w/clémentine

Ce serait mentir que de dire que l’élimination de Taylor n’a pas été accueillie avec un certain soulagement de la part d’Alistair. Non pas que le caractère de son ancienne partenaire l’ait particulièrement traumatisé – il s’y serait habitué, certainement – mais parce qu’elle s’avérait être un véritable boulet qu’il était forcé de se traîner et ce, depuis le milieu de la première semaine. Madame a disparu du jour au lendemain, ou du moins, elle s’est isolée loin des autres. Il ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, même lui a fait des efforts pour ne pas toujours rester dans son coin, et Taylor a fait exactement l’inverse alors que son caractère n’est pas renfermé de base. Il ne comprend pas, et il ne cherche pas à le savoir maintenant qu’elle est partie. Enfin, est-elle vraiment partie ou erre-t-elle encore dans un couloir ? Quoi qu’il en soit, il est satisfait d’avoir hérité d’une partenaire bien moins invisible en la personne de Clémentine, même s’il n’aurait pas dit non à l’idée de se retrouver au solo, sa nature de solitaire oblige. Il n’a rien contre la blonde, il ne la connait même pas, mais il n’est pas vraiment pour cette histoire de partenariat. Il ne voit pas l’intérêt, à vrai dire. Sauf qu’il est tout de même décidé à faire un effort, puisqu’après tout, ils sont une sorte d’équipe maintenant. Il ne force tout de même pas les choses puisque ce n’est pas en la cherchant qu’il tombe sur elle, mais au détour d’un couloir, quand il passe devant la chambre hivernale et qu’il reconnait sa silhouette qui se dessine à l’intérieur. Ce n’est pas difficile, aussi, c’est la seule blonde de la chambre. Il ne sait pas s’il a récupéré le lit qu’elle partageait avec Ghika puisque celui-ci a hérité d’un nouveau partenaire, ou si elle compte profiter de celui que Taylor utilisait pour deux, puisqu’il n’a jamais partagé ce lit. Il se décide finalement à entrer dans la pièce. Il contourne la pièce pour lui faire face et lui adresse un léger signe de la tête en guise de salutation. Puis reste silencieux quelques instants. Il ne sait pas quoi lui dire, quoi lui demander, puisqu’à part son prénom il ignore tout d’elle et il n’est pas spécialement doué pour poser des questions. Et puis finalement, il n'a qu'à repenser au geste de la candidate qui lui a évité le banc des nominés. « Merci. » C’est le seul mot qui s’échappe de ses lèvres dans l’immédiat. Il n’a pas l’habitude d’exprimer sa gratitude parce que rare sont les gestes envers lui allant dans ce sens. « Pour les nominations. » Ou plutôt, pour le sauvetage, ce serait plus correct. Il précise quand même le fond de sa pensée, histoire qu’elle ne reste pas sur un merci qui n’a pas de sens. Peut-être qu’elle avait ses raisons de le sauver lui et pas un autre, peut-être que c’était un pur hasard, il n’en sait rien et n’a pas forcément besoin de le savoir. Mais puisqu’il n’a pas eu l’occasion de la remercier de vive voix et qu’il n’est pas le type le plus ingrat de la planète malgré les apparences, autant profiter de cette rencontre.

Il aimerait en savoir plus sur sa nouvelle partenaire, puisque techniquement, ils sont une équipe désormais, même s’il reste dans l’optique de faire son chemin seul. De plus, il ne pense pas qu’ils se côtoieront régulièrement, même la nuit, puisqu’il n’a jamais partagé son lit avec Taylor et qu’il ne compte pas changer ses bonnes vieilles habitudes, sauf cas de force majeur. Mais il tient tout de même à se lier – ou du moins essayer de le faire – avec Clémentine. Disons que même si ça ne le toucherait pas particulièrement qu’ils ne s’entendent pas, c’est tout de même plus agréable pour leur partenariat qu’ils puissent se côtoyer sans s’étriper. Sauf qu’en arrivant devant elle, plein de bonnes intentions, il réalise finalement qu’il ne sait pas quoi lui dire. Il pourrait lui poser des questions basiques, mais il se doute qu’elle a déjà du répété son âge, son métier, son pays d’origine et toutes ces informations une multitude de fois depuis qu’elle est ici. Mais il n’a pas besoin de chercher un sujet de conversation bien longtemps, il lui suffit de repenser aux précédentes nominations et à son sauvetage de celles-ci grâce à la bonne volonté de la jeune femme. Il ne lui demandait pas forcément une explication, il n’en a pas besoin, il voulait simplement se montrer poli. Il peut donc remercier en partie son ancienne partenaire, qui grâce à son invisibilité l’a aidé à devenir le choix de Clémentine. Il se contente d’acquiescer silencieusement. Il faut dire que Taylor, dans sa grande bonté, n’a pas vraiment pensé à son sort à lui, avant de disparaitre. En parlant de nominations, elle aimerait bien s’en passer cette semaine. Il est vrai que trois nominations, ça commence à faire beaucoup. « Je ne peux rien te promettre. » Pas qu’elle lui ait demandé une quelconque promesse, mais compte tenu de son caractère à lui, il ne peut pas lui assurer qu’ils éviteront la nomination, il fait une cible facile. Même si, bien évidemment, il ne voudrait pas que son manque de contact avec les autres soit pénalisant pour le sort de sa camarade. Il ne peut pas savoir. Ils verront bien en temps voulu. Il peut la comprendre, ou du moins, essayer, quand elle lui parle de coups de pression. Lui n’a jamais été sur le banc des nominés, mais il imagine que la sensation ne doit pas être agréable, d’autant plus si on accorde une certaine importance à cette aventure. Enfin, il n’est pas dans la tête de Clémentine, il ne sait pas le recul qu’elle a par rapport à tout ça. « Cupidon et le public t’apprécient, au pire. » S’il vient à l’emporter avec lui dans sa chute. Le public l’a sauvé lors du dernier premier et Cupidon – ou la production, il ne sait pas trop – lors de la seconde semaine. Elle est quand même chanceuse. « Au fait, je te laisse le lit. » Il l’avertit, comme il l’a fait pour Taylor. Peut-être que ça ne lui changera rien de le savoir, mais en moi elle a conscience qu’elle peut s’étaler sans problème, à moins qu’il ne change d’avis et se décide finalement à dormir ici, mais ce n’est pas gagné pour l’instant.

Je note qu'Alistair n'est pas du tout bavard, ce qui contraste un peu trop avec moi. Je ne suis pas sûre que cela positif pour nous. Il se contente du strict minimum et c'est un peu chiant pour la communication au sein de mon binôme, parce qu'il est sensé être l'une des personnes les plus importantes pour moi pendant l'aventure à partir de maintenant. Je l'écoute néanmoins avec une certaine attention tout de même, mes prunelles avides et curieuses scrutant son visage. La production m'aime bien, j'ai simplement envie de lui dire que c'est juste parce qu'Ohana a abandonné que je suis là, et à un coup de chance lors du deuxième prime, c'est juste le hasard et une sacrée chance. Rien d'autre. Il m'annonce qu'il me laisse le lit. Je mets une seconde à percuter, cela veut dire que je vais pioncer toute seule ? Comment ça ? « Tu veux pas dormir avec moi ? » je m'étonne alors en fronçant les sourcils en me demandant Et où est le problème ? Enfin, quel est son problème ? C'est relou !Je n'aime pas dormir seule. « Je te promets que je ne bouge pas » je finis par miauler en le regardant pour tenter de le convaincre. « Et je ne prends pas du tout de place » je finis par dire pour tenter d'achever mon argumentaire et faire faiblir ses résistances. Je ne comprends pas, on va pas se marier ensemble, juste partager le même lit, et encore on peut avoir des rythmes de vie très différent. Faut pas déconner quand même ! J'ai pris l'habitude de cohabiter avec Ghika pendant une semaine, au pire, j'irais squatter son lit, même si je ne suis pas sûre d'être bien accueillie dans leur lit, avec Auguste. « Tu préfères dormir seul ? » je demande alors pour en avoir une confirmation. Bref, je ne vais pas le forcer, je ne vais pas l'attacher pour le forcer à dormir avec moi.

Il aimerait bien lui promettre qu’elle ne se retrouvera pas une troisième fois sur le banc des nominés, sauf que les promesses ce n’est pas son truc. Et puis, il faut qu’elle essaie de relativiser, elle semble s’être mis Cupidon et le public dans la poche. C’est sûr que Cupidon ne la sauvera pas une nouvelle fois, mais le public a tout de même l’air de l’apprécier pour la sauver parmi neuf nominés, il ne pense pas qu’elle risque grand-chose si elle vient à se retrouver nominée encore une fois. Mais le sujet est vite clos puisqu’elle ne rebondit pas sur ses paroles, ce qui ne le dérange pas le moins du monde. Par la suite, il reproduit le même schéma qu’avec Taylor en lui annonçant qu’il lui laisse le lit. Ce n’est pas une question de bonté d’âme, simplement un pur geste égoïste puisqu’il n’apprécie pas cette idée de dormir à deux sous prétexte qu’ils sont partenaires. Vu la taille du nid, il est certain qu’une ou deux chambres de plus auraient pu être construites histoire que chacun dispose de son propre lit. Quoi que, ça n’aurait pas été suffisant pour qu’il partage un ‘’dortoir’’ commun. « Ce n’est pas contre toi. » Il rétorque simplement quand elle évoque le fait qu’il ne veut pas dormir avec elle. Il aurait pu se contenter d’un simple ‘’non, je ne veux pas’’, mais il préfère préciser que ça n’a rien de personnel. Contrairement à Taylor qui n’avait pas bronché, Clémentine se montre un peu plus insistante, en prenant soin d’insister sur le fait qu’elle ne bouge pas ou qu’elle ne prend pas de place. « Je veux bien te croire. » Il déclare simplement en la scrutant de haut en bas. Elle est toute fine, donc à moins de s’étaler dans le lit pour être à son aise, il y a peu de chance qu’elle occupe toute la place du lit mis à leur disposition, d’autant plus que ce dernier est suffisamment grand. Même si elle a des arguments convaincants, ça n’est pas suffisant, il campe encore sur ses positions. « Oui. » Il répond à sa dernière question, avant de réaliser que, peut-être, il pourrait donner quelques explications. « J’ai le sommeil agité et je n’ai pas envie de déranger le tien. » Même si elle pourrait rattraper celui-ci lors de ses nuits d’insomnie durant lesquelles il préfère traîner dans le nid sans grand but. Mais quand le sommeil le rattrape, il s’agite dans tous les sens, il n’aimerait donc pas être inculpé pour coups et blessures envers sa camarade. « Ou de te frapper durant celui-ci. » Il ajoute, non sans une pointe d’ironie. Elle doit être convaincue maintenant, que dormir dans le même lit que lui n’est pas forcément une bonne chose.