Gaëtane visite. Elle erre dans la maison, salue des candidats occupés ici et là, mais ne s'attarde pas. Elle monte des escaliers, contemple la décoration, puis finalement, déniche un balcon vide, avec une vue imprenable sur l'île. Elle s'appuie sur la rambarde, scrutant le paysage. C'est beau. C'est la première fois qu'elle part aussi loin de chez elle, et c'est beau. Il ne fait pas très chaud, mais le printemps vient de commencer, ici. Gaëtane a enfilé une veste par dessus son tee-shirt bleu et son jean. Elle se déplace en chaussettes, comme à son habitude dans une maison. Elle reste là quelques minutes à tout détailer, ses yeux papillonnant d'une chose à l'autre. C'est alors qu'une candidate arrive en haut de l'escalier. La fille blonde, avec le candidat brun qui était venu les saluer à la fin du prime. Qui avait eu l'air sympathique, hier. Elle salue Gaëtane, et se rappelle même de son prénom. « Bonjour... » répond Gaëtane d'une petite voix un peu timide. La blonde enchaîne alors avec des questions, et Gaëtane espère qu'elle ne pose pas trop de questions compliquées. Jusque là, tout va bien. C'est beaucoup à intégrer, mais ce n'est pas trop stressant. Bégayer ? « Euh... non... je ne suis pas bègue, je ne crois pas que le docteur ait dit quoi que ce soit là-dessus pendant ma vis... pardon, je... » commence-t-elle, se perdant dans ses constats et ses informations factuelles, pour s'arrêter de peur de trop parler. « Je n'ai pas l'habitude... de parler avec autant de gens... » ajoute-t-elle en regardant vers le sol, « Mais là, ça va. » Elle ne parle qu'à la fille blonde, et elle n'a pas l'air hostile. Rien d'alarmant. Elle se maîtrise aisément. L'interrogation suivante la désarçonne, peu commune. « Une... une âme ? » fait Gaëtane, confuse. De quoi parle-t-elle ? Elle pense que Gaëtane n'est pas humaine ? Ou démoniaque ? Et pourquoi dit-elle cela ? Est-ce son visage ? La façon dont elle parle ? Ses tics nerveux ? Gaëtane essaie alors de maîtriser ces questions et secoue légèrement la tête pour chasser les interrogations, pour se focaliser sur ses cheveux, le vrai sujet. « Mais... non, c'est artificiel... mes cheveux sont blond très clair... p-platine ? C'est comme ça qu'on dit... » fait-elle en tortillant une mèche de cheveux. Elle essaie de dire autre chose, mais elle se rend compte qu'elles n'ont pas été correctement présentées, alors elle rectifie cela. « Je ne connais pas vo- ton prénom, désolée... » dit-elle, s'efforçant d'avoir l'air sympathique en abandonnant un ton trop poli pour quelque chose de plus... familier, actuel, « vo- tu, tu viens d'où ? »

Mckayla a apparemment bien remarqué que Gaëtaine n'est pas vraiment à son aise entourée d'autant de personnes aussi rapidement. C'est l'affaire d'une transition. Sauf pour certains candidats avec qui elle ne serait sans doute pas à l'aise avant longtemps, comme Ohana, par exemple. Ou tous ceux qui étaient trop agressifs. Gaëtane s'excuse alors. « Ah, désolée, je... c'est juste que je n'ai pas trop l'habitude... de parler avec autant de nouvelles personnes... » Ce n'est pas dans son intention de vexer qui que ce soit, au contraire. Elle est là pour se faire des amis et s'habituer à rencontrer du monde, pas pour se faire détester et se faire virer très vite. Gaëtane reste perplexe cependant à la remarque sur les roux. « Je crois que c'est erroné, mais je ne peux pas te le certifier, les... âmes, ce n'est pas une science exacte... » Elle ne veut pas vexer Mckayla non plus, mais toute information se doit d'être vérifiée, et Gaëtane est comme ça, elle analyse, elle décortique, elle vérifie, et quand c'est trop vague, trop conceptuel, elle n'est pas dans son assiette. Pourquoi le roux ? C'était une histoire qui était soit longue, soit très courte, selon ce que l'on voulait en dire. « Je... j'avais besoin de changer... les cheveux blonds ne me convenaient plus... » Elle n'a pas envie de s'étaler, c'est un peu personnel. La blonde vient donc des Etats-Unis, Gaëtane aurait pu le deviner à son accent, mais avec autant de personnes de toute la planète ici, ça devient difficile. « Ah... non, en fait... je n'ai jamais vraiment voyagé... c'est la première fois que je sors... de l'Europe... je crois. » Enfin, il y avait bien un autre endroit, mais elle comptait ça comme l'Europe, plus ou moins. Ca avait toujours été un cas difficile géographiquement parlant. « C'est... le nageur ? Je crois que je l'ai vu à la télévision une fois... » Sans doute quand Monsieur Jollivet regarde les compétitions de sport sur la télévision de la brasserie. Elle a droit aux courses de chevaux, aux matchs de football, de rugby, et aux Jeux Olympiques. « Je viens de Quiberon, en France... je... suis née à Brest, mais c'est la même région, en Bretagne... c'est joli, la Bretagne, mais il pleut beaucoup, je ne sais pas si tu aimes bien la pluie. » Elle aime bien Quiberon, c'est calme, et la pluie ne la gêne pas, ce n'est que de l'eau, après tout. « Je n'ai jamais rencontré de personne célèbre... » ajoute-t-elle d'un ton neutre, comme un constat. Enfin, peut-être qu'elle compterait pour célèbre, ou du moins notoire en sortant de cette émission, mais c'était différent. Elle se demande ce que ça fait, d'ailleurs.