu trop peut-être. Qui sait si elle n'a pas mis des produits chimiques meurtriers, du cyanure ou de la soude dans les produits de beauté qu'elle va lui appliquer sur le visage ? C'est peut-être ça, sa stratégie pour être prise dans l'émission ! Tuer la concurrence à coup de blush. Le risque est trop grand pour être couru, mais en même temps il ne peut pas se pointer devant le jury sans être présentable... « Je veux bien, mais ne t'embête pas trop non plus. Faut juste que je sois correct pour passer devant les membres du jury. » Il ferma les yeux, peut-être pour profiter du moment où les brosses recouverte de poudre et autres produits de beauté viendraient caresser son visage, mais aussi et surtout pour reposer un peu ses yeux, agressés par les lumières en face de lui et qu'il voulait préserver jusqu'à l'entretien. « Ghika, enchanté. Tu viens d'où toi ? » Elle avait clairement un accent qui n'était pas américain ou britannique, il les connaissait pour avoir vécu dans les deux pays. Mais son éloquence était de grande qualité ce qui la rendait très facilement compréhensible, cependant son prénom n'avait pas de sonorités typique d'un pays que le jeune homme connaissait ce qui n'avait de cesse d'exacerber sa curiosité. Une curiosité qui n'était due qu'à une insatiable envie de connaître le maximum de choses sur les gens. Un défaut comme un autre.

Je n'avais pas envie de blâmer le jeune homme pour l'erreur qu'il venait de faire. Même si dans un sens, ce qu'il venait de dire me faisait me poser des questions. Est-ce que j'ai la tête d'une employée et non celle d'une future candidate ? Franchement si c'est le cas, je suis vraiment mal puisque ça me fait une chance en moins d'être prise. Je lève les yeux au ciel simplement en me disant que j'allais donner tous pour le casting et que je verrais ensuite le résultat. Même si ça serait vraiment décevant. Je montais le regard sur le garçon à ses mots avant de rire. " Ah ben oui évidemment, c'est moi maintenant. Je vais quand même garder tes paroles dans un sens positif, je suis bien maquillée merci." Je ris légèrement en secouant à nouveau la tête. Il a une sacrée personnalité lui en tout cas. Il ne passera pas inaperçu. Lui ayant proposé mon aide, j'écoutais simplement sa demande haussant les épaules. "Je vais faire ça comme je le pense. Tu me diras ce que tu en penses d'accord ?" Après tout, je n'allais pas le tuer non plus. C'est juste du maquillage puis il n'a pas besoin d'avoir trop trop de trucs sur le visage. Je pris donc le correcteur, parce que c'est important selon moi d'en mettre pour cacher les quelques défauts bien qu'il semble ne pas en avoir beaucoup, mais autant faire le mieux possible pour qu'il soit présentable. Je lui en appliquais sur le visage aux endroits où je pense nécessaire d'en mettre en lui répondant ensuite. " Enchanté également. Je viens de Paris. Il parait que j'ai un sale accent français. Et toi, tu viens d'où ?" Il a un prénom original, jamais entendu avant. Enfin bon, tant que c'est prononçable ça va. Je poursuivais le maquillage me concentrant sur celui-ci uniquement. Je lui mis le fond de teint rapidement pour le mettre comme il faut sur son visage. Puis je pris la poudre faite exprès quand tu passes sous les projecteurs si on veut. Je ne sais pas comment on appelle ça, mais c'est utile. En tout cas pour la plupart des acteurs. On peut dire que c'est plus ou moins la même chose. " Tu aimes qu'on s'occupe de toi, je me trompe ? " Dis-je directement en le voyant faire. J'eus un petit sourire terminant donc le maquillage de son visage en observant attentivement celui-ci. " Je pense que c'est bon. Qu'est-ce que tu en dis ?"

Au moins elle comprenait la plaisanterie, ce qui était déjà une preuve d'esprit supérieure à celle d'une ou deux des personnes qu'il avait rencontrées jusqu'à présent dans cette journée de casting. « C'était un compliment. » précisa-t-il tout de même afin d'éclaircir toute zone d'ombre persistante. Les yeux fermés Ghika profitait de la caresse des outils et des doigts habiles d'Alyssa sur son visage. Qu'on se le dise, ce n'était pas désagréable. Face à l'élan d'indépendance de la jeune femme, elle ferait ce qui lui plairait ni plus ni moins et il devrait s'en contenter, Ghika décréta mentalement que c'était un risque à prendre. « Je suis ta toile, c'est toi l'artiste. Je me remets à tes mains expertes et crois moi je ne dis pas ça à beaucoup de monde. » Tant qu'elle ne donnait pas dans l'art abstrait ou le cubisme, il avait des chances de s'en sortir avec un visage convenablement peinturluré. Diantre, il manquait parfois tellement de foi en l'espèce humaine, cela en devenait déprimant, même pour lui.

La réflexion sur la qualité de son accent le fit sourire, il aurait bien émis un rire sonore, mais cela aurait été courir le risque de faire foirer tout le masque de beauté qu'Alyssa se tuait à lui coller au faciès. En plus de ça, il devait avouer qu'elle était tout à fait audible, sans donner l'illusion d'être une native de la langue de Shakespeare, elle la maniait sans l'écorcher à vif à chaque mot. « Les français en général ont un accent assez marqué. Mais c'est pareil pour les anglophones quand ils parlent français je suppose, vous devez avoir envie de pleurer. » Né en Louisiane, dans une ville anglophone avec une forte population francophone, il avait appris très jeune à parler un français correct, mais comme beaucoup, il n'arrivait pas vraiment à se débarrasser de son accent américain. Par chance, l'anglais était la langue internationale dans laquelle la plupart des gens réussissaient à se faire comprendre, et par peur de se ridiculiser, il ne ferait pas de démonstration de ses talents d'orateur. Réalisant qu'il avait complètement négligé la question d'Alyssa, il lui répondit après qu'elle ait fini de lui appliquer au produit sur le menton. « Je suis né à Bâton Rouge, c'est en Louisiane, mais je vis à Oxford depuis deux trois ans, pour la fac, le boulot... pour me tirer le plus loin possible de ma mère aussi. » Sa mère... toute une histoire, qu'il ne tenait pas spécialement à raconter.

Face au constat de son aisance à se faire pouponner, Ghika ne put s'empêcher d'ouvrir un œil rieur en direction d'Alyssa, tordant son visage en un clin d'oeil statique, avant de le refermer. Il ne connaissait personne qui n'aimait pas qu'on prenne soin de lui, mais il devait avouer être particulièrement adepte des massages et autres activités ayant pour but de lui faire du bien. « Je suis un mec... c'est dans mon patrimoine génétique d'aimer qu'on me dorlote. »

Les doigts cessèrent de pianoter sur son derme, elle avait fini, et comme l'artiste qui contemple son œuvre après le dernier coup de burin, elle attendait l'appréciation de son public. Le résultat était plutôt satisfaisant, il avait une peau lisse, nette, sans brillance. Un visage digne de passer à la télé peut-être, il l'espérait du moins. « J'en dis que j'ai presque l'air d'avoir bien dormi cette nuit, donc on peut dire que tu as fait un miracle ! » Le mot miracle était peut-être un peu fort, mais dans la reconnaissance Ghika n'était pas du genre à faire dans la demie-mesure.

Je souris doucement quand il vient me dire que c'est un compliment, heureusement pour moi, je l'avais compris, sinon je serais partie sans même prendre la peine de l'aider. Après tout à quoi me sert d'aider la concurrence ? Pas grand chose. Mais je suis une personne assez serviable et c'est sans doute pour ça que je suis au service de mon pays la France et que j'aimerais être au service d'un plus grand empire encore. Mais le temps me donnera tous se dont j'ai besoin pour arriver à mon but. Comme ça on dirait un peu une terroriste mais ça n'est pas ça du tout. Je vise simplement le FBI, et même si je n'en ai pas l'air pour le moment, je compte bien en faire partie et avoir une place assez importante. Il me donnait sa confiance pour le maquillage. Risque pour lui ? Pas vraiment, je ne compte pas lui faire de tort au contraire. Puis il en faut des hommes comme lui dans l'aventure, ne gâchons pas une si belle gueule quand même. On sait jamais que je rentre moi aussi, bien que je ne suis pas venue pour ça loin de là mais avoir des hommes agréables à regarder durant la durée où je serais éventuellement dans le jeu et d'autant plus amusant. Je m'étais donc concentrée à lui faire un maquillage digne d'une pro', bien que je n'en suis pas. C'est juste l'expérience de femme qui fait que je sais faire certaines choses. Ça n'est pas bien difficile de maquiller un homme au contraire, c'est plus rapide.

Un sourire se fit directement quand j'entendis sa réponse. Haussant alors les épaules, je reprenais doucement. « Non, au contraire. Nous les Français, on adore l'accent des Anglais quand ils parlent en français. C'est tellement sexy. Franchement, je ne peux pas te dire le nombre de filles que ça fait craqué ! L'Amérique est un rêve pour beaucoup. » Je n'y avais jamais pensé avant, mais maintenant, je me dis que ça serait vraiment pas mal en effet. Enfin, c'est encore à voir, mais bon, on va dire qu'ils ne sont pas si mal les anglais quand on regarde bien. Et jusqu'ici, je n'ai vu que de beaux garçons. J'ai bien fait d'essayer le casting finalement ça m'a fait prendre conscience de beaucoup de choses. J'écoute l'endroit d'où il vient, mais franchement ça me dit rien. Enfin si j'ai déjà entendu le nom évidemment, mais je ne connais pas du tout pour le moment. Mais bon, ça m'indique un peu d'où il vient quoi simplement. J'approuve donc calmement. « Relation familiale compliquée donc. J'espère que ça s'arrangera. » Je n'ai jamais vraiment eu de soucis avec mes parents, au contraire, mais j'ai perdu ma mère et je sais à quel point c'est un vide. Mais la vie continue et il faut faire les choses bien. Mais il est certain que si j'avais encore ma mère ici, j'en profiterais chaque jour un peu plus.

Je poursuivais le maquillage tous en continuant d'écouter ce qu'il me dit. Je souris doucement. « Ce n'est pas faux. » Rigolant un peu, je pouvais constater ceci de la part des hommes. Toujours besoin de quelque chose. Je le laissais ensuite voir si le maquillage lui plait. Je penche un peu la tête avant de sourire automatiquement en prenant les affaires pour les mettre comme il faut. « Et bien, tu es prêt maintenant. Je ne sais pas si tu te changes ou quoi, mais pour le maquillage, c'est bon, tu pourras passer sans problème. » J'étais ravie d'avoir pu aidé le jeune homme. Tant que ça lui plait et que c'est bon c'est le principal après tout c'est le but donc. Je me relevais passant une main dans mes cheveux en réfléchissant. « Quand est-ce que tu passes ? » Demandais-je rapidement pour voir un peu. Je regarde l'heure sur ma montre en faisant une petite moue puis remonte ensuite mon regard sur le garçon observant un peu celui-ci puis reprit quelques secondes après ça. « Et ton prénom ? Il a une signification ou c'est juste comme ça ? » Oui parce qu'elle ne connait pas vraiment ce prénom donc peut-être que.

Ghika rit en entendant son commentaire sur les anglais parlant français. Il est né aux Etats-Unis dans l'un des seuls états ayant le français pour langue secondaire et dans une famille pratiquant cette langue, son accent est existant, il le sait, mais il est plutôt bon. Alors, pour s'amuser -parce qu'il ne peut pas s'empêcher- il ouvre les yeux et lui lance dans la langue maternelle de la jeune fille : « Et toi tu craques pour les garçons avec un accent ? » Pas que ça l'intéresse vraiment, il a toujours eu plus d'affinités avec les hommes qu'avec les femmes, mais c'est toujours amusant de savoir que l'on peut séduire quelqu'un, que cette personne nous plaise ou non.

Parler était une partie important de la vie de Ghika, il est incontestablement un grand bavard, mais au quotidien, discuter avec ses camarades d'université et avec les clients du bar sont des absolues nécessités. Quand elle commente sa situation familiale il ne prend pas offense, il pourrait parce qu'après tout ce n'est qu'une supposition et que c'est du domaine privé. Mais il a mentionné sa mère en premier alors il ne peut pas lui en vouloir pour avoir relevé et interprété ses mots à sa façon. « Pas vraiment, elle est juste envahissante et maniaque du contrôle. Et je ne suis pas vraiment fan des gens qui tentent de me dire ce que je dois faire. » Il l'appelle encore une fois par semaine, pour la rassurer, il ne parle plus à son père depuis des années, sans raison particulière, ils n'ont juste jamais rien eu à se dire.

Ses genoux vibrent un peu sur la chaise, le stress se manifeste sans qu'il ne puisse le contrôle. C'est un peu agaçant, comme un signe de faiblesse. Au fond, Ghika sait bien que c'est normal et que ne pas être du tout angoissé serait étrange, symbole d'un surplus de confiance pouvant pousser à l'excès de zèle. « Je passe dans moins de quinze minutes maintenant. Tu es déjà passée toi ? » Chercher le réconfort n'a rien d'anormal ou d'étonnant. C'est purement humain de trouver dans l'adversité une sorte de complicité et de solidarité. Quand elle l'interroge sur son prénom, son esprit divague une seconde, quittant la confrontation au jury imminente pour se concentrer sur la question. « C'est roumain, je crois que c'était un prénom ou un nom de famille, mais ça n'a pas de traduction en anglais. La seule signification qu'il a c'est que ma mère était trop shootée par la péridurale pour avoir les idées claires quand ils lui ont demandé comment elle voulait m'appeler. » L'histoire est vraie, elle est drôle et puis ça fait toujours une anecdote originale à raconter aux gens quand on ne sait pas trop quoi dire.

Je pose mon regard sur le jeune homme suite à la question avant de rire doucement. « Ca me fait toujours un peu craquer oui. Même si je n'ai jamais eu l'occasion d'en entendre beaucoup jusqu'ici. Si ce n'est toi la maintenant. » Je levais un peu les yeux au ciel en maintenant le regard sur lui. Sans doute qu'il aurait pu me plaire, c'est un beau garçon on ne peut pas dire le contraire, il est sympathique et il semble aimer s'amuser aussi. Mais il n'en reste pas moins qu'il plaisante et moi aussi. « Et toi ? Tu aimes les garçons avec un accent ? » Je ne sais pas s'il est homosexuel ou autre. Mais je voulais juste voir ce qu'il allait me répondre. Assez curieuse, c'est une question personnelle détournée en question plus sur le ton de la plaisanterie. Espérons qu'il ne prenne pas mal ceci. Si c'est le cas c'est trop tard de toute manière.

Puis le voilà à m'expliquer ce qu'il reproche à sa mère. Et la réponse me fit rire automatiquement. Sacré numéro ce Ghika vraiment. Non parce que j'ai quand même un peu de mal à me dire que ça puisse être possible. Mais dans le fond après réflexion, c'est certain que si elle lui donne encore des autres alors qu'il semble être un jeune adulte, c'est un peu délicat comme situation. J'approuve donc les paroles qu'il venait de dire. « Je vois, je comprends un peu mieux. Mais c'est un peu le rôle d'une mère, tu ne penses pas ? Enfin, il ne faut pas qu'elle soit trop envahissante, c'est clair, mais elle doit quand même dire les choses. Je n'ai plus la chance d'avoir la mienne. J'aurais préféré avoir une mère envahissante qu'une mère qui n'est plus de ce monde. » Pourquoi est-ce que je lui raconte ma vie ? On ne se connait pas ? Il faut que j'apprenne à me taire, je parle beaucoup trop, c'est horrible. Je souffle doucement en levant les yeux au ciel automatiquement. Je ne voulais pas non plus entrer dans des sujets sensibles comme ceux-ci. Sauf si c'est nécessaire, mais ça n'est pas le cas pour le moment.

Je posais mon regard sur le corps du jeune homme observant ses attitudes presque directement en relevant le regard sur lui une fois la réponse à la question posée. « Je passe dans 30 minutes. Après toi, il me semble. Donc non, je ne suis pas encore passée. Mais ça va aller. » Je le regardais calmement me levant pour poser les mains sur ses épaules en les lui massant légèrement. Chose faite de manière tout à fait naturelle. Il faut se détendre. Surtout qu'il passe dans peu de temps. Je l'écoute une nouvelle fois en souriant doucement hochant la tête. « Je vois. Non mais je trouve ça originale mais aussi joli à la fois. Enfin voilà quoi. » Je poursuivais mon petit massage des épaules en posant le regard sur le miroir pour pouvoir observer le visage du garçon en même temps. Je réfléchis quelques secondes posant mon regard sur l'heure. « Tu vas tous déchirer, j'en suis sure. Tu vas les faire rire, puis avec ta personnalité, je suis certaine que tu vas pouvoir les impressionner. Je ne te connais pas encore, mais pour le moment, j'ai un bon pressentiment espérons que ça dure. » D'un naturel gentil et présent pour les autres je ne pouvais m'empêcher d'encourager les autres et ce même s'ils sont mes concurrents après tout je me dis que tout le monde à sa chance.

Elle a un joli sourire, de toute façon il ne sait pas trop à quoi il s'attendait, évidemment que les gens sont beaux dans ce genre de castings, il n'y en a pas un ou une qui soit particulièrement laid. Ils vont passer à la télé, forcément on va choisir des gens beaux pour attirer le spectateur. Ghika s'en veut presque d'avoir cru que malgré tout il y aurait une part de normalité et de réalisme dans les personnes présentes. On vend du rêve pas de la banalité, et c'est tant mieux. Il sourit avec une pointe d'embarras, aussi habitué qu'il soit à se faire draguer, par des filles ou des garçons, durant ses heures de travail, les compliments ou toute forme de flatterie le mettent toujours terriblement mal à l'aise. Aussi il laisse couler avant qu'elle ne lui retourne la question et qu'il éclate de rire. Ghika sait qu'il n'est pas le mec le plus masculin qui soit, mais qu'il ne laisse aucun doute sur sa sexualité l'embête parfois. « Je n'ai jamais trouvé ça érotique en réalité, surtout quand j'ai du mal à comprendre les gens. Mais bon... tout dépend hein ! Je suis assez difficile en matière d'hommes, mais je ne suis pas impossible. Je me contenterai d'un gars comme Alix ! » plaisante-t-il n'en pensant pas un mot. Il n'est pas si difficile, en matière de physique du moins, c'est pour ça qu'il est célibataire, trouver une personne ayant un caractère capable de supporter le sien tout en ne se laissant pas bouffer est un véritable défi.

Face à la soudaine solennité des propos que tient Alyssa, Ghika se trouve quelque peu décontenancé. Passer de la plaisanterie au deuil en moins de dix secondes est un record que même lui n'a jamais tenté de battre, elle vient de l'aplatir. Mais comme il n'est pas contre une bonne compétition, Ghika décide de détendre l'atmosphère. « Ma mère est aussi envahissante avec ma vie qu'Hitler l'a été avec l'Autriche. » dit-il, négligeant complètement les possibilités de conflit entre son humour et l'histoire nationale de la jeune fille, après tout ils avaient connu l'invasion allemande eux aussi. Néanmoins, il ne peut s'empêcher de compatir avec elle, ne pensant absolument à sa mère à lui. Leur relation est au plus mal depuis plus de quatre ans, mais il comprend totalement qu'on puisse manquer d'une présence maternelle.
« Désolé pour ta mère. » chuchote-t-il paisiblement.

Il se relève du siège et approche son visage du miroir avant de se retourner vers Alyssa. « Dans trente minutes ? Si j'étais toi je me préparerais à attendre un peu plus longtemps parce que je suis un vrai moulin à paroles ! » lance-t-il en plaisantant, sans savoir réellement s'il a en son pouvoir de faire durer son interview plus longtemps que le temps prévu par les organisateurs. A la façon dont elle parle de lui, de sa personnalité, il a à la fois l'impression de ne pas être dans la pièce et d'avoir rencontré quelqu'un de véritablement sympathique. Ce qui peut être dangereux dans ce genre de contexte, tant pour elle que pour lui. « Si jamais je ne les séduis pas je leur dirais que j'ai réussi à me mettre une ou deux candidates dans la poche avec mon époustouflante personnalité, peut-être que cela les aidera à voir du potentiel en moi ! »

Alors qu'il s'apprête à regarder une fois de plus le résultat dans le miroir, il se ravise. La réalité de la situation vient de lui sauter aux yeux. Il avance dans le noir, à l'aveuglette et sur une corde raide. A tout moment quelque chose pourrait mal tourner. D'une main Ghika attrape sa bouteille d'eau et en boit une grande gorgée pour s'occuper la main et l'esprit. Une fois le liquide avalé, il la regarde et lui lance : « A ton avis ils posent quel genre de questions ? Tu crois qu'ils vont nous demander de faire des trucs ridicules pour voir jusqu'à quel point on veut intégrer le nid ? »

J'avais écouté la réponse du jeune homme sur le fait d'aimer ou pas les hommes avec un accent. Et sa réponse me fit rire. Non pas qu'elle soit si marrante que ça, ou que je me moque de lui loin de là. Mais entendre que mon intuition n'est pas mauvaise me rassure. Alors ce jeune homme est bien attiré par les hommes. En même temps, on ne pourrait pas croire le contraire quand on le regarde comme ça. C'est sans doute encore une chose qui se voit comme un nez au milieu de la figure. Mais ça ne change rien à ce jeune homme qui est fort sympathique selon moi, mais surtout, il me fait rire. C'est assez rassurant. " D'accord, je vois. Et je comprends. Par contre je suis d'accord avec toi Alix est.. Vraiment très beau. J'adore. Mais à mon avis, il n'est pas disponible si tu vois ce que je veux dire. Un beau gars comme ça ne peut être célibataire. À moins qu'il ait un caractère de merde." Dis-je calmement avant de rire à nouveau. Après tout, on ne sait pas qui est réellement ce garçon même si au premier coup d'œil, on se dit ouais. Enfin bon.

Le sujet un peu plus sérieux était venu comme ça, mais je ne voulais en aucun cas cassé l'ambiance. Parler de mère me fait de suite penser à la mienne. Et je ne peux pas tellement m'empêcher de me dire que les gens ratent quelque chose quand ils sont si éloigner de leur mère. Mais je ne veux pas faire la morale à des personnes qui ne savent pas puis c'est plus logique comme ça. J'écoutais attentivement le jeune homme et ne pus m'empêcher de rire une nouvelle fois. " Je vois." Je secoue un peu la tête. En même temps, il a quand même réussi à faire tourner la conversation en dérision et ça fait du bien. Je maintenais le regard sur lui avant de hausser les épaules. " C'est la vie." Dis-je, simplement en entendant son désolé. Je ne peux blâmer personne pour ça. C'est arrivé simplement, c'est dur, c'est triste, mais il faut avancer pas trop le choix.

Je me reculais un peu quand je le vis se lever. Je secoue un peu la tête passant la main dans mes cheveux en marchant un peu allant me poser près de la fenêtre un peu plus loin. J'aime bien m'asseoir sur les appuis de fenêtre. J'ai toujours aimé pouvoir faire ça chez moi ça ne change pas. J'écoute les mots de Ghika attentivement en souriant amusé haussant les épaules. " Bah écoute plus j'attends et plus je stresse, mais je ne vais pas t'en vouloir de donner tout ce que tu as, et même si tu dis des bêtises. Et je t'en prie vente tes mérites. Après tous si les gens dans les coulisses t'apprécient comme tu le dis, je ne vois pas pourquoi eux ne t'apprécieraient pas." Même si dans le fond, c'est chacun ses goûts, mais selon moi certaines personnes ont plus de chance que d'autre. Je voyais que le brun avait de plus en plus de stress. Mais je ne pouvais rien faire de plus pour lui que de lui dire quelques mots rassurants. Les gestes ne semblent pas faire grand chose sur lui. Sans doute qui lui aurait fallu un homme. Je haussai les épaules finalement en réfléchissant aux genres de questions qu'ils allaient poser avant de reprendre. " Je pense qu'ils posent des questions en rapport avec l'émission. Sans doute, une présentation puis des questions plus personnelles. Tu n'as cas être toi-même, je suis sure que le naturelle paiera. Enfin, j'espère." Haussant les épaules, je ne suis plus sure de rien non plus. Ca me stresse d'attendre comme ça de devoir dire des choses. Je ne sais pas ce que ça sera. C'est tellement horrible ce genre de sensation.