“ take shelter, take the pressure ”

w/paloma.

En ce jour de nominations, Percy était empli d'une quiétude qui contrastait on ne peut plus nettement avec le sentiment qui l'avait accompagné durant toute la seconde moitié de la semaine passée. Encore aujourd'hui, il n'était pas certain de pouvoir affirmer qu'il avait s'agi d'une authentique appréhension, mais il pouvait ressentir combien sa tranquillité d'esprit s'y trouvait opposée. L'anglais n'était pas nominable, ce qui tombait fort bien étant donné qu'il n'était a priori pas revenu pour se coltiner une nouvelle nomination. Ce qu'il voulait, c'était faire oublier son caractère antipathique en sachant se montrer indispensable au jeu. Il croyait en son potentiel, mais il lui fallait le démontrer aux autres pour espérer se faire une place durable dans le jeu. Ces quelques jours de répit lui permettraient donc a priori de prendre davantage ses marques au sein du nid, ce qui ne pourrait le rendre que plus à l'aise dans cet environnement encore légèrement inédit, et lui permettre de se montrer sous un jour d'autant plus prometteur, idéalement en tout cas. Marchant pour le moins distraitement en direction de l'ascenseur, il accéléra le mouvement lorsque les portes de celui-ci commencèrent à se refermer, l'amenant à y entrer de justesse et à tomber nez à nez avec une Paloma qu'il n'était honnêtement pas mécontent de trouver là. Un sourire au coin des lèvres, il resta quelques instants sans vraiment poser le regard sur la brune, attendant que les portes ne se referment pour de bon avant de se tourner légèrement vers elle. « Je sais pas toi, mais moi toute cette lumière ça me dépayserait presque » qu'il commenta en se donnant un air sérieux, bien sûr en faisant référence à leur petite exploration de la cave, quelques jours auparavant. Une situation qui avait donné lieu à des échanges pour le moins improbables, et qu'il n'oublierait assurément pas de si tôt. S'adossant à l'une des parois, il se décala progressivement jusqu'à ce que son bras touche celui de la brune, préservant une mine on ne peut plus innocente. « Il devrait pas y avoir une musique d'ambiance ? » qu'il commenta brusquement, comme si c'était le détail qui risquait de rendre l'instant insupportable. « Tu vas devoir t'y coller, j'ai l'impression. » Ouais, ça le prenait souvent d'inciter les autres à chanter pour meubler un silence qui lui déplaisait. C'est que lui, bon, il ne rendrait vraiment service à personne en parant au problème.

Paloma continue sereinement son exploration du nid, si ce n'est qu'après avoir découvert un secret... elle est encore plus observatrice qu'à l'accoutumée - presque aux aguets. Ses yeux flirtent langoureusement avec le moindre détail à sa porté, sa démarche feutrée, souple, s'éternise pour qu'elle ne loupe rien et elle voit des indices partout. Dans le musée, au plafond du salon, dans la cave, partout. Elle se pose beaucoup de questions, réfléchit trop pour son propre bien mais ça au moins le mérite d'occuper ses journées. Parce que les journées de Paloma, dans le nid, elles sont quand même longues et c'est que le début. Y'a encore la soif de découverte, l'envie de connaître ses camarades sur le bout des doigts, d'effleurer leurs mystères et de lever le voile qui les entoure. Mais c'est bien son seul stimulant parce que l'espagnole comprend déjà qu'elle n'est pas faite pour être maintenue en cage, aussi dorée soit-elle. Et cela, même si c'est de son plein gré. Glissant indolemment sa silhouette ici et là, Paloma repère l'ascenseur et se dit que c'est l'un des seuls endroits inexplorés. Pour elle, ça n'a aucune utilité dans le nid, rapport à sa hauteur. Mais elle se dit que c'est sans doute là pour quelque chose, du genre pour que Cupidon montre tout son sadisme en faisant se stopper la machine un coup sur deux. Ca devrait pas l'attirer, mais ça lui donne envie d'essayer. Les doigts de Paloma exercent une minuscule pression sur le bouton, suffisante pour l'appeler sans le brusquer, et s'évanouit à l'intérieur de la cabine. Ses yeux pénétrants s'imprègnent de l'atmosphère des lieux, balayent le moindre détail à la recherche de quelque chose et lorsqu'ils retrouvent la terre ferme, c'est pour caresser le visage de Percy qui vient de se glisser juste avant que les portes ne se referment. Elle l'accueille d'un sourire indéchiffrable et laisse ses prunelles dévisager ses traits. « C'est vrai que la pénombre t'allait mieux au teint » suggère-t-elle avec l'innocence d'un agneau avant que ses yeux ne retrouvent le chemin de ceux de Percy. Paloma élargit son sourire, preuve qu'elle plaisante. A sa façon, parfois cynique, parfois pince-sans-rire mais jamais méchante. L'humour n'est pas ce qu'elle manie le mieux, elle est souvent trop réfléchie pour ça et si y'a un point sur lequel tout le monde s'accorde c'est que Paloma sait être troublante mais jamais désopilante. Percy louvoie lentement jusqu'à elle et la brune le regarde avancer sans amorcer un geste de recul. Leurs peaux se frôlent malgré l'espace de la cabine mais elle ne retire pas son bras. « La musique ruinerait toute la tension que Cupidon se tue à instaurer... » dévoile prudemment Paloma, sa voix rauque plus feutrée qu'à l'accoutumée. Y'a qu'à voir comme il essaye dur, l'angelot. Un ascenseur pour deux étages à peine, c'est troublant. Un ascenseur silencieux qui se stoppe, ça le devient encore plus... et un peu équivoque aussi. Personne n'aurait l'idée de flipper ou de jeter au cou de son compagnon d'infortune sous une musique enfantine. Il est pas con, Cupidon. Un peu voyeur, un peu sadique... mais plutôt malin. « Le chant ne fait malheureusement pas partie de mes innombrables talents. » soupire Paloma, feignant d'être blessée par cette frustrante découverte. Le silence reprend ses droits, sans musique, et après quelques secondes où ses pensées s'élèvent et flottent joliment dans l'air, elle repose un regard caressant sur Percy. « J'aurais jamais cru dire ça mais ça me plaît, que tu sois resté »

C'était une chance que Percy ait eu juste le temps d'entrer dans l'ascenseur puisque s'y trouvait Paloma, qu'il n'était pas mécontent de rencontrer dans d'autres circonstances que celles de la semaine passée. C'est que l'épisode de la cave avait beau avoir été aussi divertissant qu'original, l'anglais était certain de préférer la revoir dans un cadre différent, lui qui pourtant avait tenu de si grands discours sur le pouvoir de l'imagination dans la pénombre totale. A croire qu'il avait quelques peu réévalué son point de vue. Il ne manqua en tout cas pas de faire remarquer que le contraste en était presque déroutant, pensant qu'elle s'amuserait modestement de cette référence déguisée, et étant il est vrai pour le moins curieux de savoir quel commentaire cela lui inspirerait. Et justement, il ne fut pas déçu de ce qu'il entendit, c'est même un sourire teinté d'amusement qui fendit ses lèvres, avant qu'elle ne se transforment en petite moue attristée, ce qui ne l'empêcha pas de se rapprocher de la brune, qu'il aurait d'autant moins de scrupule à coller pour le coup. Faisant remarquer qu'il manquait comme une musique d'ambiance, il dut reconnaître que la théorie de sa camarade se tenait, même si là tout de suite il avait bien envie de reprendre son petit jeu de l'autre jour, celui qui d'ailleurs avait donné lieu à d'improbables confessions. « S'il y a comme une tension palpable dans cet ascenseur, je ne crois pas qu'elle soit due aux combines de Cupidon » articula-t-il d'une voix suave, tout lui adressant un regard hautement équivoque. Oh elle comprendrait très certainement où il voulait en venir, ce qu'il insinuait, et ainsi qu'il avait décidément bien souvent quelque petites idées derrière la tête. Espérons alors que le fait que celles-ci soient plutôt récurrentes lorsqu'il s'agissait d'elle la flatterait un petit peu. Il suggéra en tous les cas qu'elle pare au problème, en poussant la chansonnette. Ce n'était pas une chose qu'il réclamait bien souvent, néanmoins l'exercice pourrait s'avérer intéressant, du moins si sa camarade acceptait de s'y soumettre, ce qui n'avait pas l'air d'être le cas. « Oh ? J'aurais cru, pourtant, suite à ta modeste démonstration vocale de l'autre jour » souffla-t-il avec une certaine malice, ici en référence à son petit cri de surprise, celui au sujet duquel il n'avait pas résisté à l'envie de se foutre un petit peu d'elle, ce qu'il avait ensuite un petit peu regretté. Finalement, après quelques instants, il eut droit à un aveu qu'il n'aurait jamais cru entendre de sa bouche. Parce que ouais, ils s'entendaient franchement bien, si on en jugeait en tout cas par les premiers mots qu'ils avaient échangé, pendant les castings, mais en règle générale il était plutôt rare qu'on lui dise ce genre de choses. Peut être parce qu'on en venait toujours par espérer qu'il reparte comme il était arrivé. « Voyez-vous ça » qu'il lâcha en affichant un sourire en coin, en se tournant un peu plus vers elle. « Aucun rapport, je suppose, avec le fait que ma cagnotte se serait faite la malle elle aussi. » Après tout, forte de la découverte du secret d'Isaac, elle pourrait vouloir s'attaquer à un autre cas, en l'occurrence à la deuxième cagnotte la plus élevée, après la sienne. Alors oui, ça n'était pas très fin de sa part de la faire passer pour une intéressée. Mais il n'était jamais la finesse incarnée dans ce genre de situations.

Percy c'est un peu l'anti-Isaac. S'ils sont tous deux assurément antipathiques pour la majorité, ils jouent pas sur le même tableau. Percy est plus subtil, plus équivoque et avec lui, Paloma se glisse aisément dans un jeu innocent, divertissant et peut-être un brin enivrant. C'est p'têtre pare qu'il n'a pas encore fait de blagues sur son cul et plus encore mais elle est à l'aise avec lui. Il la challenge, parce qu'elle discerne sur sa bouille de lutin sournois une complexité voilée, mais elle ne danse pas maladroitement un pied sur l'autre. Elle se sent en contrôle, complice d'une situation qu'ils provoquent tous les deux mais qui reste toujours bon enfant. Et maîtrisée. « Oh, c'est donc toi qui te donne tout ce mal ? » feint-elle de s'enthousiasmer, un sourire gourmand aux lèvres. Paloma déloge ses prunelles de celles de Percy pour leur laisser le soin d'embrasser l'espace exigu qui les entoure, jaugeant de cette éventuelle tension palpable. Un sourire licencieux aux lèvres, la brune prend son temps, laisse le silence s'immiscer entre eux alors que son regard coule sur la moindre parcelle offerte à lui, Percy inclus. « En tout cas ce n'est pas de mon fait. Pas cette fois. » lance-t-elle avec une délicatesse qui s'élève puis retombe avec la légèreté d'une plume. Paloma veut bien admettre sa responsabilité lors de leur précédente rencontre, où la conversation a très rapidement dévié vers un sujet capable d'enivrer les sens et d'échauffer le corps de n'importe qui. Cette fois, elle n'a rien fait si ce n'est conserver un aplomb tranquille et la proximité de leurs peaux qui se frôlent et s'effleurent au rythme des vibrations de l'ascenseur. Bien entendu, comme Cupidon est un petit malin, la cabine se stoppe un peu brutalement et elle vacille, Paloma. Perdant l'équilibre, son corps souple se retrouve pressé contre le torse de Percy et elle lui jette un regard complice, par en-dessous, le genre qu'a l'air bien plus aguicheur qu'il l'est en réalité. La faute à ses yeux en amande, ses longs cils de biche et son minois de poupée qui respire une candeur presque enfantine pour des courbes qui en sont loin. « Tu vois, j'ai pas crié » s'amuse-t-elle en reprenant sa position, sans se départir d'une esquisse maligne qui irradie son minois. Non, cette fois-ci la surprise n'aura pas eu l'effet escompté sur elle et Percy n'a pas de quoi se moquer. Paloma le quitte pas des yeux et arque un sourcil réprobateur à sa réplique. Il se fout de sa gueule. Elle lui avoue qu'elle est contente qu'il soit resté et il s'moque d'elle. Pour la peine, les prochaines douceurs savoureuses qui pourraient s'échapper d'entre ses lèvres charnues, elle les conservera pour d'autres. Percy fait le lien avec sa cagnotte et elle se retourne tout à fait vers lui, brisant un brin de la courte distance instaurée entre eux. Percy, il est surprenant. De prime abord, il ressemble à un gros cliché, le stéréotype du petit richard capricieux, arrogant et insupportable, sûr de lui, de sa valeur et surtout persuadé qu'il est supérieur aux autres, que personne ne lui résiste et qu'il a qu'à claquer des doigts pour obtenir ce qu'il désire, objets ou gens. Mais... parfois, le cliché, il colle pas. Paloma pense qu'il est plus que ça. Elle ignore pourquoi il semble apprécier se réduire à cette image mais le reste, elle l'aime davantage. Même la vulnérabilité qui s'échappe parfois. C'est qu'un soupçon, c'est rien du tout, mais c'est un peu de faiblesse et c'est ce qu'elle préfère, chez les autres. Leurs failles. « T'es du genre à penser qu'on t'apprécie seulement pour ta fortune ? » s'amuse Paloma, volontiers ambigue. C'est à double-sens. Elle parle du jeu et de sa cagnotte mais surtout de lui, et de sa vie. Elle le contemple, fixement, son regard de poupée docile coule sur ses traits, les caresse avec langueur et finit par répondre avant même que ses lèvres s'agitent. « Ton argent, virtuel ou non, m'intéresse pas. » Parce qu'elle en a, beaucoup, parce que c'est pas un moteur, jamais, parce qu'elle préfère s'intéresser à ce qui se cache à l'intérieur, tout simplement. Paloma s'approche de Percy, son corps entier le frôle et brise la distance respectable qu'on doit maintenir entre nous et nos semblables, dans un monde civilisé. Son souffle chatouille sa nuque et elle s'amuse de cette proximité pour souffler, le timbre chaud et la voix basse. C'est un murmure, rien que pour lui. C'est le ton qu'elle pourrait employer pour lui avouer qu'elle a envie de lui, mais c'est une toute autre confession qui s'échappe de ses lèvres pour venir danser contre les siennes. « C'est pas le cas de ton secret... J'ai envie qu"il soit mis à nu, par moi ou un autre peu m'importe. Il m'attire. » Elle désire seulement connaître les mystères qu'il cache et surtout, découvrir si sa révélation a un impact sur Percy. Qui il était, qui il est, qui il aurait pu être.

La tension dont parlait ici l'anglais, c'était bien évidemment une tension sexuelle, puisqu'il ne laissait pas tomber l'idée de la séduire à force d'y aller de ses petites insinuations. Il prenait presque des gants pour s'assurer de réussir dans son entreprise, et semble-t-il que jouer de subtilité devait lui retomber dessus, puisque sa camarade n'eut aucun mal à faire comme si elle ne voyait pas de quoi il était entrain de parler. Peut-être était-ce aussi un moyen comme un autre d'éviter de s'aventurer sur un pareil terrain, sachant qu'ils étaient tous les deux dans un ascenseur, un lieu propice à ce genre de rapprochements. Il nota par ailleurs d'une façon amusée qu'elle faisait ici indirectement référence à leur échange de la dernière fois. « J'en porte donc toute la responsabilité, si j'ai bien compris » qu'il exprima avec une certaine malice, prêt à l'admettre dans le fond, parce que c'était très certainement lui qui avait tout initié à la base, avec ses remarques lubriques, et c'était lui-même qui n'avait pu s'empêcher de rebondir sur la remarque de la brune d'une façon toujours aussi équivoque. Paloma laissa alors entendre qu'elle ne saurait pousser la chansonnette, ce qui l'amena à lui rappeler qu'elle avait pourtant montré toute l'étendue de ses capacités vocales l'autre jour, suite à un petit cri sur lequel il se plaisait à revenir, juste pour la taquiner. L'ascenseur se stoppa alors subitement, les amenant malgré eux à renforcer d'autant plus leur proximité, ce qui ne fut évidemment pas pour déplaire à l'anglais, qui d'ailleurs eut de petites palpitations au moment où son regard croisa celui de la féline brune, qui avait le don de l'émoustiller sans trop faire d'efforts. Forcé d'admettre qu'elle était ici restée digne, il esquissa un sourire teinté d'amusement. Et puis il y eut cette confession de la part de la brune, qui lui avoua se satisfaire du fait qu'il soit resté. Sur le moment, ça avait eu tendance à le contenter, parce qu'il savait qu'il était plus facile pour lui de faire mauvaise impression que l'inverse. Toutefois, c'est d'une façon peut être un tantinet désolante qu'il répondit. Il ne fallait pas qu'elle le prenne pour elle particulièrement, Percy n'était pas habitué à entendre ce genre de choses, ou que lorsqu'on espérait à long terme profiter de sa situation, d'une manière ou d'une autre. Ici, il imaginait qu'elle voulait trouver son secret, pour faire main basse sur sa cagnotte. Mais la brune sembla comprendre de quoi il s'agissait plus généralement, au vu de la question qu'elle posa. « A juste raison. J'assiste depuis toujours à un défilé incessant de faux-culs prêts à me flatter allégrement, à me trouver des qualités que je n'ai même pas, simplement dans l'espoir de profiter un jour de mes moyens. Les gens sont rarement désintéressés lorsqu'ils cherchent à se rapprocher de moi, c'est un fait. » Et si elle n'avait pas vécu la même chose, elle ne pouvait pas comprendre. Percy ne sous-entendait pas qu'il aurait aimé se faire de vrais amis, parce qu'en soi il n'était pas sociable et il le revendiquait, mais elle semblait trouver fataliste de sa part de partir du principe que seule sa situation pouvait vraiment intéresser, alors qu'il en avait eu la preuve. Elle lui confia pourtant que son argent ne l'intéressait pas, elle, et il la croyait. Pour le coup, oui, il la croyait. Pourtant ce discours il l'avait souvent entendu, mais ici il pensait y lire une certaine sincérité. Il réalisait peut être surtout qu'il pouvait se fier à elle. En tout cas, l'anglais fut bientôt pour le moins troublé par cette proximité qu'elle initia de nouveau, se rapprochant considérablement du blond, dont la respiration s'accéléra un tantinet lorsqu'il sentit son souffle s'écraser contre ses lèvres, l'amenant à fixer celles de la brune avec une gourmandise assumée, et que seule l'intervention de la jeune femme parvint à contrôler. Elle disait être véritablement intéressée par son secret, et c'est un sourire mutin qui étira ses lèvres, tandis que son doigt remonta lentement le long de son bras, le temps d'une caresse prolongée et qui s'échoua sur son épaule. « C'est parce que tu te convaincs du fait qu'il pourrait expliquer pas mal de choses me concernant, j'ai pas raison ? » C'était peut être vrai, oui, peut être qu'il fallait découvrir ce qu'il cachait pour comprendre un certain nombre de choses. Il supposait qu'elle partait de ce principe-là, elle, vu la façon qu'elle avait eu de sous-entendre les choses. « Et si t'appréciais pas ce que tu découvrais ? Et si le pire, finalement, c'était ce que je cachais, et non ce que je montrais de moi ? » Elle semblait vouloir que son secret ne soit plus, mais peut être regretterait-elle que la vérité ait éclaté une fois que ce serait trop tard. Oui, cette mise en garde risquait de l’intriguer d'autant plus, et dans le fond ça ne pouvait que plaire au joueur qu'il était.

« Toute la responsabilité. » insiste Paloma en dardant sur le visage de Percy un regard lourd de sous-entendus. « Et les éventuelles conséquences... » suggère-t-elle l'air de rien, dans un sourire en demi-teinte, sulfureux et innocent à la fois. Bien sûr, elle le provoque, c'est un jeu d'enfant, c'est le jeu installé entre eux, c'est un début de complicité qui suit un chemin de traverse atypique, clairement, inédit, sans doute, mais pas inefficace. Paloma souffle pas vraiment le chaud et le froid, elle, elle souffle le tiède, lance des signaux contraires entre des paroles équivoques et une posture naturelle, un regard lubrique et un sourire tendre, doux. C'est un peu un paradoxe, elle a conscience de pas faciliter la tâche mais elle n'est pas là pour ça. Faciliter la tâche, se livrer, baiser avec un inconnu dans un ascenseur ou les trois à la fois. Elle n'est pas facile, elle se dévoile pas aisément, elle se dérobe aux questions, économise prudemment ses mots et n'est pas non plus prompte à se laisser aller dans un corps-à-corps suave malgré ses provocations. C'est du vent, un jeu innocent, une séduction qu'en n'est pas vraiment une mais qui lui plaît beaucoup, avec Percy. Parce qu'il est réceptif, parce qu'il est subtil parce qu'à aucun moment il se montre lourd, insistant. Paloma le soupçonne presque d'être un beau parleur, plus charmeur que queutard et l'idée lui plaît. Il sait manier les mots, avec son côté très british qui tranche avec l'antipathie naturelle qu'il sait si bien dégager. L'ascenseur décide de se montrer coopératif en se stoppant entre deux étages, laissant le soin à la tension qui les nimbait de poursuivre sa course vers les hauteurs, elle. Tout contre Percy, Paloma laisse une flamme teintée d'amusement danser dans ses yeux noisettes alors qu'elle le dévisage et sent son corps se tendre, à l'affût, contre le sien. Elle se recule, un peu, juste un peu, et dilue une atmosphère opaque, trop lourde, derrière une confession voilée mais sincère. La réaction de l'anglais l'intrigue vraiment et elle l'écoute se livrer avec une attention accrue, sans le quitter des yeux une seule seconde. Paloma, elle trouve ça un peu triste, parce qu'elle est persuadée qu'il se ferme à des rencontres, à des amitiés, par peur. Peur que ça ne soit pas sincère, peur que ça soit intéressé. Peur de la déception, en fait. « Tu crois pas que tu les encourages, à pas creuser ? » Paloma est franche, quand elle pense quelque chose, quand elle met le doigt dessus, elle le dit, c'est tout. Son visage est empreint d'un air mutin, malin, qui sied bien à son minois mélancolique bien qu'elle soit sérieuse. C'est un peu un cercle vicieux, à ses yeux. Percy apparaît comme un petit gosse de riche insupportable, alors les autres ont peut-être moins de scrupules à vouloir profiter de lui que d'un mec sympa. Enfin, elle sait pas, elle a bien trop de scrupules pour se mettre à la place des faux-culs suscités mais ça s'tiens. « Après tout, tu sais te rendre délicieusement antipathique, ça gommerait n'importe quels scrupules.... » suggère-t-elle, à voix basse, le timbre rauque et pétri d'une provocation qu'elle assume. Paloma le gratifie d'un sourire en coin badin, charmeur et surtout amusé. Pour sûr, c'est aux castings qu'elle pense à cet instant et à sa farandole de réponses détestables et toutes plus convenues, prêtes à lui donner l'image du petit bourge prétentieux qui bande en pensant à son compte en banque et à ses magnums de champagne. C'est réducteur, cette image, il a pas fallu une semaine à Paloma pour passer outre et découvrir un homme plus... profond. Et bien sûr, son secret, elle y pense. Pas pour le fric, pour la découverte. Ils sont proches, étonnamment proches, plus proches qu'ils n'ont jamais été mais Paloma flanche pas. Elle demeure dans l'exacte même position et frissonne inexorablement sous la caresse anodine du blond. La pulpe de ses doigts vibre sur le miel soyeux de sa peau et elle pourrait sentir une morsure dans son bas-ventre si elle n'était pas tant focalisée sur ses lèvres, sur ses mots. La danse qui se joue entre eux n'est pas sexuelle, elle est plus intime que ça. Paloma sent qu'elle touche à un plaisir interdit et celui-ci est situé pile entre les lèvres de l'anglais, pas ailleurs. « Tu as parfaitement raison » Sa voix n'est plus qu'un filet murmuré, les mots sont rocailleux, susurrés, ils pèsent lourd sur sa langue et viennent se coller contre le corps de Percy qu'elle ne quitte pas des yeux. Bien sûr qu'elle pense que son secret expliquera quelque chose, qu'importe ce que c'est. C'est comprendre qui compte. Pas juger. « Que j'apprécie ou pas n'est pas la question » souffle Paloma dans un sourire énigmatique, qui flotte sur ses lèvres charnues avant de s'évanouir. C'est plus profond que ça, elle a besoin de connaître sur le bout des doigts les gens qui l'entourent, elle a besoin de poser des questions, d'obtenir des réponses et de développer des relations où la seule inconnue, c'est elle. C'est comme ça, l'humain la fascine. « Si ce que tu caches lève un peu le voile sur toi... ça me va » Ses prunelles le dévorent du regard alors que Paloma se rappelle de sa promesse ; pas juger après la révélation. Se souvenir des moments qui ont précédé le secret et s'y accrocher fermement. Parce que c'est le jeu qui veut la dissimulation mais c'est pas parce qu'il existe que ça rend tout le reste obsolète. Elle croit qu'en dépit de son secret, elle est sincère. Et elle espère que les autres s'en souviendront, le moment venu. « Mon secret changera la perception des gens sur moi et pourtant ça veut pas dire que je serai soudainement devenue différente. Je serai la même et j'espère que tu seras le même, aussi » déclame-t-elle sérieusement, avec une gravité un peu nostalgique qui lui donne l'air d'une poupée fragile.

Percy assumait d'être celui qui apportait une petite touche d'ambivalence aux rapports, qui savait perpétuellement saisir une occasion de laisser échapper un petit mot équivoque, entre deux œillades. La responsabilité dont parlait ici Paloma, il l'assumerait tout autant, parce que rien que dans cet ascenseur, c'est lui qui avait adopté le premier ce petit ton espiègle. C'était un peu comme un schéma qui se répétait, avec Paloma. L'anglais jouait de malice et de commentaires licencieux, et la brune misait sur une provocation mêlée à un désir manifeste de freiner très légèrement ses hardeurs. C'était assez intriguant, qu'elle puisse si facilement rentrer dans son jeu et conserver malgré tout cette volonté de lui compliquer les choses. Ici, quoi qu'elle puisse penser, il nourrissait l'espoir de l’apprivoiser, un jour, quand ils auraient décidé de se provoquer  autrement, de se dompter l'un et l'autre à travers un jeu plus lascif. Elle parla de conséquences et l'anglais se sentit animé d'une troublante fièvre. Sans répliquer, il soutint son regard, répondant à cette nouvelle provocation par une esquisse mutine. Par la suite, l'ascenseur se montra capricieux en se stoppant brusquement, et l'anglais put profiter d'une proximité plus importance encore, toutefois jusqu'à ce que la brune replace entre eux cette infime distance de sécurité. Sa confession, Percy ne sut pas comment y réagir, alors il eut tendance à faire comme il faisait d'habitude, se braquer légèrement et à tout de suite imaginer des intentions intéressées. Mais Paloma le questionnait, le prenant chaque fois un peu de court. « L'argent, je l'ai toujours eu. Le reste m'est venu plus tard » qu'il confessa d'une voix neutre, mais riche en allusions. Né dans un foyer fortuné, où rien d'un point de vue matériel n'avait jamais pu lui manquer, il avait très tôt été amené à constater que l'argent influençait les rapports. Les premiers rapaces, il les avait vu tourner autour de son père, intuitif en affaires mais diablement plus crédule en dehors. Puis il y avait eu sa propre expérience des faits. Au pensionnat, il avait tenté de se fondre parmi ces jeunes hommes d'origines un peu plus modestes, bien en vain, puisque le jour où il était apparu aux yeux de tous comme le friqué de service, chantages et intimidations avaient commencé à rythmer son quotidien. Jusqu'à ce qu'il se forge un caractère inatteignable, et qu'il se nourrisse d'une force née de ses premières faiblesses. Oui, il était devenu imbuvable, parce que ce qui avait été dans un premier temps sa défense ne l'avait plus jamais quitté. « Je joue beaucoup de ma condition. Je montre de quoi semer ceux qui ne chercheront jamais à voir autre chose que cette caricature délibérément mise en avant. » Se montrer détestable, c'était à coup sûr le meilleur moyen de dissuader la plupart des gens de s'intéresser à nous, parce que peu de gens iraient par exemple s'imaginer que derrière toute cette prétention se cachait peut être quelque chose d'un peu plus surprenant. Il en faisait bien souvent l'expérience, il y en avait très peu pour ne pas se contenter de ces apparences un petit peu accentuées. « C'est ce qui se passe, le plus souvent. Et moi ça me convient. Je ne peux faire entrer personne dans ma vie, alors décourager les autres c'est encore le plus simple. » Il savait qu'il n'avait rien de bénéfique à apporter à qui que ce soit. Il ne voulait pas de compagnie, alors il ne cherchait pas à ce qu'on creuse. C'est pour cette raison qu'il avait prévenu Elsa, pour cette raison aussi qu'il espérait que Paloma comprendrait qu'une fois dehors, tout serait différent. Car il l'imaginait déjà supposer qu'elle trouverait avec son secret un certain nombre de réponses quant à ce qu'il était, ce qu'elle lui confirma elle-même rapidement. Elle n'avait pas l'air de réellement envisager l'idée qu'elle puisse regretter d'en savoir plus. Elle disait se moquer du fait que ça lui plaise ou non, mais si tout était remis en question, si tout prenait une signification différence, et si rien de ce qu'ils avaient partagé n'avait finalement plus le moindre sens, pourrait-elle prétendre s'en moquer ? « Je peux rien te garantir » qu'il souffla, au fait qu'elle dise espérer qu'il sera le même. Il ne pouvait rien promettre, à personne. Ainsi, on ne pourrait pas lui reprocher d'avoir faire naitre des espoirs, des illusions. Posant ensuite sur Paloma un regard méditatif, l'anglais rapprocha légèrement son visage du sien, l'inclinant de façon à venir bientôt lui souffler quelques mots à l'oreille. « Quant à ton secret, je me demande s'il influe, même indirectement, sur la façon dont tu prends part à ce petit jeu. » Il retrouvait ce ton plus malicieux, comme au début de l'échange. Se redressant tout doucement, sans trop éloigner son visage du sien, mais de façon à laisser ses yeux la détailler un peu plus, il haussa les sourcils, provocateur. Percy ne voulait pas s'étendre davantage sur les hypothétiques réactions que chacun aurait après la révélation du secret de l'autre, parce que ce n'était pas encore d'actualité. Il préférait réfléchir au lien de cause à effet qu'il pouvait y avoir entre ce qu'elle cachait et la façon dont elle jouait ici de la situation, comme à chaque fois. Peut être pour se rassurer, se dire qu'une fois les masques tombés, le but serait d'autant plus accessible. Oui, peut être.