Mon entraineur serait fier de moi, s’il me voyait ainsi filer au pas de courses sur le terrain entourant notre habitation. Une île toute entière pour s’entraîner, ça vaut mieux que le stade en lui-même, là où le paysage reste le même et ne change jamais. C’est l’une des raisons pour laquelle je déteste m’entrainer en salle : j’ai besoin que ça bouge, j’ai besoin de voir les choses, de changer de paysage. Lorsque le temps me le permet, je prends ma voiture, fait quelques kilomètres de route et m’arrête là où je me sens inspiré. Ensuite, je cours, je cours sur ces routes inconnues, admirant ces paysages que mes yeux n’ont jamais eu la chance de voir.  J’y trouve ainsi beaucoup plus de plaisir que lorsque je me contente de parcourir mes routes habituelles. Ou que je me cantonne à utiliser le tapis roulant de la salle d’entrainement minable des hôtels que je visite. Le territoire sur lequel on nous a catapultés sera mon nouveau joujou pour les prochaines semaines. J’ai donc intérêt à ne pas trop l’explorer rapidement, quitte à ne plus avoir de paysage à me mettre sous la dent (ou sous les yeux, selon le point de vue). Je courais donc à un rythme régulier lorsque je sentis le sol s’enfoncé sous le poids de mes pas, me forçant à un arrêt imprévu. Grossière erreur. La gravité fit son devoir et mes pieds s’enfoncèrent délibérément dans la boue, recouvrant mes chaussures de courses blanches de cette visqueuse substance. Un juron danois filtra au travers de mes lèvres. Jamais n’aurais-je du m’arrêter. Maintenant, j’étais, somme toute, un peu coincé. Un rapide coup d’œil aux alentours me permit de constater que, somme toute, il s’agissait surement de mon jour de chance.  « Hey ! HEY ! Oui, oui, toi, là-bas ! » criais-je à la candidate qui passait non loin de moi. Je lui fis signe de s’approcher, sans toutefois l’invité à me rejoindre dans cette plaisante mise en scène. « Fait gaffe, je sens que le sol tente de m’avaler. Tu veux bien me donner un coup de main pour sortir d’ici? » Au moindre mouvement de pieds que je tentais de faire, je ne faisais qu’envenimer la chose. Sans aide, je risquais d’y passer la nuit. Et cette idée ne me plaisait pas autant qu’elle en avait l’air.

Je décide de ranger mes vêtements vers dix-neuf heures. Oui pas avant. Pas parce que j'ai eu une journée éprouvante et très mouvementée qui fait que je n'ai pas eu le temps de le faire avant. Juste parce qu'il me faut du temps pour m'installer. Je ne range jamais véritablement mes valises chez moi, n'en voyant pas l'intérêt. Ne sachant pas où je serais la semaine d'après et encore je pouvais très bien repartir deux jours après. C'est donc un grand pas que je fais là. Bien qu'après avoir rangé mes sous-vêtements me voilà déjà en train de chercher une tenue sportive. J'ai beau être réfléchi j'aime vivre selon mon instinct. Lorsque j'aperçois ma brassière sportive c'est le signe que je dois aller courir. Je regarde l'horloge, bientôt vingt-heures. Bon pourquoi pas? En même temps je suis dans une émission, j'ai donc maintenant tous les droits n'est-ce pas? Je me déshabille au milieu de la chambre. Ne fais pas vraiment gaffe si oui ou non des personnes s'y trouvent à l'intérieur. Oui je devrais m'inquiéter et faire attention aux caméras.Oh merde, premier jour j'ai le droit de faire des erreurs bien que pour ma part elles soient réfléchies. Enfin prête, je m'attache les cheveux en un chignon, laisse quelques mèches rebelles. C'est parti pour une heure de course. Les lieux sont tout de même bien sympathique, ça je ne peux le nier. ça fait du bien de courir. D'entendre juste le vent. Mais ce petit plaisir est de courte durée. J'entends une voix au loin, qui se rapproche de plus en plus. Je m'arrête et regarde autour de moi. C'est là où j'aperçois une candidate prise par je ne sais quoi. Je me rapproche alors tout doucement. Elle me demande de l'aider. Je regarde sa situation, observe ce qui l'entoure. "Tu es sûre d'avoir tout fait? Pour t'en sortir?" dis-je d'un ton neutre. Je m'accroupis, pour être à sa hauteur. Attrape une branche assez dure pour un au cas où. "Essaye de rester calme. Ne bouge pas et avec tes bras essaye d'atteindre la branche se trouvant sur ta droite ou alors essaye de t'extirper avec la force de tes bras." Je sais que je pouvais donner l'image d'une fille sadique, mais cela partait d'une bonne intention.